- Full Metal Jacket
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Full Metal Jacket
Données clés Titre original Full Metal Jacket Réalisation Stanley Kubrick Scénario Stanley Kubrick
Michael Herr
Gustav HasfordActeurs principaux Matthew Modine
Adam Baldwin
Vincent D'Onofrio
R. Lee Ermey
Ngoc LeSortie 1987 Durée 112 min (1h52). Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Full Metal Jacket est un film de guerre britanno-américain produit et réalisé par Stanley Kubrick, sorti en 1987.
Le film est basé sur le roman Le Merdier (The Short Timers) de Gustav Hasford (à ne pas confondre avec le film Le Merdier, réalisé par Ted Post en 1978 et également situé pendant la guerre du Vietnam, mais adapté du roman Incident at Muc Wa de Daniel Ford) et sur les mémoires de guerre de Michael Herr, Dispatches. Son titre fait référence à un type de munition en usage dans le Corps des Marines des États-Unis.
Le film met en scène de jeunes soldats à la fin des années 1960 et est composé de deux parties distinctes : dans la première, on assiste à leur entraînement, et dans la seconde, on les voit pris dans les combats urbains de l'offensive du Tết, lors de la guerre du Viêt Nam. Chacune des deux parties constitue un récit particulier aboutissant, dans les deux cas, à un dénouement dramatique.
Sommaire
Synopsis
Le film est centré sur le personnage de J.T. Davis, surnommé « Joker » (« Guignol » dans la version française), un jeune engagé dans les Marines durant la guerre du Viêt Nam.
On suit d'abord son parcours dans le camp d'entraînement de Parris Island, en Caroline du Sud, à la fin des années 1960. Le groupe de nouvelles recrues dont il fait partie est pris en main avec brutalité par le sergent instructeur Hartman. Pratiquant une méthode basée sur l'injure et l'humiliation, celui-ci concentre son attention sur le soldat Lawrence, assez enrobé, qu'il surnomme « Gomer Pyle » (« Grosse Baleine » dans la VF). La malheureuse recrue est en effet lente, peine aux exercices physiques et a une capacité intellectuelle très limitée (il confond parfois la droite de sa gauche, a du mal à faire son lit seul, lacer ses rangers etc.). À la demande du sergent, « Guignol » le prend sous son aile, mais Lawrence ne peut arriver au niveau requis. Il devient alors la bête noire des autres recrues, punies à sa place par le sergent, et reçoit une sévère correction de leur part. Dans un premier temps, la correction semble porter ses fruits. Il se transforme en un soldat particulièrement discipliné et obtient finalement son brevet militaire. Mais lors de la dernière nuit passée au camp d'entraînement, il bascule dans la folie et abat le sergent Hartman sous les yeux de « Guignol », avant de se suicider avec son fusil M14.
L'action du film se déplace ensuite au Viêt Nam, où « Guignol » a choisi d'être affecté dans une unité de journalistes militaires du magazine Stars and Stripes. Lors d'une conférence de rédaction, il se heurte à son supérieur au sujet de l'intégrité journalistique du magazine. En conséquence, il est envoyé en reportage sur le terrain, alors que l'offensive du Tết bat son plein. Il y retrouve l'un de ses camarades du camp d'entraînement, surnommé « Cowboy », aux côtés duquel il est engagé de manière directe dans les combats. Lors d'une escarmouche avec un tireur d'élite, « Guignol » voit plusieurs de ses compagnons se faire tuer. Il se trouve alors confronté à ses propres limites morales, ainsi qu'à la violence brute de la guerre et à son effet psychologique sur les hommes...
La production
Les origines du film
Full Metal Jacket prend son origine dans la rencontre en 1980 entre Stanley Kubrick et Michael Herr, correspondant de guerre au Viêt Nam et auteur d'un livre de mémoires sur ce conflit, Dispatches. Le projet initial de Kubrick était de réaliser un film sur la Shoah, sujet finalement abandonné[1].
Par ailleurs, Stanley Kubrick est depuis 1982 un admirateur fervent du roman de Gustav Hasford sur cette guerre, The Short Timers (Le merdier), qu'il considère comme « un livre unique, absolument merveilleux » (« a unique, absolutely wonderful book »). En accord avec Michael Herr[1], il décide d'employer le roman comme base pour les dialogues de son film.
Stanley Kubrick commence à se documenter en 1983, visionnant de très nombreux films et documentaires, lisant des journaux vietnamiens conservés sur microfilms à la bibliothèque du Congrès des États-Unis et amassant un nombre considérable de photographies d'époque[2].
Enfin, Michael Herr se montrant très réticent à l'idée de revisiter son expérience du Viêt Nam, Stanley Kubrick parvient à le convaincre au cours d'« un coup de téléphone qui a duré trois ans, avec quelques interruptions » (« a single phone call lasting three years, with interruptions », d'après Michael Herr[1]).
Le scénario
L'écriture du scénario débute en 1983. La collaboration entre Stanley Kubrick, Gustav Hasford et Michael Herr s'organise de la manière suivante : le réalisateur téléphone ses instructions aux deux auteurs (au rythme de trois ou quatre appels par semaine, longs chacun de plusieurs heures), puis ces derniers lui expédient leur travail par courrier[3]. Stanley Kubrick les rappelle ensuite pour leur faire part des modifications à apporter, et ainsi de suite.
Malgré l'importance de leur contribution, ni Gustav Hasford ni Michael Herr n'ont d'idée précise du scénario final, sans parler du film. C'est pourquoi Gustav Hasford compare l'écriture du scénario à un travail à la chaîne[3].
Selon Michael Herr, Stanley Kubrick n'a pas, à l'époque, l'intention de réaliser un film anti-guerre, mais plutôt de montrer « à quoi la guerre ressemble vraiment » (« he wanted to show what war is like »[1]).
La collaboration avec Gustav Hasford ne dépasse pas le stade du scénario. Lorsque Stanley Kubrick décide de rencontrer en personne l'auteur de The Short Timers — malgré l'avertissement de Michael Herr le décrivant comme un homme effrayant (« a scary man »)[1] — l'entrevue, dans la résidence anglaise du réalisateur, ne se passe pas très bien. Gustav Hasford est alors écarté de la production[1]. Seulement crédité pour des « dialogues additionnels », il engage plus tard[Quand ?] une procédure judiciaire pour être considéré comme l'auteur des dialogues[réf. nécessaire].
L'audition
L'une des curiosités du film est le personnage du sergent Hartman, l'instructeur des Marines qui prend en charge la formation des recrues dans la première partie du film. Le rôle est interprété par Ronald Lee Ermey, qui avait exercé ce métier dans les années 60.
Originellement engagé comme conseiller technique, Ronald Lee Ermey improvisa des centaines d'insultes au cours des auditions. Il donnait en effet la réplique aux acteurs devant interpréter les jeunes recrues. Après avoir visionné le film de ces auditions, Stanley Kubrick lui attribua le rôle du sergent instructeur, considérant Ronald Lee Ermey comme un véritable « génie dans ce rôle »[2].
Au final, Ronald Lee Ermey écrivit lui-même environ 50% des dialogues de son personnage, principalement des insultes[4].
Pour l'acteur Vincent D'Onofrio, se glisser dans le rôle du soldat « Gomer Pyle » (« Grosse Baleine » dans la version française) fut plus éprouvant : il dut en effet prendre environ 30 kilos pour correspondre à l'image du personnage.
Lieux de tournage et équipement
La première partie du film, située dans le camp d'entraînement des Marines à Parris Island, fut tournée dans une base aérienne du Royaume-Uni[2], à Bassingbourn, dans le Cambridgeshire.
Pour la seconde partie, qui se déroule au Viêt Nam, Stanley Kubrick employa un terrain en cours de démolition situé à Newham, à l'est de Londres. Le terrain appartenait à la compagnie du gaz britannique et présentait une certaine ressemblance avec les photographies de la ville de Huế pendant la guerre du Viêt Nam[4]. Deux mois durant, le directeur artistique et son équipe préparèrent le terrain pour parfaire la ressemblance. Ils firent exploser certains bâtiments et en endommagèrent d'autres à l'aide d'une boule de démolition[4].
Une jungle artificielle en plastique fut fabriquée en Californie, mais Stanley Kubrick ne fut pas satisfait du résultat. On fit alors venir 200 palmiers d'Espagne et près de 100 000 arbres en plastiques de Hong Kong[4] pour les scènes en extérieur.
Lors de la scène de la mort du soldat « Cowboy », on peut apercevoir en arrière-plan un énorme bâtiment qui ressemble étonnamment au célèbre monolithe extraterrestre de 2001, l'Odyssée de l'espace, un des précédents films de Stanley Kubrick. Le réalisateur parla de cette similitude comme d'un « accident extraordinaire » (« extraordinary accident »)[4].
Jugé trop critique envers les militaires, le film ne fut pas soutenu par l'armée américaine. Stanley Kubrick dut donc passer par des voies détournées pour obtenir l'équipement dont il avait besoin. Ainsi, quatre chars M41 lui furent prêtés par l'un de ses admirateurs, qui était colonel dans l'armée belge. Les hélicoptères Sikorsky S-55 furent quant à eux loués et repeints aux couleurs des Marines, tandis que les armes légères — fusils d'assaut, lance-grenades M79 et mitrailleuses M60 — furent achetées à un armurier privé[2].
Fiche technique
Distribution et personnages
- Matthew Modine (VF : Emmanuel Jacomy) : soldat, puis sergent James T. « Joker » (« Guignol » en VF) Davis, le narrateur. Provocateur, il affirme s'être engagé pour « être le premier de son immeuble à avoir un tableau de chasse ». Dans la première partie du film, il tente d'aider la recrue Baleine, ce qui ne l'empêche pas de se joindre ensuite à ses agresseurs. Servant comme journaliste au magazine Stars and Stripes, où il tente de faire preuve d'une certaine indépendance d'esprit, il sera finalement engagé de manière directe dans les combats.
- Arliss Howard (VF : Gérard Berner) : soldat, puis sergent « Cowboy » Evans. Issu du même camp d'entraînement que Davis, il sert dans l'unité combattante que ce dernier rejoint pour un reportage. Désigné chef de groupe improvisé pendant le combat après la mort des chefs titulaires, il meurt abattu par un tireur embusqué dans la dernière partie du film.
- Adam Baldwin (VF : Daniel Russo) : « Animal Mother » (« Brute épaisse » en VF). Mitrailleur violent, nihiliste et difficilement contrôlable de l'unité de « Cowboy », type même de l'homme blessé, il tentera de secourir, au péril de sa vie, des camarades blessés. Plutôt que pour la liberté, il affirme ne se battre que pour l'amour du carnage.
- Vincent D'Onofrio (VF : Chris Bernard) : Léonard Lawrence, dit « Gomer Pyle » (« Grosse baleine » en VF). Une recrue enveloppée et lente de corps et parfois d'esprit, tête de turc du sergent-instructeur Hartman dans la première partie du film. Après avoir subi de nombreuses humiliations, il devient le soldat le plus discipliné du groupe, mais est gagné par la folie et finit par abattre Hartman avant de retourner son arme contre lui-même.
- Lee Ermey (VF : Bernard Fresson) : « Gunnery » Sergeant Hartman (Sergent instructeur Hartman en VF). Brutal et grossier, il abreuve ses recrues d'insultes dans le but de faire d'eux des Marines, s'en prenant tout spécialement à Lawrence, qui finira par l'abattre d'une balle de fusil. Lee Ermey était bel et bien un ancien sergent-instructeur et toutes les insultes employées par son personnage (soit environ la moitié de son texte) ont été écrites par Ermey lui-même.
- Kevyn Major Howard : Rafterman, un photographe du magazine Stars and Stripes, il insiste pour se rendre sur le champ de bataille aux côtés de Davis. Beau blond, excité et fier de se joindre aux combats.
- Dorian Harewood (VF : Greg Germain) : « Eightball » (« Blackboule » en VF) : le « grand black viril » de l'unité de « Cowboy », il sera tué par un tireur embusqué dans la dernière partie du film.
- Ed O'Ross : Lieutenant Walter J. « Touchdown » Schinowski. Chef de l'unité de « Cowboy ». Ancien joueur universitaire de football américain, il meurt au cours d'un assaut.
- John Terry (VF : Jacques Bonnaffé) : Lieutenant Lockhart. L'officier qui dirige l'équipe de journalistes du magazine Stars and Stripes, où il pousse ses hommes à obéir aux consignes, même au mépris de l'objectivité journalistique. Il a été au combat, mais fait de son mieux pour éviter d'y retourner.
- Kieron Jecchinis : « Crazy » Earl. Le chef de la section de « Cowboy ». Il assure brièvement le commandement de l'unité entière à la mort de son lieutenant, avant d'être tué à son tour par une peluche piégée ramassée dans les décombres.
- Jon Stafford : « Doc » Jay. Le médecin de l'unité de « Cowboy ». Abattu par un tireur embusqué dans la dernière partie du film, en tentant de secourir « Eightball ».
- Tim Colceri : le mitrailleur de l'hélicoptère qui emmène Davis et Rafterman au front. Durant le trajet, il s'amuse à tirer sur des civils vietnamiens, se vante d'avoir commis ainsi un nombre de meurtres particulièrement élevé, et admet avec cynisme abattre parfois des femmes et des enfants. Ce personnage et cette scène figurent dans les mémoires de guerre de Michael Herr, Dispatches, et seraient donc inspirés de faits réels.
- Papillon Soo Soo : une prostituée vietnamienne qui propose ses services aux soldats américains pour quelques dollars.
- Ngoc Le : tireur embusqué Vietcong qui abat plusieurs membres de l'unité de « Cowboy » dans la dernière partie du film, avant d'être blessé par Rafterman et achevé par « Joker ». Le seul véritable personnage Vietcong du film. À la grande surprise de tous - y compris du spectateur - c'est une jeune femme.
Musique
Toutes les chansons entendues dans le film datent des années 1960, et sont donc contemporaines du conflit.
- Hello Vietnam - de Johnnie Wright
- These Boots Are Made for Walkin' - de Nancy Sinatra
- Wooly Bully - de Sam the Sham & the Pharaohs
- Surfin' Bird - de The Trashmen
- The Marines Hymn - de The Goldmen
- Chapel of Love - de The Dixie Cups
- Mickey Mouse Club - Thème télévisé du célèbre cartoon des années 1960 que la patrouille chante à la fin du film.
- Paint It, Black - des Rolling Stones
En revanche, pour les scènes de combat et d'autres moments dramatiques, Kubrick a utilisé une musique originale très inquiétante, qui a été réalisée par sa propre fille Vivian Kubrick.
Anecdotes
- La première partie a comme sujet central un exposé du thème du conditionnement, faisant écho aux techniques développées dans un des films précédents de Kubrick Orange mécanique pour redresser radicalement les délinquants.
- Full Metal Jacket est sorti près de 20 ans après les faits relatés, durant lesquels les grands films sur la guerre du Viêt Nam étaient déjà sortis (Voyage au bout de l'enfer ouvrant le bal, suivi par Apocalypse Now, puis Platoon, entre autres), de sorte que la vision du cinéaste sur le sujet s'ajouta à un ensemble déjà traité.
- Le titre Full Metal jacket fait référence à un type de munitions standard utilisées par les armées et les polices du monde entier. Munitions dites « FMJ » (pour full metal jacket bullet), c'est-à-dire « balle entièrement chemisée métal », balle typiquement militaire[5]. Juste avant de se suicider, alors que « Joker » (« Guignol » en VF) lui demande si ce sont des vraies balles qu'il charge dans son fusil, « Pyle » (« Baleine » en VF) répond : « 7,62 mm, full metal jacket ».
- Le surnom de Leonard Lawrence en VF est « Grosse Baleine ». Dans la Version Originale, il s'agit de « Gomer Pyle », un personnage secondaire de la série télévisée The Andy Griffith Show qui apparut plus tard en vedette dans sa propre série, Gomer Pyle, U.S.M.C.. Gomer Pyle (interprété par Jim Nabors) est un engagé particulièrement maladroit sur lequel s'acharne le sergent-instructeur Vince Carter (interprété par Frank Sutton), tout comme Hartman s'acharne sur Baleine.
- Le personnage principal, « Guignol », porte un casque sur lequel est inscrit « Born to kill » (« Né pour tuer ») en même temps qu'il arbore un badge représentant le symbole de la paix. Il déclare qu'il symbolise ainsi « la dualité de l'homme » mais il semble incapable d'en dire plus, peut-être par manque d'interlocuteur.
- Kubrick a pris tellement de documentations pour son film, qu'il avait une cinquantaine de boites en cartons remplies dans son garage.
- Lee Ermey, qui joue l'instructeur Hartman, subit un grave accident de voiture en plein milieu du tournage. Il fit une sortie de route vers 1 heure du matin dans un endroit boisé et désert (Epping Forest), se cassant toutes les côtes sur un côté, et restant seul dans le froid. Heureusement conscient, il a pu faire clignoter ses phares et miraculeusement un automobiliste s'est arrêté pour lui porter secours. Il sera incapable de tourner pendant quatre mois et demi[4].
- Dans le film Fantômes contre Fantômes, Lee Ermey apparaît brièvement dans le rôle du fantôme d'un personnage similaire à celui de Hartman, dont il reprend certains des maniérismes.
- Le titre de la quatrième BD de Kid Paddle fait référence au titre du film puisqu'elle s'appelle Full Metal Casquette
Notes et références
- (en) It Ain't Over Till It's Over - Ed Vulliamy, The Observer, 16 juillet 2000
- (en) Stanley Kubrick, at a Distance - Lloyd Rose, The Washington Post, 28 juin 1987
- (en) Alabama Native wrote the book on Vietnam Film - Bob Carlton, Birmingham News, 1987
- (en) The Rolling Stone Interview - The Kubrick Site (interview de Kubrick par Tim Cahill pour Rolling Stone - 1987)
- (en) What is a "Full Metal Jacket"? - The Kubrick Site
Vidéographie
- zone 2 : Full Metal Jacket, Warner Home Video, 2001, EAN 7-321950-211548.
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- (fr) Full Metal Jacket sur AlloCiné
- (en) Sex and soldiering Overcoming masculinity
- Full Metal Jacket sur l’Internet Movie Database - Version plus complète en anglais
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- Film sorti en 1987
- Film dont l'action se déroule au Viêt Nam
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