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Platoon
Oliver Stone, présentation du film au festival de Cannes 2006, en présence de Charlie Sheen, Willem Dafoe, Tom Berenger
Données clés Titre original Platoon Réalisation Oliver Stone Scénario Oliver Stone Acteurs principaux Tom Berenger
Willem Dafoe
Charlie Sheen
Forest WhitakerPays d’origine États-Unis Sortie 1986 Durée 115 minutes Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Platoon est un film de guerre américain écrit et réalisé par Oliver Stone en 1986, dont l'action se déroule pendant la guerre du Viêt Nam. Il est en partie inspiré par la propre vie du réalisateur, qui s'est lui-même engagé comme volontaire pour la guerre du Viêt Nam où il a été blessé à deux reprises[1].
Sommaire
Synopsis
En 1967, le jeune Chris Taylor souhaitant servir son pays, s'engage volontairement dans la guerre du Viêt Nam. Il est affecté à la 25e division d'infanterie, dans une section (« platoon » en anglais signifiant « peloton » ou « section ») qui a subi des pertes lors de récents combats. Son enthousiasme s'évanouit rapidement tandis qu'il effectue d'interminables patrouilles jour et nuit et s'épuise à creuser des trous servant comme position de défense, corvée avec plusieurs autres affectée aux bleus. Après une embuscade lors de laquelle il est légèrement blessé, Taylor s'intègre peu à peu avec les soldats plus expérimentés.
Lors d'une opération dans la jungle, son unité découvre un complexe de bunkers. Alors qu'ils fouillent une cache, deux soldats sont tués par une boîte piégée avec une bombe. Après avoir quitté les bunkers, les soldats découvrent le cadavre de l'un des leurs (Manny), disparu alors qu'il était posté en sentinelle lors de la fouille des bunkers. L'unité poursuit alors sa route jusqu'à un village paysan où des combattants Viêt-Cong auraient été aperçus. Ils y trouvent de la nourriture en masse et des caches d'armes. Les habitants disent avoir été forcés par les forces vietnamiennes du nord à les aider. Fatigués et à cran, des soldats passent leur frustration relative à la perte récente de leurs camarades sur plusieurs paysans qu'ils torturent et tuent. Lors d'un interrogatoire, le sergent Barnes exécute la femme du chef de village devant les yeux de nombreux soldats et menace sa fille quand le sergent Elias intervient. S'ensuit une bagarre entre les deux hommes. De son côté, Taylor sauve deux filles du village sur le point d'être violées par plusieurs soldats. La section repart après avoir mis le feu au village.
Après l'incident de l'interrogatoire, le sergent Elias se plaint à son capitaine qui promet la cour martiale à Barnes si les faits sont avérés. La sympathie de Taylor, d'abord acquise à Barnes, penche maintenant pour le sergent Elias tandis que ceux qui sont derrière Barnes parlent d'assassiner Elias pour l'empêcher de témoigner.
Lors d'une nouvelle patrouille, la section est prise en embuscade par des Viêt-Congs et subit de nouvelles pertes. Le lieutenant Wolfe se trouve plus ou moins désemparé et Elias propose alors d'emmener quelques hommes avec lui pour parer à une probable attaque ennemie sur leur flanc. Le lieutenant Wolfe n'est pas d'accord, mais Elias a l'approbation de Barnes. Elias part donc avec trois hommes, dont Taylor. La tactique marche, mais le sergent Barnes vient chercher les trois soldats et leur dit d'évacuer tandis qu'il affirme aller chercher Elias. En fait, une fois qu'il l'a retrouvé, il l'abat froidement et, croisant Taylor qui revient aussi chercher Elias, lui annonce qu'Elias a été tué. Tandis que les derniers hélicoptères d'évacuation décollent avec Barnes, Taylor et d'autres hommes, ils voient Elias courir en direction du lieu d'évacuation, poursuivi par des dizaines de soldats Viet-Cong, mais il est trop tard et il est achevé par ses poursuivants.
Taylor soupçonne Barnes d'avoir assassiné Elias.
La compagnie est renvoyée sur le front dans la même zone où une attaque ennemie d'envergure se prépare. Presque tous les membres de la section meurent dans la bataille sous le feu ennemi et une attaque aérienne américaine au napalm. Taylor y survit. Il recouvre conscience à l'aube après la bataille, il se saisit d'un fusil AK-47 et commence à errer sans but dans la jungle jonchée de cadavres. Parmi ceux-ci, il retrouve le sergent Barnes, blessé durant les combats et l'abat.
Le film se termine avec l'évacuation de Taylor, blessé durant l'attaque.
Commentaire
Le sujet central du film est le combat des deux sergents, Barnes et Elias, deux figures paternelles pour le jeune soldat qui hésite entre les deux. Barnes symbolise la force brutale, aveugle, le bras armé d'un État, celui qui ne sait que tuer dans la vie. Finalement, cette force se révèle incontrôlable. À l'opposé Elias est la conscience morale, celui qui refuse de s'avilir, même quand l'ennemi est lui-même cruel. Il représente une figure christique dans le film, à plusieurs reprises on le voit les bras en croix, notamment lorsqu'il meurt. C'est aussi celui qui est sans doute le plus lucide, il ne croit pas à la victoire. Finalement, comme il le dit à la fin du film, Taylor se sent comme né de ces deux pères différents. À un second niveau, on peut y voir une Amérique scindée entre les va-t'en-guerre qui veulent une victoire quel qu'en soit le prix et ceux qui pensent qu'à ce jeu l'Amérique perd son âme dans un conflit perdu d'avance.
Ce film montre des aspects dérangeants de la guerre du Viêt Nam comme l'abus d'autorité des soldats aguerris sur les bleus, l'assassinat d'officiers impopulaires (on parlait de « fragging » ou « fragmentation » dérivé de la grenade à fragmentation car ils étaient assassinés ainsi, afin de ne pas révéler que le tueur utilisait des balles américaines), le fait que la plupart des simples soldats sont des gens du peuple, les représailles sur la population civile. On peut faire un parallèle autobiographique, Stone lui-même s'étant engagé volontairement. Mais le film n'en est pas moins antipatriotique ou antiguerre. De plus, le langage dans les répliques est la plupart du temps injurieux ou vulgaire, on sent que le dérapage de ces soldats, plongés dans une guerre qu'ils ne comprennent pas et à laquelle ils n'étaient pas préparés, est à chaque instant possible (dérapage qui aura lieu lors de la séquence du village vietnamien).
Origine du film
Oliver Stone pensait à réaliser un film sur la guerre du Vietnam depuis plus de vingt ans, lorsqu'il fut engagé volontaire dans le bourbier asiatique. Son film d'école dans la classe de Martin Scorsese, L'année dernière au Vietnam évoquait déjà son traumatisme de l'expérience de la guerre. Son premier scénario rédigé en 1976, est une version brute de ce qui deviendra Platoon. Mais son script est refusé partout. Il lui sert quand même à se faire accepter comme scénariste pour l'écriture du succès critique et commercial Midnight Express en 1979. Par ce biais, il devient l'un des scénaristes les plus en vue d'Hollywood (Conan le Barbare, Scarface ou L'année du dragon). Il accepte même de tourner son premier film, Salvador (film), sans être payé, à condition d'avoir le financement, six millions de dollars, pour Platoon qui sortira en décembre 1986 aux États-Unis et mars 1987 pour la France[2].
Fiche technique
- Titre : Platoon
- Titre original : Platoon
- Réalisation : Oliver Stone
- Scénario : Oliver Stone
- Musique : Georges Delerue et Stephen Foster (non crédité), Samuel Barber (Adagio pour cordes)
- Producteur : Arnold Kopelson
- Co-producteur : A. Kitman Ho
- Producteurs exécutifs : John Daly et Derek Gibson
- Directeur de la photographie : Robert Richardson
- Montage : Claire Simpson
- Distribution des rôles : Pat Golden, Warren McLean et Bob Morones
- Création des décors : Bruno Rubeo
- Direction artistique : Rodell Cruz et Sherman Williams
- Pays : États-Unis
- Langue : anglais
- Budget : 6 500 000 $
- Genre : Guerre
- Durée : 115 minutes
- Date de sortie en salles :
- Film interdit aux moins de 12 ans lors de sa sortie en salles en France
Distribution
- Charlie Sheen (VF : Eric Legrand) : le soldat Chris Taylor / le narrateur
- Tom Berenger (VF : Dominique Collignon-Maurin) : le sergent-chef Bob Barnes
- Willem Dafoe (VF : Marc François) : le sergent Elias Grodin
- Forest Whitaker : Big Harold
- Corey Glover (VF : Pascal Légitimus) : Francis
- Francesco Quinn (VF : Pascal Renwick): Rhah
- John C. McGinley (VF : Patrick Poivey) : le sergent Red O'Neill
- Richard Edson : Sal
- Keith David (VF : Med Hondo) : King
- Kevin Dillon (VF : William Coryn) : Bunny
- Reggie Johnson (VF : Sady Rebbot) : Junior
- Johnny Depp (VF : Michel Derain) : Lerner
- Mark Moses (VF : Guy Chapelier) : le lieutenant Wolf
- Chris Pedersen (VF : Daniel Russo) : Crawford
- Tony Todd (VF : Robert Liensol) : Warren
- David Neidorf (VF : Georges Berthomieu) : Tex
- Oliver Stone : un officier (non crédité)
- Capitaine Dale Dye (VF : Richard Darbois): Le Capitaine Harris
Récompenses
En 1987, le film obtint trois Golden Globe Awards :
- meilleur film dramatique
- meilleur réalisateur
- meilleur acteur dans un second rôle décerné à Tom Berenger
En 1987, le film obtint quatre Oscars :
Et il fut nommé dans la catégorie
Oliver Stone gagna également l'Ours d'argent au Festival international du film de Berlin pour ce film dans la catégorie « meilleur réalisateur ».
Bande Originale
- 1. Adagio For String / The Village
- 2. Tracks Of My Tears / Smokey Robinson
- 3. Okie From Muskogee / Merle Haggard
- 4. Hello, I Love You / The Doors
- 5. White Rabbit / Jefferson Airplane
- 6. Barnes Shoots Elias / Vancouver Symphony Orchestra
- 7. Respect / Aretha Franklin
- 8. ( Sittin' on ) The Dock Of The Bay / Otis Redding
- 9. When A Man Loves A Woman / Percy Sledge
- 10. Groovin' / The Rascals
- 11. Adagio For String... / Vancouver Symphony Orchestra
Autour du film
- Le tournage du film faillit être purement annulé du fait du déclenchement d'une révolution contre le leader des Philippines Ferdinand Marcos quelques jours avant le début du tournage. Oliver Stone décida de tenter sa chance et tourna juste au sortir de la révolution.
- Afin de les préparer au mieux à leur rôle, Oliver Stone et son conseiller militaire, Dale Dye, décidèrent de recréer un camp d'entraînement et de faire subir aux acteurs deux semaines d'entraînement à la guerre telle qu'elle était en 1967-1968. Après s'être fait raser les cheveux, les acteurs ont suivi un programme comprenant des marches à pied, des embuscades, des tours de garde, des attaques nocturnes, ... Le but était de les imprégner de la vie des vrais soldats au Viêt Nam et leur faire perdre leur aspect « civil » et les faire devenir des « soldats » auxquels les vétérans pouvaient s'identifier.
- Dans le DVD du film (version Ultimate Collection), les acteurs racontent à quel point Oliver Stone était tyrannique sur le tournage, se comportant avec eux comme un officier l'aurait fait avec ses soldats.
Notes et références
- Arte, 10 septembre 2006 Oliver Stone, un rebelle à Hollywood,
- Le Point du 21 juillet 2011, n° 2027 "Quand la guerre des films fait de morts", section "La guerre Kubrick-Stone (1987) p.82-83
Annexes
Articles connexes
- Né un 4 juillet, autre film d'Oliver Stone en rapport avec la guerre du Viêt Nam.
- Entre Ciel et Terre, idem.
- Apocalypse Now
Liens externes
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