- Frédéric Dumas
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Frédéric Dumas (1913-1991) est avec Jacques-Yves Cousteau et Philippe Tailliez un membre des Trois Mousquemers, au sein desquels il fut surnommé Didi. Cette équipe d'amis, passionnés de plongée sous-marine, a mis au point le détendeur de plongée avec l’aide de l’ingénieur Émile Gagnan.
Sommaire
Sa vie
Frédéric Dumas est né le 14 janvier 1913 à Albi. À l'âge de six ans ses parents déménagent et s'installent en face de la plage de Portissol, dans la petite ville portuaire de Sanary-sur-Mer (Var), et à laquelle Dumas se sentira fortement attaché le restant de sa vie.
Avec ses deux frères, il grandit donc en se familiarisant avec la mer et avec la natation. Un jour de 1936, alors qu'il est âgé de 23 ans, il rencontre un Canadien du nom de Lemoigne qui fréquente régulièrement la plage de Portissol et qui s'adonne à la chasse sous-marine avec harpon, sport naissant à cette époque et pour lequel Dumas va très vite se passionner. Lemoigne lui fait découvrir des lunettes Fernez avec lesquelles il peut voir sous l'eau, mais Dumas abandonne vite son harpon et ses lunettes pour se bricoler son propre masque de plongée monoverre. Pour ce qui est de son armement de chasse, il utilise d'abord une sorte de lance-pierre qui lance des tringles à rideau à la place des pierres et ensuite une arbalète de bois, beaucoup plus efficace.
En 1937, au cours de l'une de ses chasses sous-marines, dans les Îles des Embiez, il repère un autre chasseur sous-marin qui ne sort jamais la tête de l'eau, car il respire, lorsqu'il remonte en surface, à travers un tuba: c'est l'enseigne de vaisseau Philippe Tailliez, qui s'occupait à cette époque, avec son collègue Jacques-Yves Cousteau, de recherches dans le domaine de l'autonomie des appareils plongeurs. Tailliez décèle immédiatement les qualités de nageur et d'apnéiste de Dumas et décide de le présenter à Cousteau. La guerre, en 1939 et 1940, sépare les trois hommes, chacun d'eux mobilisé vers une destination différente, mais, en congé d'armistice, ils se réunissent à nouveau en 1942 et le trio est désormais formé pour de nombreuses années de découvertes, d'inventions et de progrès océanographiques.
Avant de participer aux essais en mer du scaphandre Cousteau-Gagnan (lors d'une plongée historique de Cousteau à la plage de Barry, à Bandol, en juin 1943) Dumas a mis au point des équipements de chasse sous-marine, notamment un masque de plongée et une arbalète de chasse encore conservés à Sanary-sur-Mer, dans le musée qui porte son nom. Mais après sa rencontre avec Tailliez et Cousteau il se consacre entièrement à la plongée sous-marine en scaphandre autonome. Cousteau s'intéresse surtout au tournage de films sous-marins et les exploits de Dumas serviront de sujet au premier film des « Mousquemers » : Par dix-huit mètres de fond (1942), écrit par Tailliez et réalisé par Cousteau. C'est lui également que Cousteau choisira une nouvelle fois comme acteur lorsqu'il tournera son deuxième film, Épaves (1943), le premier film montrant le tout nouveau scaphandre autonome Cousteau-Gagnan.
Les participations de Dumas aux progrès de la plongée s'enchaînent ensuite presque sans arrêt :
- Il est le premier homme à dépasser les 60 mètres de profondeur avec un détendeur Cousteau-Gagnan (62 mètres, le 17 octobre 1943 à 18h). Il fut aussi, et en cette même plongée à -62 mètres, le premier plongeur en scaphandre autonome à subir les effet d'une narcose à l'azote (connue aussi sous le nom d'« ivresse des grandes profondeurs »)[1],[2].
- Il invente en 1950 ce qu'il appelle la « colerette de sécurité », la première stab (de « bouée stabilisatrice », autre nom pour un gilets stabilisateur), déjà avec réserve d'air comprimé séparée de la réserve principale, comme le seront plus tard les bouées Aérazur de 1958 (PA59) et Fenzy de 1961 (PA61).
- Il invente (autour de 1950) la sangle sous-cutale, système de portage des réserves d'air comprimé. Cette sangle fut utilisée jusqu'aux années 70 et même les années 80 et 90, avec l'avènement des gilets stabilisateurs à sangles incorporées.
Ensuite Dumas sera chef de plongée à bord de la Calypso, ainsi que co-auteur ou acteur de nombreux films et reportages de l'équipe Cousteau. En 1955, il est l'un des principaux artisans du film Le Monde du silence (1955), dans lequel son « ballet » avec Jojo le mérou est resté célèbre.
De 1946 à 1965, il fut également collaborateur civil du Groupement de Recherches Sous-marines (GRS) de la Marine nationale, créé par Cousteau et Tailliez, et devenu un peu plus tard le G.E.R.S. (Groupe d'Études et de Recherches Sous-Marines). Cet organisme porte actuellement le nom de CEPHISMER
Dumas fut aussi l'un des principaux acteurs du sauvetage du bathyscaphe du Professeur Jacques Piccard, le FNRS II lors de l'expédition de 1949 à Dakar. Grâce à ce sauvetage, la Marine nationale pourra réutiliser la sphère du bathyscaphe pour réaliser le FNRS III.
Après sa retraite de cet organisme, il se consacra notamment à l'archéologie sous-marine et présidera la ommission d'archéologie de la Confédération mondiale des activités subaquatiques (CMAS) et de la Fédération française d'études et de sports sous-marins (FFESSM).
Frédéric Dumas est décédé le 26 juillet 1991 à Toulon à l'âge de 78 ans.
Citations sur Frédéric Dumas
- « Frédéric Dumas avait alors une réputation de grand chasseur à la lance. Il n'y avait pas de pollution le long des côtes et les chasseurs sous-marins n'étaient qu'une quinzaine entre Marseille et Menton : la faune était encore intacte, et Dumas étonnait les terriens lorsqu'il sortait de l'eau avec d'énormes poissons au bout de sa flèche. Les pêcheurs professionnels n'appréciaient pas toujours, leurs épouses les excitaient contre lui, et il faillit une fois, à Fabrégas, se faire embrocher à coup de foëne » (Philippe Tailliez: Plongées sans câble).
- « Pour nous, c'était la période de la Dolce Vita, avant 1936. Nous pouvions presque entendre la guerre approcher, mais notre passion commune n'en était que plus renforcée. Le climat de la Côte d'Azur, comme la Californie, permettait à Dumas de vivre de cette manière hors-norme ; une sorte de hippie avant l'heure. Même l'hiver, il était toujours en sandales. M'entendant bien avec Dumas, je propose un jour à Cousteau de le rencontrer. Voilà comment l'équipe s'est formée » (Philippe Tailliez: Plongées sans câble).
- « Dumas, c'était le dieu de l'eau, il y faisait ce qu'aucun d'entre nous n'était capable de faire, non par sensibilité, mais par nature, par philosophie. Il jouait avec elle. » (J.Y. Cousteau : Le monde du silence).
Musée
Fondé et ouvert en 1994 par Barthélemy Rotger (militaire des chantiers navals de la Seyne) et par Gérard Loridon (ancien plongeur du GERS), le Musée Frédéric-Dumas est installé dans une tour romane du XIIIe siècle mise à disposition par la municipalité de Sanary-sur-Mer. Il occupe aussi une annexe dans la rue Lauzet-Aîné, depuis 2006.
Notes et références
- Jacques-Yves Cousteau et Frédéric Dumas, Le Monde du silence, Éditions de Paris, Paris, Dépôt légal 1er Trimestre 1954 - É. N° 228 - I. N° 741 (pp. 35-37)
- Capitaine de frégate PHILIPPE TAILLIEZ, Plongées sans câble, Arthaud, Paris, janvier 1954, Dépôt légal 1er trimestre 1954 - Édition N° 605 - Impression N° 243 (pp. 51-52)
Liens internes
Liens externes
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