- Agriculture aux États-Unis
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L'agriculture est un secteur clé de l'économie des États-Unis, le pays étant le 1er exportateur et le 2e importateur mondial. C'est la première agriculture au monde, ex aequo avec l'Union européenne. Le secteur emploie 1,7 % de la population active en 2004[1].
Le recensement agraire de 2007 faisait état de 2,2 millions d'exploitations, couvrant 373 millions d'hectares, avec une moyenne de 170 hectares par ferme. Il s'agit donc d'une agriculture intensive, sur de grands domaines, qui produit beaucoup de maïs, soja (à plus de 90% OGM), blé, coton et luzerne, avec aussi un élevage important. La plupart du territoire américain est mis en valeur mais les Grandes Plaines, ainsi que la vallée de San Joaquin (Californie), restent le symbole de la puissance agricole américaine.
Les agriculteurs eux-mêmes sont vieillissants, près de 30% d'entre eux ayant, en 2011, plus de 65 ans [2].
Sommaire
Histoire
Depuis le XIXe siècle, la Corn Belt (« ceinture de maïs ») est la principale zone agricole de ce pays - la Sun Belt étant connue pour ses fruits.
Dans les années 1930, l'agriculture subit une crise majeure de surproduction et de paupérisation des agriculteurs (ou farmers). Le Dust Bowl (« Bol de poussière »), des tempêtes de poussière et une sécheresse, provoqua une catastrophe écologique qui toucha, pendant près d'une dizaine d'années, la région des grandes plaines. Ces tempêtes détruisirent toutes les récoltes, dépouillèrent les champs de leur terre (érosion), la remplaçant par de la poussière, ensevelirent habitations et matériel agricole et jetèrent des milliers de fermiers sur les routes, en direction de l'ouest. Dans Les Raisins de la colère, le romancier John Steinbeck décrit de façon poignante cette période de l'histoire américaine. La crise écologique provoquée par le Dust Bowl conduisit le gouvernement américain à créer le Soil Conservation Service (en), appelé aujourd'hui Natural Resources Conservation Service (en), organisme chargé de la sauvegarde des ressources naturelles et de l'environnement.
Sur les recommandations d’Henry Wallace, l’administration Roosevelt entreprit de protéger les agriculteurs contre les aléas du marché en distribuant des subventions fédérales et en contrôlant la production par l’A.A.A. Le 12 mai 1933, l’Agricultural Adjustment Act fut promulgué[4]. On décida ainsi de réduire la production pour faire remonter les cours agricoles. Pour cela une grande partie des récoltes et des réserves furent détruites ; la réduction des surfaces cultivées fut encouragée par une politique d'indemnisation[5]. Les dettes des agriculteurs furent rééchelonnées (Farm Credit Act, 16 juin 1933)[6].
Les premiers résultats, au bout de trois ans, furent encourageants, puisque le revenu des agriculteurs augmenta. Aussi, l’interventionnisme étatique dans le secteur primaire fut amorcé.
Principaux produits
Les vingt principaux produits agricoles du pays étaient en 2003, selon la FAO (avec la masse de la production en tonnes) :
1. Maïs 256,904,992 (80% du maïs provient de Monsanto[7]) 2. Viande de bœuf 11,736,300 (notamment ranching et feed lots dans les Rocheuses : 98,5 millions de têtes en 1999 (3e producteur mondial)[8] - cf. Élevage bovin aux États-Unis) 3. Lait de vache 78,155,000 4. Poulet 15,006,000 5. Soja 65,795,300 (93% du soja provient de Monsanto[7]) 6. Cochon 8,574,290 (2e élevage porcin du monde, avec 62,2 millions de têtes en 1999[9]) 7. Blé 63,589,820 8. Coton 3,967,810 9. Œuf de poule 5,141,000 10. Dinde 2,584,200 11. Tomate 12,275,000 12. Pomme de terre 20,821,930 13. Raisin 6,125,670 14. Orange 10,473,450 15. Riz 9,033,610 16. Pomme 4,241,810 17. Sorghum 10,445,900 18. Laitue cultivée 4,490,000 19. Huile de coton 6,072,690 20. Betterave sucrière 27,764,390 L'agriculture américaine dans le monde : quelques productions
Réglementation et subventions agraires
Au niveau réglementaire, le Congrès vote périodiquement des farm bill (en) (« loi sur la ferme »). La dernière en date est le Food, Conservation, and Energy Act of 2008 (en), qui a mis en place un plan de politique agraire sur 5 ans, doté d'un budget de 288 milliards de dollars. Entre autres mesures, cette loi soutient de façon importante la production d'éthanol cellulosique, et institue le National Institute of Food and Agriculture (en), qui doit coordonner la politique fédérale en matière de recherche agronomique.
L'Omnibus Consolidated and Emergency Appropriations Act, FY1999 (en) et l'Agriculture Risk Protection Act of 2000 (en) prévoyaient des indemnisations aux agriculteurs victimes de pertes de récoltes ou de gains inférieurs aux gains escomptés en raison de la volatilité des prix du marché. Ces indemnisations, dites « market loss payments (en) », étaient financées par un budget 3,1 milliards de dollars dans la loi de 1999, et de 7,14 milliards de dollars dans la loi de 2000.
Depuis le Federal Agriculture Improvement and Reform Act of 1996 (en), des contrats dits production flexibility contract (en)s, échelonnés sur sept ans, ont été mis en place, qui déconnectent le montant des primes des prix du marché. Ces contrats donnent une plus grande liberté de choix des cultures mises en champ (hormis en fruits et légumes). C'est aussi cette loi de 1996 qui mit fin au soutien aux terres non cultivées, visant à lutter contre la surproduction et à maintenir à un taux suffisamment élevé le prix des denrées agraires.
La politique de subventions aux agriculteurs est ancienne aux Etats-Unis, bien que moins connue que la politique agricole commune (PAC) en Europe. Elle date des années 1920 et de la crise de 1929, avec le Grain Futures Act (en) de 1922, l'Agricultural Marketing Act (en) de 1929 et l'Agricultural Adjustment Act de 1933. Promulgué sous l'administration Roosevelt, cette dernière loi est la première englobant l'agriculture de manière générale. D'autres lois avaient régulé l'agro-alimentaire, et notamment le secteur de l'abattage, après un rapport de la Federal Trade Commission de 1919 (Packers and Stockyards Act (en) de 1921 et Capper-Volstead Act (en) de 1922, qui soustrayait les coopératives aux poursuites anti-trusts).
Commerce extérieur
Comme en Europe, l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB, ou « maladie de la vache folle ») a atteint le cheptel américain, poussant le Japon, la Corée du Sud et Taïwan à suspendre leurs importations (cf. Conflits sur l'importation de bœuf américain (en)).
Le Japon, premier marché des producteurs de boeuf américains à l'étranger (pour une valeur de plus d'un milliard de dollars), suspendit ses importations en 2003, avant de les ré-autoriser fin 2005, et de les suspendre à nouveau en 2006, puis de lever partiellement ses restrictions (cf. Importation de bœuf américain au Japon (en).
La vallée de San Joaquin
50 % des fruits et légumes et 90 % des amandes, artichauts, avocats et tomates des États-Unis sont produites dans la vallée de San Joaquin, au sud du delta du Sacramento en Californie[10]. La vallée, qui est aussi le plus grand fournisseur pétrolier de la Californie, et abrite le troisième champ pétrolier des États-Unis, le Midway-Sunset Oil Field, est aussi l'une des régions les plus pauvres des États-Unis. En 2005, 41% des adultes du comté de San Joaquin vivaient sous le seuil de pauvreté fédéral et dans un état d'insécurité alimentaire[11].
Agriculture biologique
Depuis 2002, l'agriculture biologique est sous supervision du National Organic Program, organisme dépendant de l'USDA (Département de l'Agriculture), qui distribue notamment un label « bio » (en fait, trois labels, avec des seuils de qualité variable: « 100% organic », « USDA organic » ou « made with organic ingredients »). Dès 1990, une loi, l'Organic Food Production Act (en), avait mandaté l'USDA pour mettre sur pieds une réglementation couvrant le secteur.
Pêche et aquaculture
Article détaillé : Pêche aux États-Unis.Avec son large territoire et ses côtes sur l'Océan Atlantique, le Pacifique et le Golfe du Mexique, les Etats-Unis ont les plus importantes eaux territoriales du monde (avec un rôle moteur de la Nouvelle-Angleterre, mais aussi de l'Alaska). Ils étaient 5e producteur mondial de poissons au milieu des années 2000, derrière la Chine, le Pérou, l'Inde et l'Indonésie, ce qui représentait 3,8% du total mondial.
Bien que la question des ressources halieutiques soit un enjeu ancien (un rapport du Congrès de 1871 l'évoquait), ce n'est qu'avec la loi Magnuson–Stevens sur la gestion et la conservation des ressources halieutiques de 1976 que les pêcheries furent réglementées afin de garder sous contrôle les phénomènes de surpêche.
En réponse, l'aquaculture, qui pesait 45 millions de dollars en 1974, prit de l'importance, pour représenter 866 millions de dollars en 2003[12]. En 2004, les Etats-Unis étaient le 10e producteur mondial dans le secteur de l'aquaculture, principalement derrière des pays asiatiques. Son déficit commercial, dans les fruits de mer, atteignait ainsi plus de 9 milliards de dollars[13].
Après l'ouragan Katrina à La Nouvelle-Orléans, la catastrophe pétrolière de la plate-forme Deepwater Horizon, de BP, en avril 2010, provoqua des conséquences économiques importantes pour la pêche et les fruits de mer (notamment les crevettes, la Louisiane étant le premier producteur de crevettes des États-Unis), durablement contaminés par la nappe de pétrole.
Voir aussi
Notes
- L’état du monde 2006, Paris, La Découverte, 2005, page 362
- http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/68171.htm Recherche agronomique/Science des aliments Projet de loi sur les priorités agricoles pour l'année 2012], BE Etats-Unis 266 >> 14/11/2011 [
- Economic Importance of Bats in Agriculture, Science, 1er avril 2011, Vol. 332 n°6025, pp. 41-42. DOI: 10.1126/science.1201366. Voir aussi USA: des chauves-souris décimées, Le Figaro avec l'AFP, 31 mars 2011. Justin G. Boyles, Paul M. Cryan, Gary F. McCracken et Thomas H. Kunz,
- A. Kaspi, Franklin Roosevelt, Fayard, 1988, p.236
- A. Kaspi, Franklin Roosevelt, Fayard, 1988, p.235
- A. Kaspi, Franklin Roosevelt, Fayard, 1988, p.240
- Monsanto's dominance draws antitrust inquiry, Washington Post, 29 novembre 2009 Peter Whoriskey,
- Source : Images Economiques du Monde, 2001
- Images Economiques du Monde, 2001
- La Californie en état d'urgence, Le Figaro, 16 mars 2009. Armelle Vincent,
- Hunger in California’s Central Valley: rising poverty in leading food-producing region, WSWS, juillet 2005
- NOAA/NMFS: (2004) Fisheries of the United States, 2003
- Aquaculture in the United States NOAA Aquaculture Program. Retrieved 4 January 2009.
Articles connexes
- Département de l'Agriculture des États-Unis
- Élevage bovin aux États-Unis
- Viticulture aux États-Unis
- Supplemental Nutrition Assistance Program (SNAP)
Lien externe
- (fr) USA agriculture : dossier documentaire de l'académie de Rouen
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