- Fadet
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Farfadet
Pour le phénomène lumineux, voir farfadets.Le farfadet ou parfois le fadet ou follet (ou esprit follet) est une petite créature légendaire du folklore français, souvent espiègle.
Le farfadet est présent dans le folklore du sud-ouest de la France, la Vendée et le Poitou.[réf. nécessaire]
Sommaire
Étymologie
Farfadet est un mot emprunté au provençal farfadet (« lutin ») du XVIe siècle, probablement forme renforcée de fadet, dérivé lui-même de fada, fado signifiant « fée »[1].
Au sens figuratif, le farfadet désigne une personne légère et frivole.
- « Des follets brillent dans l’ombre,
- Et la voix que j’entendais
- Se mêle aux cris d’un grand nombre
- De lutins, de farfadets.
- Au bruit d’une aigre trompette
- Le sabbat a commencé »
- — Pierre-Jean de Béranger, Chansons (1829)[2]
Description
La vallée de l'Egray, aux environs de Germond, dans les Deux-Sèvres, était à la fin du XIXe siècle, considérée comme domaine exclusif des farfadets, qui n'aimaient pas être dérangés par les femmes qui se réunissaient pour filer dans les cavernes ou les carrières.
Un soir qu'elles revenaient au village, elles aperçurent des farfadets qui faisaient remonter la pente de la route, à une vitesse stupéfiante, à un énorme chariot aux roues grinçantes. Une des fileuses eut l'idée de faire un signe de croix, ce qui eut pour effet de faire disparaître tout à la fois farfadets et chariot.
Comme les lutins, avec lesquels on les confond parfois, les farfadets s'occupent volontiers des chevaux, dont ils frisent et emmêlent les crinières, et sont généralement serviables. Il est difficile de les décrire car ils demeurent la plupart du temps invisibles, à moins qu'ils ne prennent des apparences animales.
Brian Froud et Alan Lee les ont pourtant observés : "Le farfadet est un petit bonhomme ridé, fripé, au teint brunâtre, haut d'un demi-mètre, qui se promène nu ou vêtu de loques brunes. Les farfadets des montagnes n'ont ni doigts ni orteils et ceux des plaines manquent de nez".
Si à l'état sauvage, le farfadet tient se résidence dans quelque taupinière de la forêt, il joue parfois le rôle d'un esprit servant lorsqu'il s'attache à une maison ou à une ferme. Il veille alors sur les troupeaux et la tenue de la maisonnée, moissonne, bat et fauche le blé, et achève les tâches que n'ont pas eu le temps de terminer les domestiques - non sans avoir puni ces derniers de leur paresse ou de leur négligence en leur assénant une volée de bâton.
Pour tous ces services, le farfadet ne demande qu'un salaire insignifiant : "En échange de sa peine, le farfadet ne veut rien de plus qu'un bol de crème ou de bon lait avec un gâteau au miel. Qu'on veuille lui donner plus, il se froisse et s'en va, ce qui arrive souvent quand la générosité maladroite du maître de maison lui fait laisser au farfadet des vêtements neufs". Il s'exclame alors : Qu'avons-nous là, Chanvri, Chanvrai ! Plus ne sauterai ici, plus ne marcherai.
Le farfadet mesure une cinquantaine de centimètres, ridé, la peau mate. Il est très farceur, joue parfois des tours aux humains. Il aime à courir dans les prés, les champs de lavande. Parfois le farfadet s’installe près d’une maison et s’occupe de son entretien, ainsi que des animaux, du jardin… On dit également qu’il lui arrive de réparer des outils, des chaussures, des choses cassées. Pour tous les services qu’il rend, il apprécie un verre de lait, des gâteaux de miel, mais n’acceptera pas de nouveaux vêtements, en remplacement des haillons qu’il porte.
Ils vivent dans des galeries qu’ils creusent eux-mêmes. On raconte que les farfadets cachent leurs trésors dans le creux des chênes au pied des arcs-en-ciel. Les représentations les plus modernes de farfadets, notamment celles qui fleurissent au moment de la Saint-Patrick, montrent de petits bonshommes habillés tout en vert (ils correspondent alors aux leprechauns du folklore irlandais). Traditionnellement, cependant, le parfait petit farfadet porte une veste rouge aux boutons argentés rutilants, des bas bleus ou marine, d’épais souliers à grosse boucle argentée.
Un farfadet au monastère
Collin de Plancy conte à ce propos l'histoire suivante :
En l'année 1221, vers le temps des vendanges, le frère cuisinier d'un monastère de Cîteaux, chargea deux serviteurs de garder les vignes pendant la nuit. Un soir, l'un des deux hommes, ayant grande envie de dormir, appela le diable à haute voix et promit de le bien payer s'il voulait garder la vigne à sa place. Il achevait à peine ces mots qu'un farfadet apparut.
- Me voici, dit-il à celui qui l'avait demandé. Que me donneras-tu si je remplis ta charge ?
- Je te donnerai un panier de raisin, répondit le serviteur, et du bon, à condition que tu veilles jusqu'au matin.
Le farfadet accepta l'offre ; et le domestique rentra à la maison pour s'y reposer. Le frère cuisinier, qui était encore debout, lui demanda pourquoi il avait quitté la vigne.
- Mon compagnon la garde, répondit-il, et il la gardera bien.
- Va, va, reprit le cuisinier, qui n'en savait pas davantage, ton compagnon peut avoir besoin de toi.
Le valet n'osa répliquer et sortit ; mais il se garda bien de paraître dans la vigne. Il appela l'autre valet, lui conta le procédé dont il s'était avisé ; et tous deux, se reposant sur la bonne garde du lutin entrèrent dans une petite grotte qui était près de là et s'y endormirent. Les choses se passèrent aussi bien qu'on pouvait l'espérer ; le farfadet fut fidèle à son poste jusqu'au matin, et on lui donna le panier de raisin promis.
Citations
- « Nous ne savons pas ce qu’il y a dans les choses, mais nous avons découvert que les diables, lutins et farfadets n’y sont pas », Alain, Propos, 1932, p. 1104
Homonymies
Fadet désigne aussi un duplicata de facture
Voir aussi
- Dans le folklore français : lutin, korrigan, gnome
- Voir la catégorie lutin
- enfant intérieur, concept de la psychanalyse développé par Jung, étayé entre autres par des recherches sur les contes et légendes
- Farfadets et korrigans, une bande dessinée
- Farfadets, phénomène de feu de Saint-Elme se produisant en haute altitude, sous les cumulo-nimbus
Bibliographie
- Charles Nodier : Trilby, 1822. Un conte autour d’un « esprit follet » nommé Tribly.
Références
- ↑ Dictionnaire de l’Académie, 9e édition et CNRTL
- ↑ Pierre-Jean de Béranger, Chans., t.3, 1829, p. 247
Liens externes
- Alexis Vincent Charles Berbiguier de Terre-Neuve du Thym : Les Farfadets : Préface et discours préliminaire (Les Farfadets ou Tous les démons ne sont pas de l’autre monde, 1821).
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