Dominique de Guzmán

Dominique de Guzmán
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Saint Dominique, fresque de Fra Angelico au couvent San Marco.

Domingo Núñez de Guzmán, plus connu sous le nom de saint Dominique (né en v. 1170 en Espagne dans un milieu aisé et mort en 1221 à Bologne), est un religieux catholique, fondateur de l'ordre des frères prêcheurs appelés couramment « dominicains ». Canonisé par l'Église en 1234, il était autrefois fêté le 4 août puis le 6 août jour de sa « naissance au ciel » [1]. Il est fêté le 8 août depuis le Concile Vatican II.

Sommaire

Biographie

Dominique est né à Caleruega, dans l'actuelle province de Burgos, dans la Vieille-Castille à 80 kilomètres de Burgos. Selon une légende tardive, il aurait appartenu à l'illustre famille des Guzmán. Dominique étudie la théologie et la philosophie à Palencia. A l'âge d'environ 25 ans, en 1196, il entre comme chanoine au chapitre de l'évêché d'Osma.

Il se distingue de bonne heure par la ferveur de son zèle et par son talent pour la prédication ; il enseigne la théologie à Palencia, entre en 1198 dans le chapitre de l'évêque d'Osma. En 1203, il accompagne son évêque, Diego de Acebo, chargé par le roi Alphonse VIII de Castille d'une ambassade auprès du roi de Danemark afin d'obtenir une princesse en mariage pour l'infant.

Contre les cathares

Saint Dominique recevant le rosaire des mains de Notre-Dame, atelier de Nicola Porta.

Traversant ce qu'on appelle aujourd'hui l'Occitanie, Dominique y rencontre l'hérésie cathare. Certains des éléments qui déclencheront la Réforme protestante sont déjà présents à cette époque. La richesse de l'Église, en particulier, fait scandale parmi des chrétiens qui finissent par se laisser séduire par les idées des vaudois et des cathares.

Jusqu'à la fin du XIIe siècle, les papes avaient tenté d'enrayer le phénomène sur deux plans : des campagnes militaires menées par des évêques dont les victoires sanglantes restaient sans lendemain et des prêches menés avec faste par les cisterciens avec saint Bernard à leur tête comme ce fut le cas à Albi en 1145. Ici aussi sans résultat. L'Église ne parvient pas, à cette époque, à contrer l'hérésie adoptée par une partie du peuple tandis que les théologiens adverses allient à leur culture religieuse un style de prêche qui touche les petites gens. L'hérésie est finalement condamnée en 1184, confondant les deux mouvements pourtant distincts.

À son retour du Danemark, après un deuxième voyage en 1205, Dominique passe par Rome et Cîteaux, puis s'arrête en Languedoc, apparemment résolu à combattre l'hérésie. Pour concurrencer une institution cathare comparable, Dominique établit à Prouille dès 1206 le premier monastère de femmes, en utilisant l'ancienne église et quelques dépendances, dont la majeure partie est donnée par Guillaume et Raymonde Claret. En 1207 Dominique fera partie du colloque de Pamiers, appelé aussi « colloque de Montréal » qui sera le dernier débat contradictoire entre les cathares et l'Église. Saint Dominique reçoit une apparition de la Vierge en 1208 à Prouille qui se montre à lui sous le vocable de Notre-Dame du Rosaire. Les Dominicains sont dès le début d'ardents propagateurs du rosaire, méthode de méditation sur la vie du Christ.

L'assassinat du légat du pape, le cistercien Pierre de Castelnau, imputé à Raymond VI de Toulouse, déclenche en 1209 la croisade des Albigeois et Dominique suit les croisés dans les places conquises cherchant à obtenir des conversions.

En 1215 il s'établit à Toulouse, avec quelques proches, dans des bâtiments donnés par Pierre Seila (ou Pierre Seilhan), visibles aujourd'hui au 7, place du Parlement. Foulques, évêque de Toulouse, collaborateur de Dominique depuis 1206, les autorise à prêcher dans tout le territoire de Toulouse. Au mois de novembre, Dominique et Foulques sont à Rome, au IVe concile du Latran : là, avec le pape Innocent III, ils projettent l'établissement d'un ordre des Prêcheurs.

À la même époque, Simon de Montfort, à la tête d'une armée de croisés, extermine les Albigeois par le fer et par le feu (1205-1215). Dominique opère un grand nombre de conversions par la seule persuasion ; il ne prend aucune part à la guerre, ne voulant d'autres armes que la prédication, la prière et les bons exemples.

Fondation de l'ordre des Prêcheurs

Lorenzo Lotto, Prédication de saint Dominique à Recanati

Ainsi, et peut-être inspiré par le tout récent ordre mendiant de François d'Assise, Dominique fonde en 1216 l'ordre des Prêcheurs, mieux connu aujourd'hui sous le nom de Dominicains qui seront, à l'inverse des Franciscains invités à s'instruire sans relâche. Un an avant la constitution officielle de l'ordre, Innocent III demande à Dominique de s'inscrire dans une tradition existante. Une règle inspirée de celle de saint Augustin sera choisie, et c'est le pape suivant Honorius III, qui autorise l'établissement de l'ordre en décembre 1216 selon certains ou en janvier 1217.

Au chapitre de Bologne (1220), Dominique donne ses premières structures à l’ordre des frères prêcheurs. À sa tête est placé un maître général auquel sont soumis tous les prêcheurs. Un chapitre général est réuni tous les ans, élaborant les règlements de l’ordre et disposant du pouvoir judiciaire. La règle de l’ordre est celle des chanoines de saint Augustin. Elle accorde une large place à la prière liturgique et à la méditation. L’ordre ne doit avoir ni revenus, ni propriétés, et doit pratiquer la mendicité conventuelle. Seule est admise la possession du couvent par la communauté et de livres par chacun des frères. Chaque couvent se transforme en maison d’étude (studium) et chaque province dispose de centres d’études biblique et théologique. Les prêcheurs se fixent dans les villes universitaires (Bologne, Paris, Toulouse, Oxford, Cologne) où la qualité de leur enseignement leur permet de briguer rapidement les chaires de faculté.

Il emploie ses dernières années à répandre son institut, qui bientôt compte de nombreux couvents en France, en Italie, en Espagne.

Le 8 août 1221, Dominique meurt à Bologne après une longue maladie. Il est canonisé en 1234 par Grégoire IX, qui fixe sa fête au 4 août — un an avant que l'ordre fondé par Dominique ne soit impliqué par le pape dans une nouvelle méthode de lutte contre l'hérésie : l'Inquisition.

Rôle historique

Dominique et l'Inquisition

Dominique présidant un autodafé, par Pedro Berruguete (c. 1660), musée du Prado, Madrid

Certains le regardent comme le premier inquisiteur, et disent qu'il fut chargé d'exercer ces fonctions dans le Languedoc. Dans son Histoire de France, Jules Michelet en fait le « terrible fondateur de l'Inquisition ». Les Dominicains eux-mêmes, au Moyen Âge, ont accrédité cette légende : Bernard Gui, l'un des plus célèbres inquisiteurs, qualifie Dominique de « premier inquisiteur » dans une biographie du fondateur. Un tableau de Pedro Berruguete montre Dominique devant un autodafé et prêt à envoyer des hérétiques au bûcher — tableau sans doute à la gloire de Dominique, le peintre ayant réalisé plusieurs tableaux à la demande de Tomás de Torquemada. En réalité, Dominique est mort en 1221, date à laquelle l'Inquisition n'existait pas encore, et ne combattit jamais que par le prêche. La première personne à porter le nom d'inquisiteur, Conrad de Marbourg, reçoit ce titre en 1231.

La « légende noire » qui provient de cette erreur historique est, selon Michel Robert, d'autant plus dommageable à Dominique qu'elle a été forgée par les Dominicains eux-mêmes à une époque où ils s’enorgueillissaient de combattre l'hérésie[2].

Dévotion au rosaire

Iconographie

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Saint Dominique est souvent représenté muni d'une croix, d'un livre et d'un globe terrestre. Une étoile lui pare le front tandis qu'un chien noir et blanc portant une torche enflammée dans sa gueule l'accompagne et que des lys l'entourent. On l'associe à des qualités d'éloquence et de témoignage.

« Ce chien portant une torche vient selon la légende, d'un cauchemar que la mère de saint Dominique fit alors qu'elle était enceinte de lui. Dans ce cauchemar elle enfantait d'un chien portant une torche qui embrasait le monde entier. Saint Dominique reprit donc cet emblème en disant qu'il serait ce chien qui embraserait le monde de la vérité (certainement la Parole de Dieu). »

Notes et références

Saint Dominique de Claudio Coello, musée du Prado, Madrid
  1. Nominis : Saint Dominique
  2. Michel Robert, Saint Dominique, la légende noire.

Bibliographie

Sources anciennes
Sources contemporaines
  • Pierre Mandonnet, Saint Dominique : l'idée, l'homme et l'œuvre, Desclée De Brouwer, 1938
  • Michel Roquebert, Saint Dominique : la légende noire, Paris, Perrin, 2003
  • Marie de la Trinité, op, Frère Dominique : Le cœur au large ! (1952), Cerf, 2006
  • P. Marie-Humbert Vicaire, Histoire de saint Dominique, Cerf, coll. « Histoire », Paris, 2004 (ISBN 2204074098)
  • Saint Dominique en Languedoc, Cahiers de Fanjeaux no 1 (1966), Privat, Toulouse

Liens externes

Précédé par Dominique de Guzmán Suivi par
(fondateur)
Maître général de l'ordre des Prêcheurs
1216 -1221
Jourdain de Saxe

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Dominique de Guzmán de Wikipédia en français (auteurs)

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