Dominique Bonnaud

Dominique Bonnaud
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Dominique Bonnaud

Marie Jean Baptiste Dominique Bonnaud est un chansonnier, poète et goguettier français et montmartrois né le 3 janvier 1864 à Paris 16e[1], et mort en 1943 à Paris. Il était membre de la goguette du Cornet et a fondé en 1904 avec Numa Blès le cabaret La Lune rousse.

Sommaire

Biographie

De gauche à droite : Numa Blès, Polin et Dominique Bonnaud en 1903
Un programme de La Lune Rousse paru dans Le Figaro en 1913[2].

Dominique Bonnaud est le fils d'un chef de bureau de la Grande Chancellerie de la Légion d'honneur[3].

D'abord chroniqueur de la revue La France[4], il est à ses débuts secrétaire du prince Roland Bonaparte, géographe et botaniste. Un voyage aux États-Unis et au Canada en sa compagnie lui inspire un livre : D'océan à océan, préfacé par Armand Sylvestre.

Appelé par Rodolphe Salis, il fait ses débuts de chansonnier au cabaret Le Chat noir à Montmartre en 1895.

Vers 1897, il se produit sous l'impulsion de Victor Meusy, dans le foyer du Nouveau Cirque, rue Saint-Honoré, aux côtés de Jules Jouy, Jacques Ferny, Théodore Botrel, Jules Moy[5], Georges Fragerolle, Paul Delmet, Vincent Hyspa et beaucoup d'autres. La troupe, augmentée de quelques unités, remonte ensuite sur la Butte pour « débuter » au Trianon et dans la grande salle de l'Élysée-Montmartre. Preuve de notoriété, des charrettes-sandwiches promènent dans Paris les portraits de ces artistes en redingote, plus grands que nature, peints par Jules Grün.

Après deux saisons, dans ce vaste cadre, il réintègre des cabarets plus discrets, où il se produira jusqu'en 1904 : Les Quat'z'Arts, le Carillon (direction Millanvoye), Les Noctambules, Le Tréteau de Tabarin, Le Conservatoire de Montmartre et enfin La Boîte à Fursy[6].

En 1898, avec Xavier Privas, Georges Baltha et d'autres, il fonde le Cabaret des Arts[7].

En 1904, il fonde le Logiz de la Lune Rousse avec Numa Blès, au no 36 du boulevard de Clichy. Transféré rue Pigalle, il le dirige en collaboration avec Georges Baltha, puis avec Léon Michel, lequel par la suite présidera seul aux destinées de cette « Comédie-Française de la Chanson », comme se plaisent à le nommer Maurice Donnay, Romain Coolus ou encore Sacha Guitry[8].

Dominique Bonnaud est admis à la goguette du Cornet lors de son 180e dîner, organisé le 1er avril 1914 à la Taverne de Paris, 3 avenue de Clichy. Il y entre ce soir-là, ainsi que son ami Numa Blès, Henry Grégoire et Louis Schmoll, tous très applaudis. Il prononce un compliment à cette occasion[9].

Durant la guerre de 1914-1918, Dominique Bonnaud se met au service de Léon Mirman, préfet volontaire de Meurthe-et-Moselle. Il écrit alors des poèmes graves et lyriques dans lesquels Bonnaud a fixé des émotions et des impressions directement ressenties.

En 1925, Bonnaud publie ses souvenirs dans la revue Les Annales[10] sous le titre La Fin du Chat noir ou Les Derniers Mohicans de la butte. En 1930, il publie Montmartre d'hier[11], illustré de portraits de ses amis disparus.

Dominique Bonnaud exerce avec un succès toujours croissant sa verve féconde, fantaisiste, incisive et sympathique sur les présidents de la République, sur les souverains de passage, sur les scandales du jour et de la nuit. Son œuvre chansonnière forme une chronique souriante d'une grande partie de l'histoire de la Troisième République.

Il collabore à de nombreux médias, au moins jusqu'en mai 1933, non seulement au Carnet de la semaine ou à Fantasio, mais aussi à Radio Paris où ses chroniques parlées, rimées, chantées remportent beaucoup de succès auprès des auditeurs. Cette année-là, la Comédie-Française représente avec succès une pièce en vers qu'il a écrit avec Pierre Varenne à la mémoire de François Coppée, avec lequel il avait noué une amitié solide : Poètes.

Quand il meurt à Paris en 1943, à l'âge de 79 ans, il est président d'honneur de l'Association amicale des chansonniers de cabaret.

Témoignages

Dominique Bonnaud vu par Charles Léandre en 1933

En 1900, Numa Blès écrit :

« Bonnaud, que ses parents nommèrent Dominique,
A conquis à Montmartre un renom d'homme unique
Pour avoir quelquefois piqué jusques au vif
Plus d'un concitoyen de son style incisif !
Tout jeune, il eut l'honneur, qui, certes, n'est pas mince,
En de lointains pays d'accompagner un prince !
Il visita l'Asie et l'Inde et le Brésil ;
Et déjà, s'il n'avait pas beaucoup de braise, il
Se consolait gaîment d'une chanson badine.
Aujourd'hui, il a pris du ventre, il tabarine,
Et vient, sur les tréteaux, apporter chaque soir
La contribution directe au Chat noir [12]! »

En mai 1933, Georges Chepfer écrit dans Le Cornet :

« [...] Il est lui-même et avant tout : le poète. Sa lyre est toujours au service de son cœur pitoyable et vibrant, le sourire blagueur s'esquisse et s'épanouit bien souvent pour ne pas permettre à la larme qui perle de descendre derrière l'observatoire de son binocle haut perché. Qualité exquise ! Dominique est bien de chez nous[13]. »

Portrait de Dominique Bonnaud en 1905

Maurice Prax écrit[14] :

Un autre maitre de la chanson rosse est M. Dominique Bonnaud. M. Dominique Bonnaud a l'air d'un chef de bureau du Mont-de-piété. Le cheveu court, la moustache dure, le regard perçant et dénicheur derrière les lorgnons, le profil prononcé, il semble vouloir dire sans cesse : « Donnez-moi donc le dossier... » Mais ce n'est pas cela qu'il dit. Il dit des chansons. Il chante les Députés :

Croyez-vous que pour vingt-cinq francs
On va vous donner des génies.

Il célèbre M. Loubet :

Accordez la lyre d'Homère et de Virgile,
Muses, je m'en vais chanter Loubet, Émile,
Cet homme éminent, fils de Montélimar,
Soleil du Midi, nec pluribus impar.....

Il nous conte les « joies du café-concert », nous dit des choses bizarres sur M. Jean Lorrain et sur M. de Max et nous fait rire. Il a de l'esprit, de la verve et de l'à-propos. Il devrait faire les chansons de M. Fursy.

Exemple de l'humour de Bonnaud

Quatrième et dernier couplet d'une chanson consacrée à la visite du roi d'Angleterre Édouard VII à Paris en 1903[15] :

Vers le salon de la gare
Le roi se rend tranquillement.
Bras d'ssus, bras d'ssous avec notre Président.
Tous deux s'offrent des cigares.
Puis ils fument à qui mieux mieux,
Pendant que Monsieur Mollard crachait pour eux.
Tous deux montent en voiture.
Troude galopait devant,
Le roi dit : « Quell' bonn' figure,
Chez nous, dans les anciens temps.
Le grand Monck eut seul des piqueurs si brillants. »
— Ah ! sir', répond l' Président.
En histoir' je n' suis pas un savant,
Et surtout là-d'ssus
Soyez convaincu
Que j'ignor' quel genre de Troude Monck eut !

Œuvres

Sur le catalogue en ligne de la BNF, on obtient 77 notices au nombre desquelles :

  • Dominique Bonnaud, Numa Blès, Lucien Boyer, Ulysse à Montmartre : Légende néo-grecque en un prologue et 3 tableaux, créée au théâtre d'ombres du Logiz de la Lune rousse le 9 septembre 1910, éd. La Lune rousse, 34 pages[16] ;
  • Sœur Marie de Saint-Pierre, éditions du Cerf, Paris, 1934, 61 pages[17] ;
  • Maurice Donnay, Dominique Bonnaud, Vincent Hyspa, L'Esprit montmartrois, Laboratoires Carlier, St-Florentin, 1936, 168 pages[18].

Chansons et poésies

Répertoire publié par la société d'éditions la Lune rousse

Sur les catalogues au verso des petits formats des éditions de la Lune rousse figurent au moins 10 séries de chansons de Dominique Bonnaud, et au moins 12 séries de Dominique Bonnaud et Numa Blès ; ce qui fait environ 220 chansons écrites pendant son séjour à la Lune rousse.

Dominique Bonnaud

1re série

De 1 à 10

2e série

De 11 à 20

3e série

De 21 à 30

4e série

De 31 à 40

5e série

De 41 à 50

6e série

  • Les Mystères de Montparnasse
  • Les folles Nivernaises
  • Noël ! Noël ! (monologue)
  • M. Loublet au Salon d'automne
  • Au mariage de Deschanel (monologue)
  • Histoire d'une conspiration
  • Nos bons agents
  • Le fort Chabrol d'Usseau
  • Le petit chien
  • Le petit chien d’Édouard VII

Dominique Bonnaud et Numa Blès

11e série

De 101 à 110

12e série

De 111 à 120

Chansons début nouvelle série

  • Strophes en l'honneur d’Émile
  • Les députés
  • La chasse au pivert (monologue)
  • Salon contemporain
  • Montmartre à 4 h. du matin
  • Le théâtre de la nature
  • La cravate présidentielle

Enregistrements

  • Le Palace des Russes à Paris (1940) - disque 78 tours - Lumen 33050[20]

Notes et références

  1. Archives départementales de Paris en ligne, acte de naissance N° 16e/13/1864
  2. Rubrique Spectacles et concerts, Le Figaro, 9 mars 1913, page 6, 3e colonne.
  3. Chantal Brunschwig, Louis-Jean-Calvet, Jean-Claude Klein, Cent ans de chansons françaises, coll. Points actuels, Le Seuil, Paris, 1981 (nouvelle édition), p.59.
  4. Il existe sur la carrière de Bonnaud depuis ses débuts une notice biographique détaillée, rédigée par Bertrand Millanvoye pour L'Anthologie des poètes de Montmartre, parue chez l'éditeur Paul Ollendorff en 1909. Elle est utilisée par des dictionnaires, des ouvrages contemporains ou des sites Internet, qui ne citent quasiment jamais leurs sources et en particulier celle-ci.
  5. Jules Moys dit Jules Moy (1862-1938) est aujourd'hui principalement connu comme acteur
  6. Nouveau nom du Chat noir, racheté après la mort de Rodolphe Salis par le chansonnier montmartrois Henri Dreyfus dit Fursy (1866-1929).
  7. « Dominique Bonnaud » in Larousse du XXe siècle, Paris, 1948.
  8. Un programme de la Lune Rousse dessiné par Noël-Noël en 1933.
  9. Voir l'annonce de leur admission et le texte du compliment dans Le Cornet, mai 1914, 10e année, n°5, page 3.
  10. Notice BNF
  11. Chantal Brunschwig, Louis-Jean-Calvet, Jean-Claude Klein, Cent ans de chansons françaises, Paris, Le Seuil (Points Actuels), 1981 (nouvelle édition), p. 59.
  12. Numa Blès, « Bonnaud » in La Chanson de Montmartre, l'Écho de Paris, 1900, cité dans Le Cornet, 27e année, no 8, juin 1933, p.8.
  13. Georges Chepfer, « Dominique Bonnaud, chansonnier, auteur dramatique, chevalier de la Légion d'honneur » in Le Cornet, 27e année, no 7, mai 1933, p. 4.
  14. Maurice Prax, LA BANLIEUE LITTÉRAIRE, Les Cabarets artistiques, La Flèche. Revue parisienne, 26 janvier 1905, numéro 12, pages 92 et 93.
  15. La Soirée parisienne. Revue illustrée des théâtres, n°7, mai 1903.
  16. Notice BNF
  17. Notice BNF
  18. Notice BNF
  19. Paris qui chante, 1re année, n° 16, 10 mai 1903, p. 7-8.
  20. Notice BNF

Sources

  • Léon de Bercy, Montmartre et ses chansons : Poètes et Chansonniers, orné de 5 portraits-charges de Charles Léandre, éd. H. Daragon, Paris, 1902, p. 186-190. (disponible sur Gallica)
  • Georges Chepfer, « Dominique Bonnaud, chansonnier, auteur dramatique, chevalier de la Légion d'honneur », Le Cornet, 27e année, no 7, mai 1933, p. 4. (disponible sur Gallica)
Articles scientifiques en libre accès

Iconographie

Liens externes

  • Paul Dubé (notice) sur le site « Du Temps des cerises aux 'Feuilles mortes ».



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