- Alexandre Hardy
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Alexandre Le Hardy, né à Paris vers 1570 et mort en 1632, était un dramaturge français.
C’est l’un des dramaturges les plus prolifiques de tous les temps. Bien qu’il n’en subsiste que trente-quatre, généralement rattachées au genre de la tragédie irrégulière, il a affirmé avoir écrit environ six cents pièces[1].
Il semble avoir été en relation pour la plupart de sa vie avec la troupe des Comédiens du Roi dirigés par l’acteur Valleran Le Conte, à qui il a fourni des pièces. Il se peut que Hardy ait fait des tournées en province et ait même joué avec cette compagnie. Sa participation avec cette troupe est attestée en 1611, mais il se peut qu’elle ait commencé bien avant. La troupe de Valleran Le Conte a donné des représentations à Paris à l’Hôtel de Bourgogne en 1598-1600, puis de 1606 à 1612. À la mort de Valleran Le Conte, la troupe a été reprise par l’acteur Bellerose et la troupe a obtenu les droits exclusifs de Hôtel de Bourgogne en 1629. En raison de ses relations difficiles avec Bellerose, Hardy a commencé à écrire pour la troupe rivale du Théâtre du Marais en 1627.[réf. nécessaire]
Les nombreuses dédicaces de Hardy ne semblent jamais lui avoir apporté la richesse ou même des protecteurs[réf. nécessaire]. Son ami le plus influent était Isaac de Laffemas, un des agents les moins scrupuleux[réf. nécessaire] de Richelieu. Il était également ami avec Théophile de Viau, qui s'est adressé à lui dans quelques vers placés en tête de son Théâtre de 1632. Théophile y vante notamment la facilité et l'abondance d'un des auteurs les plus prolifiques du théâtre français dans les vers suivants :
HARDY, dont les lauriers féconds,/ Font ombre à tant de doctes testes/ Que les plus grands de nos Poëtes,/ S’honorent d’être ses seconds.
Tristan L'Hermite l’admirait également et fait son éloge dans des Stances précédant les œuvres d'Hardy :
Ses vers, si doux et si puissants,/ Ont mille charmes ravissants,/ Qui forcent les rochers de suivre leur cadence.
Les pièces d’Hardy étant écrites pour la scène et non pour être lues, il était de l’intérêt de la compagnie qu’elles ne soient pas imprimées afin de ne pas tomber dans le domaine public. Hardy écrivait rapidement, adaptant souvent des pièces de sources françaises, étrangères et classiques (Ovide, Lucien, Plutarque, Xénophon, Quinte-Curce, Flavius Josèphe, Cervantes, Jorge de Montemayor, Boccace, François de Rosset).
En 1623, il a publié Les Chastes et loyales amours de Théagène et Chariclée, une tragicomédie en huit « journées » ou des « poésies dramatiques ». Il a commencé l’édition de ses œuvres, Le Théâtre d'Alexandre Hardy, parisien, dont cinq volumes ont été édités, l’un à Rouen et le reste à Paris (1624-1628).
Sommaire
Œuvres conservées
- Douze tragédies :
- Didon se sacrifiant (1603)
- Scédase ou l'Hospitalité violée, tiré de Plutarque : deux jeunes nobles de Sparte violent et tuent deux filles du pays tandis que leur père est parti ; ne pouvant obtenir justice, celui-ci se suicide. (1604)
- Panthée (1604)
- Méléagre (1604)
- La Mort d'Achille (1607)
- Coriolan (1607)
- Marianne (1610)
- La Mort de Daire (1619)
- La Mort d'Alexandre (1621)
- Timoclée ou la Juste Vengeance (1615)
- Lucrèce ou L'Adultère puni, tiré de Lope de Vega: un homme marié apprend de la courtisane de son amant que son épouse commet l'adultère ; il tue son épouse et son rival, mais est lui-même tué. (1616)
- Alcméon ou la Vengeance féminine, un adultère mène au meurtre. (1618)
- Quatre pièces différemment répertoriées comme tragédies ou tragicomédies :
- Dix tragicomédies :
- Arsacome (1609)
- Dorise (1613)
- Frégonde ou Le Chaste amour (1621)
- Elmire ou l'Heureuse Bigamie (1615)
- Gésippe ou Les Deux amis – tirée de Boccace : un jeune homme se fait remplacer par son ami dans le lit de mariage. (1622)
- Phraarte ou Le Triomphe des vrais amants (1623), tiré de la traduction des Cent excellentes nouvelles de Giovanni Battista Giraldi (Paris, 1583)
- Cornélie (1609)
- La Force du sang, tiré de Cervantès : une fille est violée anonymement par un jeune noble à Tolède et donne naissance à un fils ; sept ans plus tard, ce fils est identifié par la famille du jeune noble et le couple se marie. (1612)
- Félismène, tiré d'une source espagnole (1613)
- La Belle Égyptienne, tiré d'une source espagnole (1615)
- Trois « poèmes dramatiques » :
- Les Chastes et loyales amours de Théagène et Chariclée, basé sur le roman grec antique d’Héliodore d'Émèse.
- Le Ravissement de Proserpine par Pluton (1611)
- La Gigantomachie
- Cinq pastorales :
- Alphée, ou la justice d'amour (considérée comme la meilleure de ses pastorales)
- Alcée
- Corinne (1616)
- Le Triomphe d'Amour (1623)
- L'Amour victorieux ou vengé (1618)
Les titres de douze pièces supplémentaires de Hardy sont également connus.
Son importance dans l'histoire de la littérature dramatique
L’importance de Hardy dans l’histoire du théâtre français a souvent été négligée. Jusqu’à la fin du XVIe siècle, la farce médiévale dominait la scène populaire à Paris. La tragédie française de la Renaissance d’Étienne Jodelle et de ses continuateurs avait été écrite pour un public instruit et, lorsque Hardy a presque fini son œuvre en 1628 et que Jean Rotrou et Jean Mairet étaient au seuil de leur carrière, on connaît très peu de drames littéraires autres que ceux de Robert Garnier ou Antoine de Montchrestien.
Hardy a instruit le goût populaire et a rendu possible l’activité dramatique du XVIIe siècle. Possédant une expérience pratique de la scène approfondie, il a modifié la tragédie en conséquence, en maintenant cinq actes en vers, mais en supprimant le chœur (sauf dans ses toutes premières pièces), en limitant les monologues (bien qu’ils réapparaissent dans ses dernières pièces) et en apportant l’action et la variété qui faisaient défaut au drame lyrique de la Renaissance. Il a popularisé la tragicomédie. Ses tragédies sont proches du modèle de Sénèque le Jeune bien que elles fassent parfois écho aux pièces morales médiévales, mais Hardy ne se souciait pas de la Renaissance ou des règles théoriques d’Aristote ou d’Horace), de la règle des trois unités (ses pièces se passent dans beaucoup de lieux et durent plus de 24 heures) ou des règles de « bienséance » (ses pièces dépeignent ouvertement des viols et des assassinats et comportent souvent des personnages non-nobles). Les critiques des périodes suivantes l’ont déclaré illisible pour sa versification parfois amphigourique et maladroite ainsi qu’un certain goût pour les mots rares ou érudits, habitudes stylistiques toutes deux condamnées par Malherbe à la même période. Il est impossible de savoir combien les dramaturges du XVIIe siècle lui doivent exactement puisque seule une fraction de son œuvre a été préservée, mais on reconnaît généralement qu’il a créé un théâtre français d’action.
Il est mort de la peste.
Notes et références
- "Et s'ils t'objectent que mes écrits franchissent souvent la borne de ces beaux préceptes, leur vue te prouvera qu'entre six cents poèmes et plus de ce genre, aucun ne s'égare plus du bon chemin que le plus poli des leurs, pour peu qu'un arbitre capable et sans passion veuille se prononcer là dessus." Chapitre "Au lecteur" en introduction du tome V du Théâtre d'Alexandre Hardy
Œuvres en ligne
- Le théâtre d'Alexandre Hardy Rouen : D. Du Petit-Val, 1624-1628.
- Voir aussi ses pièces et leurs représentations sur le site CÉSAR
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