- Debat autour du nom de la Macedoine
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Débat autour du nom de la Macédoine
Le nom de la Macédoine et sa revendication par deux peuples différents, les Grecs et les Macédoniens slaves, est au cœur des disputes nationalistes dans cette région des Balkans depuis la fin du XIXe siècle.
La Grèce n’accepte pas, en effet, que la République de Macédoine se nomme « Macédoine » au motif qu'historiquement le seul État souverain à porter ce nom fut le royaume de Macédoine des Argéades et des Antigonides. Le caractère hellénique du royaume macédonien antique est généralement accepté et sert de base aux revendications d'exclusivité de l'État grec moderne sur ce toponyme. L'extension du royaume argéade à l'époque de son apogée, sous le règne de Philippe II et de son fils Alexandre le Grand est volontiers prise comme référence par les Grecs pour déterminer les territoires qui peuvent ou non, selon eux, être désignés sous le nom de Macédoine. Le thème de la Macédoine grecque joue ainsi un rôle capital dans la mythologie nationale grecque contemporaine, en grande partie fondée sur l'idée de continuité entre les États grecs antiques et la République hellénique contemporaine.
De leur côté, les Macédoniens slaves ont progressivement construit leur propre identité nationale à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle autour de ce toponyme qui désignait à cette époque en grande partie le territoire où ils résidaient, et n'entendent donc pas y renoncer.
Historique
Guerres balkaniques et fin de la présence ottomane dans la région
Les succès militaires de l'État grec dans les deux premières guerres balkaniques lui ont permis de prendre le contrôle de la plus grande partie de ces territoires, également revendiqués par la Bulgarie. Suite aux déplacements de populations rendus obligatoires par le Traité de Lausanne, qui suivit la défaite dans la guerre gréco-turque de 1922, une partie importante de l'afflux massif de réfugiés grecs d'Asie mineure, de la Mer Noire bulgare et du Pont a été dirigée vers la Macédoine, d'où les populations slavophones et turcophones sont parties, pour s'installer sur la côte bulgare de la Mer Noire et en Asie Mineure, à la place des Grecs expulsés. Une politique de « réhellénisation » s'est ensuite manifestée en Macédoine par le changement systématique des toponymes slaves et turcs en toponymes néo-attiques.
L'identité nationale des Macédoniens slaves s'est principalement développée à la fin du XIXe siècle, alors que la Macédoine était contrôlée par l'Empire ottoman. Face aux revendications grecque, bulgare, et serbe sur la région, se crée en 1893 un groupe révolutionnaire indépendantiste, l'Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne (Vnatrešna Makedonska Revolucionerna Organizacija, VMRO) ayant pour but la création d'un État macédonien indépendant de la Bulgarie, de la Grèce et de la Serbie et revendiquant une identité macédonienne[1]. Dans le Royaume de Yougoslavie, la majorité de l'actuelle République de Macédoine est regroupée dans le Banovina du Vardar.
Création de la République socialiste de Macédoine
A la formation de la République fédérale socialiste de Yougoslavie, une république fédérée est créée sous le nom de République socialiste de Macédoine.
Dissolution de la Yougoslavie
Avec la fin de la RFS Yougoslavie, en 1991, les dirigeants de la République de Macédoine qui vient de gagner son indépendance, décident de conserver le nom Macédoine déjà utilisé au sein de la république fédérale yougoslave et adoptent sur leur drapeau le « Soleil de Vergina », un symbole découvert en 1977 dans la tombe supposée de Philippe II de Macédoine et popularisé depuis cette période comme un symbole « macédonien ».
La Grèce conteste cette appropriation d’un passé grec bien antérieur aux Slaves, et cette dénomination[2]. Diverses dénominations alternatives ont été proposées par les différents parties, « Vardarie » (du nom du principal fleuve), « Macédoslavie », « Macédoslavonie » ou encore « Slavomacédoine », mais les dirigeants macédoniens refusent tout nom où ne figurerait pas le radical « Macédo » et les Grecs, tout nom où il figure.
En l’absence de compromis, la plupart des organisations internationales et des États étrangers appellent officiellement ce pays par son nom constitutionnel : République de Macédoine. Seule la Grèce et ses alliés, dans les relations officielles, appellent le pays par l’acronyme « Ancienne République Yougoslave de Macédoine (ARYM) ». L’acronyme anglais équivalent est FYROM, pour Former Yugoslav Republic Of Macedonia. Il est toutefois fait largement usage, par commodité, dans les textes moins officiels (communiqués, liens de navigation des sites des ministères des Affaires étrangères) des termes Macédoine et République de Macédoine.
En septembre 2007, 118 pays dans le monde utilisaient le nom constitutionnel (« République de Macédoine ») et reconnaissaient officiellement le nom « Macédoine ». Parmi ceux-ci, la Turquie, les États-Unis d’Amérique, la Russie, la Pologne, la Slovénie et la Chine ont reconnu unilatéralement le nom de « République de Macédoine » ; les États-Unis l'ont également reconnu en novembre 2004, en remerciement du soutien accordé à la guerre du Kosovo.
La Grèce craint que, si le nom « République de Macédoine » est utilisé, la Macédoine puisse nourrir des prétentions territoriales vis-à-vis de la province grecque de Macédoine. Cependant, l’amendement 2 de la Constitution macédonienne interdit à l’État macédonien d’envahir d’autres territoires.
La situation actuelle
Le débat autour du nom de la République de Macédoine n'est pas clos ; cependant il a atteint une phase de relatif statu quo.
Un nombre croissant de pays ont progressivement reconnu la République de Macédoine sous son nom constitutionnel. Quelques-uns de ces pays l'ont fait depuis l'origine, alors que la plupart avaient d'abord reconnu son appellation ARYM (FYROM en anglais). En septembre 2007, 118 pays (soit 61% des membres de l'ONU) avaient reconnu la République de Macédoine sous son nom constitutionnel.
Quelques observateurs considèrent que l'érosion progressive de la position grecque signifie que la controverse autour du nom de la Macédoine est en voie de résorption.
L'ONU et l'ensemble de ses membres ont accepté par avance toute solution de compromis qui ressortira d'un accord négocié entre les deux parties concernées.
Bien que les deux pays concernés continuent à argumenter sur le sujet, en pratique ils traitent pragmatiquement leurs relations économiques et de coopération mutuelle. Ces relations ont si bien repris leurs cours que la Grèce est maintenant considérée comme le premier partenaire économique et investisseur étranger de la République de Macédoine.
Après plusieurs tentatives infructueuses de rapprochement, les négociations entre Athènes et Skopje ont repris le 1er novembre 2007 ; elles se sont poursuivies le 1er décembre de la même année. Une prochaine rencontre bilatérale est programmée en janvier 2008 [1].
Liste des pays reconnaissant l'appellation « République de Macédoine » (RdM)
En septembre 2007, 118 pays reconnaissaient la République de Macédoine sous son nom constitutionnel.
Quatre pays du Conseil de sécurité :
Toutes les républiques de l'ancienne Yougoslavie :
Les pays voisins de la République de Macédoine :
Les divers pays suivants :
Liste de pays/entités reconnaissant l'appellation « Ancienne République Yougoslave de Macédoine » (ARYM)
- Allemagne
- Australie
- Belgique
- Espagne
- France
- Grèce
- Inde
- Israël
- Italie
- Pays-Bas
- République tchèque
- Vatican
Liste de pays/entités à classer
Les autres États suivants ont des positions variables suivant les documents et situations :
Liste des États/entités qui n'ont encore reconnu ni la République de Macédoine ni l'ARYM
Les pays/entités suivants n'ont pas de relations diplomatiques avec l'État concerné :
- Andorre
- Bahamas
- Barbades
- Bhoutan
- Botswana
- Chili
- Chypre
- Fiji
- Géorgie
- Grenade
- Kiribati
- Liban
- Libéria
- Mali
- Malte
- Monaco
- Namibie
- Palaos
- Palestine
- Papouasie-Nouvelle-Guinée
- Paraguay
- Philippines
- République arabe sahraouie démocratique
- Saint-Christophe-et-Niévès
- Saint Marin
- Îles Salomon
- Afrique du Sud
- Corée du Sud
- Surinam
- Syrie
- Tonga
- Trinité et Tobago
- Tunisie
- Tuvalu
- Zimbabwe
Notes et références
- ↑ (en) Dennis P. Hupchick, The Balkans: From Constantinople to Communism, Palgrave Macmillan, coll. « History », 21 février 2004, Broché, 512 p. (ISBN 978-1403964175)
- ↑ Floudas, Demetrius Andreas; "Pardon? A Name for a Conflict? FYROM's Dispute with Greece Revisited”, in: Kourvetaris et al (eds.), The New Balkans, East European Monographs: Columbia University Press, 2002, p. 85
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