Cyclooctatétraène

Cyclooctatétraène
Cyclooctatétraène
Cyclooctatetraen.svg Cyclooctatetraene-3d.png Cyclooctatetraene-profile-3D-balls.png
Général
Nom IUPAC cycloocta-1,3,5,7-tétraène
Synonymes COT, [8]annulène
No CAS 629-20-9
No EINECS 211-080-3
PubChem 637866
SMILES
InChI
Apparence liquide incolore à jaune pâle (indice de réfraction = 1.537)
Propriétés chimiques
Formule brute C8H8  [Isomères]
Masse molaire[2] 104,1491 ± 0,007 g·mol-1
C 92,26 %, H 7,74 %,
Susceptibilité magnétique χM 53,9×10-6 cm3·mol-1[1]
Propriétés physiques
T° fusion −5-−3 °C[3],[4]
T° ébullition 142-143 °C[3]
Masse volumique 0,9250 g·cm-3, liquide à 20 °C[3]
Point d’éclair 22 °C
Pression de vapeur saturante 7,8 mmHg à 25 °C[4]
Précautions
Directive 67/548/EEC
Toxique
T
Irritant
Xi
Facilement inflammable
F
Phrases R : 10, 36/37/38, 45, 46, 48/23/24/25, 65,
Phrases S : 26, 45, 53, 62,
Transport
-
   2358   
SIMDUT[5]
B2 : Liquide inflammable
B2,
Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.
Le cyclooctatétraène est, par abus de langage, le cycloocta-1,3,5,7-tétraène ou COT, ses autres isomères étant systématiquement numérotés. Il est un dérivé insaturé du cyclooctane avec comme formule brute C8H8. Il est aussi connu comme le [8]annulène. Cet hydrocarbure polyinsaturé est, à température ambiante, un liquide inflammable incolore à jaune clair. Comme sa formule développée est apparentée à celle du benzène, COT a été le sujet de beaucoup de recherches et de quelques controverses.

Cependant, contrairement au benzène C6H6, le cyclooctatétraène C8H8 n'est pas aromatique, mais il n'est pas non plus anti-aromatique. Sa réactivité est caractéristique d'un polyène ordinaire, c'est-à-dire qu'il suit des réactions d'addition. En revanche, le benzène, aromatique, suit caractéristiquement des réactions de substitution, pas d'addition.

Sommaire

Histoire

Le 1,3,5,7-cyclooctatétraène a été originellement synthétisé par Richard Willstätter à Munich en 1905[6],[7].

Synthèse du COT par R. Willstätter (1905)

Richard Willstätter nota que ce composé ne montrait pas l'aromaticité attendue. Entre 1939 et 1943, les chimistes américains ont essayé sans succès de synthétiser COT. Ils ont rationalisé leur manque de succès en concluant que R. Willstätter n'avait pas vraiment synthétisé ce composé mais plutôt le styrène, un isomère C8H8. R. Willstätter a répondu à ces contestations dans son autobiographie, où il a noté que les chimistes américains n'ont pas tenu compte ni été dérangés par le cyclooctane qu'il avait obtenu par réduction de son cyclooctatétraène (un produit de réaction impossible avec le styrène). En 1947, Walter Reppe à Ludwigshafen a enfin réussi à repéter la synthèse de R. Willstätter[8].

Structure et liaison

le cyclooctatétraène dans sa conformation naturelle en forme de baignoire.
Les études[9] ont montré rapidement que COT ne suivait pas la chimie d'un composé aromatique bien que les premières expériences de diffraction électronique aient montré que les liaisons carbone-carbone étaient toutes identiques[10]. Cependant, les données de diffraction X obtenues par H.S. Kaufman démontraient que le COT contient deux distances C-C distinctes[11]. Ce résultat indiquait que le COT est un annulène avec des liaisons simples et des doubles liaisons alternées et fixes. Dans des conditions normales, le cyclooctatétraène n'est pas plan et adopte une conformation "baignoire" avec des angles C=C-C de 126,1 ° et C=C-H de 117,6 °[12].

Synthèse et chimie

Réaction de Reppe

La synthèse originale de R. Willstätter qui nécessite 4 réactions d'élimination sur une structure cyclooctane, donne un rendement relativement bas. La synthèse de Walter Reppe du cyclooctatétraène qui implique de traiter de l'éthyne (acétylène) sous haute pression avec une mélange chaud de cyanure de nickel et de carbure de calcium, est bien meilleure avec un rendement proche de 90%[8].

Parce que le COT est instable et forme facilement des peroxydes organiques explosifs, une petite quantité d'hydroquinone est habituellement ajoutée au composé commercialement accessible. Il est conseillé de tester les peroxydes avant d'utiliser une bouteille déjà ouverte auparavant. Des cristaux blancs autour du col de la bouteille peuvent être composés de peroxydes qui peuvent exploser quand ils sont sollicités mécaniquement.

Les liaisons π dans le cyclooctatétraène réagissent comme d'habitude pour des oléfines et non comme celles d'un cycle aromatique. Le mono et les poly-époxydes peut être générés en faisant réagir COT avec des acides peroxydés ou avec le diméthyldioxirane. Diverses autres réactions d'addition sont aussi connues. En outre, un polyacétylène stable a été synthétisé via la polymérisation par ouverture de cycle d'un cyclooctatétraène alkyl-substitué[13]. COT, lui-même, et aussi des dérivés avec de chaînes latérales ont été utilisés comme ligand en particulier pour les complexes sandwich en chimie organométallique.

L'anion cyclooctatétraènure

Modèle boules et bâtons de COT2−

COT réagit facilement avec le potassium métal pour former le sel K2COT, qui contient le dianion C8H82−[14]. ce dianion est à la fois plan et aromatique avec un compte d'électron de Hückel de 10.

Le cyclooctatétraène forme des complexes avec certains métaux, incluant l'yttrium et les lanthanides. Le composé sandwich EuCOT qui est uni-dimensionnel a été décrit comme des nanofils[15]. les complexes sandwich U(COT)2 ou uranocène, le même dérivé avec du thorium et Fe(COT)2 sont connus.

l'uranocène, un composé sandwich contenant deux cycles COT2−

Occurrence naturelle

Le cyclooctatétraène a été isolé dans certains Mycota (Fungi, champignons)[16].

Notes et références

  1. (en) Hyp J. Dauben, Jr., James D. Wilson et John L. Laity, « Diamagnetic Susceptibility Exaltation in Hydrocarbons », dans Journal of the American Chemical Society, vol. 91, no 8, 9 avril 1968, p. 1991-1998 
  2. Masse molaire calculée d’après Atomic weights of the elements 2007 sur www.chem.qmul.ac.uk.
  3. a, b et c C8H8 sur Chemical BooK
  4. a et b C8H8 sur ChemIDplus
  5. « Cyclooctatétraène-1,3,5,7 » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 24 avril 2009
  6. The Science and Humanism of Linus Pauling (1901-1994)',Mason, S.; Chemical Society Reviews; Fev.1997, 26, 1.
  7. Über Cyclo-octatetraen, Richard Willstätter, Ernst Waser; Berichte der deutschen chemischen Gesellschaft, 1911, 44(3), pp 3423–3445. DOI:10.1002/cber.191104403216
  8. a et b Cyclisierende Polymerisation von Acetylen I Über Cyclooctatetraen; Walter Reppe, Otto Schlichting, Karl Klager, Tim Toepel; Justus Liebigs Annalen der Chemie; 1948, 560(1), pp 1–92. DOI:10.1002/jlac.19485600102
  9. Johnson, A.W.. Sci. Progress;1947, 506, 35.
  10. The ‘Octa-Benzene’, Cyclo-octatetraene (C8H8, Bastiensen O., Hassel O., Langseth A.; Nature; 1947, 160(4056), p 128. DOI:10.1038/160128a0
  11. Structure of Cyclo-octatetraene, Kaufman, H. S.; Fankuchen, I.; Mark, H.; Nature, 1948, 161(4083), p 165. DOI:10.1038/161165a0
  12. High resolution Raman spectroscopy of gases with laser sources. XIII - the pure rotational spectra of 1,3,5,7-cyclooctatetraene and 1,5-cyclooctadiene, Thomas, P. M.; Weber, A.; Journal of Raman Spectroscopy, 1978, 7(6), pp 353-357. DOI:10.1002/jrs.1250070614
  13. (en) Brevet U.S. 5198153
  14. The cyclooctatetraenyl dianion, Thomas J. Katz, J. Am. Chem. Soc.; 1960, 82(14), pp 3784-3785. DOI:10.1021/ja01499a077
  15. JST Nanostructed Materials Project Highlights- Prof. Nakajima's Presentation
  16. An endophytic Gliocladium sp. of Eucryphia cordifolia producing selective volatile antimicrobial compounds; Stinson, M.; Ezra, D.; Hess, W. M.; Sears, J.; Strobel, G.; Plant Science, 2003, 165, pp. 913-922.DOI:10.1016/S0168-9452(03)00299-1

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