- Crise du verglas
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Verglas massif de 1998
Verglas massif de 1998 Photo du satellite GOES-8 montrant le contenu en eau des nuages sur l'Est de l'Amérique du Nord du 7 au 9 janvier 1998. Type Synoptique hivernale verglas/pluie/neige Date de formation 4 janvier 1998 Date de dissipation 10 janvier 1998 Quantité maximale [1] 120 mm (pluie verglaçante) Vents max. négligeables Pression minimale inconnue Dommages matériels 4 à 7 milliard $US (2005) Mortalité Canada[1] : 28
États-Unis[2] : 16 (plus 12 par inondations dans le sud)1 Quantité maximale de pluie/neige/verglas Le verglas massif[3] ou tempête de pluie verglaçante[4] de 1998 (communément appelé la Crise du verglas au Québec) est une période de 5 jours de pluie en janvier 1998 dans l'Est du Canada, la Nouvelle-Angleterre et le Nord de l'état de New York à une température sous le point de congélation. Cette pluie s'est alors accumulée en une couche importante de verglas, atteignant plus de 100 mm d'épaisseur par endroits
Ce verglas a entraîné des pannes de courant lorsque les pylônes d'acier de plusieurs lignes à haute tension se sont écroulés sous le poids. Plus de quatre millions de personnes ont été laissés dans le noir pour des périodes variant de quelques jours à cinq semaines. D'importants dommages aux arbres et aux propriétés ont été répertoriés dans toute la région. Les vols aériens et les voyages en train ont été annulés, les déplacements par automobile et autobus ont été grandement perturbés à cause de la chaussée glissante.
Plus au sud, les températures étaient au-dessus du point de congélation et les importantes quantités de pluie ont causé des inondations jusqu'en Alabama.
Sommaire
Contexte
Le verglas est une accumulation de glace provenant du gel des gouttes de pluie ou de bruine au contact d'un objet sous le point de congélation. La pluie verglaçante est un phénomène météorologique normal au Canada et en Nouvelle-Angleterre en hiver. Elle se manifeste géographiquement dans un étroit corridor où les vents froids de surface sont canalisés d'est à nord-est en surface par la géographie locale (vallée du Saint-Laurent, de la rivière des Outaouais, des Appalaches, etc.) alors que de l'air doux et humide venant du sud la surmonte en altitude[5].
La précipitation qui se forme dans l'air doux d'altitude se transforme en pluie en-dessous du niveau où la température dépasse le point de congélation mais cette pluie se recongèle au contact du sol sous zéro. Si la couche froide est trop épaisse, les gouttelettes se transforment en granule de glace avant de tomber au sol et il s'agit alors de grésil moins dommageable[5].
La région de Montréal subit entre 12 et 17 tempêtes de verglas par année, totalisant entre 45 et 65 heures de pluie verglaçante annuellement[6]. Cependant, ces périodes de verglas ne durent rarement plus que quelques heures à la fois et les accumulations de glace ne sont seulement que de quelques millimètres. Cela cause des désagréments, telles des routes et des trottoirs glissants qui causent des accidents, mais l'usage de déglaçants par les services de voirie se charge de ramener la situation à la normale.
Lors des épisodes plus importants, des pannes électriques sont rapportées mais en général il s'agit de bris au réseau de distribution domestique lorsque des branches d'arbres cassent sous le poids de la glace et brisent les fils électriques allant aux habitations. Le courant est alors rétabli en quelques heures. Les réseaux électriques de haute tension sont construits pour faire face à des accumulations importantes de verglas suite à une tempête qui a eu lieu en février 1961. En trois jours, celle-ci avait laissé à Montréal de 30 à 40 millimètres de verglas, le tout accompagné de forts vents, et avait paralysé la ville[6]. Ces réseaux sont donc en général peu affectés depuis ce temps mais un verglas important juste un an auparavant, les 4 et 5 janvier 1997, avaient laissé 250 000 foyers sans électricité de quelques heures à plusieurs jours dans les régions de Lanaudière, des Laurentides, de la Montérégie, de la Mauricie et des Bois-Francs[7].
Déroulement de la tempête
Le 4 janvier 1998, une onde longue de Rossby s'est formée en altitude sur les montagnes Rocheuses pendant que la circulation était zonale (d'ouest en est) sur l'Est du continent nord-américain. Ce creux s'est graduellement déplacé vers l'est, à travers les États-Unis, pendant que la circulation est demeurée stable entre les Grands Lacs et Terre-Neuve. Les vents dans ce creux amenaient de l'air doux du Golfe du Mexique mais celui-ci devait tourner vers l'est en arrivant au niveau de la frontière entre le Canada et le Nord-Est des États-Unis, sur les régions entre Ottawa et le Sud du Nouveau-Brunswick[8].
En surface, un anticyclone s'étendaient sur le Nord de l'Ontario et du Québec, tout en se dirigeant vers le Labrador. On retrouvait en même temps une dépression mère quasi-stationnaire sur les Grands Lacs inférieurs (Lac Érié et Ontario) avec un front stationnaire vers la Nouvelle-Écosse[8]. La circulation entre l'anticyclone et le front étant du nord-est et canalisée par la vallée du Saint-Laurent, l'augmentation du gradient de pression atmosphérique qui s'est effectuée au cours des jours suivants à conservé un apport d'air arctique, sous le point de congélation, dans les niveaux inférieurs de l'atmosphère[8].
Une série de dépressions ce sont formées dans la circulation générale le long du front chaud du 4 au 6 janvier. Les précipitations formées en altitude dans l'air venant du Golfe du Mexique étaient sous forme de neige mais fondaient à plus bas niveau et se transformait en pluie. Cependant, en arrivant au sol près et au nord du front, cette pluie se congelait au contact des objets ayant une température sous zéro degré Celsius. Le 5 janvier, une première vague de pluie verglaçante a frappée au nord du front, suivie d'une seconde le 6. Ces dernières ont laissé plusieurs dizaines de millimètres de verglas (par ex. l’aéroport de Saint-Hubert sur la rive méridionale a reçu 35,3 mm et Granby 41 mm)[8],[9],[10].
Entre le 7 et le 9 janvier, le creux d'altitude est arrivé près de la vallée du Mississippi, augmentant le flux d'air doux et humide. Une dépression majeure s'est alors formée dans le Sud des États-Unis générant une quantité importante de précipitations[8]. Comme la circulation d'altitude n’avait pas changée entre les Grands Lacs et Terre-Neuve, les vents sont restés du nord-est dans la vallée du Saint-Laurent. Des quantités significatives de neige sont alors tombées sur l'Est du Canada mais le long du front stationnaire le tout s'est transformé en pluie verglaçante avec de plus impressionnantes accumulations (ex. 54 mm à Saint-Hubert et 70 mm à Granby[9],[10]). Ce système contenait de l'air très instable et des orages ont été rapportés un peu partout, ce qui a permis d'augmenter les quantités de précipitations[8].
Le verglas a particulièrement touchés les villes ontariennes d'Ottawa et Kingston, le Sud-Ouest du Québec, l'extrême-Sud du Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, le Nord de l'État de New York et des régions des États du Vermont, New Hampshire et Maine[6],[8]. Au Québec, les régions de Montréal et de la Montérégie ont été les plus touchées[6].
Les régions qui se situaient au nord de la zone de verglas ont reçu des quantités de neige de l'ordre de 40 à 80 centimètres durant la même période[6]. Ceci a causé des désagréments à plusieurs régions comme celles de la ville de Québec et de l'Est de la province, ainsi que pour une partie des Maritimes. Cependant, elles avaient l'équipement nécessaire au déneigement et ce ne fut pour elles qu'une série de tempêtes de neige normales.
Les régions juste au sud de la bande de verglas avaient des températures au-dessus de zéro degré Celsius mais le sol était gelé en profondeur ou déjà saturé par la fonte des neiges. Comme elles ont reçu jusqu’à plus de 100 millimètres de pluie, toute cette eau a causé de nombreuses inondations puisque le sol ne pouvait l'absorber[8],[11]. La pluie encore plus forte a également fait des dégâts jusqu'au Tennessee puisque ce système a pompé de l'air tropical tout le long des Appalaches[2].
El Niño et autres considérations
- Influence du El Niño
Le phénomène El Niño, en remplaçant les eaux froides de surface du Pacifique Est par des eaux chaudes, peut affecter les systèmes météorologiques non seulement de la région immédiate mais par ricochet les conditions climatiques dans les régions plus éloignées du globe. Ce message d’échelle planétaire est convoyé par des déplacements des régions de pluies tropicales, qui affectent ensuite les structures de vent sur toute la planète.
Les impacts d’El Niño sur le climat aux latitudes tempérées sont les plus évidents pendant l’hiver. Par exemple, la plupart des hivers El Niño sont doux sur le Canada occidental et sur des régions du Nord-Ouest des États-Unis, et pluvieux sur le Sud des États-Unis (du Texas à la Floride). La version 1997-98 d’El Niño provoqua des sècheresses et des feux de forêts en Indonésie, de fortes pluies en Californie et des inondations dans la région du Sud-Est des États-Unis[12]. L'impact est moins évident sur la côte est de l'Amérique du Nord mais le déplacement du courant-jet subtropical vers le nord transporte plus d’humidité venant du Pacifique et du golfe du Mexique[8],[13]. Pendant ce temps, le courant-jet polaire reste plus au nord ce qui empêche les poussées d’air arctique[8].
L’épisode El Niño de 1997-98 a donc mis en place une partie de la configuration météorologique nécessaire à la tempête. Cependant, le positionnement d'un fort anticyclone sur le Nord-Est du Québec, qui a servi de réservoir d’air froid près du sol, et d'une crête stationnaire sur l'Atlantique ne peuvent lui être attribués[13]. Donc l’impact d’El Niño est un sujet encore débattu[5],[8],[13]. En particulier quand le verglas massif de 1961, le second en importance dans le Sud-Ouest du Québec, ne s'est pas produit une année d’El Niño[13].
Voir les détails sur : El Niño.- Analyses des masses d'air
Une étude effectué par les professeurs Gyakum (Université McGill, Montréal) et Roebber (Université du Wisconsin, Milwaukee) a démontré que l’humidité venant du golfe du Mexique retraçait sa source jusque dans l’Atlantique subtropical[14]. Les cinq jours de l'événement peuvent être divisés en deux impulsions comme vu antérieurement. Les deux chercheurs ont trouvé que l'air des premières précipitations avaient commencé son périple le 31 décembre 1997 vers 0 heure TU dans la région de la Baie d'Hudson à une altitude de 300 à 400 hPa, s'étaient ensuite déplacée vers le sud, tout en descendant vers la surface, et avait finalement capturé chaleur et humidité au-dessus du Golfe du Mexique avant de remonter vers les Grands Lacs[14]. Par contre, l'air qui est arrivé le 9 janvier, et a causé les plus grandes précipitations, a commencé son périple en altitude plus tard le 31 décembre à partir du Groenland et de la Baie d'Hudson, s'est retrouvé près de la surface de la mer dans l'Atlantique au large des îles du Cap-Vert et est remonté ensuite avec la circulation atmosphérique vers les Grands Lacs en passant juste à l'ouest des Appalaches[14].
Ils ont comparé la situation avec les archives d’analyses météorologiques du NCEP pour trouver des cas similaires dans le passé. Les professeurs ont trouvé cinq cas où une circulation atmosphérique, persistant au moins trois jours et résultant en une période prolongée de verglas, s’en approchait. La différence majeure entre ces cas et le verglas massif de 1998 était leurs valeurs de température potentielle équivalente, soit la température de la masse d'air à laquelle toute sa vapeur d'eau aurait enlevé et qui aurait été ramenée au niveau de pression de 1 000 hPa par un processus adiabatique. Ils ont pu ainsi démontrer qu’en 1998, cette valeur était de 20 kelvins plus élevée que les cas les plus similaires et que cela a résulté en une accumulation de glace de 100 % supérieure[14].
Effets
Du 5 au 10 janvier, il est tombé de la pluie verglaçante jusqu'à 80 heures au total, laissant de 50 à 100 millimètres d'épaisseur de verglas sur toutes les structures. Selon une étude de l’Institut de Prévention des Sinistres Catastrophiques, les dommages assurés et non assurés, ainsi que les pertes économiques, se sont élevés à environ 6,4 milliards $CAN (de 1998) pour l'ensemble des régions touchées[15].
Environnement Canada décrit ainsi les effets de la tempête sur le Canada[6] :
- 28 personnes sont mortes (neuf par accidents, sept par intoxication au monoxyde de carbone, cinq dans des incendies, quatre d'hypothermie et trois par des activités à risques diverses comme le déneigement des toits glacés )[1] ;
- environ 900 000 foyers ont été privés d'électricité au Québec et 100 000 en Ontario (en général un client moyen représente de trois à quatre personnes) ;
- environ 100 000 personnes ont dû se réfugier dans des centres d'hébergement ;
- sur une période de 24 à 48 heures, certains ont dû faire bouillir leur eau avant de la consommer ;
- les compagnies aériennes et ferroviaires ont dû inciter les gens à éviter la région touchée ;
- 16 000 soldats (y compris 3 700 réservistes) ont été déployés pour aider au nettoyage et aux évacuations et pour assurer la sécurité (Opération Récupération[16]) ;
- des millions de résidents des régions touchées ont dû vivre en transit, visitant leur famille pour se laver ou partager leur repas ou emménageant temporairement chez des amis ou dans un centre d'hébergement ;
- l'épisode prolongé de verglas a endommagé des millions d'arbres, 120 000 km de lignes électriques et de câbles téléphoniques, 130 pylônes de transport (en fait, ce sont 1 000 pylônes d'acier qui se sont écroulés[17]) évalués à 100 000 $ chacun et environ 30 000 poteaux de bois à 3 000 $ pièce.
Aux États-Unis, le National Weather Service rapporte que dans le Nord des États de New-York, du Vermont et du New-Hampshire, ainsi qu’une bonne partie du Maine, a été affecté par le verglas[2]. Il s'est accumulé jusqu'à 75 mm entre le lac Ontario et la frontière canadienne dans l'État de New-York[2]. Dans les zones affectées, plus 500 000 clients ont perdus l'électricité, dont 80 % de la population du Maine[2]. La part des dommages aux États-Unis est estimée à au moins 1,4 milliards $US (de 1999) et quatorze personnes sont mortes (neuf dans l'État de New-York, 5 au Maine et 2 au New Hampshire)[2].
Pannes électriques
- Chronologie[1]
Le 4 janvier, la pluie verglaçante commence à tomber en fin de journée sur l'Est de l'Ontario et le Sud-Ouest du Québec et les États américains frontaliers. Des pannes de courant isolées surviennent le 5 janvier, à mesure que la glace s'accumule sur les arbres et les lignes électriques. Le 6 janvier, près de 650 000 perdent le courant électrique dans leurs demeures en Ontario et au Québec.
Le jour suivant, c'est Montréal qui est touché à la suite de l'effondrement de plusieurs pylônes de la ligne électrique passant par Drummondville. Les institutions privées et publiques ainsi que les commerces ferment leurs portes. Plus d'un million d'abonnés d'Hydro-Québec et des dizaines de milliers en Ontario sont sans électricité. Devant la poursuite des pluies verglaçantes, les gouvernements du Québec et de l'Ontario déclarent l'état d'urgence le 8 janvier. Le Québec fait appel aux Forces armées canadiennes pour venir en aide aux travailleurs d'urgence sur le terrain. Le 9 janvier, 1,4 million d'abonnés au Québec sont dans le noir et une partie de la ville de Montréal n'est plus approvisionnée en eau parce que les stations de pompage ne sont plus alimentées en électricité. Le verglas atteint les provinces maritimes du Canada.
Le 10 janvier, la moitié de la population du Québec est privée d'électricité. Le 11, Hydro-Québec estime à aux moins deux semaines le temps nécessaire pour les réparations pour la région au sud de Montréal qui est la plus touchée. Le 12 janvier, c'est au tour du 4 000 abonnés du Nouveau-Brunswick à perdre le courant.
Le courant est rétabli à Montréal entre le 14 et le 15 janvier mais les activités au centre-ville sont limitées à cause des dangers causés par la glace accumulée. Au 19 janvier, environ 500 000 Québécois et 50 000 Ontariens sont toujours privés d'électricité à Montréal, les cours reprennent et la vie revient à la normale graduellement mais le réseau est fragile et le 20 janvier, une panne prive de courant 110 000 abonnés durant quatre heures.
Les réparations, certaines temporaires, aux réseaux électriques sont longues et difficiles. Le 26 janvier, au moins 60 000 abonnés québécois sont encore privées d'électricité, la moitié se trouvant dans ce qui prendra le nom de « Triangle noir » dans le médias, le périmètre bordé par les villes de Granby, Saint-Jean-sur-Richelieu et Saint-Hyacinthe, avec en son centre la municipalité de Saint-Césaire[18]. Il reste encore quelques milliers de foyers sans électricité en Ontario. Le 27 janvier, plus de 220 poseurs de lignes électriques arrivant de la Colombie-Britannique et du Manitoba, viennent prêter main forte et participer à la reconstruction du réseau électrique. Hydro-Québec annonce que sa réserve de pièces de rechange, prévue pour cinq ans, est épuisée en à peine trois semaines de travail.
Ce n'est que le 6 février que le courant est rétabli pour les derniers abonnés, exception faite d'une centaine d'abonnés temporaires d'Hydro-Québec comme des chalets, des camps et des cabanes à sucre. Dans le « Triangle noir », la panne aura duré cinq semaines. Dans les comtés septentrionaux des états de New York et du Vermont la panne a été similaire[11].
- Impacts
L'effondrement des 1 000 pylônes électriques sous le poids de la glace a coupé l'alimentation en courant hydroélectrique depuis les barrages au Nord du Québec dans les régions affectées et empêché les échanges avec l'Ontario et les États Unis[17],[19]. Les dizaines de milliers de poteaux de distribution locales, les fils électriques et transformateurs sans nombre qui se sont également écroulés ont rendu le travail de reconnexion encore plus long et ardu. Ces bris ont ainsi causé une panne générale pour plus de 900 000 clients au Québec comme mentionné antérieurement. Ceci représente entre trois millions et 3,5 millions de personnes, un client moyen représentant de trois à quatre personnes, soit près de la moitié de la population de cette province[15],[20]. Un million de personnes de plus ont perdu le courant dans les autres territoires touchés pour donner un total de 4,7 millions[15].
Pour évaluer toute la portée d'une telle coupe de courant, il faut mentionner que dans une bonne partie des régions affectées l'électricité est la source principale d'énergie domestique et commerciale. En effet, elle est non seulement utilisée pour l'éclairage et les appareils électriques mais également pour le chauffage et la faire la cuisine. Au Québec par exemple, le chauffage d'une résidence en hiver, et de son chauffe-eau en tout temps, représente environ 2/3 des besoins annuels en énergie d'une résidence et se fait à 70 % grâce à l'électricité[21]. Ceci est dû au fait que la production hydro-électrique est abondante et a été publicisé grandement depuis la nationalisation des années 1960.
Son utilisation est pratique et ne requiert pas de chaudière encombrante mais laisse les utilisateurs très vulnérables aux pannes de courant. Même pour ceux qui utilisent le chauffage au mazout ou au gaz naturel, les contrôles et l'allumage des systèmes requièrent une alimentation de courant. Seuls certains, surtout en milieu agricole, avaient des génératrices portatives et les stocks disponibles en magasin se sont écoulés rapidement. Une panne prolongée et étendue, comme celle du verglas de 1998, laisse donc une vaste population devant l’alternative de se déplacer chez des amis à l'extérieur de la région affectée ou d’aller dans des refuges alimentés par des génératrices industrielles.
Les gouvernements des provinces et États affectés ont rapidement ouvert de tels refuges. Ainsi les écoles, gymnases et centres communautaires sont devenus des dortoirs et cafétérias. Afin d'alimenter en électricité les refuges, certaines initiatives se sont donc révélées nécessaires dont celles de la mairesse de Boucherville et du maire de Coteau-du-Lac, qui ont réquisitionné des locomotives du Canadien National (CN3502 et CN3555) pour servir de génératrice. Une troisième locomotive déplacée à Boucherville n'a pas été nécessaire[22]. Un certain nombre de ceux qui ont préféré demeurer chez eux malgré la température, entre zéro et -5 °C du 4 au 10 janvier mais plus bas par la suite, sont décédés d’hypothermie ou par intoxication au monoxyde de carbone en utilisant des poêles de camping sans ventilation adéquate[1],[2],[8].
À Montréal, deux usines de purification d’eau sur trois tombèrent en panne et les réserves d’eau tombèrent à deux heures de consommation pour non seulement alimenter la population mais également pour lutter contre nombre d’incendies allumés par des chauffages d’appoint de fortune. L’état-major des pompiers avait décidé en dernier ressort de démolir les maisons en feu avec des béliers mécaniques si les usines n'étaient pas revenues en service. Même après le retour de l'eau, il a fallu la faire bouillir durant trois jours pendant les opérations de désinfection des systèmes[23].
Le 12 janvier, les services de police de Montréal se voient conférer des pouvoirs spéciaux les autorisant à aller de porte en porte ordonner aux gens de quitter leur maison et le 13, les soldats obtiennent le pouvoir de procéder à des arrestations en cas de besoin à l'extérieur de la ville[1]. Cependant, le taux de crime a chuté de moitié car les gens sont restés chez eux ou sont allés dans les refuges ouverts par les autorités, les conditions extérieures étant trop dangereuses[1].
Dommages aux forêts et à l'agriculture
La pluie verglaçante persistante a endommagé des millions d’arbres[6]. Au Québec et en Ontario, Ressources naturelles Canada estime que près de 2,4 millions d’hectares de forêt ont été touchés, dont 32 % ont été endommagés gravement mais ce n'est cependant qu'une partie des arbres qui sont morts[24]. Les peuplements les plus affectés ont été les érablières et les producteurs de sirop d'érable ont été particulièrement frappés économiquement ayant perdu quelques 300 000 entailles. Les producteurs d’arbres de Noël ont perdu environ 60 000 arbres. Des coupes d'arbres, des élagages et du ramassage des branches tombées, comme par exemple dans le parc du Mont Royal qui ressemblait à un camp forestier, ont été faits pour donner accès à certains sites.
Dans la zone ayant reçu 40 mm ou plus d’accumulation de verglas, il y a 36 % des terres en culture au Québec et 22 % de celles en Ontario[19]. Les pertes financières aux fermes sont dues aux des dommages structuraux aux étables et à l’équipement, à la location de génératrices et l’achat de carburant, ainsi qu’à la mort de différents types de bétail. Les agriculteurs les plus touchés ont été les producteurs laitiers. Le secteur touché est en effet une des principales régions de productions laitières au Canada. La panne électrique voulait dire un arrêt de la traite mécanique et un casse-tête pour entreposer le lait. Il leur a fallu se débarrasser de plus de 10 millions de litres, valant de 5 à 6 millions $CAN, parce que les usines de traitement étaient fermées[19]. Heureusement, 1,5 million de litres ont pu être traités dans des usines américaines hors de la zone touchée. Ceux qui n’ont pas trouvé de génératrices ont perdu leur cheptel[19].
Inondations aux États-Unis
Toute la région Est des États-Unis, depuis le bas de la vallée du Mississippi jusqu'à la Nouvelle-Angleterre, s'est retrouvée dans le flux d'air humide du Golfe du Mexique durant la tempête. Alors que dans le Sud du Canada et l'extrême-Nord des États-Unis, la précipitation est tombé sous forme de pluie verglaçante ou de neige, c'est de la pluie forte qui a affectée la région des Appalaches plus au sud. L'air était également très instable et des orages violents a causé des tornades à certains endroits.
Les autorités rapportent plus de 500 maisons détruites ou avec des dommages importants en Caroline du Nord et deux cents au Tennessee. Le coût a dépassé 35 millions $US (de 1999) pour ces deux États[2]. Les inondations de la tempête ont fait sept morts au Tennessee, deux en Caroline du Nord, un en Caroline du Sud, un au Kentucky et un en Alabama[2].
- Région Nord-Est
Comme mentionné antérieurement, au sud de la zone de verglas, la température était au-dessus du point congélation et les précipitations sont tombées sous forme de pluie. Juste à l'est du lac Ontario dans l’État de New-York, il est tombé jusqu'à 125 mm entre le 6 et le 10 janvier. La partie la plus au nord s'est accumulée en verglas mais sur les secteurs sud, la pluie a causée des inondations[11].
En effet, le mois de décembre 1997 avait été assez neigeux sur l'ensemble du Nord-Est des États-Unis mais un redoux à la fin du mois avait aidé a faire fondre la plus grande partie de la neige sauf pour la partie septentrionale des États de New-York et de la Nouvelle-Angleterre dans les bassins de la rivière Black, du fleuve Hudson, du fleuve Connecticut et du lac Champlain[11]. La fonte avait cependant saturé le sol partout et lorsque la pluie est arrivée le 7 janvier, elle ne pouvait que ruisseler en surface. De plus, elle fit fondre ce qui restait de neige et le tout s'est retrouvé dans les cours d'eau de ces bassins hydrologiques. La région de Watertown (New York) a été la plus durement touchée dans le Nord des États-Unis. Le Corps des ingénieurs de l'armée des États-Unis y enregistra un niveau de 75 cm au-dessus du niveau de débordement et les inondations dans certains secteurs étaient les pires depuis plus de dix ans[11].
- Région Sud-Est
Plus au sud, la pluie la plus intense est tombée sur les montagnes de Caroline du Nord et du Nord-Est du Tennessee. Le National Weather Service y a signalé une accumulation jusqu'à 406 mm (16 pouces) les 7 et 8 janvier[2]. La région qui a le plus souffert est celle du comté de Carter au Tennessee où deux maisons mobiles et 15 quinze maisons régulières ont été emportées par les inondations de la rivière Doe dans une vallée encaissée. Cent quatre-vingt treize autres demeures, structures ou commerces ont été endommagés dans les municipalités de Roan Mountain, Hampton et Valley Forge[25].
Les autorités ont également signalés des inondations dans le sud de la vallée du Mississippi et des tornades ont frappé à Dublin (Géorgie) et Easley (Caroline du Sud)[2].
Effets à long terme
Une étude parue en 2008 dans la revue scientifique American Academy of Child and Adolescent Psychiatry, et signée par les docteurs David Laplante et Suzanne King, de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas de l’Université McGill, a trouvé que le stress vécu par un échantillon de 179 femmes enceintes au moment de la tempête a eu des effets sur le développement à long terme de leurs enfants[26],[27]. Ils présentaient des retards de langage et de quotient intellectuel même cinq ans et demi après les événements. Les deux chercheurs pensent qui est possible d'extrapoler les résultats à toute catastrophe naturelle similaire.
Un nombre incalculable d'arbres ont été endommagés par le poids de la glace. Une bonne partie ont dû être coupés ou élagués drastiquement. Les érablières à sucre qui sont nombreuses dans ces régions ont été particulièrement touchées. Certains acériculteurs du Québec ont vu leur érablières entièrement détruite et l'Association ontarienne des producteurs estime qu'il faudra de 30 à 40 ans avant que la production reviennent à son niveau pré-verglas[19].
Épilogue
Personnalités
Au Québec, la crise du verglas a donné lieu à un couverture médiatique de tous les instants. Des conférences de presse quotidiennes ont été données par les représentants du gouvernement et des services publiques. Deux personnes ont vite pris l'avant-plan soit le premier ministre du Québec, Lucien Bouchard, et le président d’Hydro-Québec, André Caillé[28].
M. Bouchard avait une certaine expérience des situations de crise car il était en poste lors du Déluge du Saguenay en 1996 et sa popularité était grande depuis son accession au pouvoir après le référendum de 1995. Il venait décrire les mesures prises du côté sécurité civile. M. Caillé de son côté faisait face aux questions relatives aux pannes électriques. Il était toujours vêtu d’un chandail à col roulé blanc qui est devenu le symbole de son calme durant la crise.
Normalement, le ministre des richesses naturelles, dont dépend Hydro-Québec, et le directeur de la sécurité civile auraient dû être ceux mis de l’avant. Cependant, des groupes de discussion (« focus group ») ont montré que les deux hommes, par leur calme et leurs réponses claires, étaient les meilleurs porte-paroles[28].
Commission d'enquête
La Commission scientifique et technique chargée d'analyser les événements relatifs à la tempête de verglas survenue du 5 au 9 janvier 1998 a été mise sur pied par le gouvernement du Québec dès le 28 janvier 1998. Elle avait pour mandat : de documenter les conditions qui ont conduit à la crise du verglas; d’analyser l’état de préparation et les actions prises par les différents intervenants; de faire des recommandations sur les critères de conception et de fiabilité des équipements de transport et de distribution d’électricité; d'analyser la gestion du rétablissement du service d’électricité et la réaction de la sécurité civile; et finalement d’étudier la possibilité d’enfouissement de certaines lignes de transport électrique[29]. Présidée par l’ingénieur Roger Nicolet, la commission a reçu de nombreux mémoires et témoignages par les différentes intervenants dont les services météorologiques, Hydro-Québec, les assureurs, les associations forestières, les agriculteurs, etc.
Le rapport de près de 400 pages, publié en avril 1999, faisait un grand nombre de recommandations. Du point de vue technique, il y est mentionné différentes avenues à suivre pour le renforcement du réseau électrique, le déglaçage des lignes et l'utilisation de glacimètres pour le suivi de l'état de la charge de glace sur les lignes[30],[31]. Pour ce qui est des mesures d'urgence, la commission a fait des recommandations pour une meilleure coordination des services de la sécurité civile[31].
Reconstruction
Le travail de remplacement des installations électriques a nécessité un effort sans précédent au Québec : refaire plusieurs lignes temporaires de transport à haute tension, refaire le câblage résidentiel dans de larges secteurs, enlever tous les débris dont les arbres cassés, déglacer les infrastructures tels les ponts. De nombreux travailleurs venant d'autres provinces et États américains sont venus prêter main-forte à Hydro-Québec[32].
Les lignes à haute tension ont été refaites de façon permanente dans les deux années suivantes avec des normes beaucoup plus élevées, en installant des pylônes plus résistants avec des points de largage des fils pour éviter les effondrements en cascade. Hydro-Québec a installé des mesures supplémentaires de déglaçage et des recherches sont toujours en cours sur des systèmes plus performants[33] :
- Échauffement des fils conducteurs en répartissant différemment la charge selon les secteurs ce qui augmente localement la température du fil et permet au verglas de fondre. Utilisable pour les lignes de 120 à 315 kilovolts ;
- Entourer le fil de transport par deux fils supplémentaires dans lesquels un courant de polarité inverse passe momentanément. Ceci génère des champs magnétiques inverses dans autour des fils qui se repoussent alors et brisent la glace accumulée ;
- Déglaçage mécanique par un chariot passant sur les fils de garde.
Le gouvernement a signé des décrets pour faciliter la construction de lignes à haute tension supplémentaires jugées nécessaires par la direction d'Hydro-Québec pour la redondance du réseau. Des contestations judicaires ont été entreprises par les futurs riverains mécontents de certains des tracés[34]. Le 23 février 1999, la juge Jeannine M. Rousseau, de la Cour supérieure, déclara les décrets illégaux, ce qui a forcé le gouvernement à adopter une loi spéciale pour permettre la construction de ces lignes, notamment celle qui devait relier les postes Des Cantons et Hertel en Estrie vers celui de La Prairie en banlieue de Montréal[34]. Cette loi assujettissaient cependant le tout aux processus réguliers d'évaluation des impacts environnementaux[35],[36]. Le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement a donc tenu des audiences publiques en 2000 et a conclu que « l’acceptabilité sociale demeure l’enjeu de ce projet. Il est clair que des efforts devraient être consentis pour trouver des solutions équitables qui répondent aux nouvelles valeurs qui animent le Québec »[35]. La construction de la ligne sera finalement autorisée en juillet 2002 et sera terminée l'année suivante[34],[37].
Le réseau résidentiel a également vu des améliorations pour prévenir l'accumulation de glace. L'émondage (enlèvement des branches) des arbres autour des fils électriques, cause de bien des pannes, a été intensifié. La pose des lignes domestiques dans un réseau souterrain, mesure assez difficile et coûteuse, est de plus en plus commune.
Le coût total des travaux pour Hydro-Québec était estimé en 2008 à plus de 2 milliards $Can. Ce montant inclus les réparations sur 116 de ses lignes de transport électrique depuis les barrages avec 3 110 structures effondrées, dont 1 000 pylônes en acier, des milliers de transformateurs et 350 lignes de distribution locales sur lesquelles 16 000 poteaux en bois se sont effondrées. Ces coûts sont répartis sur en deux périodes : la reconstruction de lignes temporaires pour ramener le courant le plus tôt possible après le verglas (40 projets coûtant 700 millions $CAN) suivie d’un plan de travaux de renforcement de l'ensemble du réseau avec ajout d'équipements de déglaçage et l'interconnexion avec les réseaux voisins jusqu'en 2011 (1,1 milliard $CAN)[17]. Ceci est sans compter les coûts des réparations aux réseaux en Ontario, dans les Maritimes et aux États-Unis.
Recherche sur le déglaçage
D'autre part, le centre de recherche sur le givrage de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), l'un des plus important dans ce domaine, travaille sur la production d’enduits nanostructurés capables de repousser la pluie verglaçante et la glace. L’équipe de recherche tente de reproduire des reliefs microscopiques similaires à ceux des ailes des papillons et des feuilles de lotus qui ressemblent à un tapis de clous et repoussent naturellement l’eau. Les premiers revêtements conçus n’ont pas permis d’éviter l’accumulation de pluie verglaçante et de glace bien que l'eau y perlait. En 2009, après cinq années de recherche, ils ont réussi à créer un écran de protection antigivre qui peut être non seulement utilisé pour protéger les lignes de transports électriques mais également pour toute structure et véhicule qui sont soumis à ces conditions (auto, avion, pont, etc.)[38].
Dédommagements
- Assurances
Le Bureau d'assurance du Canada (BAC) a dénombré 792 514 réclamations de dommages aux maisons, autos et autres propriétés pour un total d'environ de 1,6 milliard $CAN (2009). Il s'agit du règlement d'indemnités le plus coûteux jamais versé pour un événement par les assureurs du Canada selon le BAC[39]. En général, les réclamations pour dommages physiques ont été réglées rapidement. Cependant, en novembre 2005 la Cour supérieure du Québec a autorisé un recours collectif contre les assureurs qui avaient refusé les réclamations de plusieurs milliers de personnes pour des montants demandés à titre de frais de subsistance déboursés pendant la crise[40] .
Selon l’organisme Option consommateurs, la plupart des polices d'assurance habitation contiennent une garantie de « frais additionnels de subsistance dans les cas où leur résidence devient inhabitable » mais les sociétés visées ont déclaré que la clause s'appliquait seulement si les autorités civiles ordonnaient l’évacuation obligatoire. Elles avaient refusé de reconnaître l’appel lancé le 13 janvier par le premier ministre du Québec aux citoyens qui n'avaient pas de chauffage d'appoint de quitter leur résidence pour des raisons de sécurité comme un tel ordre[40]. Option consommateurs, qui commencé les démarches pour le recours en 2001, espère que la cause sera entendue en cour en 2010[41]. Si les assurés remportent leur bataille, cela pourrait coûter plus de 1 milliard $CAN aux compagnies[42].
- Mésentente fédérale-provinciale
Le gouvernement du Québec a demandé 435 millions $CAN d’aide à celui d'Ottawa pour défrayer une partie des coûts encourus par Hydro-Québec lors de la crise du verglas[43]. En effet, le gouvernement fédéral a une responsabilité dans le cas de désastres naturels et a déjà compensé par exemple la Colombie-Britannique à la suite de feux de forêt en 2003 et le Manitoba lors du débordement de la Rivière Rouge en 1997[43]. De plus, deux sociétés provinciales d'électricité ont été compensées en 1984 pour des dégâts causées par le verglas[43].
Ottawa répliqua que des changements à la loi après ces événements soustrayaient les sociétés comme Hydro-Québec des compensations. Ce contentieux Québec-Canada était toujours présent en avril 2009. La ministre des finances du Québec, Monique Jérôme-Forget, déclarait alors qu’aucun accord n'était intervenu dans ce dossier comme dans plusieurs autres cas de réclamations à Ottawa[44].
Notoriété
L’un des épidodes de la télésérie Chaos sur la planète (Perfect Disaster) de docu fiction britannique, diffusée en 2006, prend la Crise du verglas comme sujet. Dans la Tempête de glace, les événements de 1998 sont relatés pour décrire le comportement de la population d'une large zone métropolitaine face à un tel phénomène[45].
Voir aussi
Bibliographie
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- Kathleen F. Jones et Nathan D. Mulherin, An Evaluation of the Severity of the January 1998 Ice Storm in Northern New England Report for FEMA Region 1, Corps des ingénieurs de l'armée des États-Unis, Hanover (New Hampshire), avril 1998[pdf]
Articles connexes
Liens externes
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- (fr)Site officiel, Hydro-Québec. Consulté le 2009-06-11
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- (fr)La crise du verglas, 10 ans après !, 2008, Liens vers des dossiers sur le sujet, Société Radio-Canada. Consulté le 2009-06-11
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Notes et références
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