- Cornelis Schuyt
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Cornelis Florisz. Schuyt Cornelis Schuyt Naissance 1557
Leyde (Hollande)
Pays-Bas espagnolsDécès 9 juin 1616
Leyde (Hollande)
Provinces-UniesActivité principale Compositeur
Organiste
Style Musique de la Renaissance
Lieux d'activité Italie
LeydeMaîtres Floris Cornelisz. Schuyt Élèves Dirk Jorisz. van der Burch
Jan Claesz.
Jan Cornelisz. van Duvenbode
Dirck Jansz. van Duvenbode
Jan Pieterz. Klokspeler[1]
Jan Pieterszoon van Rijnsburg[2]Ascendants Floris Cornelisz. Schuyt (père)
Maria Dircxdr. (mère)Cornelis Schuyt, né à Leyde (Hollande) en 1557 et y décédé le 9 juin 1616, est un organiste et compositeur néerlandais.
Sommaire
Biographie
Cornelis est le fils de Floris Cornelisz. Schuyt et de son épouse en premières noces, Maria Dircxdr., décédée en 1578[1]. Schuyt, considéré comme le plus grand musicien qu'ait connu la ville de Leyde, et son père jouèrent les orgues de l'Église Saint-Pierre et de l'Église de Hoogland à Leyde chaque semaine en alternance.
Encore jeune homme, il entreprit un grand voyage - probablement à des fins d'études - en Italie, de tout vraisemblance en compagnie de son père. Il se peut que la ville de Leyde ait contribué au financement de ce voyage. Nous ne savons pas si les Schuyt, père et fils, ont convoité des postes intéressants en Italie. Mais, lorsque le conseil municipal de Leyde lui offrit un contrat à vie, en 1593, Cornelis estima qu’une durée de trois ou quatre ans était largement suffisante. Néanmoins, lié par des contrats pluriannuels renouvelés, il demeurera toute sa vie dans la ville.
Après son voyage d'études à travers l'Italie, entamé après 1587, Cornelis obtint donc en mars 1593 un poste d'organiste à côté de son père auprès de l'Église Saint-Pierre et de l'Église de Hoogland[1]. Que l'Église avait passé, vers cette époque, de l'obédience catholique à celle de la Réforme, ne porta apparemment pas atteinte à la religion de l'organiste[3]. Il se maria, la même année, avec Cecilia Pietersdr. van Uytgeest. Le couple n'eut pas d'enfants[1].
Tout ce que nous savons au sujet du séjour à l'étranger de Schuyt, est fondé sur les données fournies par son Primo libro de Madrigali (premier livre de madrigaux, publié en 1600)[4]. Il dédicace celui-ci au pretore, consuli et senato, donc au bailli, aux échevins et au vroedschap de Leyde, tout en exprimant sa gratitude pour les bienfaits dont lui et son père avaient joui grâce à eux. De cette reconnaissance témoignent deux compositions particulières : le madrigal d'ouverture O Leyda gratiosa (Ô Leyde gracieuse)[5] et un canon sur les paroles Bewaert Heer Hollandt, En zalicht Leyden (Protégez la Hollande, Seigneur, et bénissez Leyde)[4]. Le 4 août 1600, le conseil municipal rémunéra Schuyt d'un montant de 24 florins ; une redevance qui fut d'ailleurs d'usage dans de tels cas[1],[6].
Schuyt remplit différentes tâches au service de la ville et enseigna la musique à un ou deux élèves. Durant quelques années, il régla également les avant-quarts des tours de l'hôtel de ville et de la halle des tanneurs[1],[7]. Après la mort de son père, survenue en 1601, on lui ordonna de jouer l'orgue de l'Église Saint-Pierre[8].
Le conseil municipal de Leyde se montra très satisfait de son employé Schuyt. La disposition habituelle, appelant à étudier beaucoup, n'apparaît pas dans le contrat. De plus, Schuyt ne fut pas contraint de prêter serment, comme il était pourtant de coutume pour les responsables de la ville. En outre, il fut bien payé : son salaire annuel passa à 450 florins.
Malade de corps, il rédigea son testament le 13 avril 1616. Tenu en haute estime par ses contemporains pendant sa vie, il fut enterré dans l'Église Saint-Pierre de sa ville natale[9]. Après sa mort, sa femme aurait continué à habiter la maison sise au Béguinage, et elle était encore en vie en 1635[1].
Œuvres
Œuvres vocales
Œuvres vocales profanes
L’écriture des œuvres de Schuyt est empreinte du plus pur style Renaissance : on n’y retrouve donc aucune trace de l'influence de la monodie des compositeurs italiens de son époque, tels que Claudio Monteverdi, ce qui fait de lui un compositeur nettement plus conservateur que son célèbre contemporain, l’Amstellodamois Jan Pieterszoon Sweelinck.
Madrigaux
Schuyt publia trois collections de madrigaux. Deux de ces ouvrages contiennent des compositions sur textes italiens de - entre autres – Le Tasse et Pétrarque, tandis que, dans le troisième, le compositeur avait mis en musique des textes néerlandais de Daniel Heinsius et de Jan van Hout, parmi d’autres[10]. Dans l’introduction de cette dernière publication, il fait remarquer que, en s’exerçant, on peut obtenir pas moins de résultats qu’en d’autres langues[11].
Madrigaux italiens
Beaucoup de ses madrigaux ont été écrits en ayant à l'esprit des citoyens de Leyde. Ainsi, dans le madrigal à cinq voix Sí come fra le stelle apparaît le nom d'un certain Andrea Ousthoorn, et dans Lieta piú dell'usato un acrostiche sur une certaine Lucretia. En 1611, Schuyt publia un second recueil, comprenant 23 madrigaux italiens à six voix et un Écho à douze voix, intitulé Hymeneo, overo madrigali nuptiali et altri amorosi (Hymeneo, ou madrigaux nuptiaux et autres madrigaux d'amour)[9],[12]. Ce recueil est dédié à Jacob van Duvenvoorde, Seigneur d'Obdam et amiral de la Hollande qui, en 1604, s'était marié avec Anna van Brederode[12]. Dans Sposo gentil, c'est vraisemblablement elle qui est représentée sous les traits de Beatrice, la bien-aimée de Dante. Outre les madrigaux publiés dans ces recueils, Schuyt en composa, de toute vraisemblance, beaucoup plus : l'inventaire de sa succession mentionne deux manuscrits de madrigaux[13]. De plus, Schuyt possédait un nombre impressionnant de recueils de madrigaux de compositeurs italiens[14].
Madrigaux hollandais
Il va sans dire que, dans le milieu intellectuel de l'Université de Leyde, les madrigaux italiens de Schuyt furent fort appréciés et qu'il y circulait des idées humanistes sur l'émancipation de la langue néerlandaise. Ainsi, le célèbre auteur Daniel Heinsius écrivit des poèmes en néerlandais dont quelques-uns ont été mis en musique par Schuyt et publiés dans un recueil de madrigaux de langue néerlandaise (Hollandsche madrigalen, de 1603[9]). Cette collection contient également plusieurs pièces de circonstance composées à l'occasion de mariages de citoyens notables de la ville de Leyde. Un madrigal particulier célèbre la grande fête de Rhétorique de 1596[15], à laquelle la chambre de Leyde, De Witte Acoleyen, accueillit environ 150 rhétoriciens de Leyde et de dix autres villes hollandaises. Les chambres invitées furent accueillies par la chanson Uyt jonsten es begrepen 't spel, dans laquelle leurs noms et slogans ont été astucieusement incorporés ; Schuyt la mit en musique à cinq voix[16].
Schuyt semble avoir hésité sur ses madrigaux néerlandais : dans sa dédicace à Jan Cnotter, il admet que les arts et les sciences de son pays natal ont connu de grands progrès et que, dans l'intérêt et à la gloire de la patrie, on publiait dans la langue maternelle, mais que ses amis ont tout de même dû le convaincre à composer de la musique dans la langue néerlandaise. Bien que Schuyt ait été d'avis qu'on peut chanter aussi bien en néerlandais qu'en d'autres langues, il avait encore à surmonter une certaine réticence : toujours selon lui, d'autres compositeurs auraient possédé plus de moyens que lui et en avaient déjà fait preuve[17].
Musique sacrée
Motet
Une pièce vocale exceptionnelle dans l'œuvre de Schuyt est le motet Domine fiant anima mea, transmis par une gravure de Zacharias Dolendo (vers 1561 – vers 1604, Leyde) d'après un dessin de son maître Jacob de Gheyn II (1565 – 1629, La Haye). Ces « motets-images », qui sont de courts morceaux de musique intégrés dans des représentations bibliques ou, d’une autre façon, religieuses, furent populaires auprès des graveurs des Pays-Bas méridionaux à la fin du XVIe siècle. Les six voix du motet de Schuyt sont reproduites dans des livres de chœur, tenus par des anges accompagnés de sainte Cécile jouant l'orgue[12]. Motet et image soulignent la foi catholique présumée de Schuyt.
Œuvres instrumentales
Si les fonctionnaires de la République étaient généralement des calvinistes, les organistes firent souvent exception à la règle. En règle générale, on maintint les organistes après l'Altération (la transition d'une église catholique romaine dans les mains des réformés). La conclusion des mariages de Cornelis, de sa sœur et de ses deux demi-frères, devant les échevins - action qui ne se produisit en général que si les deux conjoints étaient calvinistes - semble confirmer l'hypothèse selon laquelle Schuyt aurait été de confession catholique. Avant le passage de la ville au calvinisme, Schuyt a dû bénéficier de leçons de contrepoint dans la tradition catholique des anciens Pays-Bas. En effet, sa musique révèle un style contrapuntique solide. Certains de ses madrigaux à six voix comprennent des canons.
Bien que Schuyt fût avant tout organiste, il ne nous a pas laissé de musique d’orgue. Par contre, on connaît de lui des œuvres pour ensemble instrumental. Un quatrième opus comprend douze œuvres instrumentales à six parties, écrites dans les douze tons. Une riche texture en contrepoint caractérise cette musique instrumentale. Son recueil Dodeci Padovane, et altretante Gagliarde Composte nelli dodeci modi (douze pavanes et autant de gaillardes, composées dans les douze tons de l'Église (1611) contient douze paires de pavanes et de gaillardes à six voix, c'est-à-dire des danses lentes et solennelles et des danses sauteuses rapides. Cependant, grâce à un contrepoint généreux, elles se rapprochent plus des fantaisies que de la musique de danse. Deux canzones dans le style français fonctionnent en guise de bis : la Fortuna Guida et La Barca[12].
Recueils publiés
- Il primo libro de madrigali a cinque voci (1600, le premier livre de madrigaux à cinq voix)[9]
- Hollandsche madrigalen met vijf, ses, ende acht stemmen (1603, madrigaux néerlandais à cinq, six et huit voix)[9]
- Hymeneo, overo Madrigali nuptiali et altri amorosi (1611, madrigaux nuptiaux et amoureux)[9]
- Dodeci Padovane, et altretante Gagliarde Composte nelli dodeci modi (1611, douze pavanes et gaillardes composées selon les douze modes)[9]
Discographie sélective
- Cornelis Schuyt (1557-1616), Madrigali, Padovane & Gagliarde, Camerata Trajectina, 2011, label Globe 6068 (un canon, plusieurs compositions instrumentales et madrigaux en langues italienne et néerlandaise) ;
- Music from the Golden Age of Rembrandt, Musica Amphion, dir. Pieter-Jan Belder, Brilliant Classics, 2006 (deux pièces instrumentales) ;
- Dutch Madrigals. Hollandse Madrigalen, Camerata Trajectina, dir. Louis Peter Grijp, label Globe 6042, 1997 (un madrigal et une pièce instrumentale).
Bibliographie
- (nl)Jan Willem Bonda, De Nederlandse meerstemmige liederen van de vijftiende en zestiende eeuw (The Dutch Polyphonic Songs of The 15th and 16th Centuries), Hilversum, Verloren, 1996. ISBN 90-6550-545-8, p. 152
- (nl)Albert Clement, Jan Pieterszoon Sweelinck : een stadsorganist van wereldfaam tussen calvinisme en katholicisme in Een muziekgeschiedenis der Nederlanden, réd. de Louis Peter Grijp, Ignace Bossuyt, Amsterdam University Press, 2001, ISBN 90-5356-488-8, 9789053564882, p. 186
- (nl)Elsevier, De navorscher-Nederlands archief voor genealogie en heraldiek, heemkunde en geschiedenis, 7e année, Amsterdam, Frederik Muller, 1857, p. 326
- (en)Kristine K. Forney, James Haar (éd.), The Netherlands, 1520-1640, in European Music, 1520-1640, Boydell Press, 2006, p. 268
- (nl)Louis Peter Grijp, Van Druyven-Tros tot Gedenck-clanck, in Bart Ramakers (éd.), Conformisten en rebellen: Rederijkerscultuur in de Nederlanden (1400-1650), Amsterdam University Press, 2003, p. 277
- (nl)Louis Peter Grijp, Meerstemmige liederen op Nederlandse teksten, in Louis Peter Grijp éd., Een muziekgeschiedenis der Nederlanden, Amsterdam University Press, 2001, p. 159
- (nl)Jan Pieter Heije, Uitgave van oudere Noord Nederlandsche Muziekwerken, vol. V., Drie Madrigalen van Cornelis Schuyt (1600) / Twee chansons van Jan Pieters Sweelinck (1598) [...], Amsterdam/Utrecht, Maatschappij tot bevordering der Toonkunst, Vereeniging voor Nederlands Muziekgeschiedenis-Louis Roothaan, 1873, p. 1-6
- (nl)Johan Koppenol, Jan van Hout, Leids heelal: het Loterijspel (1596) van Jan van Hout, Hilversum, Uitgeverij Verloren, 1998, p. 90
- (en)Roeland Rasch/Thiemo Wind, in Albert Clément/Willem Elders, From Ciconia to Sweelinck: donum natalicium, Rodopi, 1994, p. 327-353
- (nl)Freek Schmidt, De Hollandse ruimte. Architectuur en stedenbouw, in Thimo de Nijs, Eelco Beukers, Geschiedenis van Holland, Hilversum, Uitgeverij Verloren, 2002, p. 425
- (nl)Heleen van der Weel, Klokkenspel: het carillon en zijn bespelers tot 1800, Hilversum, Uitgeverij Verloren, 2008, p. 59
Notes, sources et références
- Heije 5
- Van der Weel 59
- Clement 186
- Heije 2
- Forney 268
- Elsevier 326
- Schmidt 425
- Heije 6
- Thieme/Wind 327
- Bonda 152
- Bonda 136 […] « dat men ’t in onse taele doer oeffeninge niet min doen en kan als in andere » […], cité par
- Heije 3
- Rasch/Wind 350
- Rasch/Wind 327-353
- Ramaekers 277
- Koppenol/Van Hout 90
- Grijp 159
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