Abbaye de saint-sever

Abbaye de saint-sever

Abbaye de Saint-Sever

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Ancienne Abbaye de Saint-Sever
Vue générale de l'édifice
Vue générale de l'édifice

Latitude
Longitude
43° 45′ 35″ Nord
       0° 34′ 27″ Ouest
/ 43.759722, -0.574167
 
Pays France France
Région Aquitaine
Département Landes
Ville Saint-Sever
Culte Catholique romain
Type Ancienne Abbaye
Église paroissiale depuis 1795
Rattaché à Diocèse d'Aire et Dax
(Bénédictins avant la Révolution)
Début de la construction XIe siècle
(après incendie de l'édifice antérieur)
Fin des travaux XIe siècle (restaurations aux XVe et XIXe siècles)
Style(s) dominant(s) Roman
Classé(e) World Heritage Emblem.svg Patrimoine mondial de l'UNESCO (1998)
Logo monument classe.svg Cl MH (18/11/1911)
Localisation
  Géolocalisation sur la carte : France
France location map-Regions and departements.svg
Abbaye de Saint-Sever

L’abbaye de Saint-Sever dans les Landes est une abbaye bénédictine fondée par le comte de Gascogne Guillaume Sanche à la fin du Xe siècle.

Ses innombrables possessions s’étendent dès le XIe siècle du Médoc jusqu’à Pampelune en Espagne. Grégoire de Montaner, qui règne sur l’abbaye de 1028 à 1072, en fait un puissant foyer artistique regroupant les plus talentueux sculpteurs et enlumineurs, parmi lesquels Stephanus Garsia, l’auteur des miniatures du Beatus.

L'église abbatiale est classée monument historique le 18 novembre 1911[1] et inscrite au Patrimoine Mondial de l'UNESCO en 1998, au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France[2].

Sommaire

Présentation

L’abbatiale de style roman est étonnamment vaste. Elle présente un chœur à six absidioles de profondeur décroissante, suivant un plan bénédictin. Les colonnes de marbre du chœur et du transept proviennent du palais des gouverneurs romains de Morlanne, situé non loin de là. Les chapiteaux polychromes à décor de lions datant du XIe siècle sont remarquables. On en dénombre 150 dont 77 authentifiés comme étant gallo-romains et romans. Ses dimensions sont impressionnantes : 71 m de long, 31 m de large pour la nef et 41 m pour le transept. Quant à l'abbaye elle-même, une partie du cloître appartient à des particuliers[3].

On accède par les tribunes du transept à des chapelles d’étage. Le transept et les bas-côtés permettaient d’accueillir une foule importante de fidèles et de pèlerins attirés par cette étape de la voie limousine (via Lemovicensis) vers Saint Jacques de Compostelle.

L'abbaye a subi de graves dommages au cours de son histoire :

  • Un tremblement de terre en 1372
  • De nombreux sièges au cours de la guerre de Cent Ans, période où la Gascogne est un enjeu entre la France et l’Angleterre.
  • Le monastère est plusieurs fois détruit et incendié par les Français. Les bas-côtés sont alors reconstruits en partie.
  • Puis viennent les guerres de Religion, avec les massacres des années 1569 et 1570 et le saccage et la ruine du monastère par les huguenots de Montgomery, pourchassés par les troupes catholiques de Montluc[4] .

Il faut donc attendre plus d’un siècle avant que la congrégation de Saint-Maur n’entreprenne des travaux de réfection de l’abside et des bâtiments conventuels. À la Révolution française, l'abbaye est désaffectée et les bâtiments conventuels attribués et vendus, avant d'être rendue au culte en 1795. Les restaurateurs du XIXe siècle redécorent la nef et les façades en style néo-roman, pastiche conforme au goût de l’époque pour l’architecture médiévale[3].

Origines

Au Ve siècle, Severus (le futur saint Sever) est envoyé par le pape pour évangéliser la Novempopulanie. Il est martyrisé et décapité par la Vandales et, au VIIIe siècle, les bénédictins édifièrent une chapelle pour recueillir sa dépouille.

La fondation d’une abbaye, non loin du site antique de Morlanne, qui domine la vallée de l’Adour, est à la fois un acte politique et religieux qui permet aux comtes de Gascogne de mieux asseoir leur autorité.

C’est en 988 que Guillaume Sanche achète la terre et décide d’y édifier un monastère. À l’époque, la région compte en effet de nombreuses et riches villae romaines mais aucune cité importante. L’abbaye bénédictine de Saint-Sever va connaître, dans tous les domaines, une expansion et un rayonnement exceptionnels, notamment grâce à Grégoire Montaner, moine de Cluny, devenu abbé en 1028. C’est sous son abbatiat, qui durera jusqu’en 1072, que commence la reconstruction de l’église sur le modèle de Cluny, avec des maîtres d’œuvre et des sculpteurs aussi remarquables par leur expérience que par leur esprit novateur. Ces travaux font suite à un incendie survenu en 1060[3].


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Contexte historique

La renaissance gasconne du XIe siècle, qui fait suite aux invasions barbares, tient pour une bonne part à la multiplication des monastères. On leur doit le défrichement des terres vacantes et des forêts et le regroupement des paysans autour des abbayes et prieurés (voir sauveté). Parallèlement, évêques et abbés s’emploient à reconstruire les villes ruinées par les Vikings : Oloron, Nogaro, La Réole, Saint-Sever leur doivent l’existence ou la résurrection[3].

Une abbaye puissante

Dans tous les domaines, qu’ils soient religieux, administratif, social, économique et culturel, la Gascogne connaît un renouveau grâce à l’abbaye qui s’impose à toute la province comme une véritable puissance foncière. À son apogée, dès la fin du XIe siècle, un vaste domaine entoure le monastère qui possède également dans le diocèse d’Aire-sur-Adour de nombreuses villae de l’époque romaine, terres et églises, dans un rayon de 35 km. Hors de ce diocèse, le monastère acquiert des domaines en Agenais, Bazadais et Pays de Born (Prieuré de Mimizan). Au-delà, Saint-Sever détient une église en Navarre près de Pampelune, ainsi que des biens en Gironde, dont l’église de Soulac-sur-Mer. En Gascogne, la plupart des possessions de Saint-Sever correspondent à une situation stratégique de l’époque : site défensif, zone de passage sur la Garonne ou l’Adour, axe de circulation. Distantes d’au maximum une trentaine de kilomètres l’un de l’autre, ces possessions constituent pour les pèlerins des jalons et gîtes d’étape. Dans le choix des acquisitions, on tient également compte de la fertilité des terrains. La vallée de l’Adour, les côtes de Buzet, les possessions en Armagnac, les vignes en Bordelais dévoilent des centres d’intérêt et les préoccupations économiques des moines qui plantent des vignes non loin des monastères. Le déclin s’amorce avec la guerre de Cent Ans et se précipite avec les guerres de Religion. En 1569, les protestants rasent les bâtiments conventuels. Ils ne seront reconstruits qu’à la fin du XVIIe siècle. Avec la Révolution française, les moines sont chassés. L’église est par la suite rendue au culte mais les bâtiments monastiques sont occupés par la mairie et diverses administrations[3].

Le reliquaire

Le reliquaire de Saint-Sever

L’abbaye de Saint-Sever possédait au Moyen Âge de nombreuses reliques dont la plus célèbre était le chef (autrement dit la tête, le crâne) de saint Sever. Cette dernière fut détruite lors des guerres de religion qui firent des ravages dans la région. Aussi, après avoir patiemment reconstruit le sanctuaire vandalisé en 1569 (l’autel fut restauré en 1681), les moines se préoccupèrent de trouver une relique insigne[3].

L’église Sainte Eulalie de Bordeaux possédant, selon une tradition immémoriale, les restes de saint Clair et de ses compagnons (dont saint Sever), une ambassade obtint de l’archevêque la permission de retirer du reliquaire bordelais une partie des reliques de saint Sever en 1714. Le retour officiel eut lieu en 1716, en grandes pompes. Le reliquaire actuel date de 1783 et a été offert par monseigneur Playcard de Raygecourt, évêque d’Aire-sur-l'Adour. Ce reliquaire est le témoignage de la volonté de l’évêque de rester fidèle au goût baroque français, en opposition au goût néo-classique[3].

Le Beatus de Saint-Sever

Article détaillé : Beatus.
Le Beatus de Saint-Sever, XIe siècle

Le Beatus, du nom de son auteur le moine Béat du monastère de Liébana dans les Asturies, est un commentaire de l’Apocalypse, le dernier livre du Nouveau Testament. Ce commentaire a été rédigé au VIIIe siècle, vraisemblablement dans le cadre d’un débat théologique. Il a été recopié une vingtaine de fois en Europe dans le courant du Moyen Âge[3].

L’exemplaire de l’Abbaye de Saint-Sever a été réalisé au milieu du XIe siècle, environ cinquante ans après la fondation de l’abbaye, par les copistes et enlumineurs, réunis autour du maître Stephanus Garsia, œuvrant sous l’abbatiat de Grégoire de Montaner. Chaque abbaye avait en effet un atelier d’écriture, ou « scriptorium », pour recopier, décorer et conserver les livres précieux[3].

Ce manuscrit, richement imagé, relate les visions de saint Jean. Unique exemplaire en France, mais inspiré de Beatus espagnols, il témoigne non seulement de l’érudition et du génie créateur du maître mais aussi de la vitalité intellectuelle et artistique du monastère de Saint-Sever au XIe siècle[3].

La carte, qui représente le monde connu, fait la part belle à la Gaule, à l’Aquitaine et à Saint-Sever. Ce document a été préservé des Guerres de Religion par des mains pieuses. On le retrouve dans les collections du cardinal archevêque de Bordeaux François de Sourdis au début du XVIIe siècle puis à Paris, à l’Arsenal, dans ce qui allait devenir la Bibliothèque Nationale, où il est toujours[3].

Notes et références

  1. Classement de l'abbaye de Saint-Sever, sur la base Mérimée, ministère de la Culture. Consulté le 22 août 2009
  2. Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France: Patrimoine mondial de l'humanité, site de l'Unesco
  3. a , b , c , d , e , f , g , h , i , j  et k Panneaux de présentation de l'abbaye de Saint-Sever
  4. Voir les guerres de religions dans les Landes

Voir aussi

Lien externe

  • Portail de l’architecture chrétienne Portail de l’architecture chrétienne
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