Colonne de Juillet

Colonne de Juillet

48°51′11.31″N 02°22′08.71″E / 48.8531417, 2.3690861

Colonne de Juillet sur la place de la Bastille

La colonne de Juillet est une colonne élevée sur la place de la Bastille à Paris, en commémoration des Trois Glorieuses. Ces trois journées de la révolution de juillet 1830 amenèrent la chute de Charles X et de la monarchie absolue, et l'instauration de la monarchie constitutionnelle, avec le règne de Louis-Philippe Ier, duc d'Orléans, devenu roi des Français (monarchie de Juillet).

Sur une plaque, au bas de la colonne, il est écrit :

« À la gloire des citoyens français qui s'armèrent et combattirent pour la défense des libertés publiques dans les mémorables journées des 27, 28, 29 juillet 1830. »

Le fût de la colonne porte le nom des victimes des journées révolutionnaires de juillet 1830 et le sommet est orné d'une sculpture en bronze doré d'Auguste Dumont : le Génie de la Liberté.

Sommaire

Origines de la Colonne de Juillet

La Guillotine de l'an II

En prairial de l'an II, pendant la Grande Terreur, la guillotine quitte la place de la Révolution, pour s'installer sur le terrain en friche de la place de la Bastille. Les habitants protestèrent et celle-ci ne put fonctionner que trois jours et faire seulement 75 victimes, avant d'être réinstallée Place du Trône-Renversé.

La Fontaine de la Régénération

Dès le 16 juin 1792, il est décidé que l’emplacement de la Bastille formerait une place dite « de la Liberté » et qu’une colonne y serait élevée, mais on y installa d'abord la Fontaine de la Régénération pour le 10 août 1793, elle était au coeur de la fête de l'Unité et de l'Indivisibilité de la République. Cette fête révolutionnaire grandiose, organisée par Jacques Louis David et conçue par Hérault de Séchelles, fut la plus importante des cérémonies révolutionnaires. Un budget de deux millions lui fut alloué par la Convention. Le parcours prévu pour le cortège avait cinq « stations » symboliques de la Révolution : des Champs de Mars à la Bastille en passant par la place de la Concorde.

La fontaine commémorait la prise des Tuileries de 1792. Cette fontaine de style égyptien était une allégorie de la Nation, dont l'eau sortait des mamelles en deux jets recueillis dans un bassin. Elle fut attribuée au peintre et sculpteur néo classique Jacques-Louis David[1].

L'éléphant de Napoléon

Article détaillé : Éléphant de la Bastille.

Sous l'Empire, on projeta d'agrémenter la place d'une grande fontaine, alimentée par le canal de l'Ourcq au cœur des grands travaux entrepris alors pour alimenter Paris en eau potable. On imagina alors au dessus de la fontaine une sculpture d'éléphant militaire à l'antique en bronze. L'éléphant devait mesurer 16 mètres de long, 15 mètres de haut (24 mètres sur le socle de la fontaine). La première pierre du socle fut posée le 2 décembre 1808, par le ministre de l'intérieur, pour commémorer le 4e anniversaire du Sacre de Napoléon Ier. Un escalier à vis devait permettre de remonter à l'intérieur de l'animal pour accéder à une plateforme d'observation aménagée en haut de sa tour. Jean-Antoine Alavoine reprit le travail de l'architecte Jacques Cellerier et planta le soubassement de la fontaine, qui est la base actuelle de la Colonne de Juillet. Il dressa au sud de la place une maquette grandeur nature, en bois et en plâtre, qui subsista jusqu'en 1846.

La Colonne des Trois Glorieuses

Le 27 juillet 1831, Louis-Philippe posa la première pierre de la Colonne, en l'honneur des trois glorieuses. Elle fut inspirée par la colonne Trajane de Rome. Elle fut dessinée par l'architecte Jean-Antoine Alavoine, et les travaux ne commenceront qu'en 1835, où l'on procédera à la fonte des pièces en bronze. La décoration fut réalisée en 1839 par l'architecte Joseph-Louis Duc et la colonne fut terminée en 1840 pour célébrer les dix ans de la révolution[2].

Pour son inauguration, le 28 juillet 1840, le gouvernement français voulut célébrer en grandes pompes, le transfert des corps des révolutionnaires de 1830. Le ministre de l'intérieur Charles de Rémusat commanda une symphonie à Hector Berlioz qui composa la Grande symphonie funèbre et triomphale. Berlioz en uniforme de la Garde Nationale et en marchant à reculons, dirigea lui-même une grande fanfare militaire de 200 musiciens qu'il engagea pour accompagner le cortège[3]. Une médaille commémorative fut gravée pour l'occasion par Jean-Pierre Montagny[4],[5]. Une autre médaille a été gravée par Caunois.

La Révolution de 1848

Après la révolution de 1848, on y ajouta 196 dépouilles des victimes des émeutes qui renversèrent Louis-Philippe, les 23 et 24 février. Et le 27 février, la Deuxième République fut proclamée devant la Colonne. En juillet 1848, les Parisiens promenèrent le trône du roi Louis-Philippe parti en exil. Ce trône fut finalement brûlé au pieds de la Colonne de Juillet.

Inauguration de la colonne de Juillet en juillet 1840

La Commune de Paris

Le 24 mai 1871, les communards tentèrent de détruire la Colonne de Juillet, comme ils avaient réussi à mettre à bas, la Colonne Vendôme. À partir du Canal Saint-Martin, ils engagèrent sous la voûte sur laquelle repose la Colonne, une péniche remplie de pétrole. Des flammes de près de 50 mètres de long sortirent par les extrémités des tunnels, et d'autres grimpèrent en haut de la Colonne. Finalement on tira sur la colonne près d'une trentaine d'obus depuis le pont d'Austerlitz et des Buttes Chaumont, mais en vain, la Colonne restait intacte[6],[7].

Description physique

Le Génie de la Liberté

La hauteur totale de l'édifice est de 50,52 m. en comptant l'ensemble de la structure qui enjambe le canal.

  • La voûte ogivale enjambant le Canal Saint-Martin, était destinée à la fontaine de l'éléphant, et renferme les anciens caveaux bâtis afin de renfermer les canalisations, ceux-ci furent affectés aux restes des 504 victimes des journées révolutionnaires de juillet 1830 transférées depuis le jardin de l'infante, et environ 200 dépouilles de la Révolution de 1848.
  • Premier soubassement en marbre rouge, circulaire
  • Deuxième soubassement en marbre blanc, circulaire et haut de 3 mètres. Sur sa corniche: 24 têtes de lions dont la gueule ouverte décharge les eaux de pluie.
  • Troisième soubassement carré, en marbre blanc, porte 24 médaillons circulaires représentant : la Croix de Juillet, une tête de Méduse, la Charte de 1830 et la balance de la justice.
  • Le socle de la colonne est en bronze. Il est surmonté de 4 coqs gaulois, placés aux angles.
  • Le fût de la colonne est en bronze, d'une hauteur de 23 mètres et est formé de 21 tambours cylindriques. 4 colliers divisent le fût en trois parties symbolisant les trois glorieuses, et où sont gravés les noms des 504 victimes des journées révolutionnaires de juillet. Sur ces colliers sont 16 têtes de lions, qui éclairent l'intérieur de la colonne.
  • Chapiteau composite, avec au milieu de chacun des côtés du tailloir une tête de lion surmontant un petit Génie qui orne la corbeille du chapiteau.
  • La balustrade qui sertit le tailloir entoure un lanternon que surmonte une boule, portant elle-même le Génie de la Liberté.
  • Le Génie de la Liberté représente « la Liberté qui s’envole en brisant des fers et semant la lumière ». Il est nu, le pied gauche posé sur la sphère, la jambe droite levée, les ailes déployées, une étoile sur le front. Il tient dans la main gauche une chaîne brisée, et de la droite le flambeau de la civilisation. Cette sculpture en bronze doré a été réalisée par Auguste Dumont[8]

Dans la culture

  • Dans les Misérables de Victor Hugo, Gavroche habite dans l'éléphant de la Bastille. Et on y voit la Colonne de Juillet : « Ce tuyau de poêle, qu’on a baptisé d’un nom sonore et nommé la colonne de Juillet, ce monument manqué d’une révolution avortée, était encore enveloppé en 1832 d’une immense chemise en charpente que nous regrettons pour notre part, et d’un vaste enclos en planches, qui achevait d’isoler l’éléphant. » (Tome IV, Livre 6, Chapitre 2, « Où le petit Gavroche tire parti de Napoléon le Grand »)[9]
  • Le premier suicidé saute de la colonne un an après son inauguration en 1841[6].
  • Le modèle original du Génie de la Liberté, a été réalisé en 1833, avant la commande publique faite à Auguste Dumont pour la Colonne de Juillet. La sculpture réalisée en plâtre en demi grandeur est exposée au musée de Semur-en-Auxois[10]. Une reproduction du Génie de la Liberté est exposée au Musée du Louvre, et fut réalisée en fonte d'après le modèle en plâtre en 1885, après la mort de l'artiste [8].
  • Une scène du film Le Viager (1973) où Louis Martinet et la famille Galipeau montent sur le balcon en haut de la colonne en 1949. Cet accès est aujourd'hui fermé au public.
  • La dernière pièce de dix francs, "Dix francs Génie de la Bastille" représente donc le Génie de la Liberté. La pièce a été produite entre 1988 et 2001[11].

Galerie

Accès

  • L'accès en haut des 140 marches de la Colonne est désormais fermé au public.
  • (M) Ce site est desservi par la station de métro Bastille.

Notes et références

  1. http://www.piasa.fr/FR/vente_peintures_arts_graphiques/v12208_piasa/l1889989_thomas_charles_naudet_paris_1773_1810_fete_de_unite_.html
  2. Marcel Banassat, PARIS AUX CENT VILLAGES, Editions BEREP. Paris. Avril 1979.
  3. http://www.hberlioz.com/Scores/symfunf.htm
  4. http://multicollec.net/2-me-h/2h1-02.php
  5. http://multicollec.net/2-me-h/2h1-03.php
  6. a et b http://ecrits-vains.com/ballades/balade25/balade25.html
  7. http://www.luminous-lint.com/app/image/5574328605592956013577337/
  8. a et b http://www.louvre.fr/llv/oeuvres/detail_notice.jsp?CONTENT%3C%3Ecnt_id=10134198673390678&CURRENT_LLV_NOTICE%3C%3Ecnt_id=10134198673390678&FOLDER%3C%3Efolder_id=9852723696500823&baseIndex=7
  9. http://www2b.ac-lille.fr/weblettres/productions/heros/gavroche_dans_elephant.htm
  10. http://www.ville-semur-en-auxois.fr/semur/menu_haut/temps_libre/musee
  11. http://www.monnaiedeparis.fr/fonds_doc/f10francs.htm

Annexes

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Articles connexes

Artistes et architectes

Liens externes


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