- Gavroche
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Gavroche (fin 1820-6 juin 1832) est un personnage du roman Les Misérables de Victor Hugo, qui prend les traits d'un enfant parisien, fils des Thénardier.
Sommaire
Naissance du gamin de Paris
« La gaminerie parisienne est presque une caste. On pourrait dire : n'en est pas qui veut.
Ce mot, gamin, fut imprimé pour la première fois et arriva de la langue populaire dans la langue littéraire en 1834. C'est dans un opuscule intitulé Claude Gueux que ce mot fit son apparition. Le scandale fut vif. Le mot a passé. »— Victor Hugo, Les Misérables (Tome III. Marius – Livre Premier : Paris étudié dans son atome – Chapitre 7. Le gamin aurait sa place dans les classifications de l'Inde)
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Gavroche, archétype du gamin de Paris
« Paris a un enfant et la forêt a un oiseau ; l'oiseau s'appelle le moineau ; l'enfant s'appelle le gamin. »
« Accouplez ces deux idées qui contiennent, l'une toute la fournaise, l'autre toute l'aurore, choquez ces étincelles, Paris, l'enfance ; il en jaillit un petit être. Homuncio, dirait Plaute.
Ce petit être est joyeux. Il ne mange pas tous les jours et il va au spectacle, si bon lui semble, tous les soirs. Il n'a pas de chemise sur le corps, pas de souliers aux pieds, pas de toit sur la tête ; il est comme les mouches du ciel qui n'ont rien de tout cela. Il a de sept à treize ans, vit par bandes, bat le pavé, loge en plein air, porte un vieux pantalon de son père qui lui descend plus bas que les talons, un vieux chapeau de quelque autre père qui lui descend plus bas que les oreilles, une seule bretelle en lisière jaune, court, guette, quête, perd le temps, culotte des pipes, jure comme un damné, hante les cabarets, connaît des voleurs, tutoie des filles, parle argot, chante des chansons obscènes, et n'a rien de mauvais dans le cœur. C'est qu'il a dans l'âme une perle, l'innocence, et les perles ne se dissolvent pas dans la boue. Tant que l'homme est enfant, Dieu veut qu'il soit innocent.
Si l'on demandait à la grande et énorme ville : Qu'est-ce que c'est que cela ? elle répondrait : C'est mon petit. »— Victor Hugo, Les Misérables (Tome III. Marius – Livre Premier : Paris étudié dans son atome – Chapitre 1. Parvulus)
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Biographie du personnage
Né en 1820, il est le fils des Thénardier qui ne l'aiment pas, ne veulent pas de lui et c'est pour cela qu'il vit dans la rue (il a l'habitude de dire « Je rentre dans la rue » quand il sort d'une maison). Il ne les voit que de temps à autre, mais il aidera tout de même son père à s'évader de prison. Gavroche connaît ses sœurs aînées, Éponine et Azelma, mais pas ses deux frères cadets qui ont été adoptés en très bas âge suite à une sordide tractation de leurs parents. Après l'arrestation de leur mère adoptive, alors que les deux enfants se retrouvent à la rue, Gavroche les recueille sans savoir que ce sont ses frères. Mais ils s'égarent dans Paris le lendemain et on ne les revoit qu'une seule fois, cherchant à manger. Le lecteur ne sait pas ce qu'ils sont devenus.
Gavroche connaît bien la bande « Patron-Minette », des malfaiteurs que Thénardier sollicite pour ses mauvais coups.
Gavroche meurt le 6 juin 1832, peu après Éponine, près de la même barricade de la rue de la Chanvrerie, pendant l'Insurrection républicaine à Paris en juin 1832, en tentant de récupérer des cartouches non brûlées pour ses camarades insurgés et en chantant une célèbre chanson qu'il n'a pas le temps d'achever (Tome V. Jean Valjean – Livre Premier : La Guerre entre quatre murs – Chapitre 15. Gavroche dehors) :
On est laid à Nanterre,
C'est la faute à Voltaire,
Et bête à Palaiseau,
C'est la faute à Rousseau.
Je ne suis pas notaire,
C'est la faute à Voltaire,
Je suis petit oiseau,
C'est la faute à Rousseau.
Joie est mon caractère,
C'est la faute à Voltaire,
Misère est mon trousseau,
C'est la faute à Rousseau.
Je suis tombé par terre,
C'est la faute à Voltaire,
Le nez dans le ruisseau,
C'est la faute à... [Rousseau]Autres chansons de Gavroche
- Tome III. Marius – Livre VIII. Le Mauvais Pauvre – Chapitre 22. Le petit qui criait au tome III.
Le roi Coupdesabot
S'en allait à la chasse,
À la chasse aux corbeaux...
Le roi Coupdesabot
S'en allait à la chasse,
À la chasse aux corbeaux,
Monté sur des échasses.
Quand on passait dessous
On lui payait deux sous.- Tome IV. L’Idylle rue Plumet et l’Épopée rue Saint-Denis – Livre XI. L’atome fraternise avec l’ouragan – Chapitre 1. Quelques éclaircissements sur les origines de la poésie de Gavroche. Influence d’un académicien sur cette poésie.
La nuit on ne voit rien,
Le jour on voit très bien,
D’un écrit apocryphe
Le bourgeois s’ébouriffe,
Pratiquez la vertu,
Turlututu chapeau pointu !- Tome IV. L’Idylle rue Plumet et l’Épopée rue Saint-Denis – Livre XI. L’atome fraternise avec l’ouragan – Chapitre 5. Le Vieillard.
Voici la lune qui paraît,
Quand irons-nous dans la forêt ?
Demandait Charlot à Charlotte.
Tou tou tou
Pour Chatou.
Je n'ai qu'un Dieu, qu'un roi, qu'un liard et qu'une botte.
Pour avoir bu de grand matin
La rosée à même le thym,
Deux moineaux étaient en ribote.
Zi zi zi
Pour Passy.
Je n'ai qu'un Dieu, qu'un roi, qu'un liard et qu'une botte.
Et ces deux pauvres petits loups
Comme deux grives étaient soûls ;
Un tigre en riait dans sa grotte.
Don don don
Pour Meudon.
Je n'ai qu'un Dieu, qu'un roi, qu'un liard et qu'une botte.
L'un jurait et l'autre sacrait.
Quand irons-nous dans la forêt ?
Demandait Charlot à Charlotte.
Tin tin tin
Pour Pantin.
Je n'ai qu'un Dieu, qu'un roi, qu'un liard et qu'une botte.- Tome IV. L’Idylle rue Plumet et l’Épopée rue Saint-Denis – Livre XIV. Les Grandeurs du désespoir – Chapitre I. Le Drapeau – Premier acte.
Sur l'air de « Au clair de la lune. »
Mon nez est en larme.
Mon ami Bugeaud,
Prêt'-moi tes gendarmes
Pour leur dire un mot.
En capote bleue,
La poule au shako,
Voici la banlieue !
Co-cocorico !- Tome IV. L’Idylle rue Plumet et l’Épopée rue Saint-Denis – Livre XV. La Rue de l'Homme-Armé – Chapitre 4. Les Excès de zèle de Gavroche.
L'oiseau médit dans les charmilles
Et prétend qu'hier Atala
Avec un Russe s'en alla.
Où vont les belles filles,
Lon la.
Mon ami Pierrot, tu babilles,
Parce que l'autre jour Mila
Cogna sa vitre, et m'appela.
Où vont les belles filles,
Lon la.
Les drôlesses sont fort gentilles ;
Leur poison qui m'ensorcela
Griserait monsieur Orfila.
Où vont les belles filles,
Lon la.
J'aime l'amour et ses bisbilles,
J'aime Agnès, j'aime Paméla,
Lise en m'allumant se brûla.
Où vont les belles filles,
Lon la.
Jadis, quand je vis les mantilles
De Suzette et de Zéila,
Mon âme à leurs plis se mêla.
Où vont les belles filles,
Lon la.
Amour, quand dans l'ombre où tu brilles,
Tu coiffes de roses Lola
Je me damnerais pour cela.
Où vont les belles filles,
Lon la.
Jeanne, à ton miroir tu t'habilles !
Mon cœur un beau jour s'envola ;
Je crois que c'est Jeanne qui l'a.
Où vont les belles filles,
Lon la.
Le soir, en sortant des quadrilles,
Je montre aux étoiles Stella
Et je leur dis : regardez-la.
Où vont les belles filles,
Lon la.
Mais il reste encor des bastilles,
Et je vais mettre le holà
Dans l'ordre public que voilà.
Où vont les belles filles,
Lon la.
Quelqu'un veut-il jouer aux quilles ?
Tout l'ancien monde s'écroula,
Quand la grosse boule roula.
Où vont les belles filles,
Lon la.
Vieux bon peuple, à coups de béquilles,
Cassons ce Louvre où s'étala
La monarchie en falbala.
Où vont les belles filles,
Lon la.
Nous en avons forcé les grilles ;
Le roi Charles Dix ce jour-là
Tenait mal et décolla.
Où vont les belles filles,
Lon la.- Tome IV. L'Idylle rue Plumet et l'Épopée rue Saint-Denis – Livre XIV. Les Grandeurs du désespoir – Chapitre 6. L'Agonie de la mort après l'agonie de la vie.
En voyant Lafayette,
Le gendarme répète :
Sauvons-nous ! sauvons-nous ! sauvons-nous !Sens commun
Depuis, par antonomase, « Gavroche » se dit d'une personne ressemblant au personnage de Victor Hugo : un gamin parisien gouailleur, débrouillard, à la vulgarité attachante. La réplique d'Arletty dans le film Hôtel du Nord pourrait en être un exemple : « Atmosphère ? Atmosphère ? Est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère ? ».
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Liens externes
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