Charles Louis du Couëdic

Charles Louis du Couëdic
Charles Louis du Couëdic Seigneur de Kergoualer
Charles Louis du CouëdicStatue en bois
Charles Louis du Couëdic
Statue en bois

Surnom le brave du Couëdic
Naissance 1740
à Pouldergat en Bretagne
Décès 7 janvier 1780 (à 40 ans)
à Brest
Origine Royaume de France Royaume de France
Allégeance Royaume de France Royaume de France
Arme Pavillon de la marine royale française Marine royale française
Grade Capitaine de vaisseau
Années de service - 1780
Conflits Guerre de Sept Ans
Guerre d'indépendance des États-Unis
Faits d'armes Combat entre La Surveillante et le Québec (1779)
Hommages Plusieurs rues et passages dont la rue Du Couédic
Cap de Couedic
Un tableau par Rossel de Cercy
Famille Famille du Couëdic

Charles Louis du Couëdic, seigneur de Kergoualer, né le 17 juillet 1740 au château de Kerguelenen, paroisse de Pouldergat près de Douarnenez en Bretagne et mort le 7 janvier 1780 des suites de ses blessures, est un officier de marine français du XVIIIe siècle. Engagé jeune dans la Marine royale au début de la guerre de Sept Ans, il participe à la défense de Louisbourg en Nouvelle-France, en 1757 et à la bataille des Cardinaux. En 1763, la paix revenue avec la signature du Traité de Paris, il s'engage comme volontaire dans une expédition à destination des Indes, puis en 1773 dans une seconde expédition, commandée par Yves de Kerguelen.

Il est célèbre pour le combat acharné qu'il livre, le 6 octobre 1779, à bord de la frégate La Surveillante contre la frégate anglaise Québec pendant la guerre d'indépendance des États-Unis.

Sommaire

Biographie

Origines et famille

Charles Louis du Couëdic descend de la famille du Couëdic, une famille de la noblesse bretonne d’ancienne extraction, dont la filiation directe est établie jusqu’en 1370. Les fiefs qu’elle possédait jusqu'à la Révolution relevaient directement de la Couronne de France et s’étendaient sur le Finistère et le Morbihan d’aujourd’hui. Elle est maintenue noble par un arrêt de 1669.

Son père est officier d’infanterie et termine sa carrière comme lieutenant du ban et arrière ban de la Noblesse de Bretagne, et de sa femme, Marguerite Ansker de Kerscao. Le couple se marie le 21 mai 1731, de cette union naissent six enfants, dont :

  • Thomas Louis du Couëdic de Kergoaler, son frère aîné, grand maître de Eaux et Forêts de Bretagne en 1750.

Carrière dans la Marine royale

Jeunesse et débuts pendant la guerre de Sept Ans

Article détaillé : Guerre de Sept Ans.

Charles Louis du Couëdic étudie chez les Jésuites à Quimper où il a pour condisciple La Tour d’Auvergne. En 1756, la France entre en guerre contre l'Angleterre. C'est à cette date que Coëdic, alors âgé de 16 ans, entre dans la Marine royale. Il embarque sur Le Diadème, dans l’escadre commandée par Monsieur de Beauffremont sur Le Tonnant, avec qui il fait route vers Saint-Domingue. Il connait son baptême du feu le 18 mars 1757, lors de la capture du vaisseau de HMS Greenwich, de 50 canons.

Après cette victoire, l'escadre française fait voile vers la Nouvelle-France où le marquis de Montcalm avait débarqué deux ans plus tôt, en 1756. La flotte de porte au secours de Louisbourg, établissement français de l’île Royale, qui, en raison de sa position stratégique à l'entrée du Saint-Laurent, était convoité par les Anglais. Le 30 mai 1757, les Français arrivent sur place et préparent les défenses de la ville. Cependant, le 30 octobre 1757, une épidémie de typhus contraint la flotte française à rentrer à Brest.

La Bataille de la baie de Quiberon, Nicholas Pocock, 1812. National Maritime Museum

En 1758, Du Couëdic embarque sur la frégate La Thétis, alors que la peste jaune ravage Lorient et Brest. L'année suivante, il embarque sur Le Robuste, commandé par Fragnier de Vienne, et participe à la Bataille des Cardinaux le 20 novembre 1759. Le combat se termine sans vainqueur et Le Robuste, chassé par plusieurs vaisseaux anglais, se réfugie dans l’embouchure de La Vilaine.

En 1761, il connaît sa première défaite. Il sert sur La Vestale depuis quelques mois, lorsque, au cours d'un combat contre le vaisseau anglais HMS Unicorn son commandant, Monsieur de Boisberthelot est tué et abandonne son commandement à ses officiers qui, malgré une défense obstinée, sont obligés d’amener le pavillon. La frégate prise par les Anglais, il passera quatre mois enchaîné sur un ponton. Il est libéré par échange de prisonniers à Saint-Malo la veille de ses 21 ans.

En 1763, la désastreuse paix de Paris qui met un terme à la Guerre de Sept Ans, prive la France de ses possession sur le continent américain et laisse les officiers de la La Royale sans emploi. Charles-Louis du Coëdic sert alors comme sous-brigadier sur Le Petit Mars qui croise dans les Antilles. Au retour de ces campagnes, le bâtiment est pris dans une violente tempête le 8 mars 1764, qui emporte Le Petit Mars sur les côtes des Asturies, en Espagne. Les trois quarts de l’équipage meurt noyé et seul officier rescapé, du Couëdic échappe miraculeusement à la mort.

Il rentre en France où il apprend sa promotion au grade d'enseigne de vaisseau et se porte volontaire pour être envoyé aux Indes, où bon nombre d'officiers généraux de l'époque refusaient de se rendre[Note 1].

Les expéditions d'exploration (1767 - 1773)

Expédition aux Indes

C'est lors de cette campagne que Charles-Louis du Couëdic va s'illustrer. Il connaît en moins de huit ans, l’émerveillement de l’exploration, l’appréhension de la découverte, le fracas des combats et l’exemple dans le commandement. Il se comporte remarquablement en 1767 alors que les flottes anglaises et françaises, sensées être en paix doivent constamment défendre leurs navires marchands. La Compagnie des Indes est alors pour la France un enjeu de commerce et de domination déterminant. Le port de Lorient est une possession de la Compagnie et les navires de commerce y sont très nombreux à mouiller parmi les bâtiments militaires.

Il embarque sous les ordres du commandant Géron de Grenier à bord de la corvette L’Heure du Berger qui appareille de Brest et fait route vers le Cap de Bonne Espérance. Sa mission est de gagner l’Isle de France et de servir d'escorte aux navires qui gagnent les établissements français de l'Inde. Grenier a d’autres ambitions et convainc le Roi qu’une nouvelle route pour les Indes est possible et qu’il faut l’essayer[Note 2].

Pendant ses campagnes, Géron de Grenier organise plusieurs expéditions pour explorer les îles Seychelles alors mal connues et Madagascar, convoitée alors par les Hollandais, les Anglais et la France. Les officiers de L’Heure du Berger débarquent à Madagascar le 13 décembre 1768, du Couëdic participe aux prises de contact avec les habitants de l'île. Le 14 juin suivant, il débarque aux Seychelles.

À partir de ce moment, Géron de Grenier va céder son commandement à Couëdic, premier lieutenant, durant les quatorze mois qui restent de campagne puis les quatre mois nécessaires pour ramener la corvette à Brest. En tout, la campagne aura duré deux ans sous l’autorité de Grenier et dix huit mois avec du Couëdic comme commandant.

Àgé de 31 ans, il accède alors, le 1er janvier 1773, au prestigieux corps de la Compagnie des Gardes de la Marine.

L'expédition de Kerguelen

Charles-Louis ne va pas tarder à reprendre la mer après avoir rencontré Yves de Kerguelen[Note 3]. L’explorateur prépare une deuxième expédition pour confirmer sa découverte des îles de la Désolation, qui porteront son nom. Il fait appel à du Couëdic en raison de sa réputation.

L’équipage embarque avec du matériel d’exploration, et notamment une montre de Berthoud, qui permet de connaître précisément sa position par la latitude. Charles-Louis embarque le 1er mars 1773 à bord du Rolland pour un voyage d’exploration des terres australes qui va rapidement tourner au pugilat.

Un an auparavant, lors de la précédente expédition qui vit la découverte des Terres Australes, Kerguelen avait laissé dans la brume avec son équipage le navire d’accompagnement « Le Gros Ventre ». Il avait appareillé sans s’assurer que ses signaux d’appareillage aient été confirmés, ce qui est un acte inqualifiable pour un militaire. Continuant sa route seul, le Commandant du « Gros Ventre », Monsieur de Saint-Allouarn, allait être le premier Français à toucher la terre d’Australie, découverte bien plus précieuse que celles de Kerguelen…

Durant ce second voyage, Kerguelen ne sait mettre en place la cohésion de son équipage ni l’unité d’action avec « l’Oiseau », la corvette qui l’accompagne. Parti pour confirmer sa découverte des Iles de la Désolation, il n’y débarquera pas, conscient que ces rochers inhospitaliers n’apportent qu’un intérêt relatif à la France. Il laissera un officier commander le détachement et procéder aux relevés de circonstance. Cependant, Charles-Louis du Coëdic n'ira pas jusqu’aux Kerguelen; il chute et se blesse pendant une tempête à False Bay, en passant le cap de Bonne Espérance et doit soigner ses blessures à l'Isle de France où il est débarqué le 8 octobre 1773.

Guerre d'indépendance des États-Unis

Une fois rétabli, du Couëdic rentre en Bretagne. Il sert sur la corvette L'Écureuil dans l’escadre du comte du Chaffaut et est promu au grade de lieutenant de vaisseau.

Il est chargé de veiller à la construction de deux frégates, ce qui lui permet de rester à terre entre février 1777 à mai 1778. Le 8 décembre 1777, du Couëdic est fait Chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis. Chef de brigade des gardes de la Marine en 1778, il est prêt à commander un bâtiment, d'autant plus qu'il s'est assuré la sympathie du ministre de la Marine, de Sartine.

Le combat de la frégate la Surveillante contre le HMS Québec, le 6 octobre 1779

Le combat de la frégate la Surveillante contre le HMS Québec, le 6 octobre 1779.

Il était lieutenant de vaisseau et commandait la frégate La Surveillante, lorsque, le 6 octobre 1779, il rencontre à la hauteur d'Ouessant le Québec, une frégate britannique, commandée par le capitaine Farmer. La Surveillante était armée de 32 canons et Le Québec était de même force. Le combat est extraordinairement vif et sanglant entre ces deux marins, également jaloux de défendre l'honneur de leur pavillon. Tous deux déployèrent un courage indomptable. Le combat dura trois heures et demie. Agathon Marie René de la Bintinaye, son lieutenant, tenta vainement l'abordage. Le Québec sauta avec son capitaine, qui ne voulut jamais quitter le bâtiment que lui avait confié son souverain. Quarante-trois combattants du Québec sont sauvés par les Français. La Surveillante, totalement désemparée et rasée comme un ponton, rentre à Brest, rapportant son capitaine grièvement blessé. Le bâtiment, entièrement démâté, est remorqué par L'Expédition qui avait également pris part au combat et qui était commandée par le chevalier Alexandre-Amable de Roquefeuil. Louis XVI, en considération des blessures que du Couëdic avait reçues, et de la conduite pleine de valeur et d'intrépidité qu'il avait tenue dans cette affaire, l'éleva le 20 octobre au grade de capitaine de vaisseau ; mais ce marin ne jouit pas longtemps de sa gloire et des récompenses de son souverain, il meurt de ses blessures peu de jours après. Le roi accorda à sa veuve une pension de 2 000 livres, réversible par égales portions à ses trois enfants, et à chacun de ceux-ci une pension de 500 livres pour en jouir dès le moment. En 1784, l'intendant de Bretagne est autorisé à faire exécuter et poser un écusson aux armes de du Couëdic sur le monument élevé à Brest sur son tombeau, aux frais du roi.

Honneurs et postérité

Un tombeau lui fut élevé à Brest ; son nom fut donné à un bâtiment et à des rues comme à Rennes le Passage du Couëdic.

Son nom a été donné par l'explorateur français Nicolas Baudin à un cap de l'île Kangourou : le cap de Couedic. En 1864, la rue Du Couédic[1] prend son nom à Paris.

Un tableau de cinq pieds de longueur et trois et demi de hauteur, appartenant au roi et faisant partie de la collection des dix-huit combats de mer, a été peint par Monsieur Rossel de Cercy, ancien capitaine de vaisseau, Chevalier de Saint-Louis.

Mariage et descendance

Le 19 août 1771, il épouse sa cousine lointaine Marie-Anne du Couëdic de Kerbleizec.

  • Marie-Louise, née 1772
  • Marie-Jeanne, née en 1775.
  • Charles-Louis, né en octobre 1777, il se distinguera comme capitaine de Dragons dans la Grande Armée.

Notes

  1. Étienne Taillemite l’exprime dans son ouvrage L’Histoire ignorée de la Marine française : « Il semble qu’à quelques exceptions près – La Pérouse, du Couëdic, Grenier, Kerguelen - les bureaux de Versailles n’y envoyaient pas la fine fleur du grand corps. »
  2. La route connue passe par l’Ile de France et utilise une progression au sud. Les navires y livrent leur cargaison et se ravitaillent en eau avant de poursuivre sur les Indes. Géron de Grenier repart de Port-Louis avec la conviction qu’une progression par le nord fait gagner un temps précieux. En utilisant les Alizées, les vents de mousson, la petite corvette gagne un semaine et ouvre une nouvelle route maritime plus courte de 800 miles. Une semaine gagnée, c’est stratégique : l’eau approvisionnée à l’Ile de France croupit moins vite, les vivres de l’équipage sont plus saines et plus variées et le risque de maladies diminue.
  3. Yves de Kerguelen est un navigateur d’exception dont les qualités d’officier de Marine ne sont plus à prouver. Sa notoriété et ses découvertes lui ont construit un impressionnant réseau de relations qui lui permet de faire intervenir des personnages influents lorsque le besoin s’en fait sentir. C’est ainsi qu’il obtient du Roi l’autorisation de monter lui-même une deuxième expédition en 1773. Membre de l'Académie de Marine, récemment nommé capitaine de vaisseau, il devient un électron libre sur lequel la hiérarchie ne pèse pas. Il a évidemment un profil atypique mais il est surveillé de prêt par une partie de la Marine qui souhaiterait l’entendre crier ses exploits un peu moins haut.

Références

  1. Sous cette orthographe voir Rue Du Couédic sur le site de la voirie de la ville de Paris.

Source et bibliographie

Voir aussi

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