55av J.C, les Vénètes contre César

55av J.C, les Vénètes contre César

Guerre des Vénètes

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Bataille de Vannes (-56) Cote Français 295 BNF.png
Bataille de "Vannes", manuscrit du XIVe siècle
Date : 56 av. J.-C.
Lieu : Armorique
Issue : Victoire romaine
Bélligérants
République romaine
Jules César
Celtes-Armoricains (Vénètes)
Commandants
Forces en présence
Pertes
Guerre des Gaules
Bibracte (58) — Ochsenfeld (58) — L'Aisne (57) — Le Sabis (57) — Octodure (57) — Morbihan (navale) (56) — Aduatuca (54) — Avaricum (52) — Gergovie (52) — Lutèce (52) — Alésia (52) — Uxellodunum (51)
Liste des guerres et des batailles de la République romaine
Série Rome antique

La guerre des Vénètes s'est déroulée en 56 av. J.-C. entre la République romaine et les Vénètes dans le cadre de la Guerre des Gaules menée par Jules César.

L'événement le plus marquant de cette guerre est la bataille navale (dite parfois « du Morbihan » ou « de Vannes »). Elle voit la victoire des Romains grâce à la tombée du vent qui immobilise totalement les navires gaulois jusque là plus véloces alors que la flotte romaine s'apprêtait à effectuer une retraite.

Sommaire

Causes de la guerre

Début 56 av. J.-C., alors que l’Armorique a été soumise pacifiquement l'an passé par Publius Crassus, son armée prend ses quartiers d'hiver près de l'océan, avec la septième légion chez les Andes, peuple de la côte atlantique (aujourd'hui aux environs de Nantes). Manquant de ravitaillement, il envoie des préfets et des tribuns militaires en quémander chez les peuples voisins, les Esuvii, les Coriosolites et les Vénètes. Ces derniers sont les plus puissants de toute la côte maritime, possédant un grand nombre de navires pour communiquer avec la Bretagne. Les Vénètes contrôlent ainsi tout le commerce maritime de la région.

Ce sont eux qui déclenchent la rébellion des peuples armoricains, en retenant les délégués romains (Quintus Velanius et Titus Sillius), ce qui enflamme tous les autres peuples contre Rome. Les Esuvii et Coriosolites imitent les Vénètes en s'emparant de Marcus Trebius Gallus et de Titus Terrasidus. Ils demandent aux Romains qu'on leur rende leurs otages en échange des envoyés romains. Les causes de cette révolte sont sans doute que les Vénètes, qui sont le peuple maritime gaulois le plus puissant, voient d'un mauvais œil la domination grandissante des Romains et craignent qu'ils ne rivalisent avec leur puissance maritime et commerciale[1].

Campagne militaire

César, qui se trouve alors en Italie où il renforce le premier triumvirat à Lucques[2] et qui croit la Gaule pacifiée, devant écraser toute velléité de révolte pour asseoir sa domination sur la Gaule, ordonne la construction d'une flotte sur la Loire, qui se jette dans l'Atlantique, et de mobiliser des marins

La nouvelle coalition gauloise menée par les Vénètes se prépare à la colère de César, et mobilise les Osismes, Lexoviens, Namnètes, Ambilatres, Morins, Diablintes et Ménapiens, ainsi que quelques Bretons. Conscients qu'ils vont devoir se battre contre les Romains, les Gaulois comptent profiter de leur science maritime, du grand nombre de leurs navires lourds, adaptés aux conditions atmosphériques difficiles de l'Atlantique, du manque de provisions des Romains, et surtout de leur connaissance de la configuration géographique locale (le Golfe du Morbihan) : côte très disséquée parsemée d'îles nombreuses offrant de nombreux abris qu'ils connaissent bien, abers barrant les gués à marée haute, ports rares et disséminés. Le proconsul romain, qui n'est pas de retour en Gaule avant la fin du mois d'avril[2], déploie son armée afin d'occuper tous les territoires soumis et éviter de voir la rébellion se propager hors de l'Armorique.

Les Gaulois fortifient leurs villes, amassent les provisions et s'allient avec de nombreux autres peuples gaulois (Osismes, Lexoviens, Namnètes, Ambilatres, Morins, Aulerques Diablintes et Ménapiens) et quelques autres bretons. Craignant un soulèvement massif des Gaulois, César envoie ses légats et généraux à divers points stratégiques de la Gaule. Ainsi, Crassus est dirigé vers l'Aquitaine, afin d'empêcher les peuples locaux de renforcer l'armée vénète.

Les Pictons, Santons et d'autres pays pacifiés envoient aux Romains une flotte, et César marche sur l'Armorique avec des troupes pour mener la campagne contre les peuples rebellés au côté de Junius Brutus. Les villes des Vénètes sont construites sur de petites péninsules ou des promontoires, inaccessibles depuis la terre, et très difficilement par voie maritime. César se rend vite compte que les sièges sont vains et décide de mener une bataille navale[3].

Bataille du Morbihan

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Bataille Morbihan -56.png
Bataille navale du Morbihan opposant Decimus Junius Brutus à une flotte vénète (Théorie de la bataille dans la baie de Quiberon).
Date : été 56 av. J.-C.
Lieu : près de Saint-Gildas-de-Rhuys,
dans le Golfe du Morbihan
Issue : Victoire romaine
Bélligérants
Romains Celtes-Armoricains (Vénètes)
Commandants
Decimus Junius Brutus
Guerre des Gaules
Bibracte (58) — Ochsenfeld (58) — L'Aisne (57) — Le Sabis (57) — Octodure (57) — Morbihan (navale) (56) — Aduatuca (54) — Avaricum (52) — Gergovie (52) — Lutèce (52) — Alésia (52) — Uxellodunum (51)
Liste des guerres et des batailles de la République romaine
Série Rome antique

Prémices

Face à l'impossibilité, pour les Romains, d'attaquer les forteresses à causes des marais, la seule solution est une attaque par la mer. La construction des navires se déroule sur les bords de la Loire, sur les terres des Pictons, alliés des Romains. Bien que César s'empare rapidement de quelques villes armoricaines, il comprend rapidement qu'il ne peut mettre fin à la révolte qu'en détruisant les Vénètes.

Navires vénètes

Selon Jules César, les navires vénètes étaient supérieurs à ceux des romains : leurs carènes étaient plus plates et étaient donc plus adaptée au bas-fonds et aux reflux. Les proues et les poupes étaient très relevées ce qui leur permettait de naviguer plus facilement par gros temps et par tempête. Les bateaux étaient en bois, les ancres étaient retenues par des chaînes et les voiles étaient faites à partir de peaux. En outre, ils étaient plus grands et plus massifs que les navires romains et leurs coques étaient si solides qu’elles résistaient parfaitement à leurs coups d’éperons. Leurs bords étaient également plus hauts, ce qui protégeait les soldats des tirs des Romains, qui eux-mêmes étaient en position vulnérable, enfin ces hauts bords rendaient difficile un abordage de l’ennemi.

Cette description des navires vénètes est la seule description contemporaine à la Guerre des Vénètes qui nous soit parvenue :

« Les vaisseaux des ennemis étaient construits et armés de la manière suivante : la carène en est un peu plus plate que celle des nôtres, ce qui leur rend moins dangereux les bas-fonds et le reflux ; les proues sont très élevées, les poupes peuvent résister aux plus grandes vagues et aux tempêtes ; les navires sont tout entiers de chêne et peuvent supporter les chocs les plus violents. Les bancs, faits de poutres d'un pied d'épaisseur, sont attachés par des clous en fer de la grosseur d'un pouce ; les ancres sont retenues par des chaînes de fer au lieu de cordages ; des peaux molles et très amincies leur servent de voiles, soit qu'ils manquent de lin ou qu'ils ne sachent pas l'employer, soit encore qu'ils regardent, ce qui est plus vraisemblable, nos voiles comme insuffisantes pour affronter les tempêtes violentes et les vents impétueux de l'Océan, et pour diriger des vaisseaux aussi pesants. Dans l'abordage de ces navires avec les nôtres, ceux-ci ne pouvaient l'emporter que par l'agilité et la vive action des rames ; du reste, les vaisseaux des ennemis étaient bien plus en état de lutter, sur ces mers orageuses, contre la force des tempêtes. Les nôtres ne pouvaient les entamer avec leurs éperons, tant ils étaient solides ; leur hauteur les mettait à l'abri des traits, et, par la même cause, ils redoutaient moins les écueils. Ajoutons que, lorsqu'ils sont surpris par un vent violent, ils soutiennent sans peine la tourmente et s'arrêtent sans crainte sur les bas-fonds, et, qu'au moment du reflux, ils ne redoutent ni les rochers ni les brisants ; circonstances qui étaient toutes à craindre pour nos vaisseaux. »

— Jules César, Commentaires sur la Guerre des Gaules, III, 13.

Navires romains

Article détaillé : Marine romaine.

Les navires romains ont pour seul avantage par rapport aux navires vénètes d'être plus rapides et maniables grâce à leurs rames, les voiles étant peu utilisées. Cependant ces navires sont surtout efficaces sur une mer calme et supportent mal les tempêtes.

Déroulement

La bataille du Morbihan, enluminure du XVe siècle.

Lorsque les navires romains sont construits, Junius Brutus Albinus en prend le commandement et conduit la flotte en direction du pays des Vénètes à l'été. Mais, sur la route, les Romains sont surpris par les Vénètes près de Saint-Gildas-de-Rhuys dans un espace maritime limité par Houat, Hoëdic, l’île Dumet, Sarzeau et l’entrée du Golfe, dans la baie de Quiberon[4]. Au début, grâce à la supériorité de leurs navires, les Celtes ont l'avantage. Les projectiles tirés des navires romains ne peuvent atteindre les navires gaulois, beaucoup plus hauts, alors que les Gaulois peuvent attaquer facilement les Romains.

Plusieurs navires romains sont coulés. Ces derniers tentent alors de ruser et essaient, grâce à des faucilles fixées sur des perches de couper les cordages des navires ennemis. Cette ruse permet de neutraliser quelques navires mais elle est insuffisante pour remporter la victoire. De plus, les Romains, qui n'ont pas envisagé de tactique globale pour la bataille, commencent à envisager la retraite lorsque tout-à-coup, le vent tombe et les navires celtes qui ne naviguent qu'à la voile se retrouvent immobilisés. Les Romains contre-attaquent et détruisent les navires vénètes un par un, très peu peuvent s'enfuir. La bataille dure « depuis la quatrième heure du jour environ jusqu’au coucher du soleil » selon César et s'achève par la destruction de la flotte gauloise[5],[6].

Conséquences

Une fois leur flotte détruite, les Celtes n'ont plus les moyens de lutter et se rendent, ce qui met fin à la guerre des Vénètes. César, vainqueur, fait alors exécuter tous les membres du Sénat vénète, le reste de la population est déporté et réduit en esclavage. Les richesses de ces grands marchands alimentent le trésor de guerre qui lui serviront à conquérir Rome.

De plus, le conquérant donne le territoire des Ambilatres (près de Nantes) aux Pictons pour avoir collaboré avec lui d'une façon déterminante.

Voir aussi

Sources

  • Jules César (trad. Désiré Nisard), La Guerre des Gaules, Didot, Paris, 1865 (lire en ligne).
  • Carcopino, Jérôme, Jules César, PUF (6e éd.), 1990 (ISBN 978-2130428176).
  • P. Emmanuelli, César contre les Vénètes, le combat naval de 56 av. J-C, Annales de Bretagne, tome 63, fascicule 1, 1956, pp.55-87.
  • Alfred Lallemand, Nouveaux éclaircissements sur le livre III des commentaires de César, Annuaire du Morbihan, 1861, p.1.
  • Pierre Merlat, César et les Vénètes, Annales de Bretagne, tome 61, fascicule 1, 1954, pp.154-183.
  • Alain Conan, Quand César attaquait la flotte armoricaine, Les dossiers "Histoire de la Mer", hors-série, 1, 1978, pp.39-47.
  • M. Denis, La campagne de César contre les Vénètes, Annales de Bretagne, tome 61, fascicule 1, 1954, pp.126-153.
  • René-Yves Creston, Considérations techniques sur la flotte des Vénètes et des Romains, Annales de Bretagne, tome 63, fascicule 1, 1956, pp.88-107.
  • René-Yves Creston, César et les Vénètes, notes critiques sur la bataille livrée par Brutus contre les Vénètes en 56 av. J-C, Annales de Bretagne, tome 65, fascicule 1, 1958, pp.59-66.
  • René-Yves Creston, Les navires des Vénètes, Actes du IIe Congrès International d'Archéologie Sous-Marine, Institut International d'Etudes Ligures, Bordighera, 1961, pp.369-380.

Notes et références

  1. Strabon, Géographie, Livre IV, 4
  2. a  et b J. Carcopino, op. cit., p. 269
  3. Dion Cassius, Histoire romaine, Livre XXXIX, 40
  4. L.A Constans, Guide Illustré des Campagnes de César en Gaule, p.50
  5. Dion Cassius, Histoire romaine, Livre XXXIX, 41-43
  6. J. Carcopino, op. cit., p. 281

Lien connexe

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