Siege de Gergovie

Siege de Gergovie

Siège de Gergovie

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Monument gergovie fr.jpg

Le monument commémoratif de Jean Teillard sur le site présumé de l'oppidum
Date : 52 av. J.-C.
Lieu : Gergovie, près de Nemossos, Auvergne
Issue : Victoire gauloise
Bélligérants
Coalition gauloise République romaine
Commandants
Vercingétorix Jules César
Forces en présence
30 000 fantassins
archers et cavaliers à proximité de l'oppidum et à l'intérieur
6 légions :
24 000 fantassins, la cavalerie auxiliaire et la cavalerie éduenne (10 000)
Pertes
inconnues ~ 700 morts
Guerre des Gaules
Bibracte (58) — Ochsenfeld (58) — L'Aisne (57) — Le Sabis (57) — Octodure (57) — Morbihan (navale) (56) — Aduatuca (54) — Avaricum (52) — Gergovie (52) — Lutèce (52) — Alésia (52) — Uxellodunum (51)
Liste des guerres et des batailles de la République romaine
Série Rome antique

Le siège de Gergovie, en 52 av. J.-C., est une des batailles principales de la Guerre des Gaules. Elle vit les forces gauloises rassemblées sous la conduite de Vercingétorix repousser victorieusement les assauts des légions romaines de Jules César, qui assiégeaient l'oppidum de Gergovie, à proximité de la cité arverne de Nemossos (peut-être l'actuelle Clermont-Ferrand, sans certitude[1]).

Sommaire

Localisation

Une localisation débattue

À l’instar d’Alésia, le site de la bataille de Gergovie fut également l'objet d'une controverse de localisation, quoique moins connue. Revenir sur ce débat est nécessaire, car seule la confrontation au terrain et aux trouvailles archéologiques peuvent renouveler l’étude des événements. Les refuser c’est se condamner à ressasser le texte de César et bloquer le progrès de la science historique. Par bien des aspects la controverse rappelle celle d’Alésia. Les opposants au site officiel s’appuient avant tout sur le texte de César, et l’on peut retrouver entre les deux parties une querelle entre philologues et historiens. Les seconds accusant les premiers de surévaluer l’information que l’on peut tirer du texte latin. Des aspects plus locaux sont aussi à souligner, et comme pour Alésia l’opposition initiale au site officiel répond sans doute aussi à des considérations en partie politique, car Napoléon III est autant attaché au site de Gergovie-Merdogne (fig. 1) qu’il l’est à celui d’Alésia-Alise-Sainte-Reine, la querelle se teinte alors souvent de régionalisme contre une interprétation officielle suspecte de centralisme ou de parisianisme.

La querelle et sa persistance se comprennent cependant mieux dans le cas de Gergovie que dans le cas d’Alésia. En effet d’une part les sites concurrents sont très peu éloignés l’un de l’autre, à proximité de Clermont-Ferrand : le site officiel au sud, celui des Côtes au nord. D’autre part les deux sites portent des traces archéologiques incontestables d’occupation gauloise à une période proche de la bataille, à la différence du site concurrent d’Alésia-Alise, celui de Syam où la preuve définitive d’une occupation La Ténienne n’a pas été apportée. Il a été cependant très difficile de dater plus précisément ces oppida et encore plus d’apporter la preuve que l’un ou l’autre était la capitale des Arvernes en 52 av. J.-C..

La région de Clermont-Ferrand se distingue en effet au Ier siècle av. J.-C. par une importante densité humaine et un nombre d’agglomérations remarquable : aux oppida perchés de Gergovie et peut-être des Côtes, il faut ajouter ceux de Gondole et de Corent à 6km de Gergovie, où des découvertes archéologiques exceptionnelles ont récemment été faites, la cité de Nemossos mentionnée par Strabon, peut-être située à l'emplacement actuel de Clermont-Ferrand et l’agglomération de plaine d’Aulnat, sans doute antérieure à ces sites. À partir des fouilles menées par Vincent Guichard on pensait que vers 70 av. J.-C. Corent aurait été abandonné au profit de Gergovie. Cette relative instabilité urbaine n’est pas surprenante dans le monde celtique de cette période, mais elle ne favorise pas l’identification des lieux. Les campagnes de fouilles menées en 2007 essentiellement à Corent, mais aussi à Gondole et sur le plateaux de Gergovie ont bouleversé la donne : les sites de Gondoles et de Corent ont été occupés de manière contemporaine et simultanée et Corent a sans doute été le centre urbain des Arvernes jusque dans les années 50 avant notre ère[2]. Ces nouvelles données vont certainement conduire à considérer de nouveau le texte de César.

L’expansion urbaine autour de Clermont, mais aussi l’exploitation des ressources géologiques locales a de plus donné un caractère d’urgence à la querelle, le site des Côtes de Clermont étant doublement menacé, d’une part par le grignotage immobilier, d’autre part par l’exploitation d’une carrière qui a déjà considérablement endommagé la colline. Autour du site officiel de Gergovie, la pression immobilière est aussi forte.

Il n’est donc pas étonnant que la querelle ait rebondi durant les années 1990. D’une part Yves Texier, professeur de latin (université Bordeaux III) consacra sa thèse de doctorat (Clermont Ferrand II, 1995) à la localisation de la bataille confrontant les deux sites à travers une analyse essentiellement philologique. Il opta finalement pour une hypothèse privilégiant les Côtes de Clermont. D’autre part, en 1995, le Service Régional d’Archéologie lança une série de sondages archéologiques destinés à trancher la question, essentiellement en réexaminant le site de Gergovie sur la commune de la Roche Blanche. Ces fouilles menées par Vincent Guichard confortent selon lui l’identification traditionnelle et officielle : les fouilles de l’époque de Napoléon III menées par le colonel Stoffel furent confirmées et du matériel militaire romain d’époque républicaine retrouvé dans les fossés. Le site de Merdogne est aujourd'hui accepté sans réserve par la communauté des historiens et archéologues : la publication de l'important ouvrage collectif et international sur les fortifications romaines en Gaule a en effet consacré les recherches de V. Guichard sur le site[3]. En dehors de la communauté scientifique, le consensus ne s’est pas pour autant établi, et la thèse des Côtes garde des partisans autour de la métropole auvergnate.

Selon M. Poux (professeur d'archéologie, université de Lyon-II), l'emplacement de la bataille ne fait plus de doute : les combats ont eu lieu sur le site de Merdogne. En revanche, la nature exacte de l'organisation de l'agglomération principale des Arvernes doit être reconsidérée[4]. Il est possible que le toponyme Gergoia se soit appliqué anciennement à un périmètre beaucoup plus vaste, couvrant également les sites de Corent, de Gondole et du Bay. La cohabitation, au milieu du 1er s. av. J.-C., de ces différents gisements éloignés de 5 à 6 km seulement constitue désormais un fait avéré et elle est incompatible avec la vision d'un site urbain unique, limité à l'actuel plateau de Gergovie. Par ailleurs, le site de Corent est le seul des trois oppida du bassin clermontois a avoir livré les vestiges d'un centre urbain comparable à ceux reconnus dans d'autres capitales du monde antique. Il est aussi le seul dont l'occupation s'étend sur la presque totalité du siècle qui précède la bataille, entre les années 130 et 50 avant notre ère[5]. Par contraste, l'essentiel des vestiges mis au jour dans le même temps sur le plateau de Gergovie sont postérieurs à la conquête ou tout juste contemporains du siège [6]. L'extrême rareté des découvertes antérieures, abondamment documentées sur les sites voisins de Gondole et de Corent, semble exclure qu'il ait jamais constitué la capitale du peuple arverne indépendant. Même s'il reste indissociable du toponyme de Gergovie, il est possible qu'il n'ait constitué qu'un lieu de refuge inhabité, une citadelle militaire sur lequel se serait cristallisé le conflit de 52.

Site officiel de Gergovie

C’est d’abord sur la base de la toponymie que ce site fut proposé. Un lieu habité du nom de « Gergoia » est mentionné sur la pente ouest du plateau dès le Xe siècle. Si c’est seulement depuis les fouilles de Napoléon III que le village de Merdogne a été rebaptisé Gergovie, le toponyme est bien attesté pour le plateau dès le moyen-âge. Dès le XVIe siècle, le florentin Gabriel Simeoni avait proposé l’identification, se basant sur l’indice toponymique. La découverte de restes gaulois et gallo-romains sur le plateau appuya cette hypothèse.

Les opposants à cette théorie objectaient de l’incertitude qui pèsait sur les trouvailles de Stoffel et sur l’abondance des restes postérieurs à César dans l’oppidum et dans le matériel découvert. Ils mettent en doute le caractère explicite du matériel récemment retrouvé et insistent sur le texte de César et son incompatibilité avec la disposition des lieux. Ils font remarquer l'accessibilité trop facile du plateau de Merdogne et son absence de points d'eau, qui cependant n'est peut-être pas totale - la présence de puits et d'une ville gallo-romaine sont incontestables -, ni vraiment incompatible avec le texte césarien (VII, 36). La localisation de Gergovie à Merdogne n'a toutefois plus fait l'objet de contestation dans la littérature scientifique depuis la publication des fouilles de Y.Deberge et V. Guichard[7].

Site des Côtes de Clermont

Si, pour Alésia, le site d’Alise fut contesté dès le XIXe siècle, ce n’est qu’en 1933 que le site des Côtes de Clermont fut proposé en alternative au site officiel, par Maurice Busset.

L'oppidum de Gergovie est décrit par César comme n'ayant que des accès difficiles (omnes aditus difficiles habebat). Or, le site officiel de Gergovie, attribué par Napoléon III, ne correspond pas à cette description : il s'agit d'un long plateau assez facilement accessible par l'ouest. Maurice Busset, sur la base de fouilles maladroites, selon les mots mêmes des partisans du site des Côtes (Y. Zaballos, 1996), ne fut pas réellement suivi.

À partir de 1952 cependant, Paul Eychart s’attacha à donner des bases plus solides à l’hypothèse des Côtes de Clermont. Des sources, des habitats gaulois et des soubassements de constructions furent trouvés au sommet des Côtes. L’hypothèse des Côtes place le petit camp de César au sommet de la colline de Chanturgue, encore aujourd’hui épargnée par l’urbanisation, et le grand camp à l'emplacement de la ville actuelle de Montferrand, au plan rectangulaire très caractéristique. Les menaces sur le site des Côtes ont fait que le combat pour la localisation historique est aussi devenu un combat pour la sauvegarde d’un lieu progressivement détruit par l'activité industrielle : de querelle érudite, le débat s’est porté sur les modalités de l’expansion urbaine de l’agglomération clermontoise et sur la pertinence de l’exploitation des carrières de basalte dans cette région du Puy-de-Dôme. Le travail d’Yves Texier a apporté une solide caution philologique à l’hypothèse, mais s’il fut publié en 1999, il avait été élaboré pour l’essentiel avant les dernières fouilles menées sur le site officiel. Pour les associations locales attachées au site, la controverse est toujours vive, parce que les fouilles approfondies sur les Côtes, qui, selon ces associations, pourraient être déterminantes, n'ont toujours pas été autorisées, alors qu'une grande partie du site est en cours de destruction par l'exploitation des carrières de basalte.

Les opposants à la théorie des Côtes de Clermont mettent en avant l’absence de trouvailles archéologiques incontestables : ainsi la présence d’un camp romain sur la colline de Chanturgue n’a pas convaincu la majeure partie des archéologues et les restes topographiques mis en avant pour soutenir l’hypothèse sont difficilement compatibles avec un petit camp provisoire de la fin de l’époque républicaine. Les partisans du site officiel mettent aussi en avant le caractère secondaire et limité de l’occupation humaine celtique au sommet des Côtes, V. Guichard n'y reconnaissant pas de fortifications caractéristiques de l'époque. Le mobilier archéologique découvert par M. Eychart (voir les planches publiées dans son ouvrage) sur le site des Côtes et ses abords immédiats se rapporte à une période d'occupation bien antérieure à l'épisode de la Guerre des Gaules, en très grande partie datable des IIIe-IIe s. av. J.-C. L'occupation du Ier s. av. J.-C., moment de la conquête, y est plus que discrète. Par ailleurs, les récentes découvertes de Corent permettent de mieux connaître la fin de l’époque gauloise indépendante et renforcent la crédibilité d’un emplacement de la capitale de Vercingétorix sur le plateaux de Merdogne, fort proche de Corent. Enfin, le suivi systématique des aménagements urbains et de l'extension de la carrière, dans le cadre de l'archéologie préventive par l'AFAN puis l'INRAP, sur et aux abords du site des Côtes (y compris sur le secteur de Montferrand) n'ont jamais permis la découverte de vestiges se rapportant à cet épisode de la fin de la période gauloise. Actuellement l'hypothèse des Côtes de Clermont n'apparaît plus dans la littérature scientifique traitant de la question.

Histoire

Le récit de la bataille dépend avant tout de celui de César, source qui n'est évidemment pas objective et tente de masquer au mieux la défaite. Comme pour le reste du récit césarien, il faut donc prendre le texte de César avec la critique historique nécessaire.

Forces en présences

fig. 2 : soldat arverne sur une monnaie trouvée en Auvergne

Jules César dispose de 6 légions ; les 4 autres sont sous le commandement de Labiénus qui mène des batailles plus au nord contre les Parisii et les Sénons. Ses alliés gaulois sont de moins en moins nombreux et leur fidélité plus fragile. Les dirigeants des cités gauloises se sont divisés, y compris au sein des alliés les plus fidèles, les Éduens. À Decize, César, au retour d'Avaricum, est intervenu dans les affaires politiques des Éduens et pensait les avoir réglées en sa faveur en choisissant Convictovitalis comme magistrat suprême des Éduens.

Avec les Arvernes, César se trouve confronté à l'un des peuples les plus prestigieux et les plus puissants. L'archéologie a récemment révélé la densité de l'occupation humaine antique dans la plaine de la Limagne et ses abords. Elle a aussi confirmé les témoignages antiques, essentiellement celui de Posidonios, sur le faste des rois arvernes de la fin du IIe siècle avant notre ère. Si les Arvernes avaient été déjà vaincus par les Romains lors de la conquête de la future Narbonnaise, et étaient restés prudemment neutres lors des débuts de la guerre des Gaules, leur puissance et leur richesse étaient toujours considérables. César cependant espérait peut-être que des dissensions éclateraient au sein des Arvernes : la prise de pouvoir de Vercingétorix était récente et des notables arvernes s'y étaient opposés, comme Gobannitio, l'oncle de Vercingétorix.

Mais du côté Gaulois la légitimité de Vercingétorix semble s'être accrue, et la défaite d'Avaricum a entériné son discernement et son sens stratégique plus qu'elle n'a entamé le moral des Gaulois dont les pertes sont annulées par des ralliements. Le décompte exact des forces gauloises est inconnu, mais la plus grande partie des forces de la coalition était présente revenue depuis Avaricum et renforcée de récents ralliements, comme celui des Nitiobroges venus d'Aquitaine ou des Rutènes et des Gabales venus du sud du pays arverne.

Siège de Gergovie par César[8],[9],[10],[11]

César et ses troupes arrivèrent sur place depuis le nord en suivant le cours de l'Allier sur la rive droite. Après un franchissement de l'Allier qui nécessita la ruse, César parvint en quatre étapes à Gergovie.

Dispositions des troupes

L'oppidum (70ha) et les sommets voisins sont occupés par les troupes de Vercingétorix. Compte tenu des difficultés d'accès à l'oppidum constatées par César, le siège de la ville n'est décidé qu'après avoir assuré l'approvisionnement des troupes. César fait d'abord construire un grand camp et cherche à améliorer ses positions, d'autant plus que des engagements réguliers ont lieu. Il utilise alors deux légions pour déloger une troupe gauloise d'une colline proche de l'oppidum. Il y fait installer un petit camp ainsi qu'un double fossé de douze pieds de large qui permet aux Romains de circuler entre les deux camps en étant protégés des forces ennemies.

La cavalerie éduenne

À ce moment-là du siège, César dispose encore du soutien des Éduens qui doivent lui envoyer des cavaliers. Toutefois, c'est sans compter sur Convictolitavis qui tente de faire comprendre à certains jeunes Éduens — notamment Litaviccos — que leur aide serait plus précieuse aux Gaulois qui se battent pour l'indépendance de leurs territoires. C'est ainsi que les Romains doivent faire face à la défection de ce peuple qui était jusqu'alors leur principal soutien. Derrière les motivations de ce retournement, telles que rapportées par César - corruption et volonté d'indépendance - il faut deviner un basculement politique dans le cadre de luttes politiques internes aux cités gauloises (voir S. Lewuillon, 1999).

fig. 3 : reconstitution moderne d'une baliste romaine

La menace est grave : la cavalerie éduenne pourrait prendre à revers les Romains et elle compte dix mille hommes. C'est donc un piège décisif qui peut se refermer sur l'armée romaine. César, mis au courant de cette action par Eporédorix, un notable éduen, quitte immédiatement sa position à Gergovie pour aller à l'encontre de ces Éduens. Il prend pour cela la tête de quatre légions et de toute la cavalerie. Deux légions seulement restent aux camps, dirigées par le légat Caius Fabius. César parvient à ramener une grande partie des troupes éduennes à l'alliance romaine alors que celles mises sous le commandement de Litaviccos ont tôt fait d'atteindre l'oppidum de Gergovie.

Durant l'absence de César, les Gaulois attaquent les camps romains. César, informé de cette attaque, rentre de nuit vers Gergovie et les camps romains. Il arrive avant le lever du soleil. Bien qu'inférieures en nombre aux assaillants gaulois, les troupes de Fabius ont tenu, en particulier grâce à leur artillerie (catapultes et balistes, voir figure 3). Le piège qui aurait pu anéantir César et ses troupes a été déjoué, mais la position romaine n'en est pas meilleure pour autant.

L'échec de la tentative d'assaut romaine

Tentative d'assaut de Gergovie par César[8],[9],[10],[11]

César tente ensuite une ruse pour vaincre l'assiégé ; il feint de vouloir prendre une colline qui auparavant était envahie de Gaulois. Pour cela, il y envoie des troupes ainsi que des légionnaires déguisés en cavaliers. Pendant ce temps il fait passer le gros de ses troupes du grand camp au petit camp grâce au double fossé. Les Éduens qu'il a réussi à rattacher à son mouvement font une attaque par la droite en sortant du grand camp.

Cela semble fonctionner jusqu'au moment où César, à la tête de la dixième légion, sonne la fin. La topographie déjouant ses plans, bon nombre d'entre ses troupes n'entendent pas ce signal et continuent à se battre jusqu'au-dessous des remparts, notamment des soldats de la huitième légion. De plus, ils confondent les Éduens qui manœuvraient en diversion sur leur flanc avec les assiégés, ce qui provoque leur retraite dans de très mauvaises conditions. L'armée romaine essuie alors des pertes importantes. Elle ne rétablit sa position que lorsque les soldats qui étaient parvenus jusqu'au rempart et avaient pu en réchapper firent la jonction avec la dixième légion et des troupes de la treizième. Vercingétorix n'a pas lancé de poursuite plus avant, c'est la fin de la bataille. Le siège n'est plus tenable les risques sont trop grands compte-tenus des troupes rassemblées par César.

L'issue du siège est favorable aux Gaulois. Jules César admet une perte d'environ sept cent hommes dont quarante-six centurions.

La retraite vers le nord de la Gaule

César décide de quitter les lieux en faisant croire qu'il part pour soutenir Labiénus dans ses batailles et ne montre nullement qu'il vient de faire face à un échec important. Après avoir tenté en vain de provoquer une bataille en rase-campagne, les Gaulois étant restés dans l'oppidum, et ne sortant que pour quelques escarmouches, César et ses armées quittent l'Auvergne en reprenant l'itinéraire longeant l'Allier. Les cavaliers éduens quittent la colonne de César : l'alliance avec les Éduens est morte.

Si le chef romain a évité le piège consécutif au retournement politique des Éduens, réussissant in extremis et momentanément à reprendre le contrôle de leur cavalerie, il a échoué à reprendre le contrôle total de la situation et il doit manœuvrer dans des contrées de plus en plus hostiles.

Sources archéologiques

Les remparts de Gergovie

Les fouilles du colonel Stoffel dans les années 1860 mirent au jour des fossés, à la suite desquels on situe le petit camp de César sur la colline de la Roche Blanche (5,5 ha) et le grand camp à la Serre d’Orcet (35 ha). Des fouilles menées de 1936 à 1939 retrouvèrent les fossés, mais leur publication médiocre ne permit guère l’exploitation des trouvailles. Les années 1940 virent des fouilles importantes menées sur le plateau (oppidum gaulois), notamment par les membres réfugiés de l’université de Strasbourg. Les sondages entrepris en 1995 confirmèrent les trouvailles de Stoffel et permirent de mieux évaluer la taille antique des fossés, aujourd’hui très érodés. Du matériel bien daté de l’époque correspondant à la guerre des Gaules a été trouvé (amphore Dressel 1), ainsi que du matériel militaire romain (traits de catapultes en fer trouvés dans les fossés du petit camp). Pour de nombreux spécialistes de la période, comme Christian Goudineau, la démonstration était faite que Gergovie se trouvait bien sur le site officiel. Une des dernières campagnes de fouilles a révélé une portion de rempart à la construction peu soignée, témoignant sans doute d'un travail fait dans l'urgence et qui pourrait correspondre aux fortifications improvisées que César signale dans son récit de la bataille[12].

Le mur de l'oppidum découvert à la suite des fouilles archéologiques récentes.

Plus récemment les fouilles ont dégagé un trait de catapulte romaine figé dans le rempart. Le matériel est identifié avec certitude par comparaison avec les trouvailles du Puy d'Issolud et permet de dater la muraille de Gergovie tout en apportant une confirmation éclatante de la localisation de la bataille[13]

Les inhumations de Gondole

À la confluence de l'Allier et de l'Auzon, le site de Gondole (Le Cendre, Puy-de-Dôme) est l'un des trois plus importants oppida Arverne. Cette place forte gauloise, fut occupée durant les dernières décennies du second âge du Fer (entre -70 et -20 avant notre ère, période dite de "La Tène D2") et le début de la conquête romaine. Huit hommes et leurs chevaux, alignés quatre à quatre sur deux rangées, ont été dégagés à quelques 300 m à l'extérieur du rempart de la cité. Tous ont été enterrés simultanément dans une fosse rectangulaire, sur le flanc droit, têtes au sud et regard à l'est. Sept individus sont des adultes, le dernier est un adolescent. Presque tous ont le bras gauche en avant, souvent posé sur le squelette qui les précède. Aucune arme, parure ou offrande, aucun élément de harnachement n'ont été déposés. Il s'agit de chevaux gaulois (petits chevaux de 1,20 m au garrot). La présence de chevaux dans une sépulture gauloise est un fait exceptionnel. La cause du décès des hommes et de leurs chevaux reste aujourd'hui totalement inexpliquée : aucune trace évidente de traumatisme ayant pu entraîner la mort n'a été observée sur les squelettes. Ces inhumations pourraient-elles être liées à quelque bataille ? La découverte de "charretées d'ossements humains et de chevaux" extraites aux environs immédiats durant le XIXe s. laisse supposer un événement hors du commun. Si les affrontements engagés entre armées gauloises et césarienne viennent immédiatement à l'esprit (César, Bello Gallico, Livre VII, 34-45), aucun élément, tant archéologique que chronologique ne permet de confirmer cette hypothèse.


Références

Notes

  1. « Son identification reste incertaine. » V. Kruta, Les Celtes. Histoire et dictionnaire, Paris, 2000, p. 752.
  2. Rapport des fouilles 2007 dirigées par M. Poux[1]
  3. M. Reddé, R. Brulet, R. Fellmann, J.K. Haalebos, S. von Schnurbein dir., L'architecture de la Gaule romaine I : les fortifications militaires, Ausonius édition - dAf 100, Paris et Bordeaux, 2006, p. 371 : "Ces observations, associées aux découvertes archéologiques sur le plateau lui-même et à la toponymie, ne laissent planer aucun doute quant à la localisation de la Gergovia de César"
  4. Thèse d'habilitation à diriger des Recherches (inédite) soutenue en 2005 à l'Université de Provence
  5. Rapport des fouilles 2007 dirigées par M. Poux[2].
  6. Voir les différents rapports de fouille mis en ligne sur le site www.gergovie.arafa.fr
  7. Y. Deberge et V. Guichard, "Nouvelles recherches sur les travaux césariens devant Gergovie (1995-1999)", RACF, 2000, 39, pp. 83-111
  8. a  et b L. Keppie, The making of the roman army, carte p.90-91
  9. a  et b T.A. Dodge, Caesar, carte p.253 et suivants
  10. a  et b Atlante Storico De Agostini, Novara 1979, carte p.26
  11. a  et b Site et carte de la bataille de Gergovie (de)
  12. Jules César, Commentaires sur la Guerre des Gaules, Livre VII, 45 et 48.
  13. Photo du trait de catapulte et conditions de sa découverte sur le site des fouilles de Gergovie

Sources primaires

Publications historiques et scientifiques contemporaines

  • Yann Deberge, Vincent Guichard, Nouvelles données archéologiques sur la bataille de Gergovie. Revue Archéologique du Centre de la France, 39, 2000, p. 83-111.
  • C. Goudineau, César et la Gaule, Paris, (1990) 2000.
  • M. Provost, C. Mennessier-Jouannet, Carte archéologique de la Gaule, tomes 63/1 et 63/2, Paris, 1994
  • D. Leguet et D. Tourlonias, Gergovie, Clermont-Ferrand, 1996 (guide du site officiel)
  • Y. Zaballos, Gergovie, défaite de César sur les Côtes de Clermont, 1996 (brochure sur le site des Côtes).
  • Yves Texier, La question de Gergovie : essai sur un problème de localisation. collection Latomus, Bruxelles, 1999. 417 p. (analyse essentiellement philologique, plaidoyer pour une révision de la localisation en faveur des Côtes de Clermont)
  • Vincent Guichard, « Gergovie », in L’année terrible, L’Archéologue Hors série, n° 1, 1998, pp. 30-33 (fouilles du site de la Roche Blanche, photographies des trouvailles : traits de catapultes et amphores Dressel 1).
  • S. Lewuillon, Vercingétorix ou le mirage d'Alésia, Paris, 1999.

Ouvrages de fictions concernant ou mentionnant la bataille

Articles connexes

Liens externes


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