Bérenger (chansonnier)

Bérenger (chansonnier)

Pierre-Jean de Béranger

Pierre-Jean de Béranger
Pierre-JeanBeranger.jpg

Naissance 1780
Paris
Décès 1857 (à 77 ans)
Paris
Nationalité France France
Profession(s) Chansonnier

Pierre-Jean de Béranger né le 19 août 1780 à Paris, de Jean-François Béranger de Mersix et de Marie-Jeanne Champy et mort dans cette même ville le 16 juillet 1857 est un chansonnier français.

Sommaire

Les premières années

Pâlot et chétif, il n’est envoyé que tardivement à l’école où il ne se sent pas à l’aise. Ses vrais instituteurs et éducateurs sont les grands-parents Champy. On le conduit parfois chez sa mère qui, aimant le théâtre, les bals, les parties de campagne, l’emmène avec elle.

Début 1789, après avoir couru les routes, Béranger de Mersix se fixe de nouveau à Paris et fait entrer son fils comme pensionnaire chez l’abbé Chantereau. Le père de Pierre-Jean était un agent d’affaires, ardent royaliste, qui se compromit pendant la Révolution française et qui fut obligé de se cacher. Il rencontre alors Charles-Simon Favart, fondateur de l’opéra-comique. Malgré ses 79 ans, celui-ci porte encore avec orgueil le titre de « chansonnier de l’armée » que lui avait donné le maréchal de Saxe. Plus tard, Béranger verra dans cette attirance la marque de sa vocation.

Las de payer le prix de la pension, son père décide de l’envoyer chez sa tante qui tient une auberge à Péronne. L’état de garçon d’auberge ne lui convient pas et il passe chez un notaire devenu juge de paix. Savant, disciple fervent de Rousseau et passionnément éducateur, M. de Ballue de Bellenglise recrute les gamins de Péronne qu’il endoctrine dans une école primaire gratuite l’Institut patriotique. Il travaille à faire de cette jeunesse des citoyens utiles à la patrie. Après la rhétorique « rousseauiste » et révolutionnaire, les recrues entonnent des chants républicains. Jamais Pierre-Jean n’a senti aussi profondément la puissance de la chanson. Il y puisa quelques instructions, mais sans s’initier aux langues anciennes. Pour compléter son éducation, il entre à 14 ans comme apprenti chez l’imprimeur Laisney où il parvient à s’initier à la poésie. La nostalgie de son séjour à Péronne inspirera à Béranger Souvenirs d’enfance.

De retour à Paris en 1795, Pierre-Jean, pour être commis chez son père, qui faisait alors de la banque, fait immédiatement l’apprentissage de prêteur sur gages. Son père se repose sur lui pour faire prospérer ses affaires alors qu’il prépare le retour du roi, mais la maison fait faillite. Avec les débris de sa fortune, il achète un cabinet de lecture. Pierre-Jean trouve une mansarde au sixième étage. Il passe des heures au cabinet de lecture et, revenant à sa vocation antérieure, aligne des rimes, glorifie de son mieux l’amour, les femmes, le vin, tente la satire… Il se livre à la poésie, s’essayant successivement dans l’épopée, l’idylle, le dithyrambe, la comédie, et ne s’attache qu'assez tard au genre qui devait l’immortaliser. Le soir, il remonte dans sa mansarde : le Grenier.

Après avoir lu Léonard et Gessner, il tâche de composer des idylles et en réussit une, « Glycère », qui parait dans « Les Saisons du Parnasse ». Après, c’est le grand poème qui l’attire et il esquisse un « Clovis », puis c’est la comédie satirique. Son goût n’est pas encore très sûr et les modèles lui manquent. Dans les appartements du docteur Mellet à Montmartre, une académie de chanson se fonde où Pierre-Jean, suivant la veine du XVIIIe siècle, développe ses dons et essaie sa muse. Son ami Wilhem (1782-) adapte ses airs (comme « les Adieux de Marie Stuart ») sur ses romances dolentes.

Courant Paris à la recherche d’un « protecteur », il s’adresse en 1804 à Lucien Bonaparte. Il joint à sa lettre quelque cinq cents vers, dont Le Déluge. Bonaparte lui donne procuration pour toucher son traitement de membre de l’Institut. En 1809, sur les recommandations d’Arnault, il est attaché comme expéditionnaire aux bureaux de l’Université. Tout en s’acquittant de sa besogne de copiste, il fait de joyeuses et piquantes chansons. Au début des années 1810, il est déjà célèbre à Péronne. On l’appelle pour présider des banquets et égayer le dessert par ses chansons. Il retrouve une veine gaillarde, libre des fadeurs de la mode, ainsi la chanson « les Gueux », inspirée d’un refrain bohème du XVIIe siècle.

Du Caveau au peuple

Pierre-Jean de Béranger.

Fin 1805, l’ancien Caveau ressuscite. La Clé du Caveau est publiée chaque année. Ce recueil de chansons et d’airs permet à Béranger (entré au Caveau moderne fin 1813), Désaugiers et leurs amis de faire connaître leurs chansons au peuple, mais des copies circulent déjà, et Béranger est connu pour Le Sénateur, Le Petit Homme gris, et surtout Le Roi d’Yvetot. En novembre 1815, Béranger hasarde la publication de quelques airs : Les Chansons morales et autres. Le succès lui donne de l’assurance et il prend position dans le libéralisme.

Après le retour du roi Louis XVIII en 1815, Béranger va exploiter les thèmes du respect de la liberté, de la haine de l’Ancien Régime, de la suprématie cléricale, du souvenir des gloires passées et de l’espoir d’une revanche. Alors que la presse n’est point libre, il renouvelle la chanson dont il fait une arme politique, un instrument de propagande : il attaque la Restauration et célèbre les gloires de la République et de l’Empire. C’est le temps de La Cocarde blanche et du Marquis de Carabas. Béranger apporte la poésie dont ont besoin ceux qui ont déserté la cause royale. Le cercle de ses amitiés s’élargit et on le voit dans de nombreux salons. Il accepte de collaborer à la Minerve avec Étienne de Jouy, Charles-Guillaume Étienne et Benjamin Constant.

En 1820, le Vieux Drapeau est clandestinement répandu dans les casernes. Béranger devient vraiment la voix du peuple ou « l’homme-nation » comme le dira Lamartine. Son œuvre de poète pamphlétaire est déjà considérable : il a attaqué les magistrats dans Le Juge de Charenton, les députés dans Le Ventru, les prêtres et les jésuites partout. Ses chansons paraissent en deux volumes le 25 octobre 1821. En huit jours, les dix mille exemplaires sont vendus et l’imprimeur Firmin Didot prépare une nouvelle édition.

Tombe de Béranger, enterré avec son ami Manuel

Il est en 1821 privé de son modeste emploi, poursuivi et condamné à trois mois de prison et 500 francs d’amende ; en 1828, il se voit condamner de nouveau, mais cette fois à neuf mois de prison et 10 000 francs d’amende. Ces condamnations ne font que rendre son nom plus populaire ; l’amende est acquittée par souscription. Après la révolution de 1830, il traite surtout des sujets philosophiques et humanitaires[1]. Jaloux de son indépendance, il ne veut accepter aucun emploi de la monarchie de Juillet et, en 1848, élu représentant du peuple, il refuse de siéger. Aussi bienfaisant que désintéressé, il n’use de son crédit que pour rendre service. Il meurt pauvre : le gouvernement impérial fait les frais de ses funérailles.

Le fauteuil où est mort Béranger, fait partie des collections du musée Carnavalet, où il est exposé. La tombe de Pierre-Jean de Béranger se trouve au cimetière de l'Est parisien, (Père Lachaise) 28 ème division.

Après avoir débuté par des chansons bachiques et licencieuses qui l’auraient laissé confondu dans la foule, il sut se créer un genre à part : il éleva la chanson à la hauteur de l’ode. Dans les pièces où il traite de sujets patriotiques ou philosophiques, il sait le plus souvent unir à la noblesse des sentiments, l’harmonie du rythme, la hardiesse des figures, la vivacité et l’intérêt du drame.

On peut trouver :

  • la Sainte Alliance des peuples ;
  • Le Vieux drapeau ;
  • Le vieux sergent ;
  • Les Enfants de la France ;
Béranger en prison à La Force.
  • l’Orage ;
  • le Cinq mai ;
  • Les Souvenirs du Peuple ;
  • le Champ d’Asile ;
  • les Adieux à la gloire ;
  • le Dieu des bonnes gens ;
  • le Bon Vieillard ;
  • les Hirondelles ;
  • les Quatre âges ;
  • le Déluge;
  • le Pape musulman.

Béranger avait publié son premier recueil en 1815 sous le titre malicieux de Chansons morales et autres ; il en publia trois nouveaux en 1821, 1825 et 1833. Ce dernier qui parut sous le titre de Chansons nouvelles et dernières, est dédié à Lucien Bonaparte, pour lequel il avait conservé une vive reconnaissance.

Il a laissé une centaine de chansons inédites, qui forment une sorte de romancero napoléonien, sa propre Biographie et une Correspondance.

Un homme reconnu

Statue de Béranger dans le square du Temple, par Henri Lagriffoul

De très nombreuses et grandes figures du XIXe siècle ont rendu hommage à Béranger de son vivant.

  • Chateaubriand: « Un des plus grands poètes que la France ait jamais produits »
  • Goethe: « Béranger est le génie bienfaisant du siècle »
  • Sainte-Beuve: « C’est un poète de pure race, magnifique et inespéré »
  • Béranger est très apprécié aussi d’un grand nombre de médecins et de scientifiques. Il écrit au sujet de son ami le docteur Pierre Bretonneau : C’est un savant d’une modestie parfaite et d’un désintéressement peu commun dans la capitale. Il est de plus homme d’esprit et de bonté extrême. Vous voyez que si je meurs ici, ce ne sera pas dans les mains d’un barbier de village...
  • Eugène Sue cite une strophe entière de sa chanson « le Dieu des bonnes gens » dans son roman-feuilleton le Juif errant (XIIe partie, chapitre 3). Sans le citer Sue évoque « ce couplet de l’immortel chansonnier ».

Bibliographie

Source partielle

« Pierre-Jean de Béranger », dans Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang [sous la dir. de], Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, 1878 [détail des éditions]  (Wikisource)

Prolongements

Le chanteur français Jean-Louis Murat a repris certaines de ses chansons dans l’album 1829, sorti en 2005, et trois autres chansons dans l'album Mockba. Le chanteur français Hubert Humeau a enregistré huit chansons de Béranger accompagnées au piano-forte en 1982. Reprise de « Passy » et « La double ivresse » dans une édition de 1999. Sortie en mars 2007 : Chansons de Béranger 1800 à 1828.

Le Hall de la Chanson a célebré les 150 ans de sa mort en organisant une rencontre avec des spécialistes et des artistes proposant des entretiens et des chansons filmés au collège Béranger, en décembre 2007[2].

La rue du 3e arrondissement de Paris où vécut Béranger a pris son nom, de même que le collège qui s’y trouve. Dans le square du Temple voisin, une statue représente le chansonnier. C’est la seconde à son effigie : une première statue en bronze, due à Amédée Doublemard, fut érigée en 1855 et détruite en 1942. Elle a été remplacée en 1953 par la statue actuelle, en pierre, de Henri Lagriffoul[3].

Liens internes

Notes et références

  1. Un de ses chansons intitulée Le vieux vagabond a été mise en musique par Liszt,alors saint-simonien, cf M. Faure, Histoire et poétique de la mélodie française, CNRS éditions,2000, ISBN : 2-271-05805-8, [1]
  2. Les entretiens du Hall au collège Béranger
  3. Mémoire des rues – Paris 3e arrondissement 1900-1940, Meryam Khouya, éditions Parimagine, 2004
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