Ramdane Touhami

Ramdane Touhami

Ramdane Touhami (né le 23 septembre 1974 A Montauban, France) est un artiste, créateur de mode, designer, DJ et journaliste français.

Souvent qualifié de touche-à-tout par la presse internationale, son tempérament insolent et engagé ainsi que sa créativité débordante lui ont permis très jeune de s’imposer dans le milieu très select de la mode parisienne tout en voyageant en Asie et en Europe pour gérer ses différents commerces (les bougies Trudon et Carrières Frères notamment). Il est aujourd’hui à la tête de deux griffes de vêtements à son nom, Résistance et RT, du restaurant L’Africain à Tangerr et de la plus ancienne manufacture de cire au monde, la Cire Trudon


Sommaire

La mode par le skate : Teuchiland et King Size

"Teuchy"

Ramdane a développé face à la mode et à ses règles, l’attitude enseignée par l’exercice du Skate. Dans la ville, chaque marche, chaque courbe, chaque rampe, toutes les surfaces, tous les gaps prennent un relief saisissant, suggèrent un tracé tout personnel, un trick inédit. Conduit à la « mode » par la voie du skate, Ramdane a conservé cette vision précise, inspirée et anticipée du terrain qu’il appréhende.

Le premier vêtement conçu est une réponse de circonstance, le premier tee-shirt est un trick. Au lycée, Ramdane partage sa chambre avec un autre skateur inscrit dans la branche « textile ». Ni l’un ni l’autre ne trouvent alors de quoi leurs appétits de style. Cet ami a créé sa marque de tee-shirts et de baggies : « Ritch Abracadabra ». Ramdane observe et prend goût au « vêtement » tandis qu’il mesure le pouvoir de persuasion de la mode.

En 1993, il crée le premier tee-shirt « Teuchy », sample spontané de « Stussy », célèbre graphe d’une marque de skateurs. 100 pièces sont alors sérigraphiées pour un investissement de 6000 FF. Elles sont vendues en deux semaines, le buzz est immédiat et Ramdane a pris goût à l’affaire. En quelques mois, le lycée s’éloigne tandis qu’il parvient à saturer le marché des skateurs de son coin de Tarn-et-Garonne natal.

Paris. Métro Châtelet. Dans la rue Saint-Denis s’affiche alors une des boutiques de Hip-Hop les plus célèbres du temps : « Alpha New York store ». Passé par hasard devant la vitrine et décidé dans le projet d’un autre trick, Ramdane entre et propose ses pièces. Première commande de 100 « Teuchy »-shirts, première diffusion parisienne. Dans l’élan, Ramdane sample une seconde marque et crée « Teuchiland ». C’est un vrai succès. Les pièces se diffusent d’abord dans le milieu du Skate et du Hip-Hop pour rapidement passer dans la rue, voire sur le dos de quelques célébrités cryptées. Le meilleur signe de cet engouement est la contrefaçon subie par la collection. Elle contribue à inciter Ramdane à poursuivre son ride. Entre contest de Skate, fin de scolarité et arrivée définitive à Paris, il croise, un jour de fin d’été 95, en déambulant sur les Champs, l’un de ses tee-shirts sur le dos d’un non-initié. Effet singulier et marquant du vêtement conçu, réalisé, vendu, et enfin porté par un autre public, plus large, plus lointain, hors de la nation skate : première leçon d’expropriation… grisante.

"King Size"

Début 1996, fermement décidé à amplifier l’expérience, Ramdane recherche un producteur. Il arpente le sentier, se présente comme styliste auprès de différentes maisons. L’une d’elle l’accueille, l’installe sur sa boutique et, avec ce soutien, Ramdane lance « King Size », qui sera la toute première marque française de vêtement de Skate. « French savoir-faire finaly comes to skateboarding ». Cette fois, Ramdane crée une collection complète : pantalons, blousons, tee-shirts, sweats…30 pièces sont réalisées. Il travaille sur les toiles « denim », leur grammage, se passionne pour la qualité des tissus, les coupes…62 boutiques distribuent la marque en Europe. En France, Ramdane parvient en peu de temps à se taille 30% de parts de marché du vêtement Skate, monopolisé jusqu’alors par l’industrie américaine. Son projet est alors de s’associer avec d’autres marques européennes et de lancer un mouvement de « Skateurs réunis » : E.U, dont le principe est de créer un contre-pouvoir face aux marques américaines. Ramdane tente de susciter cette révolte clanique, mais le milieu du Skate reste divisé et, lasser par le manque d’audace des investisseurs, il lâche l’affaire en avril 1997.


Le Skate et son business inculquent à Ramdane plusieurs notions fondatrices, le goût de la réactivité et de l’éclectisme. Ensemble, ils éduquent son œil (architecture, design, graphisme, mode…) et entraînent son aptitude à se démarquer vite et bien. Un Skate park est avant toute chose un espace urbain, libre, où règne l’inventivité, l’innovation. C’est également un univers où ont émergé, tirées de la rue et de ses murs, de la parole et de la musique, des tendances avant d’inspirer le prêt-à-porter et même la Haute-couture.


Le lancement d’un magasin révolutionnaire : le « concept store » d’inspiration japonaise, « L’Epicerie » à Paris

Polette

Pendant toute cette période « King Size », une idée est en germe. Désormais rompu à la discipline de création (de la collection à l’identité graphique), et de production (de la réalisation à la distribution à la promotion), Ramdane rêve d’une factory bien à lui, un vrai « park » de la tendance où se mêlerait vêtements, accessoires, musiques, œuvres d’art, objets, meubles, magazines (en collaboration avec OFR)… Le concept de l’Epicerie est en herbe mais les financiers restent hésitants malgré l’investissement de base qu’il peut apporter. Janvier 1997, tandis que Ramdane est tout à son projet, s’ouvre rue Saint-Honoré, en grande pompe, avec force média et un skate trônant au rez-de-chaussée ( !), la boutique Colette ! Le succès de ce premier concept store parisien est exponentiel et la boutique devient très rapidement « in-tou-cha-ble » ! C’est en pleine love-story trendy que Ramdane crée, produit et diffuse, un tee-shirt provocateur qui fera le tour des rédactions de mode et que la boutique Colette elle-même tente de récupérer à la vente afin d’endiguer l’affaire : « Polette / de la balle si t’as d’la caillasse ». Au dos, un texte grinçant souligne ironiquement les dix commandements du « polettien ». Tiré à 286 exemplaires et diffusé par envois ciblés, ce tee-shirt donne le ton et Ramdane, avec un trick de plus, est intronisé « grand agitateur de la hype ».


L’Epicerie

Classof1999

L’ouverture de Colette le conforte dans son projet initial : un concept store certes, mais trashy, convivial, kamikaze avec l’envie de « faire l’histoire de la mode » à force de révolutions… Attentif à la courbe favorable, au handrail propice, il saisit l’affaire, force le hasard, et lance l’idée de L’Epicerie… Le mercredi 1er avril 1998, Ramdane organise une soirée « respect » à L’Epicerie, au Queen, sur fond de mix 80’s, lors de laquelle il doit divulguer la future adresse de la boutique. Le test est positif : presque 3 000 personnes viennent y attendre l’info… mais, secrètement, cette adresse n’existe pas encore ! Conscient de ne pas devoir manquer l’occasion souhaitée que lui offre ce buzz, Ramdane lève 300 000 FF, trouve un local et s’installe, avec Artus de Lavilléon, au 30 de la rue du Temple. Verrière un peu destroy, caisses de fret en bois en guise de présentoirs, improvisation jubilatoire entre vrais « potes », quelques posters de voitures (la vraie passion de Ramdane qu’il compte bien assouvir)… La boutique est née, et Ramdane devenu un fameux épicier !

Du 17 septembre 1998 au 3 avril 1999, se croisent à l’Epicerie créateurs confirmés ou encore inconnus : Jeremy Scott, « R. New Bold » (Paul Smith et Ian Paley), Gaspard Yurkievitch, Madeleine King, Marc Jacobs, André Walker, Alain Mikli, Eric Bergère, Alexander Van Slobhe, Etienne Zücher, Zeus, XII Prod, Eric Halley, Arnehn Institute, Franck Fournès, Ryo Maeda, Franck Slama, Fred Mathias… La démarche de Ramdane Touhami est volontairement militante : « L’Epicerie » soutient les créateurs, les talents, l’art. Seuls ou en collaboration, ils peuvent y présenter et y vendre toutes leurs idées : on y produit des vêtements, des accessoires, mais aussi un rarissime vin « château l’Epicerie » et quelques confitures devenues collectors. On y finance défilés, on y produit des œuvres, on y écoute de la musique… Ramdane crée sa propre collection qui compte environ 150 pièces et développe plusieurs imprimés exclusifs. La vie de la boutique est rythmée par des thèmes qui se succèdent, parfois limitées à une journée. L’Epicerie se transforme tour à tour, à la grande surprise de ses clients et visiteurs, en magasin de musique, en galerie d’art, en camps retranché camouflage pour une nuit etc. Le jeu d’invitation et de collaboration avec les créateurs fonctionne dans tous les sens : « X pour l’Epicerie », « L’Epicerie par X »… Ramdane va jusqu’au bout de sa démarche.

Le 3 avril 99, l‘Epicerie ferme se s portes comme elle les a ouvertes: en un instant. L’exigence de réactivité, l’esprit tribal, la gestion trop « philanthropique » de sa vraie richesse (les créateurs, leurs collaborations…), et l’absence du relais nécessaire d’investisseurs assidus ont raison de l’affaire. Pendant cette période d’euphorie, l’Epicerie comptabilisera quelques milliers de parutions dans la presse nationale et internationale, elle s’érige comme LA factory tendance de la capitale et connait une fréquentation exceptionnelle. A travers l’Epicerie, Ramdane termine son apprentissage de l’événement, de l ‘image, de la presse qui constituent désormais ses outils privilégiés. Il peaufine en particulier sa maîtrise d’un slick très personnel, le buzz.

La collaboration avec Castelbajac

A la suite de cette expérience réussie et entré avec fracas dans la mode, Ramdane travaille à l’élaboration du concept store de Jean-Charles de Castelbajac, pour lequel il dirige les achats en matière de produits électroniques qu’il rapporte du Japon. L’événementiel qui doit accompagner l’ouverture du Store lui est également confié. Ramdane conçoit une « block party », la rue Madame est fermée à la circulation. L’aire de la fête est délimitée à l’aide d’un ruban de chantier orange fluo, imprimé au nom de l’événement. Le tracé qui mène à ce « party floor », inédit à Paris, est parcouru d’étoiles orange, façon Petit Poucet de la hype. Il y associe Ariel Wizman pour la programmation musicale et Yorgo Tloupas pour la conception graphique.

1999 : Le projet Hypeteam

Fichier:Hypeteam.png
Hypeteam

Consulté par Renault pour la recherche de noms et la conception d’objets, il rebondit ensuite sur d’autres projets. En juin 99, Ramdane décide de créer « hypetam.com », un site internet que lui ont inspiré ses voyages au Japon et sa découverte de marques inconnues ou non distribuées en Europe. Pour lui, le web doit mettre à portée de main des produits qui, sans technologie, resteraient inaccessibles. Le site est alors conçu, en collaboration avec François Alaux, comme un aéroport international. Les destinations sont Paris, Stockholm et Tokyo. A chaque « embarquements » qui constituent les différentes boutiques et zones d’achat dans le site, correspond un univers spécifique. Ramdane envisage même de jouer le jeu jusqu’à une zone de duty-free… Les internautes sont conduits dans le site par vols directs ou indirects si l’encombrement de l’un des embarquements est trop dense. Les clients ont ainsi le sentiment de voyager à la recherche des produits dont la sélection change chaque mois.

L’exemple de Boo.com, autre site d’achats tendance sur le Net, ne favorise pas le décollage de ce type d’initiative et l’expérience « rafraichit » les investisseurs potentiels. Cependant, « hypeteam.com » est un site bien plus audacieux, et peut-être plus pertinent, car il instaure, paradoxalement en ce qui concerne le Web, une relation « motrice » entre le produit et le consommateur. L’ergonomie du site et son concept fait de l’internaute un acteur, mieux encore, un découvreur de la tendance. De plus, les produits proposés restent inaccessibles hors du site. Imports pointus et parfois ventes exclusives, ils ne sont pas, ou peu, distribués à proximité des internautes. Le site peut devenir l’unique « hall » d’accès à l’objet convoité, l’hyper concept store de l’innovation et de la création sur le net.

Le corner 33 1 R lax Le Bon Marché

Toujours en 1999, au moment de l’élaboration de « hypeteam.com », Ramdane est contacté par le Bon Marché pour concevoir et mener à bien la réalisation du « corner de la hype » sur la Rive Gauche, un petit îlot de la tendance au sein du célèbre grand magasin so chic et cher. Il installe ainsi « 33 1 R lax », où se trouvent réunis magazines, disques, produits électroniques, meubles, objets, accessoires… Ramdane, avec la collaboration de Yorgo Tloupas, crée également l’identité visuelle du lieu qui ne tarde pas à agiter la presse et le monde de la distribution parisienne.

La période japonaise : acheteur et designer pour AndA 2000/2001

AndA Tokyo
AndA Osaka


L’an 2000 arrive et avec lui réapparaît le groupe Sazaby qui s’était, au moment du succès de L’Epicerie, intéressé au personnage et avait même envisagé une première collaboration. Dirigé par Riku Susuki, le groupe japonais Sazaby souhaite réévaluer son image. Ce groupe possède notamment une chaîne de boutiques par l’intermédiaire desquelles cette reconquête peut être entreprise. Ces boutiques de la marque And A, au nombre de 7, distribuent une offre « salary japanese woman » composée d’articles assez hétéroclites (vaisselle, accessoires, objets, plantes, vêtements…). L’ambition est de re-lancer la marque en retrouvant une cohérence de son offre, et de la « re-qualifier » en restaurant notamment son image dégradée.

La direction artistique est confiée à Ramdane. Le 25 avril 2000, il s’installe à Tokyo afin d’y mettre en place une nouvelle équipe, de créer de nouveaux bureaux, de formater de nouvelles conditions de réflexion. Ramdane trouve là une vraie funbox, un terrain assez vaste et assez dense pour y exercer sa faculté d’anticipation et apporter une réponse freestyle. Tout est à faire : la collection, les achats, la création et l’aménagement des boutiques, la conception ainsi que la mise en œuvre de l’identité visuelle et de l’image (presse, communication, événementiel).

AndA design
AndA store

College & Coolax

Ramdane s’engage à faire « table rase ». C’est autour de deux collections de vêtements et d’accessoires pour And A (College et Coolax), d’une sélection pointue de produits (électroniques, meubles, livres, magazines, bijoux…), et d’une politique de réédition ou d’édition select (montres) que va désormais s’articuler toute la nouvelle personnalité de l’offre And A. L’identité des boutiques est intégralement redéfinie ainsi que l’image graphique. En amont, un travail de sélection et de persuasion, assidu et délicat, est effectué auprès de nouveaux fournisseurs par Ramdane lui-même afin de convaincre ces fabricants du renouveau de la marque.

La première collection de Ramdane pour And A, « Collège », est le fruit de l’observation de la société japonaise et en particulier de l’univers des écoliers. L’uniforme est de mise partout, l’espace de libre arbitre vestimentaire reste étroit, les jeunes filles au lycée n’ont que le loisir de « styler » le port de la haute chaussette obligatoire. Cette toute mince part d’individualité, cette chance d’expression, ténue, fragile, concentre l’attention de Ramdane, le fascine. Il visualise une photo de classe, un improbable cliché de fin d’année : deux rangs d’écoliers portant « Collège ». C’est cette photo, ce « show » immobile qui inspire toute la collection. Ramdane revisite alors « l’habit d’écolier », il s’approprie le costume de la lycéenne british et nippone, joue sur le thème de l’égalité par le costume, de la contrainte par el costume et de la créativité générée par cette contrainte. Cette démarche permet également de toucher le marché japonais, très spécifique, par l’utilisation de l’une de ses « icônes » marketing. Ramdane prend une à une les pièces de la panoplie, imperméable trois-quarts, jupes plissées, pantalon sobre, chemise, gilet, débardeur, chaussette, Teddy… mais une à une les distord, les transcende, pour mieux les affranchir. Outils de prédilection depuis l’apprentissage Skate, l’imprimé, le patch, le sticker, l’écusson… rythment son travail de coupe, de sélection des matières, de soin apporté aux détails. Les impers se parent de silhouettes de 103 Peugeot, 2-chevaux, Fuego et 250 GTI, machines mythiques du « panthéon » Ramdanien, diablement exotiques pour l’acheteur nippon.

La collection est présentée à Paris en octobre et à Tokyo en novembre 2000. La photo de classe est là, immobile, déconstruite, sagement rebelle. La collection est porté par des mannequins de tissu sur fonde gazon et de jardin « High School ».

Tandis que cette collection fait écho à la première inspiration de Ramdane et aux attentes de l’in des segments du marché japonais, elle ne modère pas tout à fait sa faim de style… pour capter une clientèle plus masculine et plus streetwear, Ramdane crée la gamme « Coolax ». Cette collection sera vendue uniquement à Osaka et Aoyama. Elle se compose de tee-shirts, pantalons, sweats, blouson et accessoires… tous siglés d’un rivet or (l’une des signatures « fétiche » du créateur). Pour cette collection, Ramdane décline l’imprimé camouflage relancé par l’Epicerie en 1998, et qui tend à devenir l’une de ses spécialités. Un ensemble de produits est également sélectionné ou édité en écho à cette collection (CD, « Ghetto Blaster », casque audio, montres…).

Chacune des deux collections, « Collège » et « Coolax » possède son identité graphique propre. Simultanément avec son équipe, Ramdane conçoit l’architecture des boutiques et leur identité visuelle de façon indépendante. Celles-ci peuvent ainsi bénéficier d’une image forte au-delà des produits des deux collections, tandis que les deux collections conservent quant à elles une grande intégrité par rapport à la chaîne de magasins. Cette combinaison à plusieurs entrées, rendue possible par la mise en place de trois identités visuelles distinctes, permet aux boutiques de pouvoir présenter d’autres marques et aux vêtements de pouvoir être distribués tant par And A que par d’autres acheteurs (Colette) à l’étranger.

Ramdane a, pour la conception des boutiques, une vision « fractale » qu’il se plait à légitimer par son appartenance à la génération « Lego ». la cellule constitutive est le cube noir mat. Ce cube, sous toutes ses formes, compose petit à petit l’univers des boutiques (façade, volume intérieur, mobilier, éclairage…). Démultiplié, décuplé, tronqué, projeté, il est à l’image de l’ensemble et l’ensemble reste à son image. Il s’infuse lentement au sein de la ville et Ramdane en fait « le petit caillou blanc » de l’univers And A : de la façade de la boutique, au Shopping Bag en passant par la Price Card, il peuple la rue. Ramdane parvient à délocaliser et à accroître les points d’appel vers la boutique. Par ce biais, il communique et impose, en un temps record, la nouvelle personnalité de la marque.

Les boutiques ouvrent leurs portes le 12 mars et on en compte aujourd’hui une vingtaine.

Parfumerie Général 2001/2004

Á son retour du Japon en 2001, Ramdane se lance dans un nouveau projet, d’entrepreneur cette fois. Inspiré par la passion de sa compagne Victoire, il investit et crée d’un nouveau concept store dédié à la cosmétique alternative et à l’univers de la beauté. Cosméto-geeks, Victoire et Ramdane fondent avec un petit budget la première boutique Parfumerie générale, qui ouvre discrètement ses portes dans le huitième arrondissement et réunit près d’une centaine de marques inédites, innovantes, exotiques, biologiques ou non…, mais toutes très pointues. La plupart d’entre elles, souvent inconnues du public, arriveront ainsi pour la première fois sur le marché français. Plus de 200 marques font l’objet d’une sélection dans le monde entier et 80 sont finalement retenues, le plus souvent assorties d’une exclusivité. Des « pieds jusqu’à la tête », du Nail care aux produits capillaires, du Make up aux parfums, en passant par les soins du visage et du corps, les marques, sélectionnées par Victoire, Ramdane et leur associé Mustapha Bouhayati, composent une offre mixte, pour garçons, filles et même enfants, sans précédent, très internationale et résolument contemporaine.

Directeur artistique, Ramdane conçoit une boutique autour d’un beauty bar mixte avec un « barber shop corner » pour les hommes. Il imagine un code couleur, un univers graphique et un display qui tranchent radicalement et efficacement avec les habitudes des enseignes de beauté « à la française ». Les codes du luxe cosmétique sont revisités et reformatés : les produits de soins et le make up sont présentées par famille. Les clients sont invités à s’asseoir pour prendre le temps de tester, de sentir et de recueillir les conseils de véritables professionnelles de la beauté. Cette façon de vendre contraste alors radicalement avec les options prises par les « supermarchés » de la beauté des grandes enseignes. Chez Parfumerie générale, on prend le temps de faire comprendre les nouvelles pratiques et les nouvelles marques, de passer un message sur les compositions, les bons gestes, sur le ton de la complicité, sans jargon. Très rapidement, la presse s’empare du phénomène « Parfumerie générale » et découvre à travers elle de nouvelles marques, qui ont depuis conquis le marché français et sont aujourd’hui vendues par les plus grands distributeurs de produits de soin et de beauté : Re Vive, Ren, Philosophy, Fresh, Erbaviva, Miller Harris… Un catalogue de vente par correspondance, un site et un fanzine (« beauty notes ») sont créés : ils mêlent les codes de Parfumerie générale, avec une écriture journalistique, un refus des verbiages de la cosmétique traditionnelle, un ton très contemporain. Un second point de vente est créé au Printemps : Ramdane imagine un meuble comptoir sans précédent, vert laqué, qui reprend l’idée du bar mais rompt avec les codes du corner cosmétique en grand magasin. Depuis la fin de l’aventure Parfumerie générale, son succès international et la nouvelle voie qu’elle a tracée dans l’univers de la beauté continuent d’inspirer les groupes cosmétiques et les grandes enseignes de distribution.

Parfumerie Général

RT et Résistance 2003/2010

ResistanceRT

Au cours de la mission menée pour Liberty, Ramdane constate que l’offre vestimentaire pour l’homme reste lacunaire. Il ne parvient à trouver LA marque dans laquelle il peut se reconnaître. Pour créer ce chaînon manquant, il lance R.T, une nouvelle ligne de vêtements chics, d’inspiration classique, fabriqués par les meilleurs artisans sans limite pour la sélection des plus belles matières et sans lien avec la tendance du moment, plutôt gangrénée par le porno chic et son cortège métrosexuel. L’idée du sur mesure, de l’esprit tailoring est déjà présente dans cette collection exigeante et véritablement luxueuse. Pour R.T, Ramdane dessine et développe des propres tissus, ses imprimés. Tous les patronages sont mis au point au Japon avec l’obsession de la coupe et du détail. Une seconde marque, Resistance, s’inspire quant à elle d’un univers plus urbain et arbore un ton plus contestataire et iconoclaste. Ramdane y célèbre certaines grandes icônes politiques et figures historiques qui forment son panthéon. Il remet, avant que la tendance ne s’en empare, les révolutionnaires en tête de gondole. Pour Résistance, Ramdane démocratise l’idée des Guérilla shop (2004) avant la vague des pop up stores. Le Flag Ship Store parisien, situé en plein quartier latin, est baptisé le « bureau politique » et ne montre aucun vêtement en vitrine, contrastant avec l’ambiance d’un quartier latin qui s’abandonne progressivement aux boutiques de mode et aux grandes enseignes. Du choix des mannequins atypiques, à la tonalité des défilés, du design des boutiques aux vendeurs et jusqu’à la conception musicale, Ramdane s’amuse d’un certain extrémisme et suscite les collaborations les plus exigeantes : Howie B, les Black panthers, Hangin Tan, Darius Konji, Philippe Parreno… Les vêtements R.T. et Résistance sont alors vendus dans 180 points de vente parmi les plus prestigieux de la planète : Maria Luisa, Nom de guerre à N.Y, Isetan à Tokyo

Bureau politique

Cire Trudon 2006/2011

Fichier:Cire-trudon.jpg
Cire-trudon

En 2006, le propriétaire d’une maison de cire française offre à Ramdane l’occasion de reprendre avec lui la société pour la relancer. Il s’agit d’une illustre maison qui dort depuis plus de cent ans… Son identité a été dissoute dans un groupe qui fait à la fois du cierge et des bougies d’anniversaire ou décorées très très kitch. Ramdane mène pendant plusieurs mois une longue étude sur les archives et redécouvre l’histoire de la « Manufacture Trudon ». Une entreprise fondée en 1643 et parée par la suite du titre de « cirier du Roy ». Il s’agit de l’unes des plus vieilles maisons françaises à l’activité ininterrompue depuis plus de 300 ans ! Les codes de la maison sont exhumés, restaurés, « raccommodés » avec une attente du marché contemporain pour les produits d’une véritable maison traditionnelle: devise, blason, origines, histoire… Ramdane revient au nom d’origine et à la perfection de la formule originale de cire végétale car il anticipe les problèmes de nocivité que vont rencontrer les marques diffusant des bougies issues de la pétrochimie. Stratégiquement, il place cette exigence de naturel au centre de la nouvelle gamme de produits qu’il invente pour Cire Trudon. Douze parfums sont créés pour la ligne des bougies parfumées. Chacune à une histoire, le plus souvent en lien avec celle de la maison qui croise la grande Histoire de France : Marquise, Roi Soleil, Madame de Lavallière, Trianon…

Les verres à bougie sont dessinés par Ramdane et soufflés par des artisans verriers italiens, comme s’ils sortaient encore de l’ancienne manufacture. A la fois raffinés et d’une sobre rugosité, généreux, ils sont tous différents et séduisent par leur couleur inusitée, leur qualité, leur belle épaisseur. Chacune est frappée des armes de l’ancienne manufacture –une ruche et des abeilles- et de la superbe devise que Ramdane a exhumé des archives, Deo Regique laborant (elles travaillent pour Dieu et pour le Roy).

Chaque odeur, chaque histoire est présentée sous de grandes cloches de verre sur les tables de bois de la boutique que Ramdane à également complètement revisitée. En soulevant la cloche, les senteurs s’échappent : ce display et ce geste inventés par Ramdane deviennent l’un des signatures de la maison. Une façon aussi de donner un parfum de la maison mère partout dans le monde avec cet écrin qui voyage et recrée partout l’atmosphère raffinée de la boutique parisienne. Très rapidement Cire Trudon est vendue dans points de vente, de N.Y à Tokyo ou Sidney : Selfridges à Londres, Barneys à New York, …. Tout a changé dans cette enseigne historique de la rue de Seine, au cœur du 6e arrondissement : une collection de « Fumoirs » à camés, beaux cierges aux couleurs désormais sucrées et chicissimes, et bientôt de nouvelles gammes et de nouvelles idées apparaissent en même temps que se développe exponentiellement la notoriété de la marque.

Tous les nouveaux produits de la manufacture sont réunis dans un catalogue imprimé sur beau papier qui remet à l’honneur les anciennes fontes de caractère et chacune des histoires olfactives réinventées. Les boîtes façonnées en papier contiennent un feuillet qui raconte ce même récit.


Après les « Grandes bougies » qui permettent aux clients de trouver de grands formats de bougies parfumées à leur odeur favorite, les « contes de Cire Trudon » ou « Récits à lire à la bougie » deviennent la première collection d’odeurs pour enfants accompagnée d’un livret illustré reproduisant une version adaptée des plus célèbres contes orientaux et européens. Dans le même temps, Ramdane lance un conditionnement d’odeurs tout à fait inédit dans le domaine des senteurs d’intérieur : les boules puantes parfumées. Ces petites capsules, lorsqu’on les projette au sol, diffusent les odeurs de la collection : elles font le tour du monde es rédactions et séduisent une clientèle nouvelle, une nouvelle génération de chercheurs d’odeurs. Une réussite pour cette maison traditionnelle qui a su, sous l’impulsion de Ramdane, restaurer son histoire tout en se projetant sur de nouveaux territoires olfactifs.

Santa Eulalia 2010/2011

Santa Eulalia tienda

Ramdane est approché pour revisité intégralement le concept de la célèbre et élégante boutique de Barcelone. Santa Eulalia a été fondée en 1843 et est demeurée dans la même Famille, les Sanz, une véritable famille barcelonaise, très attachée aux traditions.

Ramdane conseil sur les achats, imagine une « collection » de Pop up Corners avec une série de nouvelles marques qu’il attire : Maison Michel, Montcler, Aesop, Lego, thé mariage… Il met en scène la totalité du merchandising, notamment en créant un « bar à eaux de Cologne », imaginé comme un orgue de parfumeur. Il suscite aussi des collaborations inédites pour le restaurant du magasin où l’on goûte désormais une cuisine de bar catalane élégante sur d’élégantes chaises Thonet.

Le grand classique est revisité dans le respect de l’esprit des lieux pour lesquels il crée deux odeurs exclusives : la senteur d’une Rolls Royce neuve à l’étage homme (un cuiré) et un floral cuiré pour l’étage consacré à la mode femme. Des eaux parfumées « Santa Eulalia » mixtes sont également composées avec l’aide d’un nez, tandis que Ramdane conçoit les flaconnages et les packs. Ramdane supervise aussi la création d’une nouvelle identité graphique des lieux : une orientation est prise autour d’une police de caractère des années 1930 et d’un treillage. La musique n’échappe pas à la sélection de Ramdane (qui mixte dans de nombreux clubs à travers le monde) et une radio Santa Eulalia est créée avec une Play list de 50 heures de musique chaque mois.


De 2001 à 2006

2001 lancement du bureau de presse VDT avec victoire de taillac ( ex directrice de communication Colette)

2003 participe a l expo 30 d hello kitty au mory museum a tokyo

2003-04 directeur artistique du grand magasin Liberty a londres, dessin collection , achat collection et interior design.

2004 : associe dans Day 14 publishing books

2005-06 : organisateur des 40 ans des blacks panthers .

2006 : designé co directeur des rencontres creatives de Fez en 2008 ( festival avril 08)

2007 : costume designer pour l’opéra du Festival de Manchester en juillet 07.

2006 : curator tee-shirt pour Uniqlo Japan

2005 : Ecrit des articles dans des magazines comme Jalouse, L’Officiel, V USA, Intersection etc..

2006 : premier film réalisé avec l’artiste et graphiste français Artus de La Villéon, View on the sea.

Retour en France et création des griffes Résistance et RT Bureau Politique L’épopée Résistance : 50 ans des Black Panthers



Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Ramdane Touhami de Wikipédia en français (auteurs)

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