- Hendrik Laurenszoon Spiegel
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Hendrik Laurenszoon Spieghel Activités Linguiste
Dramaturge
Philosophe
Poète
ProsateurNaissance 11 mars 1549
Amsterdam
Pays-Bas des HabsbourgDécès 4 janvier 1612 (à 62 ans)
Alkmaar
Provinces-UniesLangue d'écriture Néerlandais Mouvement Renaissance Genres Linguistique
Moralité
Philosophie
Poésie
ProseHendrik Laurensz[oon]. Spieg[h]el, né à Amsterdam, le 11 mars 1549, mort à Alkmaar, le 4 janvier 1612, est un poète et prosateur de la République des Sept Pays-Bas-Unis[1].
Sommaire
Biographie
Hendrik naquit comme fils de Laurens Pietersz. Spiegel, un homme réputé pieux et sage[2], et d'Anna Jansdochter Gaeff. Son frère Jan Laurensz. Spiegel devint échevin à Amsterdam[2]. Ses sœurs, Elizabeth et Geertrui, se marièrent respectivement à Herman Rodenburg, conseiller du Vroedschap d'Amsterdam, et Pieter Adriaanszoon Pauw, conseiller du Vroedschap, administrateur d'Alkmaar et père du professeur Pieter Pauw[3] qui se mariera avec la fille de Jan van Hout, ami intime de Hendrik[4]. Sa sœur, Mary Laurensdr., fonda, avec Aeltgen Fopse, l'orphelinat catholique romaine pour filles d'Amsterdam (Rooms Catholijk Maagdenhuis)[2].
Hendrik fut éduqué dans un esprit de tolérance par son père qui était un régent et marchand aisé d'Amsterdam. Lorsque l'Altération d'Amsterdam, en 1578, dote la ville d'une administration protestante, Spiegel se fit ôter le droit de bourgeoisie. Demeuré catholique, il le fut tout de même au sens érasmien. De sa largesse d'esprit témoigne, entre autres, la traduction qu'il fit du Querimonia Jesu Christi (1562) de Petrus Bloccius, un Brabançon qui fut nommé enseignant à Leyde. Indéniablement, ce livret a été écrit dans l'esprit protestant : Spiegel vécut dans le monde de la pensée philosophique et humaniste de son temps ; il embrassait la doctrine stoïcienne, et se rapprochait spirituellement de Socrate, Platon, Cicéron, Sénèque, Épicure, Épictète, Érasme et Montaigne[1]. En outre, il était en correspondance avec les savants de son temps, et il fut un ami proche de Coornhert qu'il visita souvent à Haarlem[5]. Roemer Visscher et Jan van Hout comptaient également parmi ses amis intimes[4].
Dans ses premières années, sauf 60 vers dans le style des rhétoriciens, il écrivit une éloge de la danse (Het lof van danssen)[1].
Spiegel dut avoir une part importante dans quatre ouvrages sur la grammaire, la dialectique et la rhétorique qui parurent sous le nom de la chambre de rhétorique amstellodamoise De Eglantier (L'Églantier). Il s'agit de Twe-spraack vande Nederduitsche letterkunst, ófte Vant spellen ende eyghenscap des Nederduitschen taals (Traité de stylistique et d'orthographe sur la langue néerlandaise) en 1584, Ruygh-bewerp vande Redenkaveling ofte Nederduytsche Dialictike (Abrégé de la dialectique) en 1585, Kort Begrip des redenkavelings: in slechten rym vervat (Abrégé rimé du raisonnement) en 1585 et Rederijck-kunst, in rijm opt kortst vervat (Abrégé rimé de la rhétorique) en 1587. Dans ces plaidoyers pour le néerlandais en tant que langue de culture, l'auteur prône la pratique du linguistique et insiste auprès des administrateurs de l'université de Leyde pour qu'ils donnent les cours dans la langue nationale[1].
De Twe-spraack vande Nederduitsche letterkunst, dont la préface a été écrite par Coornhert, est dédicacé, en date du 1er juillet 1584, aux bourgmestres et conseillers d'Amsterdam, par l'empereur, le facteur, le prince et les rhétoriciens de la chambre In Liefde Bloeyende (Fleurissant en amour)[6]. Le but des rhétoriciens fut d'élever la langue néerlandaise au même rang que l'italien, l'espagnol et le français en l'enrichissant et l'embellissant ; tâche incombant, plus particulièrement, aux chambres de rhétorique en tant qu'écoles « communautaires » de la langue nationale (« […] als ghemene scholen des land-taals […] »). En particulier, les notions de purification du langage et son observation assez exacte, ont eu une influence considérable[6].
Bien que professant la religion catholique, Spiegel fut appelé à des postes gouvernementaux. Ainsi, en 1589, le Conseil de l'Amirauté de Hoorn voulut le nommer[3] à la fonction de gecommitteerde raedt, représentant Amsterdam en tant que conseiller en matière d'amirauté à Hoorn. Lorsqu'il refuse la nomination[1] la Vroedschap chercha, en vain, à le contraindre à accepter ce poste, et on demanda aux États du pays d'agir. Son refus lui valut une lourde amende, dont le bénéfice était destiné aux hospices des pauvres, mais même cela ne put le convaincre : il préféra la payer, plutôt que d'accepter[3].
En 1591, en collaboration avec Jan van der Does, il fit paraître la chronique rimée (Rijmkroniek) de Melis Stoke[1], publication de laquelle il portait les frais[5].
En 1594, il contribua à l'organisation des spectacles à Amsterdam[7], dont l'entrée joyeuse du prince Maurice[8], en célébration de la - dite - réduction, ou prise, de Groningue. Il apprit avec complaisance la défaite de l'armada espagnole[7] laquelle il célébra dans une hymne[8], mais son enthousiasme pour la révolte des gueux fut faible[7].
Sa louange d'Amsterdam, en alexandrins, serait la première en langue néerlandaise[8]. Van Mander l'appela « un Sieur amateur de l'art » (const-lievend heer). Il possédait d'ailleurs plusieurs tableaux[7]. Bien que moyennant une bonne compréhension des développements qui s'effectuaient dans la Renaissance artistique, et quoiqu'il connût l'œuvre de Pétrarque et de Marot, et qu'il fût au courant des innovations de la Pléiade, dans ses propres poèmes, il s'avère encore plus un humaniste qu'un poète de la Renaissance[4].
Il se maria deux fois : d'abord avec Bregtje van den Berg, et ensuite[3], le 14 août 1602[2], avec Dieuwertje van Marken[3]. Déjà avant 1590, il ne gardera de ses six enfants qu'un seul fils[2]. De sa progéniture ont surgi les prestigieux lignages Backer et Lestevenon d'Amsterdam[3].
En manuscrit, on a de lui une courte moralité Numa ofte amptsweygheringe (Numa ou le déni de fonction), sans doute écrite entre 1600 et 1603[6], adaptation d'une pièce de Plutarque sur l'offre de la couronne de Rome à Numa Pompilius. Il s'agit de l'unique pièce de théâtre conservée de Spiegel[8].
Parmi les écrits qui méritent d'être cités, on trouve un recueil de paroles et proverbes, classés selon les mois et les jours de l'année : Bijspraakx-almanak (Almanach de proverbes) ; vers 1606[6]. Quelques chansons de Nouvel An, écrites pour De Eglantier, parurent en 1608[1].
Dans les éditions du Brabbeling (Babillage) de Roemer Visscher de 1612 et 1647, ses poèmes sont intercalés entre les vers de son ami Visscher, tandis que dans celles de 1614 et 1669, ils sont ajoutés aux poèmes de ce dernier, placés à la fin du recueil[1].
L'homme qui préférait séjourner à Meerhuyzen, un jardin sur l'Amstel non loin de la ville, passait les dernières années de sa vie à Alkmaar, où il mourut de la variole[1]. On raconte que, lorsqu'il vit sa progéniture souffrant d'une maladie infantile, cela l'aurait tellement ému qu'il en meure, au début de 1612. On transporta son corps à Amsterdam, où il fut enterré dans la Nouvelle Église[5].
Œuvre
Remarques générales
Spiegel se sentit fortement attiré par la philosophie, non pas celle qui est spéculative mais celle qui est pratique. Il voulut réconcilier les mondes de la pensée chrétienne et ancienne. Spiegel peut être caractérisé comme un optimiste rationaliste, mais aussi comme un idéaliste : un esprit non gâché choisit automatiquement le bon et le beau[6].
Dans la langue grecque, il n'était pas inexpérimenté, et il maîtrisait assez le latin pour pouvoir traduire une des tragédies de Sénèque[5].
En tant que chef de file[6], ou du moins l'un des principaux membres de la chambre de rhétorique In liefde bloeijende (De Eglantier) d’Amsterdam, il travaillait en particulier à la pratique et la culture de la langue et de la poésie néerlandaise[5]. En cette qualité, Spiegel eut fortement influencé, même après sa mort, Hooft, Bredero, Vondel, Rodenburgh et Poot.
Comme poète, il fut particulièrement admiré par Jeronimo de Vries, Albert Verwey et Minderaa. Aernout Drost écrivit une nouvelle sur lui : Meerhuijzen. Lorsque Bilderdijk réécrivit Hertspiegel, il créa plutôt une œuvre originale qu'une actualisation de l'ouvrage de Spiegel[6].
Hart-spiegel
L'ouvrage principal de Spiegel est, sans contredit, le Hart-spiegel (Miroir du cœur) publié posthumément en 1614, un travail poétique moralisant[1] en sept livres qui portent, suivant l'exemple d'Hérodote, en suscription les noms des sept déesses du chant. Le cycle, qui aurait dû comprendre neuf livres, est resté inachevé[9]. Ses conceptions éthiques se rapprochent de celles que Coornhert expose dans son Wellevenskunste (L'art de bien vivre)[6]. L'idée essentielle de cet ouvrage est « que la vertu rend heureux et que cela même est sa récompense » (dat deucht verheucht ende haer zelfs loon is). Pour ce faire, l'auteur soumet la vie intérieure de l'homme à une réflexion précise. Les notions de péché, de culpabilité et de volonté libre sont discutées en détail. Comme Coornhert, Spiegel maintint la liberté de la volonté ; la culpabilité oppresse l'homme. La connaissance de soi est, pour Spieghel et Coornhert, qui interagissent dans leur travail, la fondation de l'auto-développement, le point de départ pour atteindre la vertu[4]. Pour ces sept livres, Spiegel eut demandé l'approbation habituelle de l'Église romaine, et, à cet effet, il envoya le manuscrit à Louvain, mais celui-ci revint sans l'approbation requise et avec la remarque que l'ouvrage était incompréhensible. En 1615, la seconde édition vit le jour ; celle-ci était la première à paraître chez Cornelis Direksz. Kool. La troisième, imprimée par Hendrik Wetstein en 1694, est élargie par d'autres écrits et poèmes de Spiegel. L'édition de 1723, la plus complète et la meilleure aussi, fut publiée à Amsterdam auprès d'Andries van Damme, et a été fournie par Pieter Vlaming qui l'avait enrichie de plusieurs morceaux jamais imprimés auparavant, pourvus de notes et illustrés de planches de Jan Goeree[9].
Le point culminant de son œuvre poétique est formé par les Lieden op 't Vader Ons (Chansons sur le patenôtre), incluses dans l'édition de 1694 du Hertspiegel, dans lesquelles il résume ses opinions religieuses et éthiques sur la base du commencement et de la première prière du patenôtre[6].
Lien externe
Sources
- (nl)A.J. Van der Aa, Biographisch woordenboek der Nederlanden, Deel 17, Tweede stuk. J.J. van Brederode, Haarlem, 1874, p. 903-906
- (nl)C.M.J. Buitendijk, in G.J. van Bork & P.J. Verkruijsse, De Nederlandse en Vlaamse auteurs, 1985, p. 539-540
- (nl)K. ter Laan, Letterkundig woordenboek voor Noord en Zuid, G.B. van Goor Zonen's Uitgeversmaatschappij, La Haye/Jakarta, 1952, seconde impression, p. 499-500
- (nl)Prinsen, in P.C. Molhuysen & P.J. Blok (réd.), Nieuw Nederlandsch biografisch woordenboek, Deel 2, A.W. Sijthoff, Leyde, 1912, p. 1350-1352
Références
Catégories :- Décès en 1612
- Naissance à Amsterdam
- Naissance en 1549
- Personnalité néerlandaise
- Philosophe néerlandais
- Philologue néerlandais
- Poète néerlandais
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