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Carel van Mander
Carel van Mander (mai 1548 - 11 septembre 1606), peintre et écrivain flamand. Artiste maniériste de second ordre, Van Mander est surtout passé à la postérité pour avoir écrit un précieux recueil de biographies de peintres néerlandais et allemands des XVe et XVIe siècles.
Sommaire
Biographie
Né à Meulebeke (près de Courtrai) en mai 1548, second fils du bailli Corneille van Mander, Carel van Mander fut envoyé étudier à Gand vers 1560. Refusant d'embrasser la carrière de commerçant en toile (métier pratiqué par son propre frère), Carel décida de se consacrer aux lettres et à la peinture. Il fut l'élève du peintre gantois Lucas de Heere entre 1564 et 1566 (année de la fuite de ce dernier en Angleterre) puis eut pour maître Pierre Vlerick à Courtrai (ville où il s'illustra comme poète au sein de la chambre de rhétorique) puis à Tournai.
Comme beaucoup de ses compatriotes, il alla parfaire sa formation en Italie. Il se rendit ainsi à Florence, où il rencontra Vasari (1573), et pratiqua l'art de la fresque à Terni (1574), avant de rejoindre Rome, où il peignit des grotesques et fit la connaissance d'un autre peintre flamand, Bartholomeus Spranger, avec lequel il se lia d'amitié (1574-1577). Après avoir travaillé avec ce dernier à la cour de Rodolphe II, il revint en Flandre en 1578 et y épousa Louise Buse, qui lui donna un fils, dès l'année suivante[1].
Chassée de Flandre par les troubles et par la peste, la famille s'installa temporairement (1580) puis définitivement (1583) à Haarlem, où Van Mander rencontra le graveur Goltzius, le peintre Cornelis van Haarlem ainsi que le banquier Rauwaerts. Ensemble, ils fondèrent une académie de peinture bientôt renommée.
Tout d'abord influencé par le maniérisme brillant de Spranger, Van Mander se tourna, à partir des années 1590, vers un style naturaliste prébaroque certainement redevable des recherches menées au sein de l'Académie de Haarlem. Il peignit également des Kermesses vers 1600 et eut Frans Hals pour élève à la même époque.
Il mourut à Amsterdam en 1606, ville où il s'était installé en 1604 et où il avait édité, la même année, l'ouvrage qui devait faire de lui, plus de soixante-dix ans avant Joachim von Sandrart, le premier historien des écoles du Nord.
Het Schilder-Boeck : Le Livre des peintres
Présentation et structure de l'ouvrage
Édité par Van Mander à Amsterdam en juillet 1604 puis publié à Haarlem chez Paschier van Wesbuch en décembre de la même année, l'ouvrage, intitulé Het Schilder-Boeck ("Le Livre de peinture" ou "livre des peintres") réunit en fait six textes différents :
- Les Principes du très noble art de la peinture (dédiés au marchand de tableaux et collectionneur Melchior Wyngtis de Middelbourg, maître des monnaies de Zélande) qui contiennent des considérations esthétiques ;
- La Vie des peintres célèbres de l'antiquité (dédiée au marchand amstellois Jacques Razet), une compilation de textes de Pline l'Ancien et d'Athénée ;
- La Vie des peintres italiens modernes (dédiée à Barthélémy Ferreris, marchand et collectionneur de Leyde), basée sur les travaux de Vasari (que Van Mander avait rencontré en Toscane vers 1573) ainsi que sur les souvenirs italiens de Van Mander ;
- La Vie des plus illustres peintres des Pays-Bas et de l'Allemagne (dédiée à deux brasseurs et amateurs d'art de Haarlem, Jan Matthysz Ban et Cornelis Gerritsz Vlasman), qui est la partie la plus importante de l'ouvrage car elle contient 94 chapitres correspondant à une centaine de notices biographiques (de tailles inégales) sur les peintres flamands, néerlandais et allemands de la Renaissance ;
- Les Éclaircissements des Métamorphoses d'Ovide (dédiés à Gédéon Fallet, secrétaire de la ville d'Amsterdam) ;
- Une Description de statues antiques (dédiée au peintre Cornelis Ketel), consistant (comme le texte précédent) en une étude iconographique.
Le texte le plus important du point de vue de l'histoire de l'Art est bien-entendu le quatrième, soit la "Vie des plus illustres peintres des Pays-Bas et de l'Allemagne" (Het Leven der doorluchtige Nederlandsche en Hoogh duytsche Schilders). Il est lui-même constitué de deux parties, la première (constituée de 71 chapitres) présentant la vie et l'œuvre d'artistes morts avant la publication de l'ouvrage, tandis que la seconde partie (constituée de 23 chapitres) concerne des peintres toujours vivants et actifs à cette même date.
Fruit de plusieurs années d'enquête[2], ce recueil de biographies reprend la démarche entreprise par Vasari dans ses Vite des peintres italiens de la Renaissance pour l'appliquer aux artistes du nord des Alpes. Les travaux de Van Mander semblent avoir été initiés par ceux de son premier maître, Luc de Heere, qui aurait été l'auteur d'une Vie des peintres disparue, et par les Effigies (Anvers, 1572) de Dominique Lampson. Réponse patriotique à un Vasari affirmant la suprématie de la Renaissance italienne sur les autres écoles européennes, l'entreprise monumentale de Van Mander s'organise surtout autour de sa volonté de démontrer que les peintres allemands, hollandais et -surtout- flamands, remarquables dès l'époque des "Primitifs" (XVe siècle) par leur technique étonnante et leur maîtrise inégalable du portrait ou du paysage, n'ont fait que revivifier leur Art au contact des antiquités italiennes et des maîtres modernes de la péninsule.
Biographies contenues dans Het Leven ...
Première partie : Peintres (XVe et XVIe siècles) morts avant 1604
- Hubert et Jan van Eyck
- Roger de Bruges (distingué par erreur de Rogier van der Weyden, présenté au chapitre 8)
- Hugo van der Goes
- De plusieurs peintres, anciens et modernes (Hans Sebald Beham, Lucas Cranach, Israël de Meckenen, Martin Schongauer, Hans Memling, Gérard van der Meire, Gérard Horenbout, Liévin de Witte, Lancelot Blondeel, Jean Vereycke, Gérard David, Jan Sanders van Hemessen, Jean Mandijn, Volckert Claeszoon, Jean Singher, Jean van Elburg de Gueldre, Arnould de Beer, Jean Crans, L. van Noort, Michel Gast, Pierre Bom et Cornelis van Dalem)
- Van Ouwater
- Gérard de Saint-Jean
- Dirk Bouts
- Rogier van der Weyden
- J. Cornelis
- Albrecht Dürer
- Engebrechtsz
- Bernard van Orley
- Lucas de Leyde
- Jean le Hollandais
- Quentin Matsys
- Jérôme Bosch
- C. Kunst
- De Cock
- Jean de Calcar
- Pierre Koeck
- Joachim Patinir
- Henri de Bles
- Lucas Gassel
- Lombard
- Hans Holbein le Jeune
- Vermeyen
- Jean de Mabuse
- Joorisz
- J. van Cleef
- Heinrich Aldegraver
- J. Swart
- Les peintres malinois
- J. Mostaert
- De Weert
- les van Cleef
- Antonio Moro
- De Backer
- Jérôme et Matthias Cock
- Key
- Bruegel
- Jan Scorel
- Claeszoon
- Bueckelaer
- Frans Floris
- Pieter Aertsen
- Maarten van Heemskerck
- Aertszoon
- Hubert Goltzius
- Pierre Vlerick
- Bloklandt
- Lucas de Heere
- Jacques Grimmer
- Corneille Molenaer
- Pieter Balten
- Van Lierre
- Pieter et Frans Pourbus l'Ancien
- Geeraerts
- Christophe Schwartz
- Coxcie
- Barentsen
- Lucas van Valckenborch et Martin van Valckenborgh
- Hans Bol
- François et Gillis Mostaert
- Marinus van Reymerswaele
- Henri van Steenwyck
- De Ryckère
- Gillis Congnet
- Joris Hoefnagel
- Arnold Mytens
- Van Winghen
- Maarten de Vos
Deuxième partie : Peintres actifs en 1604
- Hans Vredeman de Vries
- Jan van der Straet, dit Stradanus
- Gillis van Coninxloo
- Bartholomeus Spranger
- Cornelis Ketel
- Geldorp
- Miereveld
- Goltzius
- Vroom
- Soens
- Hans von Aachen
- Pierre et Corneille De Witte
- Mathieu et Paul Bril
- Cornelis van Haarlem
- Jacques de Gheyn le jeune
- Van Veen
- Jan Snellinck
- Joachim Wtewael
- Adam van Noort, Joos de Momper, Frans Badens
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- David Vinckboons
- Divers artistes encore vivants (C. Floris, P. Moreels, Grebber, C. Claesz, Van Somer, Van der Voort, E. Krynsz, Ravensteyn, Druyvesteyn, De Mosscher, T. Ariaensz, Van der Heck, Monfort, Cluyt, J. Ariaensz et Hubert Tons)
Œuvre picturale
Tableaux
- La Décollation de sainte Catherine (1582) - Courtrai, église Saint-Martin
- Le Déluge (v. 1583) - Haarlem, Frans Hals Museum
- Le Jardin de l'Amour - Saint-Pétersbourg, musée de l'Ermitage
- L'Annonciation - Haarlem
- L'Adoration des bergers (v. 1596-98) - Kiew
- La Prédication de saint Jean (1597) - Hanovre
- L'Adoration des bergers (huile sur bois, 1598) - Haarlem, Frans Hals Museum
- La Continence de Scipion (1600) - Amsterdam, Rijksmuseum
- La Danse du veau d'or (1602) - Haarlem, Frans Hals Museum
Dessins
- Le Rapt d'Europe (1589) - Budapest
- Apollon et Daphnée (v. 1589) - Florence
- Pan et Syrinx (v. 1589) - Florence
- Kermesse (v. 1600) - Paris, École nationale des Beaux-Arts.
- Madeleine repentante - Londres
- Homme nu vu de dos - Amsterdam, coll. van Regteren-Altena
- Tête de femme - Haarlem, fondation Teyler
Outre les dessins à la plume ou au lavis conservés mentionnés ci-dessus, l'œuvre graphique de Van Mander nous est également connue par l'intermédiaire de gravures de J. Matham, J. Saenredam et J. de Gheyn.
Notes
Bibliographie
- Carel van Mander, Le livre de peinture, textes présentés et annotés par Robert Genaille, Hermann, Paris, 1965.
- Karel Van Mander, Le Livre des peintres - Vies des plus illustres peintres des Pays-Bas et d'Allemagne, introduction et notes par Véronique Gerard-Powell, Les Belles Lettres, Paris, 2002, T. I et II.
Texte en ligne (lien externe)
- Carel van Mander, Le Livre des peintres, traduction, notes, et commentaires par Henri Hymans, Paris, 1884 : Tome premier - Tome II
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