Éleveurs

Éleveurs

Élevage

Pâturage

L’élevage est l'ensemble des opérations qui assurent la multiplication à l'usage des humains d'animaux souvent domestiques, parfois sauvages. On parle aussi d'élevage du vin.

Sommaire

But

Les opérations consistent à

  • gérer la reproduction des animaux adultes pour les multiplier.
  • leur fournir gite, nourriture, soins, en vue de leur utilisation et/ou de leur production.

Les produits de l'élevage sont :

L'élevage s'applique généralement aux espèces d'animaux domestiques, mais pas exclusivement. On élève aussi des animaux sauvages, par exemple les visons.

L'élevage fait appel à un certain nombre de sciences et de techniques :

Veaux en batterie

De nos jours l'élevage a aussi pour objectifs de contribuer :

D’après le dernier recensement de la FAO, le monde compte 17 milliards de poulets, 1,8 milliard de moutons et de chèvres, 1,4 milliard de bovins, un milliard de cochons et un milliard de canards[1].

Histoire

Origines

Les premiers hommes vivaient de cueillette, de la pêche et de chasse.

Le passage vers l'agriculture et l'élevage est généralement présenté comme naturel mais on connait peu les pratiques intermédiaires qui pourraient expliquer le glissement de l'une vers l'autre.

Ainsi, il y a bien un mystère de l'apparition de l'élevage, dont l'explication a peut-être été trouvée chez les aïnous avec leur rituel de l'ours : l'élevage pourrait avoir été un produit d'un rituel sacrificiel, un animal, élevé comme un membre de la famille et en son sein, servant aux sacrifice lorsqu'un rituel l'exige. La domestication donnant alors (ou non) un résultat en fonction de l'animal utilisé : loup conduisant à l'apparition du chien, bovin sauvage, ou ours chez les aïnous, ce qui ne mène à rien d'utile mais nous donne une piste explicative.

L'élevage

Les premières traces d'élevages d'herbivores ont été découvertes en Mésopotamie il y a plus de 8 000 ans. Elles sont associées à un culte tauromachique, avec des jeux (dangereux) dont la corrida est une lointaine descendante.

Pendant le Haut Moyen Âge en Europe, la consommation de viande semble avoir été relativement importante, au moins pour la partie la plus riche de la population[2]. Fernand Braudel écrivait que « Des siècles durant, au Moyen Âge, elle (L'Europe) a connu des tables surchargées de viandes et des consommations à la limite du possible »[3]. L'élevage fournissait d'autres ressources telles que le lait, le cuir, la laine et la graisse. Il permit une civilisation de l'objet au XIIIe siècle : le cuir était transformé en chaussures ; le parchemin était de la peau traitée. La laine alimentait l'industrie drapière. Les boyaux et les cornes entraient dans la fabrication d'instruments de musique.

Les paysans utilisent la force des animaux pour les travaux agricoles : bœufs et chevaux tirent la charrue ou la herse. Ils réalisent les corvées de charrois (transport de vin, de blé, de bois, de paille). Les chevaux étaient parmi les biens les plus précieux des chevaliers et des armées. Plus tard, ils ont halé les navires et péniches sur les fleuves. Certains moulins ont longtemps utilisé leur force de travail.

L'élevage fournit aussi de manière indirecte ou direct des fumures pour amender les terres dans les systèmes dites de polyculture-élevage.

Problèmes posés par l'industrialisation de l'élevage

L'industrialisation rapide de l'élevage au XXe siècle pose des questions nouvelles dans les domaines de la zootechnie, de l'éthique, du droit, de la biosécurité et de la santé alimentaire et santé environnementale ; en particulier la diffusion dans les pays riches de l'élevage hors-sol, la diffusion dans le monde entier de l'élevage en batterie (élevages de plus de 10 000 à 50 000 volailles, qui semblent avoir eu un rôle dans la diffusion du virus H5N1 et d'autres pathogènes), la possibilité de fortement doper la production laitière des bovins ou la production de viande par l'usage d'additifs alimentaires ou l'utilisation d'hormones de croissance (somatotropine bovine essentiellement), la possibilité d'utiliser des hormones (injection de mélatonine) ou d'un éclairage artificiel forçant les animaux à se reproduire à des périodes qui ne sont pas naturelles), ou encore la possibilité de cloner des animaux ou de les modifier par génie génétique sont à l'origine de questions sociétales nouvelles, et parfois à l'origine de conflits commerciaux actuellement principalement gérés par l'OMC. A titre d'exemple : Des laboratoires ont réussi à produire par génie génétique des hormones de synthèse (ex somatotropine bovine recombinée) dont les effets de perturbateur endocrinien sur la santé des consommateurs sont discutés. L'usage de farines animales dans l'alimentation d'herbivores a été à l'origine de la diffusion d'un prion pathogène à l'origine de la maladie de la vache folle. Les méthodes modernes d'élevage (aliments à base de maïs et soja, farines de poisson, ainsi que la consommation de fuel, eau, pesticides et autres intrants à forts impacts environnementaux en amont) ont eu des effets sociaux (le nombre d'emploi permis par tonne de viande produire a fortement chuté depuis le XIXe siècle) et des effets en termes d'empreinte écologique. Des questions sont également posées par la diffusion dans l'environnent de résidus de médicaments vétérinaires via les urines et lisiers à partir d'élevages (notamment de bovins ou de porcs et à partir des piscicultures). Alors que la consommation de viande tend à fortement augmenter dans les pays émergents et notamment en Chine et que « l'homme consomme annuellement plus de 53 milliards d'animaux par an (dans l'ordre : poulets, canards, porcs, lapins, dindes, moutons, chèvres, bovins et chevaux ». Ce qui, en Occident représente « 98 % de la totalité des animaux avec lesquels les humains sont en interaction. (...) Les abattoirs américains tuent plus de 23 millions d’animaux par jour (...) Selon les estimations de l’ONU (FAO), la production mondiale de viande et de lait doublera d’ici 2050 »[4]. Une questions abordée par les éthiciens est celle de la condition animale, que certains traitent de manière plus générale dans la question de la « responsabilité morale des humains à l'égard des animaux »[4].

L'élevage génère aussi de nombreux impacts environnementaux, directs ou indirects, immédiats ou différés estimés importants par l'ONU, et son agence la FAO qui rappelle régulièrement[5]. « Le risque de zoonoses s’intensifiera à l’avenir, compte tenu de la montée démographique et de la croissance de la population animale, des changements dynamiques de la production animale, de l’émergence de réseaux agro-alimentaires mondiaux et de l'accroissement sensible de la mobilité des hommes et des marchandises (...) la concentration excessive d’animaux dans de grandes unités de production industrielle est à éviter, et il faut envisager des investissements pour renforcer la biosécurité et améliorer la surveillance des maladies afin de sauvegarder la santé publique »[6] que la production intensive de viande et de lait génèrent en amont des impacts environnementaux sur les sols, l’air, l’eau et les écosystèmes. Ainsi en 2006 «  70 % des forêts amazoniennes ont déjà été converties en pâturages.(...) L’élevage émet davantage de gaz à effet de serre (18 %) que les transports (12 %) (...) des concentrations excessives de fumiers et lisiers polluent les eaux et les sols, contribuant notamment aux problèmes d'eutrophisation et de dystrophisation ». L'élevage industriel génère d'importants transports d'aliments et d'animaux vivants (près de 25 millions de porcs auraient fait l'objet d'échanges au niveau international rien qu'en 2005 selon la FAO, contribuant au risque de diffusion de zoonoses ; Ce sont les élevages de porcs (croissance de + 2,6 % par an de 1995 à 2005) et de volailles (croissance de + 3,7 % par an de 1995 à 2005) qui continuent à croître le plus et qui ont été les plus industrialisés depuis 10 ans).

Les animaux

Des Yaks au Tibet.

Le cheptel médiéval était essentiellement constitué de bœufs, de moutons et de porcs, mais des ânes, mulets et baudets et chèvres étaient également consommés, de même que de nombreuses volailles. La proportion de chaque espèce dépendait des régions : dans la zone méditerranéenne, les ovicapridés l'emportaient nettement en nombre. Elle dépendait aussi de l'époque : avec les grands défrichements, la proportion des porcs (que l'on nourrissait autrefois beaucoup en forêt) tend à diminuer. La fin du Moyen Âge voit l'essor de l'élevage spéculatif.

  • Les bovidés : leur élevage nécessite des espaces herbagers (prés, prairies, pâturages). Après les moissons, ils broutent les restes des épis : c'est la vaine pâture. Ils sont aussi emmenés sur les terres laissées au repos (friche) qu'ils engraissent de leur fumure. Leur fumier est récupéré lorsqu'ils sont en stabulation pour être épandu sur l'ager. Pendant l'hiver, ils sont nourris grâce au foin. Dès le XIIe siècle en Flandre, les paysans leur donnent un complément de légumineuses[7].
  • Les ovi-caprinés sont élevés pour leur laine, et, dans une moindre mesure pour leur viande et leur lait. Ils font l'objet d'une transhumance en montagne et leur nombre a tendance à augmenter à la fin du Moyen Âge[8].
  • Le lapin.
  • Les chevaux sont élevés pour les courses et les loisirs équestres et leur viande.

Types d'élevage

  • L'élevage pastoral, ancestral et nomade .
  • L'élevage traditionnel, associé à la culture des sols, assurant l'autosuffisance général ou partielle.
  • L'élevage bio, axé sur la production d'origine animale et sa commercialisation avec un minimum souhaité d'effet négatif sur l'environnement.
  • L'élevage conventionnel, axé sur la production d'origine animale (viande, lait, œuf...) et sa commercialisation à grande échelle;
  • L'élevage industriel, c'est l'élevage conventionnel axé sur le maximum de rentabilité ;

Elevages spécialisés

Voir aussi

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Voir « élevage » sur le Wiktionnaire.

Pages liées

Notes

  1. Frédéric Lewino, « Elevages. Une catastrophe écologique », dans Le Point du 22/06/2006, n°1762, page 68, [lire en ligne]
  2. Article « céréaliculture » du Dictionnaire du Moyen Âge, pages 239-240.
  3. Fernand Braudel, Civilisation matérielle ..., tome 1, page 110.
  4. a  et b Jean-Baptiste Jeangène Vilmer (juriste et éthicien de l'université Yale, Éthique animale
  5. (en) FAO, Livestock’s long shadow : Environmental issues and options, 2006
  6. Communiqué FAO du 17 septembre 2007 mettant en garde contre le fait que la production animale est dans le monde en proie à une transformation profonde qui pourrait se traduire par une augmentation du risque de transmission de maladies des animaux à l’homme ; Production animale industrielle et risques sanitaires mondiaux.
  7. Samuel Leturcq, La vie rurale..., page 25.
  8. Article « élevage » du Dictionnaire du Moyen Âge, pages 472-473.

Bibliographie

  • L'Observation du troupeau bovin, Joop Lensink et Hélène Leruste, Editions France Agricole, janvier 2006, ISBN : 2-85557-128-6

Histoire

  • Samuel Leturcq, La vie rurale en France au Moyen Âge, Paris, Colin, 2004.
  • Monique Bourin-Derruau, Temps d'équilibres, temps de ruptures, Paris, éditions du Seuil, 1990.
  • Claude Gauvard, Alain de Libera, Michel Zink (dir.), Dictionnaire du Moyen Âge, Paris, Presses Universitaires de France, 2002.
  • Fernand Braudel, Civilisation matérielle, économie et capitalisme (XVe - XVIIIe siècles), trois tomes, Paris, Armand Colin (livre de poche), 1979.

Ouvrage de référence

  • Jean-Denis Vigne, Les débuts de l'élevage - Les origines de la culture, Editions Le Pommier, 2004


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