- Élections législatives françaises de 1869
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Les élections législatives de 1869 renforcent l'opposition libérale et républicaine au régime du Second Empire. Elles se déroulent au suffrage universel, comme toutes les élections depuis 1848.
Sommaire
Contexte
En janvier 1867, Napoléon III annonce ce qu'il appelle des « réformes utiles » et une « extension nouvelle des libertés publiques ». Un décret du 31 janvier 1867 remplace le droit d'adresse par le droit d'interpellation. La loi du 11 mai 1868 sur la presse abolit toutes les mesures préventives alors que la loi du 6 juin 1868 sur les réunions publiques supprime les autorisations préalables, sauf celles où sont traitées les questions religieuses ou politique. Néanmoins, la liberté des réunions électorales est reconnue[1].
En dépit du succès de l'exposition universelle qui a lieu à Paris, l'année 1867 est aussi particulièrement désastreuse sur le plan international. Au Mexique, la grande idée du règne se termine par une retraite humiliante tandis que l'Italie, comptant sur sa nouvelle alliance avec la Prusse, mobilise les forces révolutionnaires pour compléter son unité en conquérant Rome. La crise luxembourgeoise finit d'achever la crédibilité de la diplomatie impériale.
Sur le plan personnel, la santé de Napoléon III est de plus en plus mauvaise. A plusieurs reprises, il doit renoncer à présider le conseil des ministres et commence à parler d'abdication avec ses intimes alors que la prochaine législature doit être celle qui verrait le prince impérial atteindre sa majorité[2].
Les élections de mai 1869
Les élections législatives du 24 mai et du 7 juin 1869 donnent lieu à des combats de rue, ce qui ne n'était pas vue depuis plus de 15 ans. Elles marquent la renaissance de la vie politique avec une presse libre et des réunions publiques dans les grandes villes, surtout à Paris[3].
Si les candidats favorables à l'Empire l'emporte avec 4 600 000 voix, l'opposition, majoritairement républicaine rafle 3 300 000 voix et la majorité dans les grandes villes mais elle reste divisée entre modérés et révolutionnaires[4]. Léon Gambetta est notamment élu à Paris. Une grande disparité se manifeste ainsi de nouveau entre la ville et les campagnes. Celles-ci sont beaucoup plus conservatrices, et continuent de voter pour l'Empire, tandis que les grandes villes sont plus libérales. À Paris, l'opposition est majoritaire, avec 234 mille voix, contre 77 mille pour les candidats soutenus par le gouvernement[3]. Emile Ollivier est lui-même battu à Paris mais élu dans le Var. Pour la première fois, le patronage gouvernemental devient compromettant. En conséquence, la tendance qui l'emporte réellement à ces élections est celle qui se définit "indépendante dynastique" ou "conservateur libéral" et concerne des candidats qui ne sont pas hostiles à l'Empereur mais qui veulent contrôler son pouvoir personnel[5].
Concrètement, au Corps législatif, ces élections marquent le recul important des bonapartistes autoritaires (97 sièges) face au grand vainqueur, le Tiers-Parti (125 sièges), et face aux orléanistes de Thiers (41 sièges) et aux républicains (30 sièges)[6]. Avec 118 élus, les candidats officiels sont en minorité mais constituent une majorité de 216 députés (sur un total de 292) avec les 98 gouvernementaux libéraux[7]. Si le régime garde le soutien essentiel de la paysannerie, les ouvriers ont rallié pour la première fois en majorité les candidats républicains ce qui sonne comme un échec pour la politique d'ouverture sociale de Napoléon III. L'union entre les internationalistes et les bourgeois républicains devient dès lors un fait accompli.
Résultats
Parti Sièges[réf. nécessaire] Bonapartistes libéraux 120 Bonapartistes autoritaires 98 Royalistes 41 Républicains 30 Tableau comparatif des élections sous le Second Empire
Élections[8] Inscrits Pour le gouvernement Contre le gouvernement Abstention 1852 9 836 000 5 248 000 810 000 3 613 000 1857 9 490 000 5 471 000 665 000 3 372 000 1863 9 938 000 5 308 000 1 954 000 2 714 000 1869 10 417 000 4 438 000 3 355 000 2 291 000 Conséquences politiques
Suite à ces élections, Napoléon III accepte de nouvelles concessions tandis que « les violences républicaines inquiètent les modérés »[6]. Par un senatus-consulte du 8 septembre 1869, le Corps législatif reçoit l'initiative des lois et le droit d'interpellation sans restriction. Le Sénat achève sa mue pour devenir une seconde chambre législative tandis que les ministres forment un cabinet responsable devant l'Empereur[9]. Mais le parti républicain, contrairement au pays qui réclame la réconciliation de la liberté et de l'ordre, refuse de se contenter des libertés acquises et refuse d'ailleurs tout compromis, se déclarant plus décidés que jamais à renverser l'Empire. Le meurtre du journaliste Victor Noir par Pierre Bonaparte, un membre de la famille impériale, donne aux révolutionnaires l'occasion si longtemps attendue le 10 janvier 1870. Mais l'émeute se termine par un échec.
Notes et références
- Guy Antonetti, Histoire contemporaine politique et sociale, PUF, 1986, p. 278.
- Louis Girard, Napoléon III, Arthème Fayard, 1986, p. 426–427.
- p. 430. Louis Girard,
- p. 431. Louis Girard,
- p. 430–431. Louis Girard,
- Guy Antonetti, Histoire contemporaine politique et sociale, PUF, 1986, p. 279.
- Pierre Milza, Napoléon III, 2006, p. 669.
- Alain Plessis, De la fête impériale au mur des fédérés, 1852-1871, éd. du Seuil, 1979, p. 209.
- p. 280. Guy Antonetti, Histoire contemporaine politique et sociale, PUF, 1986,
Bibliographie
- D. Barjot, J.-P. Chaline, A. Encrevé, La France au XIXe siècle, 1814–1915, Paris, PUF (Presses universitaires de France), 1re édition 1995, 5e 2002, pages 440–442.
- Rois et présidents
- Louis Girard (dir.), Les élections de 1869, Paris, Marcel Rivière, 1960.
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