- Élections législatives françaises de 1852
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Les élections législatives ont eu lieu les 29 février et 14 mars 1852, et devaient permettre de choisir les premiers députés du Corps législatif créé par Napoléon III.
Sommaire
Contexte
Les élections des membres du corps législatif interviennent en février 1852, un peu plus de deux mois après le coup d'état du 2 décembre 1851 et du plébiscite du 21 décembre. Le nouveau régime électoral a été précisé par un décret du 2 février qui fait d'un électeur tout homme de 21 ans comptant 6 mois de domicile. Le scrutin d'arrondissement à deux tours est adopté de préférence à celui du scrutin de liste en vigueur sous la deuxième république. Parmi les dispositions les plus innovatrices et remarquées figure celle qui établit les bureaux de vote dans chaque commune, et non plus au chef-lieu de canton, comme c'était le cas depuis 1848. L'historien Maurice Agulhon note que cette innovation « en facilitant et familiarisant [...] la pratique du vote, ne pouvait que contribuer à l'éducation civique de l'électeur, ce qui se produira en effet peu à peu au long du Second Empire »[1].
Pour ces premières élections de la nouvelle république consulaire, les préfets ont reçu les consignes de mettre l'administration au service des candidats officiels[2], depuis les juges de paix jusqu'aux gardes-champêtres et aux cantonniers[3]. Celle-ci alors utilise tous les moyens possibles pour faciliter l'élection du candidat officiel que ce soit par l'octroi de subventions, de faveurs, de décorations mais aussi de bourrage d'urnes, de menaces contre les candidats adverses et de pressions exercés par les notables sur leurs dépendants. Si ces pratiques ne sont en fait pas nouvelles pour avoir eu lieu sous la Monarchie constitutionnelle, cette fois, elles sont généralisées[3].
Résultats
Lors de ces élections, les candidats officiels ont obtenu 5 200 000 voix contre 800 000 aux divers candidats d'oppositions. Les élus sont pour la plupart des hauts-fonctionnaires, des membres des professions libérales, des hommes de loi, des industriels, des membres du monde des affaires ou des propriétaires fonciers[3]. Ce ne sont pas tous des inconditionnels de Louis-Napoléon ou du changement de régime pour l'Empire[3]. Les authentiques bonapartistes ne représentent pour leur part qu'1/3 des députés élus dont une bonne moitié est issue de l'orléanisme, les autres étant d'origines et d'allégeances diverses. On y trouve notamment les descendants des grands dignitaires du premier Empire (Caulaincourt, Suchet, Cambacérès ...) et des familiers du prince-président et des ministres[3].
Dans ce premier corps législatif élu de la république consulaire, on trouve également 35 députés légitimistes (dont 3 élus sur liste officielle), 17 orléanistes, 18 conservateurs indépendants, 2 catholiques libéraux (dont Charles de Montalembert) et 3 républicains[3]. Les opposants qui parviennent à se faire élire doivent néanmoins prêter serment de fidélité à la Constitution s'ils veulent siéger. En conséquence, les 3 députés républicains élus, Hippolyte Carnot, Louis Eugène Cavaignac, Jacques-Louis Hénon (futur maire de Lyon), qui refusent de prêter serment, ne siégeront pas à l'Assemblée.
Résultats détaillés
Parti Sièges Bonapartistes 253 Royalistes 7 Républicains 3 Louis-Napoléon Bonaparte remporta une très nette majorité lors de ces élections.
Source : Roi et Président
Tableau comparatif des élections sous le Second Empire
Elections Source:
Alain Plessis, De la fête impériale au mur des fédérés, 1852-1871,
éd. du Seuil, 1979, p.209Inscrits Pour le gouvernement
Voir aussi Catégorie:Candidat officiel du Second Empire en 1852)Contre le gouvernement Abstention 1852 9 836 000 5 248 000 810 000 3 613 000 1857 9 490 000 5 471 000 665 000 3 372 000 1863 9 938 000 5 308 000 1 954 000 2 714 000 1869 10 417 000 4 438 000 3 355 000 2 291 000 Articles connexes
Notes et références
- Maurice Agulhon, 1848 ou l'apprentissage de la République, collection Points, Seuil, p 227
- Pierre Milza, Napoléon III, 2006, p 279
- Pierre Milza, p 280
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