Waverley

Waverley
Waverley
ou lÉcosse il y a 60 ans
« Aussitôt qu’ils eurent perdu leur chef, ils se débandèrent selon l’usage général des Highlanders. »
« Aussitôt quils eurent perdu leur chef, ils se débandèrent selon lusage général des Highlanders. »

Auteur Walter Scott
Genre roman historique
Version originale
Titre original Waverley: or 'Tis Sixty Years Since
Éditeur original Archibald Constable
Langue originale anglais
scots des Lowlands
un peu de gaélique écossais
un peu de français
Pays d'origine Drapeau d'Écosse Écosse
Lieu de parution original Édimbourg
Date de parution originale 7 juillet 1814
Version française
Traducteur Joseph Martin
Lieu de parution Paris
Éditeur H. Nicolle
Date de parution 1818
Type de média 4 vol. in-12
Série Waverley Novels
Chronologie
Guy Mannering

Waverley ou Soixante ans avant (Waverley: or 'Tis Sixty Years Since) est un roman historique de Walter Scott, paru anonymement en 1814. Première entreprise de Scott dans la fiction en prose, Waverley est considéré, notamment par Louis Maigron[1] et par Georg Lukács[2], comme le premier roman historique. Waverley devient si populaire que les romans suivants de Scott porteront pour signature « l'auteur de Waverley[3] ». Abordant des thèmes proches, écrits dans la même période, ils prendront le nom collectif de « romans de Waverley » (Waverley Novels).

Sommaire

Cadre historique

Le récit a pour cadre la seconde rébellion jacobite, celle de 1745 (la « Quarante-cinq »). Elle oppose l'armée du roi en place, George II de Hanovre, aux jacobites, commandés par le prince Charles Édouard Stuart (le petit-fils de Jacques VII d'ÉcosseJacques II d'Angleterre).

Résumé

Édouard Waverley, jeune noble anglais rêveur et indolent, est élevé en partie par son père et en partie par son oncle, lun whig et travaillant pour le gouvernement hanovrien, lautre tory et perpétuant la tradition jacobite de la famille.

Par son père, Édouard obtient une compagnie de dragons dans larmée de la maison régnante, la maison de Hanovre. Il est en garnison à Dundee, en Écosse, il a vite fait de sennuyer. Il profite dune permission pour rendre visite au baron Bradwardine, ami jacobite de son oncle, qui vit au pied des montagnes du Perthshire. Bradwardine a une fille, Rose, qui séprend dÉdouard. La spectaculaire irruption dun Highlander armé de pied en cap enflamme la curiosité et limagination romanesque dÉdouard. Il aimerait se donner le frisson dobserver ces créatures étranges dans leur élément naturel. Ignorant complètement que la situation politique est explosive, le jeune officier hanovrien se laisse entraîner en touriste candide dans les sombres montagnes. Il y rencontre le bandit Donald Bean Lean, puis le chef de clan Fergus MacIvor. Il tombe amoureux de Flora, la sœur de Fergus, et participe à une chasse au cerf qui na dautre objet que de recruter des combattants en vue de la deuxième rébellion jacobite.

Édouard, accoutumé dès lenfance à disposer de son temps comme bon lui semble, ne se doute pas que les permissions ont une fin et que les déserteurs risquent gros. Préfigurant le Meursault de Camus[4], il a la surprise, au beau milieu du livre, de voir ses flâneries anodines, ses rencontres de hasard, son attitude détachée lui revenir soudain au visage comme autant déléments à charge. Accusé davoir prêté son nom à la propagande rebelle et davoir fomenté une mutinerie jacobite au sein de sa compagnie, arrêté, destitué, Édouard doit être conduit au château de Stirling.

En cours de transfert, il est délivré par il ne sait qui, transporté il ne sait , et finit par arriver à Édimbourg, au palais de Holyrood. Il y retrouve Fergus MacIvor, qui le présente au prince Charles Édouard, fils du prétendant. Ulcéré de linjustice que lui fait subir sa hiérarchie, Édouard accepte de combattre dans les rangs jacobites. Au palais, il retrouve aussi le baron Bradwardine, sa fille Rose et surtout Flora, la dame de ses pensées. Mais Flora, du premier regard, lui signifie quelle naura jamais pour lui que des sentiments damitié.

Lors de la bataille de Prestonpans (21 septembre 1745), Edward vêtu en Highlander combat contre son ancien régiment de dragons hanovriens, contre la compagnie quil commandait, contre les hommes quil y avait amenés de son domaine, et il doit affronter le dernier regard de son ancien colonel, frappé à mort. Il doit ensuite essuyer les reproches dun prisonnier, un autre colonel « habit rouge » à qui il vient de sauver la vie, le colonel Talbot, un ami de son oncle. Édouard est chargé de le garder. Ensemble ils découvrent une machination : le bandit Donald Bean Lean avait dérobé le cachet dÉdouard, pouvant ainsi entretenir une fausse correspondance et faire se mutiner la compagnie de létourdi. Quant à Fergus, il semblerait bien quil ait utilisé le charme de sa sœur à des fins de compromission, de propagande et de recrutement. Édouard est plus coupable de naïveté que de haute trahison.

Renonçant à séduire Flora, Édouard se rabat sur Rose. Cest le moment que choisit Fergus pour lui annoncer son intention dépouser celle-ci, par pur intérêt. Fergus ne manque pas de semporter violemment parce quÉdouard ne veut plus de sa sœur. Lintervention du baron Bradwardine et du prince empêche un duel. Lors de la retraite de décembre, Flora ayant éclairé son frère, les deux hommes se réconcilient. Mais Fergus est capturé lors de lescarmouche de Lord Londasle, sur la lande de Clifton (19 décembre 1745).

Après la déroute jacobite, Fergus est exécuté, tandis quÉdouard est grâcié. Édouard lAnglais épouse Rose, lÉcossaise, scellant lunité retrouvée[5]. À force dindécision, le héros bourgeois a réussi la synthèse des inconciliables. Au terme dune quête didentité personnelle, il sest découvert une identité collective[6]. Édouard peut se dire « avec fermeté, mais non peut-être sans un soupir : Le roman de ma vie est fini ; son histoire réelle commence[7]. »

Personnages

  • Capitaine Édouard Waverley, Anglais. Nayant vécu que dans les livres, il est complètement coupé des réalités. Sa vie est « un songe ». Scott cependant nous prévient que son mal est moins grave que celui de don Quichotte : son intelligence ne dénature pas les objets quil perçoit ; il les voit dans leur réalité, mais en leur prêtant des couleurs romanesques. Édouard est donc innocent, chimérique, réservé, apathique, ingénu, indécis, inconstant, effacé, distrait[8], ou bien encore insipide, ennuyeux, plat[9], « un morceau de débilité, dit Scott, et sil avait épousé Flora, elle aurait fait de lui une potiche de cheminée[10] ». Il ne passe pas pour être très habile à démêler ses véritables sentiments. Il nest bâti ni pour laction politique, ni pour lhéroïsme. Les intrigues et les querelles lennuient. Il a des talents, mais ne cherche pas à prendre dans la société la place que ces talents pourraient lui assurer. Il ne cherche pas non plus à les développer pour servir quelque cause, pour se lancer dans quelque entreprise grande et périlleuse. Capable de se battre (ou, plus exactement, de se porter au secours des blessés ou de protéger un ennemi de son bouclier), il préfère « admirer la lune et citer une stance du Tasse ». Véritable « girouette » comme dit Fergus, il se laisse mener au gré des rencontres, « résolu de sabandonner aux circonstances ». Il a tendance à se lever tard : cest pour sapercevoir que quelquun sest battu en duel à sa place, ou que son armée est déjà en route pour la bataille. Édouard est résumé dans la scène des inconnus énergiques, parlant une langue dont il ne comprend pas un mot, armés dintentions dont il ignore si elles sont amicales ou hostiles, le traînent puis le transportent en ballot dans un plaid, courant vers une destination dont il ne sait rien. Ce médiocre personnage, qui perçoit linanité de lengagement et la cruauté de lhéroïsme[11], donne une leçon profondément bourgeoise : il survit aux héros, il connaît le bonheur domestique pour lequel il est fait, il va pouvoir transmettre lhéritage familial. Cest la morale de Scott, « bien formé par le libéralisme et lempirisme » : dans lêtre humain, le sage instinct de transmission précède les dangereuses griseries de la politique, le privé est plus important que le public, la nature de lindividu est plus importante que lHistoire[12].
  • Sir Éverard Waverley de Waverley-Honour, Anglais, oncle dÉdouard, tory, perpétuant la tradition jacobite de la famille. Édouard vit chez lui huit mois de lannée.
  • Richard Waverley, Anglais, frère cadet de sir Éverard et père dÉdouard. Par intérêt professionnel, il sest déclaré whig et partisan des Hanovres. Il travaille à Londres pour le gouvernement hanovrien.
  • Pembroke, prêtre anglais non assermenté, précepteur dÉdouard. Auteur de deux formidables recueils délucubrations insipides, dun style « lourd et stupide », prêchant la révolte jacobite, ouvrages dont le public est privé « par la lâcheté égoïste des libraires ».
  • Colonel G..., Anglais commandant le régiment de dragons dÉdouard. Incrédule et très dissipé dans sa jeunesse, il aurait eu une apparition, qui expliquerait qu'il soit devenu subitement sévère, et même « enthousiaste ». Parfois exalté, mais jamais hypocrite.
  • Davie Gellatley (« Davie Do-Little »), Écossais des Lowlands, pauvre innocent, « plus fripon que fou », ne sexprime quen chants devant les étrangers. Il fait preuve dune étonnante présence desprit pour sauver la vie du baron Bradwardine.
  • Cosme-Comyne, baron Bradwardine, Écossais des Lowlands, jacobite, ami de sir Éverard. Original, formaliste, pédant, il émaille ses propos de citations latines, jusquau cœur de la bataille. Ridicule, mais noble et généreux.
  • Rose Comyne Bradwardine, dix-sept ans, fille du baron, simple, timide, douce, modeste, sensible.
  • Duncan MacWheeble, bailli du baron Bradwardine. Il parle « comme un ordre de payer ». Dans larmée jacobite, il devient commissaire des guerres.
  • « Falconer » Balmawhapple, Écossais des Lowlands, « lourde brute », jeune laird têtu et emporté. À la bataille de Prestonpans, des dragons hanovriens lui fendent le crâne, décelant la présence dune cervelle, « ce dont on avait toujours douté pendant sa vie ».
  • Enseigne Evan MacIvor de Tarrascleugh, ou Evan Dhu, ou Evan MacCombish, ou Evan Dhu MacCombish, Écossais des Highlands, négociateur de Fergus MacIvor, brave, dévoué, dune inaltérable fidélité. Au juge qui lui recommande de déposer un recours en grâce, il répond : « Je nai rien à vous demander, sinon dordonner quon môte mes fers, quon me rende ma claymore et quon me permette de mapprocher de vous pendant deux minutes. »
Un homme lisant une carte et des Highlanders
Jacobites, en 1745.
  • Donald Bean Lean, bandit des Highlands cherchant à se faire passer pour un Robin des Bois. Ambitieux, sans scrupules, audacieux, intrigant, il vit sous la protection de Fergus MacIvor, quil craint et quil naime pas. Des jacobites le chargent de missions secrètes, et notamment de renseigner sur la force des régiments hanovriens stationnés en Écosse. Il rêve de quelque coup déclat qui lui permettrait de faire fortune, de quitter une situation précaire et dangereuse. Ne pouvant se résoudre à voir en Édouard un simple touriste, il le prend pour un jacobite. Il interprète son indifférence comme de la défiance à son égard, ce qui le dépite fort. Voulant à tout prix être mêlé aux lourds secrets de son hôte, il lui dérobe son cachet. Lorsquil prend enfin la mesure du détachement du jeune homme, il utilise le cachet pour ourdir la machination qui compromet Édouard et suscite une mutinerie dans larmée régulière.
  • Alix, fille de Donald, la meilleure danseuse de strathpeys de toute la vallée.
portrait de femme en costume des Highlands
Flora MacDonald a inspiré en partie le personnage de Flora MacIvor[13].
  • Colonel Fergus MacIvor « Vich Ian Vohr » de Glennaquoich, Écossais des Highlands, jeune chef du clan Ivor, brave, généreux, ardent, impétueux, énergique, mais également souple, sournois, méchant : il a « un bon cœur quand il nest pas dans ses accès de colère ». Élevé en France, il est fin et spécieux. Écossais, il est hautain, faux et vindicatif. Sa tête est un foyer perpétuel dintrigues et de projets, et ses entreprises militaires ou matrimoniales sont toujours mêlées à de sombres plans dambition et de fortune.
  • Callum Beg, gilly-more de Fergus, page rusé, froid et déterminé.
  • Flora MacIvor, sœur de Fergus. Élevée en France dans un couvent, amie de Rose Bradwardine, elle a « de grands airs ».
  • Ebenezer Cruickshanks, Écossais des Lowlands, aubergiste, whig fanatique, puritain, cupide et impudent.
  • John Mucklewrath, Écossais des Lowlands, maître forgeron et professeur (saint homme), whig, presbytérien intolérant, ivrogne et malheureux en ménage. On doit lempêcher de plonger un fer rouge dans le gosier de sa bruyante femme.
  • Mistress Mucklewrath, épouse de John, au verbe haut en couleurs. Elle méprise son mari, lhumilie à plaisir et le trompe effrontément.
  • Révérend Morton, Écossais des Lowlands, pasteur de Cairnvreckan. Il prêche aussi bien les œuvres pratiques du christianisme que ses dogmes, On ne peut déterminer sil appartient au parti évangélique de lÉglise dÉcosse ou au parti modéré. Ses paroissiens, touchés par ses exhortations au bien, lui cachent tout ce qui, dans leur comportement, pourrait lui faire de la peine.
  • Major Melville, Écossais des Lowlands, laird de Cairnvreckan. Froid et prudent, portant un regard sévère sur les humains, il remplit avec honneur et intégrité les fonctions de juge de paix.
  • Brigadier Humphry Houghton, Anglais, fils de Job Houghton, un des fermiers de loncle dÉdouard. Intelligent et actif, il a une grande influence sur ses camarades anglais, les vingt jeunes gens des domaines de Waverley-Honour qui ont suivi Édouard à larmée, senrôlant dans sa compagnie de dragons.
  • « Gifted » Gilfillan, Écossais des Lowlands, de la secte des caméroniens, presbytériens austères. Dur, sévère, orgueilleux, sombre fanatique, dévot hypocrite et dédaigneux, il prétend faire marcher ses hommes au rythme du cent dix-neuvième psaume, exécuté au tambour.
  • Jeannette Gellatley, mère de Davie. Écossaise des Lowlands, sa mère étant des Highlands. Jadis accusée de sorcellerie, elle fut tirée du bûcher par le baron Bradwardine.
  • Prince Charles Édouard Stuart, petit-fils de Jacques VII d'Écosse (Jacques II d'Angleterre) et fils du prétendant Jacques François Stuart.
  • Colonel Philippe Talbot, de larmée régulière. Anglais flegmatique, ami de sir Éverard, brave et humain, mais aigre et intolérant vis-à-vis des jacobites.
  • Alick Polwarth, ancien paysan du comté de Merse (Lowlands), domestique dÉdouard. Il sest engagé dans larmée jacobite parce que Jenny Job a dansé tout une nuit avec Bullock, caporal de fusiliers anglais. Grand ami de la vérité, il aime à raconter les carnages et les exécutions sanglantes.
  • Jacob Jopson, Anglais du Cumberland, vieux fermier honnête, hospitalier, bienveillant et désintéressé : « Ignores-tu que les dragons sont dans le village, et que sils te rencontrent, ils te hacheront comme un navet ? »
  • Cicily Jopson, fille de Jacob, aux joues fraîches comme la cerise.
  • Édouard Williams, dit Ned, amoureux de Cicily.

Analyse

Ce premier roman de Scott connaît un retentissement considérable. On célèbre le charme magique du roman, lunion de la fantaisie et de la vérité[14]. Thomas Carlyle remercie Scott de montrer lhistoire faite par des hommes de chair et de sang[15]. Goethe, parlant de « très grande intelligence de lart », range Waverley « à côté de ce qui a été écrit de meilleur au monde[16] ». Et Balzac voit tout de suite en Scott un rénovateur exemplaire du genre romanesque[17].

Voir les apports de Scott, selon Louis Maigron, dans Le Roman historique à l'époque romantique.

Le propos de Scott est de peindre coutumes et gens dÉcosse, comme son amie Maria Edgeworth a fait pour lIrlande[18]. Depuis la Révolution française, les peuples ont le sentiment dexister. On découvre lœuvre de Herder et celle de Hegel. Selon ces penseurs, chaque peuple a sa destinée propre, chaque peuple représente une idée. Et cette idée confère un sens à la destinée individuelle. Lindividu se définit donc par le peuple auquel il appartient, lequel se définit lui-même par lendroit il vit, et par ses traditions. Le champ est donc ouvert aux minutieuses descriptions de Walter Scott concernant le décor, le climat, léconomie, les coutumes. Tous ces éléments fondent lidentité du peuple, identité parfois menacée[19]. Dans Waverley, lindividu et le peuple découvrent la place qui leur est assignée dans lHistoire, non plus par le hasard, mais par une nécessité historique.

Georg Lukács voit dans Waverley la rupture avec lépopée, la naissance du roman réaliste du XIXe siècle et de ce quil appelle « la forme classique » du roman historique. Il situe à 1814lannée de la parution de Waverleyle début de lère classique du roman historique, laquelle prend fin, selon lui, en 1848.

Voir lavis de Georg Lukács sur Walter Scott et sur Waverley dans Le Roman historique.

Dans Waverley, Scott a déjà trouvé sa formule définitive du roman historique[20] :

  • Laction se passe en 1745, et Scott écrit son premier jet en 1805. Stendhal voit dans ce délai de 60 ans « lexemple même dune bonne distance temporelle qui peut convertir la politique en histoire[21] ».
  • Le personnage central nest pas un personnage historique, mais fictif. Son manque denthousiasme, sa transparence lui permettent de se mêler au peuple comme dapprocher les figures historiques des deux camps.
  • Le héros du livre n'est donc pas le fade Édouard. Les pôles dintérêt du livre, ce sont les antagonismes sociaux, les luttes. Scott aime peindre les remous profonds qui divisent une société.
  • Plus précisément, il choisit de nous faire vivre la crise, le moment particulièrement dramatique de lHistoire lordre ancien va basculer pour céder la place à lordre nouveau. Après la rébellion jacobite de 1745, la puissance patriarcale des chefs de clan et la juridiction féodale des barons et de la noblesse des Lowlands seront abolies. « Il nest pas de nation en Europe, dit Scott, qui, dans le cours dun demi-siècle ou guère plus, ait éprouvé un changement aussi complet que le royaume dÉcosse[22]. » Les mœurs, les préjugés, les croyances et les coutumes de la vieille Écosse, les antiques vertus telles que le sens de lhospitalité, le désintéressement, lhonneur, la loyauté, Scott les évoque avec tendresse et respect. Mais, au jour il écrit, la page est tournée, il en prend son parti : lextension du commerce a contraint « les gens du vieux levain » à se fondre dans la Grande-Bretagne libérale, dans la Révolution industrielle, dans un mode de vie moderne pour adorer « le dieu Argent des Anglais[23] ».

Notes et références

  1. Louis Maigron, Le Roman historique à l'époque romantique : essai sur l'influence de Walter Scott, Hachette, 1898. Maigron reconnaît des prédécesseurs à Scott mais, pour lui, Waverley est le premier « vrai » roman historique.
  2. Georg Lukács, Le Roman historique, Payot, 2000. Lukács parle de Scott et de ceux qu'il considère comme ses meilleurs disciples (Balzac, Pouchkine) comme d'auteurs de « romans historiques de forme classique », et de la période 1814-1848 comme de la « période classique du roman historique ».
  3. Telle était la signature dans les pays anglo-saxons. Le livre ne fut pas traduit tout de suite en français. Walter Scott sera connu en France par la traduction en 1816 de Guy Mannering (Guy Mannering astrologue : nouvelle écossaise) et surtout par celle, en 1817, dOld Mortality (Les Puritains d'Écosse). Les traductions des livres suivants porteront la signature : « de lauteur des Puritains dÉcosse ». La première traduction en France de Waverley semble être celle de Joseph Martin, en 1818. Sur les traductions de Scott en France, voir Martyn Lyons, « The audience for Romanticism: Walter Scott in France, 1815-1851 », dans European History Quarterly, n° 14, 1984, p21-46.
  4. Sans faire le rapprochement, Michel Crouzet note : « Waverley semble vivre un rêve et se trouve étranger [cest Crouzet qui souligne] à tout ce qui lentoure et à lui-même... » Michel Crouzet, préface de Walter Scott, Waverley, Rob Roy, La Fiancée de Lammermoor, coll. « Bouquins », Robert Laffont, 1981, p. 27.
  5. Michel Crouzet, op. cit., p30. Comme lhistorien fidèle à sa fonction, dit Michel Crouzet, le héros scottien se doit « de renouer les fils, de transcender les schismes ».
  6. Michel Crouzet, op. cit., p24.
  7. p311 de lédition « Bouquins ».
  8. Épithètes décernées dans le roman à ce « héros » dun type inédit. Un jugement particulièrement sévère est porté par Flora, lobjet de ses rêves, p278 et 279.
  9. Michel Crouzet, op. cit., p28 et 29. « Vrai bourgeois que satisfait son mariage, ajoute Crouzet, ou plutôt Hamlet embourgeoisé qui toujours hésite et nagit jamais. » Michel Crouzet rappelle que Waverley fait penser à waver, qui veut dire osciller, hésiter.
  10. Cité par Michel Crouzet, op. cit., p. 29.
  11. Michel Crouzet, ibid.
  12. Michel Crouzet, op. cit., p30.
  13. Henri Suhamy, Sir Walter Scott, Fallois, 1993, p. 184.
  14. Michel Crouzet, op. cit., p10.
  15. Rapporté par Michel Crouzet, op. cit., p36.
  16. Cité par Michel Crouzet, op. cit., p10.
  17. Michel Crouzet, op. cit., p8 et 9.
  18. p. 366
  19. Brigitte Krulic, Fascination du roman historique : intrigues, héros et femmes fatales, Autrement, 2007, p82.
  20. Le Nouveau Dictionnaire des œuvres, coll. « Bouquins », Bompiani et Robert Laffont, 1994, VI, p7646.
  21. Cité par Michel Crouzet, op. cit., p11 et 12.
  22. p365.
  23. p359.

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