- Waverley (roman)
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Waverley (roman)
Waverley ou Soixante ans avant est un roman historique de Walter Scott, paru anonymement en 1814. Première entreprise de Scott dans la fiction en prose, Waverley est considéré, notamment par Louis Maigron[1] et par Georg Lukács[2], comme le premier roman historique. Waverley devient si populaire que les romans subséquents de Scott porteront pour signature « l'auteur de Waverley ». Abordant des thèmes proches, écrits dans la même période, ils prendront le nom collectif de « romans de Waverley ».
Sommaire
Contexte
Le roman a pour cadre la seconde rébellion jacobite, celle de 1745, qui oppose les partisans de George II de Hanovre aux jacobites, les partisans de Charles Stuart (le petit-fils de Jacques VII d'Écosse — Jacques II d'Angleterre).
Argument
Edward Waverley, jeune homme romantique, a été élevé en partie par son père et en partie par son oncle, l’un partisan des Hanovres, l’autre des Stuarts.
Fraîchement engagé dans l’armée, Edward profite d’une permission pour rendre visite au baron Bradwardine, ami de son oncle qui vit dans les Midlands. Bradwardine a une fille, Rose, qui s’éprend d’Edward. À la poursuite de vaches disparues, Edward finit par rencontrer le bandit Donald Bean Lean et le chef jacobite Fergus Mac Ivor. Il tombe amoureux de Flora, la sœur de Fergus. Puis il se laisse entraîner par Fergus dans une chasse au cerf qui n’a d’autre objet que de recruter des combattants jacobites.
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Ce qui suit dévoile des moments clés de l’intrigue.
Dans tout cela, Edward a un peu oublié que les permissions ont une fin, et que les déserteurs risquent gros. Préfigurant le Meursault de Camus, il a la surprise, au beau milieu du livre, de voir ses flâneries anodines, ses rencontres de hasard, son attitude détachée lui revenir soudain au visage comme autant d’éléments à charge.
Analyse
Scott veut peindre coutumes et gens d’Écosse, comme Maria Edgeworth a fait pour l’Irlande.
Depuis la Révolution française, les peuples ont le sentiment d’exister. On découvre l’œuvre de Herder et celle de Hegel. Selon ces penseurs, chaque peuple a sa destinée propre, chaque peuple représente une idée. Et cette idée confère un sens à la destinée individuelle. L’individu se définit donc par le peuple auquel il appartient, lequel se définit lui-même par l’endroit où il vit, et par ses traditions. Le champ est donc ouvert aux minutieuses descriptions de Walter Scott concernant le décor, le climat, l’économie, les coutumes. Tous ces éléments fondent l’identité du peuple, identité parfois menacée[3]. Dans Waverley, l’individu et le peuple découvrent la place qui leur est assignée dans l’Histoire, non plus par le hasard, mais par une nécessité historique.
Georg Lukács voit dans Waverley la rupture avec l’épopée, la naissance du roman réaliste du XIXe siècle et de ce qu’il appelle « la forme classique » du roman historique. Il situe à 1814 — l’année de la parution de Waverley — le début de l’ère classique du roman historique, laquelle prend fin, selon lui, en 1848.
Voir l’avis de Georg Lukács sur Walter Scott et sur Waverley dans Le Roman historique.Dans Waverley, Scott a déjà trouvé sa formule définitive du roman historique[4] :
- L’action se passe en 1745, et Scott écrit en 1805. Stendhal voit dans ce délai de 60 ans « l’exemple même d’une bonne distance temporelle qui peut convertir la politique en histoire[5] ».
- Le personnage central n’est pas un personnage historique, mais fictif. Son manque d’enthousiasme, sa transparence lui permettent de se mêler au peuple comme d’approcher les figures historiques des deux camps.
- Le héros du livre n'est donc pas le fade Edward. Les héros du livre, ce sont les antagonismes sociaux, les luttes. Scott aime peindre les remous profonds qui divisent une société.
- Plus précisément, il choisit de nous faire vivre la crise, le moment particulièrement dramatique de l’Histoire où l’ordre ancien finit par basculer pour céder la place à l’ordre nouveau.
Notes et références
- ↑ Louis Maigron, Le Roman historique à l'époque romantique : essai sur l'influence de Walter Scott, Hachette, 1898.
- ↑ Georg Lukács, Le Roman historique, Payot, 2000.
- ↑ Brigitte Krulic, Fascination du roman historique : intrigues, héros et femmes fatales, Autrement, 2007, p. 82.
- ↑ Le Nouveau Dictionnaire des œuvres, Bompiani et Robert Laffont, « Bouquins », 1994, VI, p. 7646.
- ↑ Cité par Michel Crouzet, préface de Walter Scott, Waverley, Rob Roy, La Fiancée de Lammermoor, Robert Laffont, « Bouquins », 1981.
Lien externe
- Waverley, disponible dans le Projet Gutenberg.
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