Siège de Maubeuge (1914)

Siège de Maubeuge (1914)
Siège de Maubeuge (1914)
Bundesarchiv Bild 146-1970-009-19, Frankreich, Maubeuge, Festung.jpg
Les restes d'une tourelle de la forteresse de Maubeuge après plus de huit jours de pilonnage par les canons allemands de 210, de 305 et de 420 mm.
Informations générales
Date du 28 août au 8 septembre 1914
Lieu Maubeuge, France
Issue Victoire allemande
Belligérants
Drapeau français République française Drapeau: Empire allemand Empire allemand
Commandants
général Joseph Anthelme Fournier général Hans von Zwehl
Forces en présence
27 bataillons (50 000 hommes) VIIe corps de réserve et
VIIe corps d’active (60 000)
Pertes
1 000 tués,
4 000 blessés et
46 000 prisonniers
 ?
Première Guerre mondiale
Batailles
Front de l’Ouest

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Le siège de Maubeuge de 1914 également appelé bataille de Maubeuge fut le premier siège sur le sol français, mené par l'Empire allemand durant la Première Guerre mondiale. Le siège de la ville débuta le 28 août 1914 et se termina, officiellement, le 8 septembre 1914 lors de la capitulation de la ville.

Sommaire

Maubeuge ville fortifiée

Ville du pré carré fortifiée par Vauban, Maubeuge avait fait l’objet d’importants travaux et avait pris une ampleur plus vaste avec Séré de Rivières, comparable à celle du camp retranché d’Épinal. Six forts et sept ouvrages intermédiaires limitaient un périmètre de 35 km :

au nord 
  • le fort de Leveau (sur la commune de Feignies),
  • le fort des Sarts (sur la commune de Mairieux),
  • l'ouvrage d’Héronfontaine ou Héron-Fontaine (sur la commune de Mairieux),
  • l'ouvrage de Bersillies (sur la commune de Bersillies),
  • l'ouvrage de la Salmagne (sur la commune de Vieux-Reng), et
  • l'ouvrage du Fagnet (sur la commune de feignies) ;
à l’est 
  • le fort de Boussois (sur la commune de Boussois),
  • le fort de Cerfontaine (sur la commune de Recquignies) et
  • l’ouvrage de Rocq (sur la commune de Recquignies) ;
au sud 
  • le fort du Bourdiau (sur la commune de Beaufort)
  • le fort d’Hautmont (sur la commune de Hautmont) et
  • l’ouvrage de Ferrière la Petite (sur la commune de Ferrière-la-Petite) ;
à l’ouest 
  • l’ouvrage de Grévaux (sur la commune de Maubeuge) et
  • l’ouvrage de Feignies (sur la commune de Feignies).

Préambule

Le 4 août 1914, lorsque les armées allemandes pénètrent en Belgique, le plan Schlieffen prévoyait de mettre Maubeuge sur leur route. La IIe armée allemande du général Karl von Bülow, devait remonter la Meuse après avoir pris Liège, puis Namur et devait poursuivre sur la Sambre jusqu'à Maubeuge qu’elle devait faire tomber à son tour.

Le 24 août, la cavalerie britannique est arrêtée à Thulin au nord de Maubeuge. Le 25 août, Namur tombe. Le général Hans von Zwehl commandant le VIIe corps de réserve reçoit aussitôt l’ordre de faire tomber Maubeuge. Le soir la 14e division d’infanterie de réserve atteint Binche à 16 km de la place-forte et constate sa mise en état de défense. Une attaque brusquée n’est plus envisageable, d’autant plus qu’il s’agit d’un VIIe corps de réserve incomplet qui se présente, la 13e division d’infanterie de réserve et l’artillerie lourde n’étant pas encore arrivées de Liège.

L’investissement commence le 28 août avec les moyens dont dispose von Zwehl, renforcés toutefois de la 26e brigade d’active du général von Bülow. Le 7 septembre l’investissement sera complet. La garnison française effectue des sorties les 25, 26 et 28 août, mais elle a reçu pour ordre d’éviter le contact.

Préparatif

Dès le 31 juillet 1914, le général Joseph Anthelme Fournier fait construire, pendant 20 jours par 25 000 réservistes et territoriaux et 6 000 ouvriers civils : 50 emplacements de batterie et fait combler 4 km non défendus entre le fort de Boussois et l'ouvrage de Salmagne situé sur la commune de Vieux-Reng, constitue 10 centres de résistance avec des réseaux de tranchées et de barbelés.

Casemates détruites de la forteresse de Maubeuge.

Forces en présence

Flag of France.svg Forces de la République française

Maubeuge disposait d’environ

Le gouverneur de la place était le général de brigade Joseph Anthelme Fournier qui était secondé par le général de brigade Gabriel Jean-Louis Ville.

Flag of the German Empire.svg Forces de l'Empire allemand

Le général Hans von Zwehl disposait de près de 60 000 hommes :

  • 27 bataillons
  • 6 escadrons
  • 15 batteries de campagne
  • 2 compagnies de pionniers
et de plusieurs formations de siège venant de Namur
  • 2 bataillons de pionniers munis de Minenwerfer lourds
  • 21 batteries de grosse artillerie
    • 1 batterie de 420 mm
    • 4 batteries de 305 mm
    • 8 batteries de mortiers de 210 mm
    • 2 batteries d'obusiers lourds de 150 mm
    • 6 batteries de canons longs à grande portée
      • 2 batteries de 130 mm
      • 4 batteries de 100 mm

Le siège

Le 28 aout 1914, les troupes allemandes commencent l’encerclement.
Faute de pouvoir investir totalement la place, le commandant du VIIe corps de réserve décide, logiquement, de ne porter son effort que sur un seul point. Il conduira son attaque rive gauche de la Sambre, au nord-est dans le secteur de Bersillies, la Salmagne et Boussois. Ce secteur finalement mal bouché autour du Fagnet, entre la Salmagne et Boussois est un peu le talon d’Achille du camp retranché.
C’est sur un front de 8 km que l’attaque de la 14. Infanterie Division de réserve attaquera. Une attaque de diversion sera menée rive droite de la Sambre sur l’ouvrage de Rocq et le fort de Cerfontaine.
Le 29 août 1914, l’artillerie allemande ouvre le feu dans le secteur de l’attaque principale.
Le 1er septembre 1914 les allemands bombardement violemment Rocq et Cerfontaine.
Le général Fournier lance, à midi, une attaque sur 8 km de front, entre Vieux-Reng et Jeumont, à partir des ouvrages de la Salmagne, du Fagnet et du fort de Boussois. Attaquant sur 4 colonnes, les 145e RI, 345e RI, 31e RIC et 1er RIT, appuyés par les batteries de 75 mm, échouent à 250 mètres près. Les mitrailleuses ennemies et le manque de mordant du côté français font échouer l’opération, les batteries lourdes allemandes étaient à portée de main.
Le 2 septembre les Allemands se ressaisissent et bombardent les fort de Boussois et l’ouvrage de la Salmagne. L’artillerie française malmène les détachements allemands en déplacement.
Le 3 septembre un déluge d’obus allemands, de gros calibres, du 210 et du 420, tombe pendant 2 jours sur les secteurs de Fagnet, la Salmagne, Boussois, Rocq et Cerfontaine.
Le 4 septembre, l’infanterie allemande attaque sur un front allant de Bersillies à Cerfontaine, la partie la plus faible du camp retranché. L’ouvrage du Fagnet tombe le soir.
Le 5 septembre le secteur nord-est donne des signes de craquement. Le matin au sud-est une attaque est repoussée devant la position de Rocq. Au nord-est deux attaques échouent mais une troisième parvient à enlever l’ouvrage de la Salmagne. Celui de Bersillies succombe à son tour le soir.
Au bout de huit jours de siège, Maubeuge, n’est toujours pas tombée et la place commence à devenir une épine particulièrement gênante sur les arrières d’un ennemi pour qui le temps commence à presser. Il presse d’autant plus que le 5 septembre après-midi la bataille de l’Ourcq, prélude à la contre-offensive de la Marne vient de commencer.
Le général Joseph Anthelme Fournier isolé et ignorant des évènements réunit le soir un conseil de guerre et donne l’ordre de rassembler pour le lendemain les drapeaux de la garnison et de les brûler.
Le 6 septembre au matin le village et le fort de Boussois tombent après une belle résistance. Les Allemands prennent le village d’Élesmes, mais les Coloniaux parviennent à le reconquérir. Au sud l’ouvrage de Rocq cède.
La situation devient critique, les archives sont brûlées, l’arsenal et les poudrières sautent sur ordre. Le général Fournier tient un second conseil de guerre, alors que la contre-attaque de la Marne bat son plein. L’aurait-il su, tout pouvait changer, autant que la place était condamnée, il était possible de gagner quelques jours qui auraient compté plus que jamais. Par ailleurs les Allemands commencent à manquer de munitions.
Le 7 septembre, les Allemands n’ont plus d’obus de 210. Toutefois les canons de 305 et de 420 pilonnent l’ouvrage d’Héronfontaine, anéantissent le fort de Leveau. Le fort des Sarts, situé au nord est débordé. La bataille de la Marne ne tournant pas à l’avantage de l’ennemi, von Zwehl reçoit l’ordre péremptoire de rendre la 26e Infanterie Brigade d’active à von Bulow.
À 10 heures le général Fournier fait hisser le drapeau blanc au clocher de l’église de Maubeuge. À midi l’ouvrage d’Héronfontaine et le fort des Sarts sont abandonnés. À 14 heures c’est au tour des forts Leveau et de Cerfontaine. Engagés dans une course contre la montre les Allemands sont pressés d’en finir, le plénipotentiaire français, le capitaine Grenier s’en aperçoit et incite le général Fournier à gagner un peu de temps. Il obtient que la capitulation intervienne le lendemain, 8 septembre 1914, à 8 heures.

Soldats allemands sortant de Maubeuge par la porte de Mons.

La capitulation

Totalement dépassé par les événements, Fournier ne commandait plus et n’avait comme seul souci que celui de mettre un terme au siège. La garnison était pourtant loin d’être anéantie. Si la partie nord-est est tombée, les deux tiers de la ceinture fortifiée ont finalement assez peu souffert. Par ailleurs Maubeuge disposait toujours d’une artillerie nombreuse, active et bien pourvue ainsi que des troupes motivées.
D'ailleurs dès que l’annonce de la capitulation commence à courir, elle provoque l’indignation. La garnison avait toujours la volonté de se battre. En raison d’ordre mal transmis, le matériel sera loin d’être détruit en totalité, et les Allemands puiseront dans les ressources considérables disponibles.
Le vainqueur récupère ainsi de très nombreuses pièces de 120 et 155 mm (système de Bange) avec des munitions en quantité, qui seront retournées contre les Français dans quelques jours. Le butin avoisinerait les 400 canons.
La garnison a plus de 4 000 blessés et environ 1 000 tués. Les Allemands font près de 46 000 prisonniers.

Les évasions

Tous n’acceptent pas la capitulation. Nombreux sont ceux qui firent leur possible pour y échapper. Initiatives individuelles ou collectives, connaissant des bonheurs divers, elles concernent environ 1 200 hommes.

La plus spectaculaire des évasions est celle du commandant Charlier, officier de l’artillerie coloniale, commandant le parc à munitions de Maubeuge. Le 6 septembre 1914 au matin, son poste est supprimé, il reçoit l’ordre de cesser les approvisionnements et de faire sauter l’arsenal. Cette mission accomplie, il se rend, sans ordre, au fort d’Hautmont où il lui est demandé… d’attendre. Sentant la capitulation inéluctable, l’idée lui vient alors de sortir de la nasse.

Aussitôt, à la tête de d’une colonne de 300 hommes, tous artilleurs territoriaux ou presque, et de quelques voitures, le commandant Charlier quitte la place le 7 septembre dans l’après-midi. Renonçant à emprunter la route de Valenciennes déjà coupée, il prend la direction de Feignies. Il avait pour idée de traverser le bois de la Lanière, sur la commune de Malplaquet, avec l’intention de passer en territoire belge pour revenir en France par Condé-sur-l'Escaut et rejoindre Lille.

Mais entre temps la colonne s’était agrandie pour dépasser le millier d’hommes. Charlier fait alors abandonner tout ce qui pouvait la retarder, voitures et matériel encombrant… et s’enfonce dans le bois de la Lanière. Un autre groupe aux ordres du capitaine d’artillerie Magnien, se joint provisoirement à la colonne.

Un seul combat très vif, est livré à la lisière nord du bois, entre Malplaquet et Aulnois en Belgique. Les Allemands lâchent prise croyant avoir affaire à une forte partie. Le groupe du capitaine Magnien se sépare et gagne directement Dunkerque. La colonne Charlier reprend sa route pratiquement sans rencontrer l’ennemi, la bataille de la Marne ayant aspiré tout ce qui pouvait rester comme troupes allemandes disponibles.

La colonne évite le village de Malplaquet, occupé par les Allemands. La frontière franchie, ce sont les Belges qui, de proche en proche la guident. À la nuit tombée elle passe par Dour puis par Baisieux. Le 8 septembre vers 3 heures du matin, après plus de 40 km de marche, elle repasse en France et arrive à la mine Quiévrechain ou ils apprennent la chute de Lille.

La colonne prend alors une nouvelle direction afin de rejoindre Dunkerque par Hazebrouck. Vers 6 heures du matin, grâce à la complicité du directeur de la mine, les soldats cachent armes et munitions et perçoivent des tenues de mineurs. La colonne est alors dispersée et c’est dans cet appareil qu’elle arrive à Dunkerque le 10 septembre au soir, à pied et pour certains en train.

L’arrière-garde de la colonne forte de 300 hommes aux ordres du lieutenant de territoriale Paul Darvogne, qui s’était séparé de la colonne principale avant la mine de Quiévrechain, livrait le 8 septembre un combat à Blanc Misseron à une compagnie allemande venue de Valenciennes. La vigueur du feu français fait décrocher l’envahisseur. Arrivé à Callenelle, en Belgique, le lieutenant Darvogne parvient à réquisitionner un train destiné aux Allemands stationnés à Mons. Les Allemands constatant son absence envoient des automitrailleuses qui arrivent trop tard.

Le train atteint Tournai d’où Paul Davogne le fait continuer sur Courtrai et enfin Dunkerque ou le détachement arrive le 8 septembre au soir. Arrivé à Dunkerque, le lieutenant Paul Davogne est mis aux arrêts de rigueur « pour abandon de poste » par le gouverneur de la place. Le commandant Charlier l’en fera sortir après avoir expliqué les conditions de l’évasion.

Puis après la guerre, c’est le tour du capitaine Magnien et du commandant Charlier d’être traduits, le 19 avril 1920, devant le conseil de guerre de Paris pour le même motif ! Cette situation kafkaïenne inspire au commandant Charlier cette réflexion : « Depuis quand la captivité est un poste ? » Les 2 officiers furent acquittés.

L'écluse de Maubeuge en 1915.

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