Signalisation routière en France

Signalisation routière en France

La signalisation routière en France désigne l’ensemble des signaux conventionnels implantés sur le domaine routier français et destinés à assurer la sécurité des usagers de la route, soit en les informant des dangers et des prescriptions relatifs à la circulation ainsi que des éléments utiles à la prise de décisions, soit en leur indiquant les repères et équipements utiles à leurs déplacements sur le territoire national.

La nature des signaux, leurs conditions d'implantation ainsi que les règles se rapportant à l'établissement de la signalisation routière et autoroutière sont fixées dans des instructions interministérielles prises par le ministre de l'équipement et du logement et par le ministre de l'intérieur[1].

Annonce d'un échangeur autoroutier
Signalisation de police

Sommaire

Histoire

Les bornes romaines, premiers équipements

Les bornes romaines ou bornes milliaires (du latin milliarum), bien que cela n'ait probablement pas été leur première fonction, peuvent être considérées comme les premiers équipements destinés à renseigner les usagers des voies carrossées et, donc, comme les premiers équipements de signalisation routière.

Il existe un très grand nombre de bornes milliaires en France[2].

Bornes royales

Sous Louis XV, à partir de 1745, de hautes bornes de pierre ornées d'une fleur de lys en bas-relief sont mises en place sur les routes royales. Elles sont implantées toutes les mille toises, soit une demi-lieue (lieue de Paris) ou environ 2 km. Beaucoup de ces bornes ont survécu jusqu'à nos jours. Les fleurs de lys ont été fréquemment martelées à la Révolution, quelquefois même remplacées par des symboles républicains comme le bonnet phrygien. Elles portent toujours un numéro d'ordre à partir de leur point d'origine.

Normalisation des poteaux indicateurs et des bornes

Borne Michelin d'annonce de virages dangereux

Si des poteaux indicateurs étaient assurément implantés en France dès le dix-huitième siècle, le premier document ancien donnant un descriptif de ces poteaux date du 15 avril 1835, il s’agit d’une circulaire fixant les dimensions des poteaux indicateurs.

De même c’est une circulaire du 21 juin 1853[3] qui prescrit l’adoption d’un système de bornes kilométriques et hectométriques pour les routes nationales. Le principe perdurera depuis. Une modification majeure intervient avec la circulaire du 17 mars 1913 qui change l’orientation des bornes : la plus grande face devient perpendiculaire à l’axe de la route. Sur la petite face est inscrite la lettre N, le numéro de la route et le chiffre kilométrique de la borne.

1902 : Premiers panneaux de signalisation à symboles

Avec l’apparition de l’automobile, apparaissent dès 1900 des panneaux de prescription communs aux automobilistes et aux cyclistes avec les textes « Allure modérée » ou « Ralentir ». De nombreuses initiatives voient alors le jour, grâce notamment à l'action de certaines associations, des touring-clubs, ainsi que des fabricants de pneumatiques Michelin et Dunlop. Les premiers signaux de routes à symboles modernes sont créés en France en 1902 par l’Association générale automobile, association fondée en 1895. En haut du panneau figurait le créateur du signal, et en bas à gauche, celui du partenaire financier nommé par la phrase « Don de … »[4],[5].

1909 : Consensus de 9 nations autour de 4 signaux

La première tentative d'unification internationale eut lieu à l’occasion de la conférence diplomatique internationale de Genève du 11 octobre 1909. Quatre signaux d’obstacles sous la forme de plaques rondes, pour les distinguer des plaques rectangulaires de direction, font l’objet d’un consensus : un cassis à double bosse, une succession de virages en Z, un passage à niveau avec barrière et un croisement en X.

Les premières plaques Michelin

Article détaillé : Signalétique Michelin.
Plaque Michelin dans les Deux-Sèvres (France)

Sur le modèle anglais, André Michelin crée vers 1910 les premières plaques de signalisation à deux faces, sur lesquelles étaient indiqués les noms des localités, la désignation et le numéro des routes, et des inscriptions de sécurité comme « Veuillez ralentir », placées à l’entrée de l’agglomération et « Merci » à la sortie[6]. Les dimensions étaient de 1 m sur 0,60 m. Entre 1911 et 1914, 30 000 plaques de tôle émaillée sont ainsi offertes et posées gratuitement en France[7].

Années 1920 : premières réglementations

La circulaire ministérielle du 9 août 1919 jette les bases d’une signalisation routière officielle. Elle en définit en particulier les finalités qui sont alors de deux : signaler les points remarquables ou singuliers (localisations et obstacles) et inquer la route à suivre (direction et distance). Elle prescrit en particulier qu’en ce qui concerne la signalisation d’obstacles, seuls les signaux de la convention de 1909 doivent être employés. Le principe de financement de ces panneaux par le Touring-Club de France avec un recours possible à des donateurs est défini dans une circulaire du 9 août 1919.

Le 31 décembre 1922 est voté un décret portant règlement général sur la police de la circulation et du roulage. Il abroge tous les textes antérieures et constitue de fait le premier code de la route[8],[9] La plupart des règles de circulation étant définies, les équipements de signalisation, les panneaux en particulier, vont alors se développer.

Les bornes et plaques directionnelles Michelin, dont plusieurs nouveaux modèles sont développées dans les années 1920, particulièrement de bornes d’angle, sont toujours expérimentales. Ce n’est que par une circulaire du Ministère des Travaux publics et de l’Intérieur du 17 février 1931 qu’elles ces équipements officiellement autorisées[4].

Jusqu’alors, la circulation aux carrefours était réglée uniquement par les signaux manuels des gardiens de la paix. Les premiers «feux de carrefour» (de simples feux rouges) furent mis en service à Paris en 1923 au carrefour Rivoli-Sébastopol. Ils ne comportaient qu’une couleur, le rouge.

Années 1930 : Un accord international à Genève en 1931

Un congrès européen de la circulation est organisé à Genève au printemps 1931. Il débouche sur une convention signée le 10 avril 1931 par l'Allemagne, la Belgique, le Danemark, la Ville libre de Dantzig, la France, l'Italie, le Luxembourg, la Pologne, la Suisse, la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie[10].

La France ratifie cette convention par une loi du 3 juillet 1934 et la rend ainsi exécutoire sur le territoire français. Outre la validation des types (formes, dimensions, couleurs) des signaux réglementaires (panneaux et marques routières) définis dans la convention de 1931, la loi introduit un aspect de sécurité routière important : il est désormais interdit de placer sur les immeubles ou terrains bordant la voie publique des panneaux-réclames qui, par leur forme, leur couleur ou leur dimension pourraient être confondus avec la signalisation routière, ainsi qu'à proximité des intersections, des virages et des passages à niveaux sur une zone de 30 mètres, réservée de chaque côté de la route[11].

Dans les années 1930, on ajoute aussi un feu vert aux feux de circulation qui étaient constitués d’un seul feu rouge, pour indiquer sans risque d’erreur que le passage était libre. Cependant, seule une sonnerie avertissait les conducteurs du changement de couleur : le feu rouge après le feu vert engendrait alors des arrêts brutaux cause de nombreux accidents.

Années 1940 : La première instruction de signalisation en 1946

Sous l’Occupation, un arrêté est signé le 15 juillet 1942 modifiant les règles de circulation. Un listel est introduit autour des panneaux de danger et la couleur des vignettes (antérieurement bleu foncé) doit être noir, comme c’est alors le cas en Allemagne. Mais il est probable que ces modifications n’aient pas été appliquées[4].

À la sortie de la guerre paraît l’instruction générale du 1er août 1946 sur la signalisation. C’est le premier document réglementant de manière détaillée l’ensemble des domaines de la signalisation. Les couleurs sont normalisées. La forme de certains panneaux est modifiée, comme pour les panneaux de danger dont les angles sont désormais arrondis. Certains graphismes changent. De nouveaux panneaux apparaissent : limitation de hauteur, double limitation de vitesse bus et voiture, interdiction aux camions, barrière de dégel, etc.

Années 1950 : L’instruction de 1952

Un nouveau protocole sur la signalisation est signé par 24 pays le 19 septembre 1949[12]. Il sera ratifié par la France en 1952.

La circulaire du 19 janvier 1952 adapte la signalisation française aux prescriptions du protocole de 1949. Des modifications importantes interviennent en ce qui concerne les panneaux : la bordure bleue sur les panneaux de danger est remplacée par une bordure rouge, les signaux d’obstacles deviennent des panneaux de danger, le panonceau apparaît sous le nom d’ « indication additionnelle », etc. De même est introduit un panneau, spécifique à la France, d’indication de forêt facilement inflammable. C’est le seul panneau d’indication qui a subsisté jusqu’à nos jours avec ses dimensions et son graphisme.

En 1955 une nouvelle circulaire apport des éléments nouveaux introduit de nouveaux éléments particulièrement en signalisation directionnelle.

Années 1960 : L’arrêté fondateur de 1967

L’instruction du 22 octobre 1963 va être la base de toute la signalisation jusqu’à 1982, excepté en ce qui concerne les autoroutes. Le panneau de fin d’agglomération est introduit. Quelques autres panneaux nouveaux sont introduits comme celle d’indication pour les piétons ou le jalonnement vers les aéroports.

L’arrêté du 24 novembre 1967 sur la signalisation des routes et autoroutes [13] réglemente l’ensemble des panneaux qui avaient été introduits jusque là par des circulaires.

Années 1970 : Signalisations autoroutière et touristique

Les autoroutes ont été crées en 1955[14], mais il faudra de nombreuses années pour stabiliser la doctrine en matière de signalisation des autoroutes. Ce n’est qu’avec l’arrêté du 8 mars 1971[15] pour que ceci soit fait. La couleur bleue est en particulier retenue pour les filantes autoroutières, comme en Allemagne ou en Espagne, mais à l’inverse de l’Italie, de la Belgique ou de la Suisse.

1974 voit la parution d’une circulaire entièrement dédiée à la signalisation touristique, ce qui est nouveau.

En ce qui concerne le marquage routier, les lignes jaunes deviennent blanches en 1972. Cette modification permet d’augmenter la visibilité sur les routes.

En 1977 paraît un arrêté modifiant l’arrêté de 1967 pour intégrer dans la réglementation les nouveaux principes et panneaux issus de la convention de Genève de 1968 que la France a ratifiée le 9 décembre 1971. Concernant les panneaux de danger, le fond crème est abandonné pour le blanc et une bande rouge large bordée d’un petit listel blanc remplace l’ancien petit listel rouge. De même la couronne rouge des panneaux de prescription est désormais bordée d’un petit listel blanc.

Années 1980 : Refonte de la signalisation directionnelle

L’instruction du 22 mars 1982 fonde les principes de la signalisation directionnelle puisqu’elle est toujours en vigueur de nos jours. La nouvelle réglementation vise à insérer le jalonnement dans la logique de conduite des usagers. L’ordre ainsi que la nature des mentions dépend de la perception qu’en a l’usager. De même les dimensions des lettrages dépendent de la vitesse de l’usager.

Années 1990 : Les panneaux à messages variables

Un guide sur les panneaux à messages variables paraît en 1994. Ces nouveaux équipements peuvent être utilisés à des fins variées : alerter (danger immédiat), prescrire, conseiller, guider, inciter et enfin informer. Les technologies vont rapidement s'améliorer.

Par ailleurs la construction de nombreuses infrastructures de transports en commun de type tramways conduit à élaborer une réglementation en la matière. L’arrêté du 16 novembre 1998 précise les équipements de signalisation pour les routes croisant ce type d’infrastructures.

Années 2000 : Cyclistes et piétons à l’honneur

Un changement notable déjà amorcé dans les années 1990 se confirme dans les années 2000 : une meilleure prise en compte des cyclistes et des piétons particulièrement en agglomération. En 2000 d’abord, puis en 2002[16] avec la création d’une nouvelle famille de panneaux dédiée aux cyclistes (Dv).

Le nombre de panneaux continue à augmenter. En 2008[17]de nombreux nouveaux panneaux apparaissent. En fait il s’agit de panneaux qui souvent étaient déjà utilisés à titre expérimental. La signalisation d’intérêt local (hôtels, restaurants, etc) utilisée depuis les années 1980 est ainsi réglementée.

Enfin, en octobre 2008, est réglementée la zone de rencontre où le piéton est prioritaire sur la voiture.

Typologie selon la nature

La signalisation verticale regroupe les signalisations par panneaux, par balisage et par bornage. La signalisation horizontale concerne quant à elle tous les équipements appliqués au sol, il s'agit principalement de marquage, mais il peut y avoir d'autres dispositifs comme les plots. La signalisation par feux regroupe l'ensemble des équipements lumineux destinés à réguler la circulation.

Signalisation par panneaux

Placés sur le côté des routes, les panneaux de signalisation routière peuvent avoir plusieurs fonctions. Les panneaux de danger informent les usagers d’éventuels dangers qu’ils peuvent rencontrer et contribuent ainsi à rendre plus sûre la circulation routière. Les panneaux directionnels facilitent cette circulation en indiquant par exemple les directions à suivre. Les panneaux de prescription ou d'obligation indiquent ou rappellent diverses prescriptions particulières de police en vigueur localement. Les panneaux d'indication enfin donnent des informations relatives à l'usage de la route.

Signalisation par balisage

Les balises sont des dispositifs implantés pour guider les usagers ou leur signaler un risque particulier, ponctuel ou linéaire, sur un itinéraire traité de façon homogène. Elles sont codifiées J.

Signalisation par bornage

Les bornes routières sont destinées à indiquer les distances sur les routes. Elles sont à ce titre des équipements de signalisation.

Signalisation horizontale

La signalisation routière horizontale regroupe tous les différents marquages au sol. Elle a pour rôle de guider l'usager en donnant quatre types d'informations : la répartition des espaces de déplacement, les règles de conduite, le jalonnement et le stationnement.

Signalisation par feux

Les feux de circulation routière constituent un dispositif permettant la régulation du trafic routier entre les usagers de la route, les véhicules et les piétons.

Les feux destinés aux véhicules à moteurs sont généralement de type tricolores, auxquels peuvent s'ajouter des flèches directionnelles. Ceux destinés aux piétons sont bicolores et se distinguent souvent par la reproduction d'une silhouette de piétons. Les feux tricolores pour cyclistes se distinguent par la reproduction d'une bicyclette.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Marina Duhamel-Herz et Jacques Nouvier, La signalisation routière en France, de 1946 à nos jours, Éd. AMC, 1998, (ISBN 2-913220-01-0).

Notes et références

  1. Article 1 de l'arrêté du 24 novembre 1967 relatif à la signalisation des routes et des autoroutes modifié par Arrêté 1970-07-23 art. 1 JORF 25 août 1970 Source: légifrance
  2. Voirle répertoire des bornes milliaires en France
  3. http://pagesperso-orange.fr/signalisation/histoire10.html Chronologie détaillée de l’histoire de la signalisation routière
  4. a, b et c Un demi-siècle de signalisation routière – Naissance et évolution du panneau de signalisation routière en France – Marina Duhamel – Edts des Presses des Ponts et Chaussées – 1994
  5. cf Brève histoire de la signalisation routière en France et dans le monde - Jacques Nouvier et Marina Duhamel – sur le site de l’AIPCR
  6. Voir Histoire des panneaux Michelin par l’association des collectionneurs de cartes et guides Michelin.
  7. Histoire des panneaux Michelin sur Panneauxenbeton.fr. Consulté le 11 mai 2010.
  8. Le nouveau code de la route – Texte et commentaires – Joseph Noulens – eds Cartes Taride -.1923
  9. cf Le code de la route de 1922 sur le site de Philippe Boursin
  10. cf texte de la convention du 10 avril 1931
  11. cf Descriptif loi du 3 juillet 1934 sur le site du SETRA
  12. cf Protocole international du 19 septembre 1949
  13. cf Arrêté du 24 novembre 1967
  14. Loi du 18 avril 1955 portant statut des autoroutes
  15. Arrêté du 8 mars 1971 précisant la signalisation des autoroutes
  16. Arrêté du 31 juillet 2002
  17. Arrêté du 11 février 2008



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