- Parisii
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Les Parisii étaient un peuple gaulois vivant dans l'actuelle région parisienne. Selon César (53 av. J.-C.), leur ville principale (oppidum) aurait été Lutetia.
Sommaire
Étymologie
L'origine et la signification de l'ethnonyme Parisii n’est pas établie avec certitude, car le celtique ancien est assez mal connu au début du XXIe siècle.
Hypothèse mythique
Un culte d'Isis
Jacques-Antoine Dulaure, un historien du XVIIIe ‑ XIXe siècle, associait le nom des Parisii à la déesse égyptienne Isis, à cause de la découverte d'une statue de la déesse retrouvée à l’église Saint-Germain-des-Prés[1].
Cette statue était maigre, haute, droite, noire pour son antiquité, presque nue avec quelque linge entassé autour de ses membres et était située contre la muraille du côté septentrional où est situé le crucifix de l’église : on l’appelait l’idole de Saint-Germain-des-Prés[2].
L'écrivain François Maspéro précise que
« Le culte d’Isis, comme on le voit, était très répandu en France, en particulier dans le Bassin Parisien ; il y avait partout des Temples d’Isis, selon la terminologie occidentale, mais il serait plus exact de dire « Maison d’Isis », car des dits temples étaient appelé en égyptien Per ou Par, lequel mot signifie exactement en égyptien ancien, l’enclos qui entoure la maison. Paris résulterait de la juxtaposition de Per/Par-Isis, mot qui désigne effectivement des villes d’Égypte[3],[4]. »
Ces explications alimentent le stock des étymologies « goropistes » et ne sont pas prises en compte au sein de la communauté des linguistes et des historiens contemporains.
Hypothèse linguistique
Les Parisi(i) étant une tribu celte, leur nom, comme celui de toutes les tribus celtes de Gaule est fort probablement celtique, tout comme l'était le nom de leur capitale Lutèce.
Le linguiste Xavier Delamarre[5] propose un nom basé sur la racine gauloise *pario-, chaudron, terme attesté dans les langues celtiques insulaires: vieux cornique et vieux breton per; gallois pair; etc. et dans des langues romanes contemporaines : occitan par / pairol; lyonnais per; catalan perol; etc. qui signifient tous « chaudron ». Les formes romanes remontent à une forme latinisée *parium / *pariolum. Le second élément, un thème démonstratifs [?] -si est mal identifié : "ceux" [?]. La signification du nom serait « ceux du chaudron » ou « ceux (qui font) des chaudrons », le chaudron jouant un grand rôle dans la civilisation celtique. Il avait aussi un caractère magique dans les mythologies indo-européennes et celtiques en particulier.
Par contre le /kʷ/ du protoceltique (/kʷ/ indo-européen) n'est pas passé à /p/ en gaëlique , d'où l'irlandais coire, chaudron, marmite. On retrouve la forme du celtique ancien dans le nom des Quariates qui ont laissés leur nom au Queyras[6], nom basé sur un même radical avec un autre suffixe -ates.
Les Parisii, peuple homonyme de Grande-Bretagne, ont peut-être un lien avec ceux de Paris. En effet, il s'agit aussi de Celtes et le nom de leur capitale est vraisemblablement celtique. Elle est nommée Petuaria dans les textes (Padrington, Yorkshire), toponyme qui pourrait être dérivé de petuarios qui signifie « quatrième », en l'occurrence « le quatrième fort » ou « la quatrième ville » (cf. m. gallois petwerydd, v. breton petguare, breton pevare, quatrième). La ville de Pithiviers est un ancien Ped(e)uerius[7] (Pedeverius, 843 (CH2, 64), vicaria Petvarensis, 1025) et se situe à la limite supposée du territoire des Carnutes avec les Parisii.
Le nom du chaudron est bien attesté dans l'anthroponymie gauloise : Paris, Parus, Parrio(nis), Paricus, etc.[8]
Le pilier des nautes parisiaques offre un bon exemple de la celticité du nom, puisqu'on y lit sur l'inscription : "nautae Parisiaci", c'est-à-dire « nautes de chez les parisi », avec ici le suffixe celtique -*āko devenu -acum en gallo-roman. C'est un suffixe localisant à l'origine[9].
Le pilier des nautes a aussi livré le nom de dieux celtiques, dont le nom de l'un d'eux Esus, bien que ça n'ait pas de rapport, a été confondu à l'époque moderne avec celui d'Isis.
Histoire
Archéologie
Leur oppidum est par tradition placé à Paris, alors que son sous-sol intra-muros n'a pas encore livré de mobilier protohistorique de cette époque.
Une explication récente à cette énigme a toutefois peut-être enfin été trouvée : à la faveur de fouilles effectuées lors de la construction de l'A86, des traces d'une très importante cité proto-urbaine (plus de 15 ha, soit le double de l'île de la Cité à Paris), des tombes de guerriers gaulois, des équipements urbains importants, etc., ont été trouvés à Nanterre, qui tire justement son nom *Nemetodurum, d'un nemeton celtique.
Au cœur d’un important projet d’aménagement reliant les berges de la Seine à l’arche de la Défense, Nanterre accueille une grande exposition inédite consacrée aux fouilles archéologiques réalisées sur son territoire depuis maintenant plus de 10 ans. Un vaste quartier d’habitation et une nécropole
Ce peuple a émis des monnaies en or parmi les plus belles du monnayage gaulois, le statère des Parisii. d’une trentaine de tombes, datant respectivement des Ier et IIIe siècles av. J.‑C. ont en effet été découverts.
La présence de ces vestiges prouve l’existence d’une agglomération gauloise importante sur le territoire des Parisii et relance le débat autour de certains enjeux archéologiques contemporains… S'agit-il de la Lutèce gauloise[10] ?
La géographie du site et la configuration des lieux autorisent une meilleure défense que celles de l'île de la Cité plus exposées. Elles plaident en faveur d'une localisation de l'oppidum des Parisii à cet endroit, plutôt qu'en celle des divers lieux-dits (dont celui de l'île de la Cité).
Faits historiques
La tribu gauloise des Parisii s'installa dans la région au cours du IIIesiècle avant J.-C.
Un premier village [?] prit le nom de "Lucotecia" ou "Lutecia", dont on a fait Lutèce[11] en français.
Pendant la conquête romaine de la Gaule, les Parisii ont participé avec les Suessiones au mouvement de résistance à César organisé par Vercingétorix, en 52 av. J.-C.
Toponymie
Les Parisii ont donné leur nom à Paris, Villeparisis, Cormeilles-en-Parisis, Fontenay-en-Parisis et toute la région du Parisis.
Les Parisii britons
Les Parisii de l'actuel Yorkshire en Grande-bretagne pourrait appartenir à la même tribu que celle des Parisii installés en Gaule, dont des membres auraient émigré vers les Iles Britanniques, au moment de la grande migration des peuples celtes. Elle s'installa dans le Yorkshire de l'Est à l'époque de l'âge du fer[12]. Outre l'ethnonyme, une certaine analogie du mobilier archéologique et l'utilisation commune du char de combat de part et d'autre, ont permis d'avancer une théorie sur leur parenté.
Notes et références
- J.-A. Dulaure, Histoire physique, civile et morale de Paris depuis les premiers temps historiques jusqu'à nos jours, Paris : 1829
- G. Corrozet, La fleur des Antiquitez, Paris, 1532 ; également cité par J. Baltrusaitis, La quête d'Isis : essai sur la légende d'un mythe, Paris, 1985.
- Comme le remarque l’historien Pierre Hubac dans son ouvrage Carthage, éditions Bellenand.
- http://www.arch.mcgill.ca/theory/conference/papers/Contandriopoulos_Christina_20aout07.doc
- Pierre-Yves Lambert. p. 246. Dictionnaire de la langue Gauloise, éditions errance 2003. Préface de
- Xavier Delamarre, Ibidem.
- Xavier Delamarre, Op. cité. p. 250.
- Xavier Delamarre, Op. cité. p. 246.
- Pierre-Yves Lambert, la langue gauloise, éditions errance 1994.
- Page de la ville de Nanterre sur l'exposition qui a eu lieu du 11 avril au 14 juin 2008
- Bruno Dell, Histoire de Paris, collection des merveilles, Éditions Hatier, Paris : 1992
- (en) Les Parisii installés en Angleterre
Annexes
Bibliographie
- Venceslas Kruta, Les Celtes, histoire et dictionnaire, éditions Robert Laffont
- Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, éditions errance 2003
- Pierre Hubac, Carthage, éditions Bellenand, 1952
Articles connexes
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- Histoire de l'Île-de-France
- Origines de Paris
- Nanterre
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