- Siège d'Uxellodunum
-
Uxellodunum est le nom d'un oppidum gaulois, situé dans le Quercy actuel. Il est surtout connu pour avoir été le lieu de la dernière bataille de la guerre des Gaules, en – 51, César emportant la reddition de la place à la suite de son siège. Son nom signifie la « forteresse élevée » (uxel, élevé, et dunum, latinisation du gaulois dunon, forteresse - voir Dun (forteresse)). C'est un nom gaulois assez répandu qui a évolué en Isolud, Issoudun, Exoudun[1]. Longtemps objet de débats, la localisation d'Uxellodunum au Puy d'Issolud est désormais reconnue par la communauté scientifique[2]. Localement cette identification reste parfois contestée par des particuliers et des associations[3].
L'état des régions Cadurque et Rutène sous César
La bataille d'Uxellodunum
Un an après la reddition de Vercingétorix à Alésia, deux chefs gaulois, Lucterius et Drappès, suivis de quelques milliers d'hommes et poursuivis par le légat Caninius, se réfugièrent dans cette place forte des Cadurques, peuple dont Lucterius était originaire. Malgré la capture de leurs deux chefs, les assiégés tinrent tête aux Romains, et il fallut que César en personne s'en mêlât.
Ayant obtenu la reddition de la citadelle en détournant la source qui l'alimentait en eau, le chef romain fit couper les mains à tous les combattants adverses, afin de décourager de nouvelles révoltes.
L'épisode décrit par Aulus Hirtius
La description du siège se trouve dans le huitième livre des Commentaires sur la guerre des Gaules, livre que l'on attribue assez généralement à Aulus Hirtius. Cette attribution est toutefois contestée par certains savants[4] . La présence d'Hirtius aux côtés de César en 51 n'est pas explicitement attestée, elle fait débat au sein des nombreux historiens qui se sont penchés sur la question du siège. Le degré de précision de la description des lieux et de la bataille fait aussi débat et a donné lieu à des positions très diverses.Cette description ne permet pas d'affirmer avec certitude que tel site est Uxellodunum mais il permet d'éliminer plusieurs prétendants
Traduction du texte en latin[5] :
César était chez les Carnutes quand il reçoit coup sur coup plusieurs lettres de Caninius l’informant de ce qui avait été fait concernant Drappès et Luctérios, et de la résistance à laquelle s’obstinaient les habitants d’Uxellodunum. Bien que leur petit nombre lui parût méprisable, il estimait cependant qu’il fallait châtier sévèrement leur opiniâtreté,//...quant à lui, avec toute la cavalerie, il va rejoindre Caninius à marches forcées.
Son arrivée à Uxellodunum surprit tout le monde ; quand il vit que les travaux de fortification entouraient complètement la place, il jugea qu’à aucun prix on ne pouvait lever le siège ; et comme des déserteurs lui avaient appris que les assiégés avaient d’abondantes provisions de blé, il voulut essayer de les priver d’eau. Une rivière coulait au milieu d’une vallée profonde qui entourait presque complètement la montagne sur laquelle était juché Uxellodunum. Détourner la rivière, le terrain ne s’y prêtait pas : elle coulait, en effet, au pied de la montagne dans la partie la plus basse, si bien qu’en aucun endroit on ne pouvait creuser des fossés de dérivation. Mais les assiégés n’y avaient accès que par une descente difficile et abrupte : pour peu que les nôtres en défendissent l’abord, ils ne pouvaient ni approcher de la rivière, ni remonter, pour rentrer, la pente raide, sans s’exposer aux coups et risquer la mort. S’étant rendu compte de ces difficultés que rencontrait l’ennemi, César posta des archers et des frondeurs, plaça même de l’artillerie sur certains points en face des pentes les plus aisées, et ainsi il empêchait les assiégés d’aller puiser l’eau de la rivière.
Alors ils se mirent à venir tous chercher de l’eau en un seul endroit, au pied même du mur de la ville, où jaillissait une source abondante, du côté que laissait libre, sur une longueur d’environ trois cents pieds, le circuit de la rivière. Chacun souhaitait qu’il fût possible d’interdire aux assiégés l’accès de cette source, mais César seul en voyait le moyen il entreprit de faire, face à la source, pousser des mantelets le long de la pente et construire un terrassement au prix d’un dur travail et de continuelles escarmouches. Les assiégés, en effet, descendant au pas de course de leur position qui dominait la nôtre, combattent de loin sans avoir rien à craindre et blessent un grand nombre de nos hommes qui s’obstinent à avancer ; pourtant, cela n’empêche pas nos soldats de faire progresser les mantelets et, à force de fatigue et de travaux, de vaincre les difficultés du terrain. En même temps, ils creusent des conduits souterrains dans la direction des filets d’eau et de la source où ceux-ci aboutissaient ; ce genre de travail pouvait être accompli sans aucun danger et sans que l’ennemi le soupçonnât. On construit un terrassement de soixante pieds de haut, on y installe une tour de dix étages, qui sans doute n’atteignait pas la hauteur des murs (il n’était pas d’ouvrage qui permît d’obtenir ce résultat), mais qui, du moins, dominait l’endroit où naissait la source. Du haut de cette tour, de l’artillerie lançait des projectiles sur le point par où on l’abordait, et les assiégés ne pouvaient venir chercher de l’eau sans risquer leur vie si bien que non seulement le bétail et les bêtes de somme, mais encore la nombreuse population de la ville souffraient de la soif.
Une aussi grave menace alarme les assiégés, qui, remplissant des tonneaux avec du suif de la poix et de minces lattes de bois, les font rouler en flammes sur nos ouvrages. Dans le même temps, ils engagent un combat des plus vifs, afin que les Romains, occupés à une lutte dangereuse, ne puissent songer à éteindre le feu. Un violent incendie éclate brusquement au milieu de nos ouvrages. En effet, tout ce qui avait été lancé sur la pente, étant arrêté par les mantelets et par la terrasse, mettait le feu à ces obstacles mêmes. Cependant nos soldats, malgré les difficultés que leur créaient un genre de combat si périlleux et le désavantage de la position, faisaient face à tout avec le plus grand courage. L’action, en effet, se déroulait sur une hauteur, à la vue de notre armée, et des deux côtés on poussait de grands cris. Aussi chacun s’exposait-il aux traits des ennemis et aux flammes avec d’autant plus d’audace qu’il avait plus de réputation, voyant là un moyen que sa valeur fût mieux connue et mieux attestée.
César, voyant qu’un grand nombre de ses hommes étaient blessés, ordonne aux cohortes de monter de tous les côtés à l’assaut de la montagne et de pousser partout des clameurs pour faire croire qu’elles sont en train d’occuper les remparts. Ainsi fait-on et les assiégés, fort alarmés, car ils ne savaient que supposer sur ce qui se passait ailleurs, rappellent les soldats qui assaillaient nos ouvrages et les dispersent sur la muraille. Ainsi le combat prend fin et nos hommes ont vite fait ou d’éteindre l’incendie ou de faire la part du feu. La résistance des assiégés se prolongeait, opiniâtre et, bien qu’un grand nombre d’entre eux fussent morts de soif, ils ne cédaient pas à la fin, les ruisselets qui alimentaient la source furent coupés par nos canaux souterrains et détournés de leur cours. Alors la source, qui ne tarissait jamais, fut brusquement à sec, et les assiégés se sentirent du coup si irrémédiablement perdus qu’ils virent là l’effet non de l’industrie humaine, mais de la volonté divine. Aussi, cédant à la nécessité, ils se rendirent.
//...En conséquence, il fit couper les mains à tous ceux qui avaient porté les armes et leur accorda la vie sauve, pour qu’on sût mieux comment il punissait les rebelles. Drappès, qui, je l’ai dit, avait été fait prisonnier par Caninius, soit qu’il ne pût supporter l’humiliation d’être dans les fers, soit qu’il redoutât les tourments d’un cruel supplice, s’abstint pendant quelques jours de nourriture et mourut de faim. Dans le même temps Luctérios, dont j’ai rapporté qu’il avait pu s’enfuir de la bataille, était venu se mettre entre les mains de l’Arverne Epasnactos : il changeait, en effet, souvent de résidence, et ne se confiait pas longtemps au même hôte, car, sachant combien César devait le haïr, il estimait dangereux tout séjour de quelque durée : l’Arverne Epasnactos, qui était un grand ami du peuple Romain, sans aucune hésitation le fit charger de chaînes et l’amena à César.
Les autres sources littéraires de l'Antiquité
Un bref passage des Stratagèmes de Frontin fait allusion au siège d'Uxellodunum et en particulier au détournement de la source. Au Ve siècle, Orose raconte le siège d'Uxellodunum dans ses Histoires. Il se contente en fait de paraphraser, plus ou moins exactement, le texte de césar, qu'il attribue par ailleurs à Suétone.
La localisation
Un débat tranché par l'archéologie ? …
Historiographie de la querelle
Tout comme pour Alésia, l'emplacement exact de l'oppidum antique a fait l'objet d'âpres disputes entre différentes communes désireuses de s'approprier la gloire d'avoir été le dernier village à résister à César.
Il est possible de faire remonter le débat sur la localisation jusqu'au Moyen Âge, plusieurs documents médiévaux ou présentés comme tels attribuant une localisation différente à Uxellodunum[6]. Certaines enluminures de manuscrits du Moyen Âge désignent Capdenac-le-haut. Durant le Moyen Âge, Capdenac a été reconnue comme étant l'antique Uxellodunum, comme l'affirme une charte de privilèges rédigée en 1320 par Philippe le Long, et qui fut confirmée notamment par Charles d'Anjou et Louis XV[7]. Un autre témoignage important montre que durant la période médiévale, Uxellodunum a été confondue avec Capdenac, il figure dans la chronique de Pierre des Vaux de Cernay qui fut rédigée lors de la croisade albigeoise[8]. Ces témoignages sont à prendre avec précautions, relevant le plus souvent de tradition orale, mais ils prouvent que en ce temps là Capdenac a bel et bien été considéré comme le lieu de l'ultime siège de la guerre des Gaules. Le Puy d'Issolud est explicitement identifié à Uxellodunum et au lieu de la bataille dans une charte datée de 935, cependant ce document n'est connu que par une copie tardive du XVIe siècle et son authenticité est contestée, il peut s'agir d'un document apocryphe. De même l'authenticité des actes fonciers légèrement postérieurs (941, 944 et 945) mentionnant le domaine Exeleduno a aussi été contestée.
Ensuite les géographes du siècle des lumières ont deux versions : les Hollandais comme Ortelius et Blaeu le situent sur la Dordogne, mais ignorent les rivières Lot et Aveyron, cette disposition sera mise à jour par un géographe français en 1692[9],[10]. La version classique sur la rivière Lot est beaucoup plus diffusée.
Au XIXe siècle, la querelle oppose les partisans de la localisation au Puy d'Issolud, à Capdenac et, mais dans une moindre mesure, à Luzech. Si certains jugent qu'il est impossible de la trancher en raison de la description « trop vague et trop incomplète » du site par le continuateur de César[11], chacun des trois sites avait déjà eu ses ardents défenseurs : Jean-Baptiste Bourguignon d'Anville[12] pour le Puy d'Issolud , Jacques-Joseph Champollion, frère du célèbre déchiffreur des hiéroglyphes, pour Capdenac[13]. Le baron Charles Athanase Walckenaer passa d'abord pour un partisan du Puy d'Issolud[14] mais considéra dans son ouvrage sur la géographie des Gaules que Capdenac convenait mieux à la description d'Hirtius[15], Jean-Jacques Lefranc de Pompignan défendait Luzech[16]. Les premières opérations archéologiques relancent la querelle. Dans le cadre de ses recherches sur la conquête de la Gaule par César, l'empereur Napoléon III charge une commission de localiser le site. En 1862 elle désigne Luzech. Cette localisation est rapidement contestée par Jean-Baptiste Cessac (1810-1882), commissaire de police qui défend l'hypothèse de Puy d'Issolud. Cessac entame des fouilles au Puy d'Issolud et pense avoir retrouvé la fontaine gauloise au lieu-dit de la Fontaine de Loulié[17] . De nombreux artefacts y ont été retrouvés. En 1865 Philippe Tamizey de Larroque publie un mémoire annonçant une réfutation des arguments de Champollion pour Capdenac ainsi que de ceux des partisans de Luzech[18]. De nouvelles fouilles ont lieu dont les conclusions sont publiées en 1866 et 1874. En 1866, Napoléon III se rallie à l'hypothèse de la localisation au Puy d'Issolud. Entre temps les débats se sont multipliés ainsi que les tentatives de localisation[19]. En 1870, Jean-Baptiste Cessac est révoqué de son poste de commissaire de police, officiellement en raison de son âge, mais peut-être plus probablement en raison de la reconnaissance dont lui avait témoigné Napoléon III après 1866[20].
Au XXe siècle, les recherches continuent. En 1908 Armand Viré dresse pour la Commission d'étude des enceintes préhistoriques et fortifications anhistoriques l'inventaire du Lot, il note un fossé à Capdenac mais juge que c'est sans doute à tort que l'on y localise Uxellodunum, repousse la localisation à l'oppidum de l'Impernal de Luzech (qu'il fouilla plus profondément par la suite) et juge le Puy d'Issolud, « l'emplacement le plus probable mais longtemps discuté »[21]. Sept ans plus tard, la bibliographie qu'il dresse de la question occupe dix pages et montre tant l'inscription des débats dans la longue durée que leur intensité maintenue à la veille du premier conflit mondial[22]. Pour le Puy d'Issolud, de 1913 à 1920 Antoine Cazes fouille à la Fontaine de Loulié, ses travaux étant continués jusqu'en 1941 par Antoine Laurent-Bruzy un archéologue amateur qui ne publie pas ses trouvailles[23]. En 1957, Émile Albouy publie un essai soutenant la localisation à Luzech, essai qui reçoit une certaine notoriété[24]. Peu après c'est Cantayrac, dans le camp militaire de Caylus qui est proposé par le jésuite André Noché et le commandant Fernand Reveille sur la base d'une légende locale[25],[26],[27],[28] sans emporter les convictions. Au milieu des années 1960 M.Labrousse appuie l'hypothèse d'Uxellodunum au regard des trouvailles archéologiques passées[29] tandis que quelques années plus tard André Sors juge qu'au regard de ses trouvailles à Capdenac il faut y situer la bataille[30],[31].
Capdenac, une hypothèse défendue par une association (APUC)
Capdenac était un oppidum gaulois[32] avant de se transformer en fort et ville médiévale fortifiée et peut correspondre géographiquement à la description de la topographie du texte latin. Jacques-Joseph Champollion, frère du célèbre déchiffreur des hiéroglyphes, concluait dans son ouvrage de 1820, qui portait sur tous les sites Nouvelles recherches sur la ville gauloise d'Uxellodunum, que Capdenac-le-haut était l'antique Uxellodunum. Depuis lors ses conclusions ont été reprises par André Sors dans les années 1970. Son ouvrage L'épopée gauloise en Quercy ; Uxellodunum, cité martyre a cependant été sévèrement critiqué d'un point de vue scientifique, selon Serge Lewuillon il mèle « élucubrations » et « suppositions gratuites » en « un déplorable exemple pour les historiens locaux »[33] Une fontaine asséchée est visible sur le site[34]. De nombreux et intéressants vestiges sont exposés dans un petit musée créé par l'APUC, dont la visite est gratuite. La nature de ces traces de galerie et des restes d'ouvrages ne fait pas l'objet d'un consensus au sein de la profession, et relève de l'opinion de leurs promoteurs. Cette hypothèse n'a pas toutefois fait l'objet de publication scientifique récente et reconnue. Le site de Capdenac n'est donc pas retenu aujourd'hui par la communauté des historiens et archéologues. Des fouilles sont demandées par les partisans de la localisation[35].
La localisation au Puy d'Issolud : un consensus scientifique au regard des fouilles récentes
Le Puy d'Issolud par son importance archéologique et sa situation peut faire penser au lieu de cet illustre siège. De plus il peut aussi correspondre au point de chute d'hommes armés en déroute poursuivis par Caninius Rebilus qui sécurisait la zone de la vallée du Lot, en bouclant tous les accès des vallées débouchant de l'Aubrac à partir d'Anderitum et Adsilanum à l'est, pour les empêcher d'atteindre la Narbonnaise. Ceci obligeait les rescapés d'Alésia, à passer à l'ouest du massif central où les Cadurques de Lucterios d'avant Alésia avaient plus d'une place forte. Après un travail d'inventaire sur la base des fouilles passées, des fouilles récentes autorisées par la DRAC ont été entreprises sur le site en 1997[36] et pendant neuf années consécutives à la Fontaine-de-Loulié sous la direction de Jean-Pierre Girault, archéologue bénévole accompagné d'une équipe pluridisciplinaire. Ces fouilles cherchaient à vérifier les découvertes du XIXe siècle[37] et des années 1920 et 1930. Elles ont surtout cherché à établir des stratigraphies, ce qui n'avait pas été fait auparavant ; pour cela, il a fallu fouiller des zones encore vierges. L'attention des archéologues s'est donc concentrée sur un certain nombre de buttes-témoins, une grande partie du site ayant été très perturbée par des carrières de travertin à l'époque moderne, puis par les fouilles du XIXe siècle et du début du XXe. L'inventaire du matériel retrouvé comme les fouilles ont permis une meilleure compréhension du site et de son occupation : le plateau a été un site important du bronze final jusqu'au début de l'âge du fer. Il a été réoccupé à la fin de l'âge du fer (La Tène III, du deuxième au premier siècle avant notre ère)[36]. L'analyse du site a montré qu'à l'époque de la guerre des Gaules les parois du site étaient presque à nu et ne pouvaient offrir de passage ou d'abri. Les fouilles ont dégagé des galeries destinées à assécher une fontaine et ont confirmé sur ce point les recherches passées. En revanche elles ont montré que la fontaine gauloise identifiée par Cessac n'était qu'une résurgence temporaire et que la fontaine gauloise devait se trouver un peu plus bas dans le travertin. Les nouvelles fouilles obligent donc à reconsidérer la position de la tour romaine. Une série d'expérimentation ont cherché à déterminer le trajet des armes de jet et les zones de danger pour mieux comprendre le déroulement de la bataille et mieux interpréter les restes retrouvés. Les fouilles ont en effet surtout révélé un nombre considérable d'armes romaines et de matériels typiques de la période de la guerre des Gaules (traits de catapultes, flèches à barbelures, clous de sandales) témoignant d'affrontements importants dans la zone[38]. Ce matériel sert désormais de référence archéologique[39] , [40] et les résultats des fouilles de J.-P. Girault ont été présentés et validés dans des colloques internationaux[2]ainsi que diffusés dans la presse de vulgarisation scientifique[41].
Des débats qui continuent
Si Luzech et Capdenac ont été cités comme proches de la description d'Hirtius, le Puy-d'Issolud à Vayrac convient tout autant et les trouvailles de matériel bien daté qui y ont été faites, à l'instar des sites de Gergovie et Alésia sont acceptées comme probantes par la totalité des historiens et archéologues professionnels. Localement cependant la querelle n'est pas éteinte.
Le 26 avril 2001 à Toulouse, faisant suite aux découvertes sur les fouilles de Jean-Pierre Girault à la fontaine de Loulié du Puy d'Issolud, le ministère de la Culture a annoncé avec la caution des principaux spécialistes scientifiques de la période, dont Christian Goudineau que le site du Puy d'Issolud (Vayrac et Saint-Denis-lès-Martel) était celui d'Uxellodunum. Les autres prétendants ne s'avouent cependant pas vaincus, en particulier à travers des associations comme l'A.P.U.C de Capdenac-Le-Haut. Ils contestent l'officialisation et réclament d'autres expertises pour identifier clairement le site d'Uxellodunum.
Toutefois en dehors du Puy d'Issolud aucun de ces sites ne peut arguer de publications scientifiques probantes et récentes. Les techniques modernes de fouilles, les analyses et méthodes de datation ainsi que les connaissances scientifiques et archéologiques générales des archéologues contemporains permettent sans faire injure aux chercheurs et érudits d'autrefois d'en savoir beaucoup plus et de tirer des enseignements et conclusions de manière plus certaines, comme cela a été fait au Puy d'Issolud sous la direction de Jean-Pierre Girault. La recherche actuelle s'appuie sur la confrontation des sources écrites et du matériel archéologique[42]. La question est aujourd'hui posée de la présentation du site au grand public et de son aménagement, des travaux sont annoncés depuis août 2008[43].
Liste des sites envisagés comme localisation possible pour Uxellodunum
Depuis la fin du XVIe siècle, plusieurs sites ont été proposés comme de possibles Uxellodunum. Certains sont toujours en lice :
- le Puy d'Issolud à Vayrac et Saint-Denis-lès-Martel (reconnaissance officielle) ;
- le village de Capdenac-le-Haut ;
- la colline de l'Impernal à Luzech ;
- le site de l'Oppidum de Murcens ;
- le site de Cantayrac sur les communes de Loze et Saint-Projet dans le camp de Caylus[44] ;
D'autres sites, maintenant écartés furent proposés par le passé[44] :
- le roc de Colonjac ou Coronzac soutenu par André David ;
- Cahors ;
- Uzerche et Ussel par l'origine de leurs noms ;
- Lacoste ;
- ...
Voir aussi
- Il existe à Luzech une avenue et un collège d'Uxellodunum ; à Vayrac une avenue d'Uxellodum et un musée d'Uxellodunum ouvert en juillet/août ; à Martel le musée d'Uxellodunum — Palais de la Raymondie expose des vestiges provenant des fouilles pratiquées à Puy d'Issolud. Capdenac possède également une place Lucter et une rue Drappes, et une exposition archéologique gratuite présente les objets découverts sur le site depuis plus de 40 ans. Cahors, l'ancienne capitale du pays des cadurques, possède également une place Lucter.
Notes et références
- Encyclopedia universalis
- J.-P. Girault, « Recherches à la Fontaine de Loulié (Saint-Denis-les-Martel, Lot). Nouveaux éléments sur la bataille d’Uxellodunum », Aquitania, Suppl. 14/1 : Les âges du fer dans le sud-ouest de la France (actes du colloque 20-23 mai 2004), 2007
- Revue de presse sur la question depuis l'officialisation de la localisation au Puy d'Issolud
- Luciano Canfora, « La « lettera a Balbo » e la formazione della raccolta cesariana », Studi di storia della storiografia romana, Edipuglia, Baris, 1993, p. 39-62
- Le texte en latin Juli Caesaris Commentariorum de bello gallico - Liber primus.
- Paul Muguet, Trois chartes, aux sources de la querelle d'Uxellodunum, Villefranche de Rouergue, 1977
- BN, collection Doat, vol.2, feuillet 117, portant le titre "Inventaire des copies des titres des archives de Capdenac envoyées à Paris le 26 novembre 1667
- Chronique de Pierre des Vaux de Cernay, Historia albigensis, éd. par Pascal Guédin et Ernest Lyon, 3 Tomes, Paris Champion 1930
- Plan géometrique du Puy d'Issolus ou l'on croit qu'etoit située la ville de Uxellodunum. Document Gallica.
- Carte de la Celtique de l'Aquitaine et de la Province romaine pour servir à l'intelligence de l'Histoire romaine et à celle des Conquêtes de Cesar dans la Gaule / Par Henri Liébaux (1730). Document Gallica.
- [1] Baron Chaudruc de Crazannes, « Coup d'oeil sur les monuments historiques du département du Lot », Bulletin monumental, 1835, p. 14
- [2] Notice de l'ancienne Gaule: tirée des monumens romains, dédiée a S. A. S. Monseigneur le duc de Chartres, 1760, p. 728
- Nouvelles recherches sur la ville gauloise d'Uxellodunum, 1820
- Bulletin monumental, 1834, p. 14
- baron de Walckenaer, Géographie ancienne historique et comparée des Gaules cisalpine et transalpine, p 353, Paris, 1862 (1ere édition 1839)
- Jean-Jacques Lefranc de Pompignan, Les Antiquités de la ville de Cahors, 1751
- J.-B. Cessac, Études historiques. Commentaires de César. Uxellodunum retrouvé. Fouilles exécutées à Luzech, à Capdenac et à Puy-d'Ussolud. Rapide exposé des résultats obtenus, E. Dentu éditeur, Paris, 1865
- Philippe Tamizey de Larroque, De la question de l'emplacement d'Uxellodunum, Paris, 1865
- Par exemple Abbé Cuquel, Uxellodunum à Murceint. Nouvelles recherches sur l'emplacement de cette ville. Cahors, 1865.
- « Mémoire rédigé par Jean-Baptiste Cessac en 1872 à la suite de sa révocation » Société des Études du Lot. J.-P. Girault [
- A. Viré, « Inventaire », Bulletin de la Société préhistorique française, 1908, Volume 5, Numéro 2 pp. 65-87 n°10 (Capdenac), 36 (Luzech) et 54 (Puy d'Issolud)
- lire en ligne. Une liste semblable a été dressée plus récemment par Paul Muguet : « Les prétendants au nom d'Uxellodunum », Bulletin Soc. et. du Lot, XCI, 1970, 3 et Bull. Soc. et. du Lot, 1975, 2, p. 87-88 Armand Viré, « Inventaire bibliographiques des enceintes de France : XLVIII Lot », Bulletin de la Société préhistorique française, 1915, 12-2, p. 75-94
- lire en ligne présentait une partie des trouvailles effectuées jusqu'en 1923. A. Viré, « Les Fouilles de 1922 aux Oppida de l'Impernal et du Puy-d'Issolud (Lot), de Montmerlhe et de Buzeins (Aveyron) et à la Butte de Maourélis (Lot) », Bulletin de la Société préhistorique française, 1923, 20- 2, p. 51-88
- Émile Albouy Un point d'histoire gallo-romaine particulièrement controversé. Uxellodunum, essai d’identification, Salingardes, Villefranche de Rouergue, 1957
- André Noché, « Uxellodunum = Cantayrac », Les études classiques, 1959, p. 3-27
- Revue historique des armées, 1958 F. Reveille, « Cantayrac dernier bastion de la résistance gauloise »,
- présentation des recherches par le journal La dépêche
- E. Thevenot, « A la recherche d'Uxellodunum », RAE, X, 1959, p. 342-347
- M. Labrousse, « Au dossier d'Uxellodunum », Mélanges Carcopino, Hachette, Paris, 1966, p. 563-586
- A. Sors, « Nouvelles recherches à Capdenac-Uxellodunum », Archeologia - Trésors des âges, 1972, 45, p. 73-77
- A. Sors, L'Epopée gauloise en Quercy : Uxellodunum, cité martyre, Aurillac, 1971, 155p.
- Carte du Quercy Antique, tirée dans l'ouvrage de Michel Labrousse, Histoire du Quercy, éd. Privat 1993
- Lire en ligne. Serge Lewuillon, (Compte rendu de A. Sors, L'épopée gauloise en Quercy ; Uxellodunum, cité martyre, Aurillac, 1971), Revue belge de philologie et d'histoire, 55-4, 1977, p. 1267-1268
- Les arguments avancés par Capdenac pour montrer qu'Uxellodunum se situait sur son territoire
- Dépêche du Lot du 22 février 2002
- lire en ligne J.-P. Girault, « Fouilles archéologiques au Puy-d’Issolud (Fontaine de Loulié) », Bulletin de la Société des Études du Lot, 1998, CXIX
- BSEL - Avril-Juin 1999
- BSEL - Juillet-Septembre 1998 - J.-P. Girault
- articles/metal/pdf/2001/11/P1147.pdf Voir ainsi G.Renoux, J.-M. Pailler, F.Dabosi, « Première étude paléométallurgique des armes en fer du Puy d’Issolud (Lot) » La revue de Métallurgie, CIT, décembre 2001
- ArchéoSciences, 2004, no28, p. 141-152 [3] G. Renoux, F. Dabosi, J.-M. Pailler, « Les armes en fer d'Uxellodunum (Puy d'Issolud, Lot), dernière bataille de César en Gaule : Etude paléométallurgique de pointes de flèche ettrait de catapulte (The iron weapons of Uxellodunum (Puy d'Issolud, Lot), the Caesars' last fight in Gaul. Paleometallurgical study of the arrow heads and the arrow of catapult ),
- "Uxellodunum le dernier combat", L'Archéologue, 660, 2002, p. 22-26
- XIXe siècle, tout érudit local se devait de prouver que « son » site collait le mieux au récit de la Guerre des Gaules. Du désir à la réalité, il y a un fossé. Ou plutôt... des fossés, relevés par les archéologues. Aux savantes interprétations, ces derniers opposent mille faits objectifs : plans, armes, pièces d'équipement et projectiles d'artillerie datés de l'époque césarienne, inscriptions… Inexplicables hors du contexte de la Guerre des Gaules, ces objets sont évidemment absents des autres sites. Ils sont pourtant de ceux qui font toute la différence entre le possible et le plausible (extrait du catalogue de l'exposition de Bibracte « Sur les traces de César ») »[4] « Régulièrement, la presse aime relancer le débat sur la localisation des sites d'Alésia de Gergovie ou de Bibracte : « science officielle » contre « gens du terrain » soucieux de donner tort à leur inventeur, Napoléon III. La polémique tient du combat d'arrière-garde : au
- La Dépêche 6 août 2008
- Éloi Itard, André Noché et Fernand Réveille, Le siege d'uxellodunum par César, d'après les textes et sur le terrain : L'oppidum perdu a-t-il été retrouvé ?, Édition Printex, mai 1993, 573 p.
Bibliographie
- J.-P. Girault, « Fouilles archéologiques au Puy-d’Issolud (Fontaine de Loulié) », Bulletin de la Société des Études du Lot , 1998, CXIX [lire en ligne]
- G.Renoux, J.-M. Pailler, F.Dabosi, « Première étude paléométallurgique des armes en fer du Puy d’Issolud (Lot) » La revue de Métallurgie, CIT, décembre 2001 [lire en ligne] [PDF]
- « Uxellodunum le dernier combat », L'Archéologue, 660, 2002, p. 22-26
- G. Renoux, F. Dabosi, J.-M. Pailler, « Les armes en fer d'Uxellodunum (Puy d'Issolud, Lot), dernière bataille de César en Gaule : « Étude paléométallurgique de pointes de flèche ettrait de catapulte » (The iron weapons of Uxellodunum (Puy d'Issolud, Lot), the Caesars' last fight in Gaul. Paleometallurgical study of the arrow heads and the arrow of catapult), ArchéoSciences, 2004, n°28, p. 141-152 [lire en ligne]
- J.-P. Girault, « Recherches à la Fontaine de Loulié (Saint-Denis-les-Martel, Lot). Nouveaux éléments sur la bataille d’Uxellodunum », Aquitania, Suppl. 14/1 : Les âges du fer dans le sud-ouest de la France (actes du colloque 20-23 mai 2004), 2007.
Liens externes
Wikimedia Foundation. 2010.