Salpètre

Salpètre

Salpêtre

Nitrate de potassium
Salpêtre
Salpêtre
Général
Nom IUPAC Nitrate de potassium
No CAS 7757-79-1
No EINECS 231-818-8
No E E252
Apparence poudre cristalline incolore à blanche.[1],
ou prismes transparents incolores
Propriétés chimiques
Formule brute KNO3  [Isomères]
Masse molaire 101,1032 gmol-1
K 38,67 %, N 13,85 %, O 47,47 %,
Propriétés physiques
T° fusion 333 à 334 °C[1]
T° ébullition Se décompose au-dessous du point d'ébullition à 400 °C[1]
Solubilité dans l'eau à 25 °C : 35.7 g/100 ml[1],
1,61g/L dans l'éthanol,
insoluble dans l'alcool absolu,
soluble dans la glycérine
Masse volumique 2.1 g/cm³[1]
Thermochimie
ΔfH0liquide 9,4 kJ/mol
Précautions
Transport
50
   1486   
SIMDUT[2]
C : Matière comburante
C,
Inhalation Peut causer une irritation des voies respiratoires, voire convulsions, tachycardie, dyspnée...
Peau Risque moyen
Yeux Peut causer une irritation
Ingestion Nausées, vomissements et diarrhée
autre Très réactif.
Écotoxicologie
DL50 lapins par ingestion :
1,166g d'anions/kg
Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

Le salpêtre ou nitrate de potassium (du latin médiéval salpetrae, littéralement : sel de pierre [3]) ou nitre est le nitrate de potassium. Sa formule chimique est KNO3.

On appelle aussi salpêtre le résultat de la perte de l'eau de cristallisation de ce sel donnant une couche pulvérulente blanchâtre se formant sur les vieux murs humides. On le récolte en grattant des pierres ou des briques situées dans des lieux sombres, comme les caves.

Le salpêtre du Chili n'est pas du nitrate de potassium, mais du nitrate de sodium, qui est mauvais pour la poudre noire car trop hygroscopique. C'était une matière première pour la fabrication de vrai salpêtre.

On l'utilisait autrefois, mélangé à du soufre et à du charbon de bois, pour fabriquer de la poudre à canon.

Certains aquariophiles l'utilisent aussi comme source peu onéreuse et précise de nitrate et de potassium pour les plantes d'aquarium.

On retrouve le salpêtre en pharmacie comme diurétique.

Caramélisé avec du sucre et du bicarbonate de soude (60% de salpêtre, 40 % de sucre, une cuillère à soupe de bicarbonate de sodium), il constitue un puissant fumigène.

On peut aussi se passer de bicarbonate, le mélange dégage moins de fumée. En revanche, de grosses flammes peuvent être observées. L'équation bilan de cette transformation est :

8KNO3 + C6H12O6 -> 4K2O + 6CO2 + 6H2O + 3O2
ou
6,29 KNO3 + C12H22O11 -> 3,67 CO2 + 5,19 CO + 7,91 H2O + 3,09 H2 + 3,14 N2 + 3,14 K2CO3

(ces équations sont fausses car impossibles ou non-équilibrées mais ce sont les seules connues à ce jour)

Équations équilibrées plus plausibles avec la proportion en poids de 60 40:

avec production de suie:

5.08 KNO3 + C12H22O11 ->
2.54 K2CO3 + 2.54 N2 + 11H2O + 7.62 CO + 1.84C

avec production d'hydrogène:

5.08 KNO3 + C12H22O11 ->
2.54 K2CO3 + 2.54 N2 + 9.16H2O + 9.46 CO + 1.84H2

avec ajout de l'oxygène de l'air:

5.08 KNO3 + C12H22O11 + 5.65O2 ->
2.54 K2CO3 + 2.54N 2 + 11H2O + 9.46CO2

La vraie réaction fumigène est probablement un mélange des trois avec en plus production de bicarbonate de potasssium avec divers composés de carbone, hydrogène, oxygène.


Le salpêtre est aussi utilisé comme conservateur dans les charcuteries. C'est l'additif E252. Il réagit et produit du nitrite puis du monoxyde d'azote qui transforment la myoglobine rouge en un colorant rose typique du jambon et des salamis.

Sommaire

Construction

Salpêtre et sels minéraux cristallisant sur les constructions neuves sont des effets secondaires des remontées d'humidité par capillarité dans les matériaux. Ces dépôts blanchâtres de nitre sont fréquents dans les régions où l'eau est polluée par les nitrates ou naturellement riche en nitrates.
Le salpêtre se présente sous la forme de fibres blanches ayant l'apparence de poils blancs. Dans les caves ou maisons humides anciennes, le salpêtre est l'un des résidus du développement de bactéries qui se nourrissent de l'ammoniac provenant de l'eau du sol et du carbonate de potassium contenu dans les murs. La transformation se termine au contact du dioxygène de l'air pour former le nitrate de potassium ou « salpêtre ». On voit souvent ces fibres blanches dans les bâtiments anciens qui ont abrité des animaux ou à proximité d'une ancienne fosse septique, l'ammoniac s'y formant à partir de l'urine. Les sels minéraux se présentent sous forme solide de couleur blanche. Le salpêtre et les sels minéraux sont présents dans toute l'épaisseur des murs anciens humides et concentrés à la surface des matériaux. Ce salpêtre était autrefois récolté dans les caves ou certaines grottes pour la poudre.

Histoire de sa production

Historiquement, le salpêtre était préparé dans un tas de compost (généralement 1,5 mètres de haut par 2 mètres de large par 5 mètres de long) comportant un mélange de fumier , de terre (ou de mortier ou de cendres de bois) et des matières organiques (paille) pour la porosité de l'ensemble. Le tas était généralement protégé de la pluie, maintenu humide avec l'urine, il était retourné souvent pour accélérer la décomposition et les infiltrations d'eau durant un an. Le liquide contenant des nombreux nitrates est ensuite converti en nitrates de potassium avec des cendres de bois, puis cristallisé et raffiné pour une utilisation en poudre. Les personnes en charge de faire le salpêtre sont des salpêtriers.

L'urine a également été utilisée dans la fabrication du salpêtre pour la poudre à canon. Dans ce processus, de l'urine est placée dans un récipient contenant de la paille et laissé à mariner plusieurs mois, après quoi de l'eau est utilisée pour laver les sels chimiques de la paille. Le processus est complété par un filtrage aux cendres de bois, ainsi qu'un séchage au soleil et à l'air libre. Les cristaux de salpêtre peuvent ensuite être collectées et ajoutés à du soufre et du charbon de bois pour créer la poudre noire. Le nitrate de potassium peut aussi être récoltés à partir des accumulations de guano de chauve-souris dans les grottes. Il s'agit de la méthode traditionnelle au Laos pour la fabrication de la poudre à canon pour les roquettes Bang Fai.

Le plus ancien procédé de purification de nitrate de potassium est décrite en 1270 par un ingénieur et chimiste Arabe, Hasan al-Rammah de Syrie, dans son ouvrage al-Furusiyya wa al-Manasib al-Harbiyya (« Le Livre de la cavalerie militaire et machines de guerre ingénieuse »), où il a décrit pour la première fois l'utilisation de carbonate de potassium (sous forme de cendres de bois) afin d'éliminer les sels de calcium et de magnésium, du nitrate de potassium impur[5].

Sous le nom de nitre, il pouvait être un ingrédient de remèdes tels que l'opiat antiscorbutique, un des remèdes de la pharmacopée maritime occidentale au XVIIIe siècle [4].

Au cours du XIXe siècle et jusqu'à la Première Guerre mondiale, le nitrate de potassium a été produit à une échelle industrielle, d'abord en 1905 par le procédé Birkeland-Eyde. Ce procédé utilise des arcs électriques dans l'air pour produire du monoxyde d'azote. Celui-ci réagit avec l'oxygène puis l'eau pour donner l'acide nitrique. Plus tard il fut remplacé par le procédé Ostwald plus efficace qui produit le monoxyde d'azote par oxydation sur platine de l'ammoniac produit par le procédé Haber. Ce dernier est apparu à l'échelle un peu avant la Première Guerre mondiale et permit à l'Allemagne d'acquérir ces nitrates vitaux pour la guerre, retardant sans doute sa fin : les dépôts de nitrate naturel se trouvant au Chili alors aux mains des Britanniques. Au XXIe siècle, pratiquement tous les nitrates sont produits avec de l'ammoniac obtenue grâce au procédé Haber.

Solubilité aqueuse du salpêtre

Dangers

Des explosions accidentelles dues au salpêtre utilisé en poudre explosive (poudre B notamment) ou à d'autres formes de nitrates (engrais, munitions...) sont documentés depuis avant le moyen-âge, avec quelques exemples marquants, et par ordre chronologique ;

  • l'explosion de la poudrière de Delft, qui le 12 octobre 1654 à 10 heures 15 du matin a rasé le centre de la ville de Delft aux Pays-Bas ;
  • l'explosion de la poudrière de Grenelle, à Paris en septembre 1794 (durant la Révolution, juste après la Terreur), avec plus de 1000 morts ;
  • l'explosion de la poudrière de Lagoubran (magasin à poudre de la marine nationale, originellement construit entre la Seyne et Toulon dans une zone déserte, réfectionné en 1884), dans la nuit du 5 mars 1899, produisant un immense nuage de fumée noire et fétide, un bruit perçu selon le Petit Var jusqu’à Barcelonnette ! [5]
  • l'explosion du cuirassé Iéna (alors en carénage au bassin de Missiessy) ;
  • l'explosion du cuirassé Liberté en novembre 1911.
  • l'explosion de la poudrière de Windsor l'après midi du 16 juillet 1901 (poudrière de la Hamilton Powder Co.) ; elle n'a fait qu'un mort et un blessé, mais 25 000$ de dégâts, avec une détonation entendu à 8 et 10 milles à la ronde et un tremblement de terre de plusieurs secondes perçu à de 2 ou 3 milles à la ronde[6].
  • l'explosion de Halifax, en décembre 1916 (un navire plein de munitions (dont du fulmicoton) explose, détruisant une partie d'Halifax
  • l'explosion de l'usine AZF de Toulouse en 2001

Utilisations

Carburant

Le nitrate de potassium est très connu comme propergol de fusée en association avec un carbohydrate tel que le sucrose ou le glucose (sucre en poudre) ou bien un polyol tel que le sorbitol (65% Potassium Nitrate et 35% de sorbitol). Mélangés ensemble puis fondus, ils se lient très bien pour former un propergol solide en refroidissant[7].

Voir aussi

Notes et références

  1. a , b , c , d  et e NITRATE DE POTASSIUM, fiche de sécurité du Programme International sur la Sécurité des Substances Chimiques, consultée le 9 mai 2009
  2. « Nitrate de potassium » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme canadien responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 25 avril 2009
  3. (fr) Définitions lexicographiques et étymologiques de salpêtre du CNRTL.
  4. Yannick Romieux, De la hune au mortier, Éditions ACL, Nantes, 1986.
  5. explosion de la poudrière de Lagoubran ; et après
  6. Source : La Presse, 17 juillet 1901, p.1.
  7. (en) Richard Nakka, Richard Nakka's Experimental Rocketry, 01/05/2007

Lien externe


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