- Aragonite
-
Pour les articles homonymes, voir CaCO3.
Aragonite[1]
Catégorie V : carbonates et nitrates[2]
Aragonite Enguidanos, Espagne Général Numéro CAS Classe de Strunz 5.AB.15Classe de Dana 14.1.3.1Formule brute CaCO3 Identification Masse formulaire[3] 100,087 ± 0,006 uma
C 12 %, Ca 40,04 %, O 47,96 %,Couleur incolore, blanc-gris à jaune pâle ou nuancé de bleu, vert, violet ou rouge Classe cristalline et groupe d'espace orthorhombique dipyramidal ; Pmcn Système cristallin orthorhombique Réseau de Bravais Primitif P Macle fréquent sur [110] Clivage distinct sur {010} ; imparfait sur {110} et {011} Cassure conchoïdale Habitus prismatique Échelle de Mohs 3,5 - 4 Trait blanc Éclat vitreux Propriétés optiques Indice de réfraction α=1,530 β=1,682 γ=1,686 Pléochroïsme aucun Biréfringence 0,156 ; biaxe négatif Dispersion 2vz ~ 18° 11' Fluorescence ultraviolet oui et luminescence, phosphorescence Transparence Transparente à translucide Propriétés chimiques Densité 2,9 - 3 Fusibilité infusible Solubilité dilué par l’HCl Propriétés physiques Magnétisme aucun Radioactivité aucune Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire. L’aragonite est une espèce minérale de la famille des carbonates de formule CaCO3 avec des traces : Sr;Pb;Zn. Les cristaux peuvent atteindre 30 cm [4].
Sommaire
Inventeur et étymologie
Décrite dès 1609 par Anselmus Boëtius de Boodt sous le nom de stillatitius lapis la description "moderne" de référence est celle d' Abraham Gottlob Werner en 1797, le nom dérive du topotype, d'après sa localité géographique, Molina de Aragón[5].
Topotype
Molina de Aragón, Saragosse, Castille, Espagne
Cristallographie
- L'aragonite est le polymorphe stable à haute température et haute pression du carbonate de calcium, de formuleCaCO3 ; le polymorphe stable en conditions ambiantes est la calcite. En conditions ambiantes, l'aragonite se transforme très lentement en calcite (en plusieurs dizaines voire centaines de millions d’années)
- Les trois formes principales cristallines du carbonate de calcium sont l'aragonite, la vatérite et la calcite.
- Paramètres de la maille conventionnelle a = 4,959 Å, b = 7,968 Å, c = 5,741 Å, Z = 4; V = 226,85 Å3
- Densité calculée = 2.93
Cristallochimie
L’aragonite sert de chef de file à un groupe de minéraux isostructurels qui porte son nom
Groupe de l’aragonite
- Aragonite CaCO3 Pmcn 2/m 2/m 2/m
- Withérite BaCO3 Pmcn 2/m 2/m 2/m
- Strontianite SrCO3 Pmcn 2/m 2/m 2/m
- Cérusite PbCO3 Pmcn 2/m 2/m 2/m
Habitus
Elle donne des cristaux en prismes allongés, très souvent maclés parallèlement à (110) formant alors des macles simples à deux cristaux ou des lamelles traversant le cristal ou des groupes de trois cristaux simulant un prisme hexagonal (macle mimétique). Aussi en masses fibreuses, oolithiques, columnaires, coralloïdes. Clivage (010) plus ou moins distinct. L'aragonite est souvent transparente à translucide.
Synonymie
- arragonite : orthographe initiale donnée par Werner[6] et reprise par Haüy [7]
- chimborazite (Clarke 1821) [8] l'étymologie dérive du topotype le volcan Chimborazo (équateur).
- conchite (R. Brauns 1901) [9]
- ctypéite (Lacroix 1898) [10]
- iglite ou igloite : Décrite en Hongrie dans la localité d'Igol près de Roll qui a inspiré le nom[11].
- ktypéite (déformation du mot ctypéite)
- oserskite (Breithaupt) : aragonite trouvée à Nertschinski en Sibérie[12]
- stillatitius lapis (Anselmus Boëtius de Boodt 1609)
- winnieite
Variétés
- aragonite coralloïde : Variété d'habitus essentiellement d'origine karstique qui rappelle les coraux. Elle est présente dans de très nombreuses grottes dans le monde.
- Synonymie
-
- chaux carbonatée coralloïde (Haüy 1801) [13]
- flos ferri
- stalactite Flos ferri (Carl von Linné 1768)
- stalagmites coralloïdes (Wallerius 1778) [14]
-
- mossottite (Luca 1858): variété strontifère d'aragonite [15] de fromule idéale (Ca, Sr)CO3 connue dans une seule occurrence à Kraubath, Leoben, Styrie, Austriche.
- Synonymie
-
- strontioaragonite
-
- nicholsonite (Butler 1913) [16] Variété zincifère d'aragonite, de formule idéale (Ca, Zn)CO3 connue surtout à Tsmeb Namibie.
- tarnovizite (Breithaupt 1841) Variété d'aragonite plombifère[17].
- Synonymie
-
- Tarnovicite, Tarnowizite, tarnowitzite: variantes orthographiques pour tarnovizite : dérive du topotype de cette variété Tarnowitz (Haute-Silésie) Pologne.
- plumbo-aragonite (Collie 1889) [18]
-
Gîtologie
- L’aragonite apparaît comme minéral primaire dans les roches métamorphiques de haute pression, mais la plupart des carbonates orthorhombiques apparaissent sous forme de minéraux de remplacement dans les roches sédimentaires, volcaniques et métamorphiques et de gisements, formés à basse température et pression de solutions aqueuses.
Minéraux associés
- gypse, soufre, célestine (dans les dépôts évaporitiques)
- pumpellyite, lawsonite, glaucophane, quartz (dans les schistes bleus)
- calcite, dolomite, hydromagnésite, brucite, magnésite (dans les roches ultramafiques altérées).
Galerie
Gisements remarquables
- Espagne
- France
- Maroc
- Mine de Zelidja, Touissit, District de Touissit, Province d'Oujda-Angad pour la Tarnovizite.
- Namibie
- Mine de Tsumeb (Tsumcorp Mine), Tsumeb, Région d’Otjikoto (Oshikoto) Pour la variété Tarnovizite[21]
Biologie
- Des formes biosynthétisées d'aragonite existent, constituant notamment la nacre et les perles d'huîtres, moules ou autres coquillages, et une partie du squelette de la plupart des coraux durs et les récifs coralliens.
- Les coquillages sont formés pour moitié de calcite et pour l'autre moitié d'aragonite, certains coquillages comprenant les deux formes, comme l'ormeau. La coquille du lambi, gastéropode des Antilles, est formée exclusivement de microcristaux d'aragonite sur une matrice protéique[22].
Aragonite, climat et acidification des océans
Elle jouent un rôle majeur dans le cycle biogéochimiques du carbone et dans les puits de carbone océaniques. L'aragonite devient soluble dans l'océan au-delà d'une certaine acidité de l'eau, (légèrement variable selon la température), c'est pourquoi elle est considérée comme un des traceurs et indicateurs de l'acidification des océans induite par les émissions anthropiques de CO2 notamment. Selon les espèces, la coquille ou l’exosquelette de nombreux organismes marins est fait d'aragonite ou de calcite ou d'une superposition ou mélange de ces deux formes cristallines. Plus l'eau est acide, plus il y aura compétition entre la construction biochimique du calcaire et sa dissolution chimique dans l’eau de mer ambiante. Dans une eau trop acide, des coquilles déjà formées peuvent se déliter en tuant les animaux qu'elles protégeaient[23].
Sources et références
Articles connexes
Notes
- American Mineralogist, volume 056, pp. 758(1971)
- classification des minéraux choisie est celle de Strunz. La
- Atomic weights of the elements 2007 sur www.chem.qmul.ac.uk Masse molaire calculée d’après
- The Handbook of Mineralogy Volume IV, 2000 Mineralogical Society of America by Kenneth W. Bladh, Richard A. Bideaux, Elizabeth Anthony-Morton and Barbara G. Nichols
- http://www.museum-mineral.fr/especes/aragonite,265.html
- Werner (1796) Estner, F.J.A. (1794-1804) Versuch einer Mineralogie für Anfanger und Liebhaber, etc. Vienna (3 volumes in 5 parts): 2: 1039.
- Haüy, R.J. (1801) Traité de minéralogie. First edition: in 4 volumes with atlas in fol. Paris: vol. 2 (1st. distinction from calcite).
- Clarke (1821) Annals of Philosophy, London: 2: 57, 147
- R. Brauns; Centralblatt für Mineralogie p.134 1901
- Lacroix (1898) Comptes rendu de l’Académie des sciences de Paris: 126: 602.
- Dictionnaire des Sciences Naturelles Volume 8 p.261 1840
- Manuel de Minéralogie Par Alfred Louis Olivier Legrand Des Cloizeaux p.97 1874
- Traité de minéralogie. 1e édition: en 4 volumes avec atlas in fol., Paris: vol. 2
- Wallerius (1778) Wallerius, J.G. (1778) Systema mineralogicum. 2 volumes, Vienna: 2: 388
- Luca (1858) Nuovo Cimento, Pisa: 7: 453
- Butler (1913) Economic Geology: 8: 8
- Breithaupt, A. (1841) Vollständige Handbuch der Mineralogie, Vol. 2: 252
- Collie (1889) Journal of the Chemical Society, London: 55: 95.
- Descouens, D. (1986): "Les minéraux de Salsigne (Aude)." Monde et Minéraux, (72), 20-22.
- Favreau, G., Meisser, N. & Chiappero, P.J. (2004): Saint-Maime (Alpes-de-Haute-Provence): un exemple de pyrométamorphisme en région provençale, Le Cahier des Micromonteurs, 85, 59-92
- Palache, C., Berman, H., & Frondel, C. (1951), The System of Mineralogy of James Dwight Dana and Edward Salisbury Dana, Yale University 1837-1892, Volume II: 190
- Ballarini R, Heuer A, Des secrets dans la coquille, Pour la Science, octobre 2008, p86-92
- Anthropogenic ocean acidification over the twenty-first century and its impact on calcifying organisms, Nature, Vol 437, doi:10.1038/nature04095, 681--686, 29 Sept. 2005. Orr, J. C., V. J. Fabry, O. Aumont, Laurent Bopp, S. C. Doney, R. A. Feely, A. Gnanadesikan, N. Gruber, A. Ishida, F. Joos, R. M. Key, K. Lindsay, E. Maier-Reimer, R. Matear, P. Monfray, A. Mouchet, R. G. Najjar, G.-K. Plattner, K. B. Rodgers, C. L. Sabine, J. L. Sarmiento, R. Schlitzer, R. D. Slater, I. J. Totterdell, M.-F. Weirig, Y. Yamanaka, and A. Yool,
Bibliographie
- Jean-Paul Loreau, Sédiments aragonitiques et leur genèse éd. du Muséum, coll. Mémoires du Muséum national d'histoire naturelle - Tome XLVII, 312p.,1982 ( ISBN 2-85653-118-0)
- Portail des minéraux et roches
- Portail de la chimie
Catégories :- Calcium (minéral)
- Carbonate (minéral)
- Polymorphisme
Wikimedia Foundation. 2010.