- Saint-Gibrien
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Saint-Gibrien Administration Pays France Région Champagne-Ardenne Département Marne Arrondissement Arrondissement de Châlons-en-Champagne Canton Châlons-en-Champagne
3e CantonCode commune 51483 Code postal 51510 Maire
Mandat en coursPatrick Libera Intercommunalité Communauté d'agglomération de Châlons-en-Champagne Démographie Population 368 hab. (1999) Densité 91 hab./km² Géographie Coordonnées Altitudes mini. m — maxi. m Superficie 4,04 km2 Saint-Gibrien est une commune française, située sur la Marne, en aval de Châlons-en-Champagne et Fagnières, dans le département de la Marne et la région Champagne-Ardenne. Pendant la Révolution française, la commune s'appelait Jolibois et Mont-Union. Si c'est bien le lieu d'où un certain vicomte Haideric a fait transférer les reliques de saint Gibrien sous l'épiscopat châlonnais de Rodoard (885-893), alors le village a porté au Haut-Moyen Âge le nom de Cosse (lat. Cosla).
Histoire
Moyen Âge
888 marque la fin des Carolingiens et l'élection en février comme roi des Francs (par les grands de Francie occidentale) du Robertien Eudes, comte de Paris. Celui-ci remporte en juin une victoire contre les Normands. L'Historia Eccclesiæ Remensis (Histoire de l'Église de Reims) de Flodoard, chanoine rémois qui constitue une des sources les plus importantes pour le Xe siècle, rapporte que les Normands sont venus jusqu’à Saint-Gibrien, détruisant la chapelle où était enseveli saint Gibrien, un pieux solitaire scot, c'est-à-dire irlandais, venu dans les Gaules avec ses frères et sœurs au milieu du VIe siècle. Daté du roi Eudes (888-898), le pillage de la chapelle peut se situer entre 888 et 892, date de la fin d'une série de raids normands :
- En ce même temps, on transporta aussi dans l'église de saint Remi, les restes de saint Gibrian, du pays de Chalons, où il était allé en voyage et où il était mort car il était arrivé en cette province sept frères, savoir, Gibrian, Hélan, Trésan, Germain, Véran, Atran et Pétran avec leurs trois sœurs, Fracie, Promptie et Possenne, venus d'Hibernie[1] en pélerinage pour l'amour de notre seigneur Jésus-Christ et ils s'étaient établis chacun en divers endroits sur la rivière de Marne. Or, Gibrian qui était prêtre, choisit pour sa demeure le village de Cosse...Sur sa tombe fut construit un petit oratoire, à cause de quelques miracles qui y avaient été opérés (...) du temps du roi Eudes, quand la cruauté des Normands portait partout le ravage dans le royaume des Francs, cette chapelle fut réduite en cendres (...) Le religieux comte Haderic alla trouver Rodoard, évêque de l'Église de Châlons, (... ) le suppliant instamment (...) de le transférer en un autre lieu (...) [Traduction de Guizot, 1823]
La période du Haut-Moyen Âge est en effet connue pour l'importance de l'immigration de moines irlandais responsables de l'évangélisation des campagnes. Les villes ont été évangélisées à la fin de l'empire romain. Les campagnes sont christianisées au haut Moyen Âge par des moines irlandais. Contemporain de saint Remi et de Colomban, Gibrien serait mort vers 509, sous le roi des Francs Clovis. Ses reliques sont transférées 400 ans plus tard vers l'abbaye Saint-Remi de Reims.C'est beaucoup plus tard que se développe, à Reims, le culte de saint Gibrien. Patrick Demouy décrit dans sa thèse d'Etat[2] saint Gibrien comme un personnage obscur mais auquel se rapporte les plus grandes manifestations miraculeuses de la Reims médiévale. Le moine Colomban aurait en effet eu douze disciples, nombre éminemment suspect, dont, d'après J. Heuclin[3], seul les trois premiers (Gibrien, Helan et Tresain) sont attestés. Les liens de parenté peuvent être fictifs. Gibrien aurait sillonné la vallée de la Marne avant de s'installer sur la rive gauche près de Châlons. Il aurait été inhumé près de Coolus, sur la route de Troyes. A l'initiative du Comte Haideric, son corps est transféré à l'abbatiale saint Remi de Reims, les Normands ayant détruit en 892, l'oratoire construit sur sa tombe. C'est au XIIe siècle que de nombreux miracles sont prêtés à saint Gibrien, qui fait ainsi l'objet d'un culte et d'un pèlerinage à Reims. Rapportés dans la Chronique de Reims, les miracles qu'on lui prête (102 du 16 avril au 24 août 1145) déplacent les foules dans un rayon de 60 kilomètres autour de Reims mais les pèlerins peuvent provenir de Paris, Compiègne, Verdun ou Péronne. Une cartographie est établie par P.-A. Sigal[4] Les miracles de saint Gibrien, récit du XIIe siècle qui n'a plus grand chose à voir avec la vie réelle de ce saint, relate les miracles prêtés à ce moine irlandais dont le jour de fête était le 8 mai.
Temps modernes (XVIe-XVIIIe)
Rien sur les Temps modernes qui, dans l'historiographie française, couvrent les XVIe-XVIIIe siècles jusqu'à 1789, exclue. Rubrique à compléter.
La Révolution française et l'Empire (1789-1815)
C'est l'occasion pour de nombreuses communes de montrer leur attachement à la République en modifiant leur nom. Sous la Première République, Saint-Gibrien est donc successivement Jolibois puis Mont-Union.
On note que la commune, qui est alors particulièrement petite, perd, des habitants en 1806, sous l'Empire. L'hypothèse à vérifier est que, dans une France à la population encore jeune, le manque de 1806, corresponde aux jeunes enrôlés dans les armées napoléoniennes, décédés sur les champs de bataille ou encore occupés à parcourir l'Europe. Ce déficit démographique explique alors des salaires ouvriers et agricoles assez élevés par rapport à la décennie précédente mais il reste à vérifier à l'échelle locale cette tendance nationale.
Le XIXe siècle
L'exode rural commence en 1856, sous Napoléon III, dans le contexte de l'industrialisation du pays.
Le XXe siècle
La révolution agricole des années 1950 : Saint-Gibrien de la Champagne pouilleuse à la Champagne d'agriculture productiviste
1975-1989 : des urbains s'intègrent à un espace rural qu'ils transforment
1975 - C'est un village de 99 habitants, relativement à l'écart de la route départementale principale, ce qui fait sous-estimer sa taille aux automobilistes de passage. Saint-Gibrien compte alors un café-épicerie - boulodrome, principal lieu de sociabilité tenu par Claudette Moreau (Chez Claudette), en bout de village, près du pont, au-dessus de la voie de chemin de fer. C'est avant tout un espace rural et agricole. L'autre commerce est celui du mécanicien dont le garage station-service a pour clientèle les habitants du village et les automobilistes parcourant la départementale Châlons-Epernay. Face au garage, la ferme Brodier, au bord de la départementale, additionne les activités d'élevage bovin et avicole à la céréaliculture. A cette époque, la petite église locale est déjà touchée par la déchristianisation et, partant, le déclin des vocations cléricales qui explique l'absence d'offices dominicaux. Cette situation qui paraît ancienne est alors confrontée aux bouleversements démographiques de la société française, lesquels se traduisent ici par la rurbanisation : arrivée "à la campagne", d'urbains continuant de travailler en ville, à Châlons-sur-Marne (nom en usage à cette époque). Ces urbains investissent le premier lotissement construit entre château d'eau et ferme Brodier : le Petit Buisson. Leur arrivée à la campagne est permise par la démocratisation de l'automobile depuis les années 1960. Le lotissement est gagné sur des terres jusqu'ici vouées à la céréaliculture. Le Crédit agricole est partenaire financier de l'opération réalisée par un maître d'œuvre. L'architecte prévoit trois types de pavillons à choisir et acheter sur plan : modèles A, B et C. L'épisode reflète les tendances générales de l'histoire de la péri-urbanisation bien que celle-ci soit moins avancée en Champagne qu'ailleurs.
Pour ces urbains, il est encore question de s'installer à la campagne, ce que démontre rapidement la possibilité pour eux d'acheter du lait et des œufs le soir à la ferme Brodier. Aucun n'a réellement conscience que sa présence va progressivement transformer l'espace local et l'identité rurale de la commune. La ferme devient d'ailleurs un lieu de sociabilité qui permet aux nouveaux habitants, de s'intégrer à la population saint-gibriennote. Peu à peu, les Brodier abandonnent les poules puis les vaches. Les néo-ruraux, naguère persuadés d'être venus vivre à la campagne, font l'expérience de la spécialisation de l'agriculture et de l'effet de leur présence sur un espace qu'ils contribuent à transformer. Autre forme d'intégration des urbains à la campagne, quelques parents inscrivent leurs enfants dans la classe unique du village.
1977 - C'est à ce moment qu'Évelyne Bérat, fille du maire sortant, entame des tournées dans le lotissement et intègre ses habitants à l'électorat local. Une liste concurrente apparaît, où dominent les urbains de gauche, souvent fonctionnaires et salariés de la SNCF ou des P&T. La liste sans étiquette dominée par les agriculteurs et/ou vieux villageois l'emportent. Cette élection porte à la fois la marque des héritages, par la prédominance sociologique des agriculteurs qui élisent l'enfant de l'ancien maire agriculteur, et celle de la nouveauté, par l'élection d'une femme. Un salarié des P&T venu de la liste "de gauche", est intégré à la nouvelle-équipe. La polémique droite-gauche finit par s'éteindre, vaincue par l'idée que les grands débats et clivages nationaux ne seraient pas appropriés à la réalité locale. Beaucoup de non-agriculteurs finissent par intégrer l'équipe d'Évelyne Bérat, reconduite en 1983, estompant progressivement les différences entre "le village" et "les lotissements" qui en seraient alors distincts. La municipalité Bérat tente au départ de redonner vie au village avec l'organisation d'un voyage municipal (Versailles, grands parcs de loisirs, Tour Eiffel) et le regain de la fête du 14 juillet. Celle-ci appartient encore au profil des kermesses de villages avec leurs attractions habituelles (chamboul'tout, pêche, course en sac et buvette avec coupe de Champagne à 5 f) et le bal, régulièrement clôturé par des « loubards ruraux » (notamment les frères B.), venus des villages à l'entour et nourrissant la chronique locale des lendemains de fête par le récit d'exploits et de bagarres trahissant surtout leur grande misère sociale.
Vers 1979 (?), est construit le lotissement des Cytises, accroissant encore la population.
1989-2010 et après : un nouveau village, carrefour en voie d'intégration à Châlons-en-Champagne
En 1989, l'idée d'une nouvelle équipe municipale naît dans un lieu de sociabilité récent : le terrain de tennis construit avec le 3e lotissement. Les habitants ne s'y trompent guère qui désignent cette alternative municipale comme étant l'équipe du terrain de tennis. Il est d'ailleurs notable que l'ancien lieu de sociabilité, le café-épicerie-terrain de boule "Chez Claudette" ait alors fermé, fortement concurrencé par les progrès des hypermarchés depuis le début des années 1970. L'équipe du terrain de tennis est finalement élue. Elle marque la fusion des différentes populations dans une conscience municipale commune et l'appropriation de la commune et de l'identité communale par les anciens urbains. Le Conseil municipal se donne pour maire Christian Longuet. Son statut de retraité SNCF le rapproche des nouvelles couches d'employés et ouvriers ayant investi la commune depuis 1975. Son image de grand-père bienveillant peut aussi avoir contribué à le rapprocher des anciennes couches.
1992 - À cette époque, Saint-Gibrien devient une sortie d'autoroute Châlons-Sud vers Troyes Lyon sur l'A26, mise en service en 1992, avec pour conséquence un soutien aux prix immobiliers. L'accessibilité de Saint-Gibrien devient un argument de vente-location des pavillons. De nouvelles perspectives s'ouvrent dans le cadre du développement de Châlons. On songe notamment au parc de la petite Gironde, où est localisé le centre de tri postal Champagne-Ardenne-Meuse, passé en 2008 à 8500 m² de capacité. C'est à proximité de Saint-Gibrien, bien que sur la commune de Matougues, que se localise l'unité de production McCain de frites surgelées, la plus grande d'Europe. Les facteurs de localisation sont bien entendu, la présence de producteurs céréaliers décidés à se reconvertir dans la pomme de terre dans un contexte de surproduction de céréales et de forte croissance de la demande en frites surgelées. S'y ajoutent la gare de marchandises située à Fagnières, entre Saint-Gibrien et Châlons, ainsi que l'A 26 et son embranchement vers l'A4 sur le Paris-Metz. Le classement de Matougues en ZRR a pu décider à choisir cette commune plutôt que Saint-Gibrien, à quelques mètres près. Saint-Gibrien est désormais à un carrefour qui fait d'elle l'entrée sud de Châlons par autoroute, un espace offrant un potentiel susceptible d'attirer les investisseurs et l'implantation d'activités diverses telles que La Poste et MacCain. Son avenir paraît largement tributaire du développement récent de l'agglomération châlonnaise, nouvelle rocade sur la rive gauche de la Marne entre Fagnières et Châlons, projets éventuels concernant justement la rive-gauche châlonnaise, comme en témoigne le rapport établi en mars 2010 à la suite d'une grande enquête de la DATAR sur les villes moyennes. L'intercommunalité, favorisée par la loi relative au renforcement et à la simplification de la coopération intercommunale du 12 juillet 1999 (dite aussi "loi Chevènement") est matérialisée par l'adhésion à la Communauté de communes des Quatre vallées. Il est significatif que, contrairement à ses voisines Matougues et Villers-le-Château, Saint-Gibrien n'ait pas été classée en ZRR (Zone de revitalisation rurale) lors des classements de 1995 et 2009.
Bien que Saint-Gibrien ait connu depuis longtemps l'usage informel d'un terrain de foot situé à l'extrémité de la commune, aujourd'hui entre le dernier lotissement et le centre postal, l'absence de structures de loisirs pour jeunes y illustre bien la difficulté de création d'espaces de loisirs dans les espaces de rurbanisation. Beaucoup de loisirs sont en effet destinés à une population adulte et de troisième âge, c'est le cas notamment de l'actuel club du jeudi ou des activités de gymnastique pour adultes. Il est cependant notable qu'une association sportive, le FC Saint-Gibrien[5], ait vu le jour en 1999, pour s'étendre en 2006 aux jeunes de Matougues.
Administration
Liste des maires successifs Période Identité Étiquette Qualité 1971? 1977 () Bérat SE, de fait DVD Exploitant agricole 1977 1989 Évelyne Bérat SE, de fait DVD Exploitante agricole 1989 2008 Christian Longuet SE, de fait DVG Retraité SNCF 2008 Patrick Libera[6] SE Agriculteur Toutes les données ne sont pas encore connues. Démographie
Histogramme
(Évolution de la population de Saint-Gibrien - 1793-2006)Héraldique
De création récente, les armes de la commune se blasonnent ainsi : écartelé en sautoir : au premier d'azur à la fasce d'argent cotoyée de deux doubles burelles potencées et contre-potencées d'or, au deuxième de gueules aux deux épis de blé feuillés d'or, les tiges passées en sautoir, au troisième de gueules au héron contourné d'or, au quatrième d'or au trèfle de sinople.
Lieux et monuments
Personnalités liées à la commune
Voir aussi
Notes et références
- Irlande
- Patrick Demouy, Genèse d'une cathédrale. Les archevêques de Reims et leur Église aux XIe et XIIe siècle, ed. Gueniot, Langres, 2005, p. 208.
- J. Heuclin, Aux origines monastiques de la Gaule du Nord. Ermites et reclus du Ve au XIe siècle, Lille, 1986, p. 117 cité par P. Demouy p. 208.
- P.-A. Sigal, « Maladies et guérison au XIIe siècle : les miracles de saint Gibrien à Reims », dans Annales, 1969, n°3, p. 1522-39 cité et reproduit par P. Demouy p. 210.
- site du FC Saint-Gibrien
- Liste des maires au 1er août 2008, site de la préfecture de la Marne, consulté le 22 décembre 2008
- Saint-Gibrien sur le site de l'Insee
- Saint-Gibrien sur le site de Cassini
Catégorie :- Commune de la Marne
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