- Saint-Germain-sur-Ay
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Saint-Germain-sur-Ay
Un village de la côté des havres entre prés salés et mer situé face à l'archipel anglo-normandAdministration Pays France Région Basse-Normandie Département Manche Arrondissement Coutances Canton Lessay Code commune 50481 Code postal 50430 Maire
Mandat en coursThierry Louis
2008-2014Intercommunalité Communauté de communes du canton de Lessay Démographie Population 881 hab. (2008) Densité 61 hab./km² Gentilé Saint-Germinais Géographie Coordonnées Altitudes mini. 0 m — maxi. 39 m Superficie 14,52 km2 Saint-Germain-sur-Ay est une commune française, située dans le département de la Manche et la région Basse-Normandie, peuplée de 881 habitants[1] (les Saint-Germinais[2]).
Géographie
La localisation de la commune
Saint-Germain-sur-Ay se trouve à l'ouest de la Manche, en Basse-Normandie. Ce village est environné des bourgs de Créances et de Bretteville-sur-Ay. Au large de la commune, on aperçoit les îles Anglo-Normandes : Jersey et les Minquiers. Saint-Germain-sur-Ay se trouve dans le canton de Lessay, petite ville se trouvant un peu plus dans les terres. Pour parvenir à Saint-Germain, la route départementale 650 est le moyen le plus rapide en voiture.
Entre le bourg et la plage, à proximité du lieu-dit la Gavery, se situe le havre de Saint-Germain-sur-Ay. C'est un paysage rare, ressemblant à celui de la baie du mont Saint-Michel. En effet, on peut y voir des prés salés, la mer recouvrant, par haute marée, la terre.
La géographie physique
La surperficie
La commune a une superficie de 1 452 hectares soit 14,52 km2[4]. Elle se tourne essentiellement vers la mer, sur les 25 kilomètres de ses limites administratives, 14 kilomètres bordent les rivages de la Manche.
Son réseau hydrographique
Quatre cours d'eau parcourent la commune :
- L'Ay : l'embouchure du fleuve côtier normand se trouve au sud.
- La Brosse : rivière prenant sa source sous le nom de ruisseau de Gerville au niveau de la forêt du mont Castre, elle parcourt la commune sur environ 2 kilomètres et alimente le bourg en eau, notamment à l'ancien moulin. La zone de la Brosse a été aménagée au Moyen Âge par les moines du Mont-Saint-Michel et canalisée afin d'assécher les zones humides plus au nord. La Brosse se jette dans l'Ay à l'intérieur du havre.
- L'Ouve : rivière naissant de la jonction de trois ruisseaux, la Frette (source : Surville), le Duy (source : Montgardon), le Clopey (source : Montgardon). Cette rivière parcourt 1,5 kilomètre sur la commune. Ses berges sont classées comme site protégé par Natura 2000. Elle se jette dans l'Ay à l'intérieur du havre.
- L'Astérie : petit ruisseau prenant sa source au nord de la commune. Il serpente entre Bretteville et Saint-Germain, pour se jeter dans l'Ouve aux Ponts Louis.
Le relief
Le point culminant de la commune atteint 39 mètres à la Lande Houlgatte. Le point le plus bas est le niveau de la mer le long du rivage. 90 % de l'espace communal se trouvent au-dessus de 15 mètres[5]. Certaines parties de cet espace ont été gagnées sur la mer par la méthode des polders.
Le paysage
Saint-Germain-sur-Ay a sur sa commune quatre types de paysages :
- de bocage,
- de prés salés,
- de marais,
- de dunes.Histoire
Le contexte géologique et naturel avant l'arrivée des hommes
L'évolution du littoral
Le littoral normand a évolué aux cours des millénaires. Au moment de la Pangée, l'Europe était accolée au continent nord-américain. Elle s'en écarte progressivement, pour que l'océan Atlantique s'y engouffre. Le littoral saint-germinais va donc connaître plusieurs phases au gré des régressions et des transgressions marines. Durant le Pléistocène, le niveau de la mer va remonter très au-dessus du niveau actuel. Il y a 200 000 ans, le niveau de la Manche était à + 15 m NGF (nivellement général de la France) si on se réfère au croquis stratigraphique de D. Michelet, de la fouille archéologique de Port-Pignot dans le Nord Cotentin[6]. Le territoire de la commune était donc sous les eaux, excepté le petit hameau de La Houlgate. Inversement, le littoral va se retirer à plus de 600 kilomètres des côtes actuelles. Il y a 20 000 ans, le développement des calottes de glaces autour des pôles et des principaux glaciers va faire baisser le niveau de la mer d'un peu plus de 100 mètres[7].
Ce va-et-vient maritime a progressivement détaché les îles anglo-normandes des côtes saint-germinaises. Il était encore possible de se rendre à pied à Guernesey, il y a 8 000 ans[8]. Il faudra attendre 4 000 ans avant notre ère pour que Jersey, Chausey et les Minquiers ne soient plus accessibles par voie de terre[9].
De cette transgression marine, il subsiste le mythe de la forêt de Scissy qui devait alors s'étendre entre les îles Anglo-normandes et les côtes du Cotentin. De nombreuses souches fossilisées ont été collectées sur la côte et sont actuellement au musée de Cherbourg[10]. Les pêcheurs rapportent que certaines zones de pêches sont inaccessibles, du fait que leur filets s'arrachent sur des amoncellements de bois[11]. De cet événement seule l'île ou banc des Bœufs a été épargnée, au large de Saint-germain-sur-Ay. Récemment la pointe du banc, encore visible il y a quatre ans, a été engloutie lors d'une tempête. La pointe a laissé place à deux grands bancs de sable situés à l'entrée de l'estuaire[12].
De l'autre côté du havre, Créances a également perdu une partie de ses dunes de sables sous l'effet de l'érosion marine.
Les paysages
De - 2 400 000 à - 300 000 ans, durant les périodes glaciaires, le climat était aussi rude que dans les régions arctiques. La fonte des glaces générait des torrents impétueux qui se jetaient dans la mer. Les roches se fracturaient sous l'effet du gel. L'absence de couverture forestière exposait les sols aux rafales de vent. Le climat se fait plus clément il y a 300 000 ans. L'étude des tufs de Saint-Pierre-lès-Elbeuf, en Seine-Maritime, prouve qu'il faisait plus chaud qu'à l'heure actuelle[13]. Une forêt de lauriers Canaries, de figuiers et d'arbres de Judée s'était répandue dans la vallée de la Seine. Par sa proximité avec la Haute-Normandie, la commune jouissait alors d'un climat méditerranéen.
La faune et la flore
On ne dispose pas d'étude sur l'évolution de la flore à proximité même de Saint-Germain-sur-Ay. Néanmoins, les travaux menés durant les vingt dernières années permettent de se faire une idée sur la vie de la faune et de la flore.
La flore
Dans la région, des observations ont été relevées dans la carrière de Tourville-la-Rivière (Seine-Maritime)[14]. Il y a 200 000 ans, 83 % du pollen relevé était du pollen d'arbre. Sur cette couverture forestière, les noisetiers représentaient 75 %.
Dans le département, le travail palynologique réalisé par Martine Clet-Pellerin à Vauville est une mine de renseignements[15] pour l'histoire du littoral contentinois. Il a été réalisé dans le cadre du projet collectif de recherche de la Hague. Il en ressort que le littoral saint-germinais a sans doute lui aussi connu comme Vauville :
- de 5000 à 3900 av. J.C., une végétation qui se compose principalement "de landes à fougères avec quelques arbres et arbustes tels Quercus (chêne) et Corylus (noisetier)"
- de 3900 à 1400 av. J.C., la forêt s'étend avec, dans un premier temps, des arbres colonisateurs, tels "Corylus (noisetier)", puis s'affirme avec les "Quercus (chêne)" en plus grand nombre.
La faune
L'étude de la faune au niveau régional repose sur l'article de Descombes J.-C. et Carpentier G[16]. Durant le quaternaire, trois phases peuvent être distinguées en Normandie, de la plus ancienne à la plus récente :
- Phase A : le mammouth, l'auroch, le bison, le cerf élaphe, le renne, le rhinocéros laineux et le cheval de Mosbach.
- Phase B : le lièvre, le renard, le loup, la hyène, le blaireau, la loutre, l'ours brun, l'ours des cavernes, le lion des cavernes.
- Phase C : l'installation durable de l'homme dans le Nord Cotentin attestée il y a 200 000 ans.
La Préhistoire
L’occupation humaine en Normandie est beaucoup plus récente au vu des découvertes. Nous disposons de deux sites archéologiques prouvant l’occupation humaine dans la région il y a 200 000 ans, l’un en Seine-Maritime à Tourville-la-Rivière, l’autre à Saint-Germain-des-Vaux (Manche), fouillé par Denise Michelet en 1982[17].
Le département a bénéficié très tardivement du travail scientifique des archéologues. Les prospecteurs de la fin du XIXe et du début du XXe siècle ont bien répertorié leur travail, mais leur inexactitude et le manque d’approfondissement de leurs travaux ont posé plus de problèmes qu’ils n’en ont résolus. La Seconde Guerre mondiale a porté un coup fatal aux diverses collections des musées du département soit par la destruction, soit par la confusion qu'elle a généré dans l'étiquetage des échantillons qui ont été sauvés.
Des traces néolithiques des premiers agriculteurs ?
Il faut attendre « le temps des prospecteurs » et le voyage de P. Le Quertier[18] au début du XXe siècle pour que la commune puisse bénéficier du travail de la Société Préhistorique de France. Celui-ci répertorie lors de son passage « deux magnifiques haches en pierre polie à Saint-Germain-sur-Ay». Nous ne disposons d’aucun croquis, ni d’aucune datation. Il s’agit probablement de haches datant du néolithique. Il faut prendre cette information avec beaucoup de circonspection, mais elle mérite d’être notifiée.
Un mégalithe à Saint-Germain-sur-Ay ?
Trois ouvrages mentionnent un dolmen dans la commune de Saint-Germain-sur-Ay, l'Annuaire des artistes et des amateurs[19], l'Annuaire des cinq départements de l'ancienne Normandie[20], la Revue universelle des arts[21]. Un quatrième ouvrage, Matériaux pour l'histoire primitive et naturelle de l'homme[22] fait état de plusieurs dolmens à Saint-Germain-sur-Ay. Il peut s'agir de structures naturelles que les prospecteurs ont pris pour édifications humaines. Nous ne disposons d’aucune autre précision sur leur localisation ou leur envergure. Si ces dolmens ont existé, aujourd’hui ils ont disparu. Peut-être ont-ils été employés comme pierre de taille ou simplement arasés ? Charles de Gerville, quant à lui, lors de son passage dans la commune en 1818 pour approfondir la description de l’église, n’en fait pas état. Il faudra attendre 1920 et le discours de Léon Fauvel, maire de Lessay, repris par Michel Pinel, pour avoir une description du mégalithe[23]. Celui-ci le décrit alors comme étant «un très beau spécimen de l'âge de pierre».
La Protohistoire ou l'âge des métaux : les Unelli
Les Celtes arrivent en Europe par vagues massives et successives de 700 à 500 avant JC. La péninsule du Cotentin isolée par une série de marais n’échappe pas à ce raz de marée humain. Les Unelles[25],[26],[27] s’installent dans la région et érigent différent centres tribaux dont le plus proche des limites de la commune est celui du Mont Castre[28] sur les hauteurs de Lithaire, où une ferme armoricaine a été fouillée. Ils sont rattachés par César aux peuples d’Armorique (littéralement « Pays sur la mer »)[29]. Ce peuple puissant frappe sa propre monnaie dès le IIe siècle av. J.-C. en y représentant un rapace surmontant un cheval évitant un crustacé (un homard ?) se dressant entre ses pattes[30]. Les Unelles ont pour chef charismatique au Ier siècle av. J.-C., Viridorix qui se trouve être à la tête de la coalition des peuples de l’Ouest contre César en 56[31].
Il n’y a pas eu de découvertes archéologiques celtes sur la commune.
L'Antiquité (-58 à 476) : l’arrivée des Romains et la municipalisation de la commune
Saint Germain sur Ay se trouve dans l’Ouest de la Gaule loin du pouvoir romain et des grands axes de communication. La Table de Peutinger mentionne quatre « villes-étapes » Unelles Crouciatonum (Carantan), Alauna (Valognes), Corallio (Cherbourg), Cosedia (Coutances). A l’ouest de la commune, par delà la lande de Lessay, une voie romaine attestée passait par Lessay, l’Haye-du-Puits puis remontait sur Cherbourg.
« Divers auteurs[32] » mentionnent une autre voie romaine, dite « de la mer », venant de Portbail pour aller à Lessay en passant par Saint-Germain-sur-Ay. Ce raisonnement repose essentiellement sur :
- la présence du hameau La Gavérie (lieux-dits signifiant la présence d’une voie romaine à proximité)[33]
- l’existence du toponyme utilisé pour le chemin rural dit « du Perray[33] »
- le caractère rectiligne et large du Chemin de Coutances, aujourd’hui emprunté par la route touristique
- la présence du hameau les Mézières signifiant en latin "rempart" ou "ruines"Le Moyen Âge (476 à 1492)
Les invasions germaniques IVe siècle-VIe siècle
Jusqu’au Ve siècle, le littoral cotentinois était englobé dans le « litus saxonicus », littéralement le rivage saxon. Cette circonscription romaine visait à protéger la région des pirates jutes, Angles et des saxons[34] par un réseau de fortins positionnés le long du littoral donnant l'alerte aux unités mobiles stationnées à Coutances[35]. Elle céda finalement sous la pression franque en 486. C’est au cours de cette vague germanique, que le toponyme Fulquerville semble avoir prit forme. Il est du type «anthroponyme germanique + ville[36] ». Ce domaine rural mérovingien[37] fut donc attribué à un propriétaire unique, un certain Fulquer ou Fulcharius au cours du Ve siècle. Il était composé « de terres et d’hommes » de telle manière que « ni la terre ne peut être enlevée aux hommes ni les hommes à la terre[38] ». La terre comprenait les pâtures, les champs, les bois et les marais. Les hommes pouvaient y être de conditions diverses : colons, libres, affranchis, esclaves.
L’apport des « hommes du nord » : implantation et colonisation
Les assauts vikings
Le Cotentin fut intégré au duché de Bretagne de 867 à 933[39]. Les ducs de Bretagne recentrant leur effort militaire sur Nantes et l’estuaire de la Loire, délaissèrent la presqu’île du Cotentin face aux incursions vikings. Selon la Légende des oies de Pirou[40], les vikings passèrent par Fulquerville en remontant son havre pour aller assiéger la forteresse de Pirou.
Fulquerville se trouvait dans la partie où la colonisation scandinave est considérée comme très dense[41]. Celle-ci débuta après le traité de Saint-Clair-sur-Epte en 911 et s'accéléra avec l‘intégration du Cotentin au duché de Normandie en 933. Elle était non seulement constituée d’une « colonisation d’encadrement », mais également d’une « colonisation agricole[42] ». Le village ne fut pas effacé de la carte. Après la reconstruction, les scandinaves s’installèrent et se mélangèrent à la population locale sans discrimination[42].
L’étude des toponymes
Selon Michel Pinel, le nom de la localité Frocqueville pourrait avoir une origine scandinave[43]. Ce toponyme est de type « anthroponyme scandinave + ville ». Le nom du propriétaire du hameau était alors un certain Frøcq ou Froc.
L’héritage fut essentiellement maritime avec la spécialisation des colons qui apportèrent leur savoir faire[44]. Comme le montre la présence de toponymes faisant référence à l’extraction du sel : les hameaux Salnel et les Salines. Ils apportèrent également de nouvelle technique de pêche, notamment celle de la baleine.
La population scandinave donna également des noms à la configuration physique des lieux dont elle venait de prendre possession. Le havre vient du norrois « höfn » et signifie « généralement une baie propice au mouillage[45] ». La pointe du Becquet dans le havre tire son origine de « BÆKKE » qui signifie ruisseau[46]. Deux toponymes positionnés sur les hauteurs de la commune sont également d’origine scandinave. Le premier est La Lande Houlegatte. Il vient du norrois « holl » signifiant profond et du norrois « gate » signifiant passage[47], la traduction la plus communément répandue est celle de chemin creux. Le second toponyme est Burguefer qui peut avoir deux origines : l’une germanique si on retient la racine « BURG » , l’autre scandinave avec la racine « BØRG[48] ». Dans les deux cas, il s'agit d'une fortification.
Un prieuré sous la dépendance de l'abbaye du Mont-Saint-Michel
La Terre de Fulquerville ou Fouquerville
La commune apparaît pour la première fois dans les textes en 1081, par le biais d'une donation. "En ce lieu, les trois frères Renaud, Guillaume et Geoffroy, de la famille Fulcharius, fils de Jean et d'Ève, font la donation de la terre à l'abbaye du Mont-Saint-Michel[49]". Il n'y a pas d'élément complémentaire sur cette famille Fulcharius.
La richesse de la terre de Fulquerville se révèlera par la suite dans l'extraction de sa tangue, de son sel et par la vente du poisson dans son port. L'intérêt pour l'abbaye du Mont-Saint-Michel était la possibilité d'y accéder soit par les voies terrestres, soit par la voie maritime.
En 1150, les chanoines s'installent au bord du havre. Le monastère aurait été fondé selon l'historien Lecanu[50] par Richard de la Haye ( † 1167), baron de La Haye-du-Puits, connétable de Normandie et gouverneur de Cherbourg. Il est difficile de savoir si l'église existait déjà ou non à la fondation du monastère. Elle apparaît dans les bulles papales en 1150 avec le pape Eugène, en 1156 avec le pape Adrien IV et en 1179 avec le pape Alexandre III.
La propriété de cette terre va créer un conflit entre les bénédictins du Mont et la puissante famille cotentinoise du Hommet[51]:
- vers 1175 : Guillaume II du Hommet s'en prend à l'aumône de Fourqueville et à la vente du poisson dans son port
- en 1186 : Richard II du Hommet, fils de Guillaume II du Hommet et époux de Gillete de La Haye envoyait ses hommes extraire la tangue dans les salines appartenant à l'abbé du Mont-Saint-Michel. Robert de Torigni arrive à mettre d'accord les deux parties : Richard cesse d'intervenir sur la terre des moines et en échange on lui remet 10 livres.Richard II du Hommet tente d'apaiser ce dérapage et affirme que dorénavant : "aucun de mes héritiers ou de mes hommes ne doit prendre de la tangue dans le domaine de Saint-Germain de Focherville. Je veux que la tangue y reste, en toute liberté, à l'abbé et aux moines, de sorte qu'ils pourront la donner, la vendre ou se la réserver, en un mot en disposer comme bon leur sembera[52]".
Fourqueville devient officiellement dans les textes Sanctus Germanus de Focherevilla dans la charte de 1186 citée au-dessus[53]. Le toponyme Saint-Germain-sur-Ay trouve ici sa plus ancienne mention.
Le patron de l'église : Saint Germain le Scot ou Saint Germain de la Mer
Sanctus Germanus de Focherevilla tient son nom de son patron, Saint Germain le Scot. Ce saint a joué un rôle important dans la conversion au christianisme du Nord-Cotentin. Sa vie nous est rapportée par le chanoine Saint Germain sur Bresle durant le XIe siècle[54]. Selon les historiens[55], il est plus préférable de l’appeler « Saint Germain de la mer ». Il était d'origine écossaise de par sa mère (du peuple Scot, d'où l'un de ses surnoms), mais aussi franque, de par son père.
Saint Germain de la mer naquit outre-Manche, dans les Cornouailles, en 420. Son père s’appelait Odin (latinisé par la suite en Audinius), sa mère Aquila. Audinius faisait partie des légionnaires francs installés en Bretagne (Grande-Bretagne). Son contingent se trouvait au niveau du limes contre les Scots et les Pics.
Saint Germain d'Auxerre et Loup, évêques de Troyes, de retour de leur combat victorieux contre le paganisme en Écosse, firent la connaissance de la famille Audinius. Ils les baptisèrent et, selon la légende, Saint Germain d'Auxerre aida le fils d’Audinius à sortir de la piscine baptismale. Il lui donna alors son nom, Germain. Il devint par la suite prêtre à l’âge de 25 ans, et décida de partir en Gaule pour convertir les païens.
Il traversa la mer en 450 et aborda les côtes du Cotentin à Diélette (à l’époque Direth), porté selon la tradition par la roue d’un char. Il entama alors dans la région un travail d’évangélisation qui se termina par la victoire contre le serpent de Carteret. La légende raconte que les habitants du Cotentin donnaient en offrandes de jeunes nourrissons à un serpent. Après un combat épique, Saint Germain de la mer eut raison de lui au trou Baligan[56]. Des traces d’oxydes de fer sur les parois de la grotte sont censées représenter la fossilisation du sang du serpent. Une église aujourd’hui en ruine commémore cet événement légendaire.
En 480, Saint Germain de la mer part sur les bords de la Bresle où il va se heurter au chef saxon Hubaud. Il meurt en martyr, décapité. Ses restes furent transportés à Ribemont.
L'acte principal de Saint Germain dans la commune fut de "détruire un gigantesque serpent" qui sévissait dans le havre[57].
Plusieurs paroisses cotentinoises prirent comme patron saint Germain.
La vie des habitants du bourg au temps des chanoines
Vivant essentiellement de l'agriculture et de l'élevage, les Saint-Germinais pratiquaient également la pêche à pied et la pêche en mer. La notoriété du monastère attirait et permettait au commerce de prospérer de manière honorable. Saint-Germain-sur-Ay développa son port, non pas sur l'actuelle plage, indéfendable en cas d'attaque des pirates, mais au niveau du petit hameau, La Gavérie, situé à l'ouest du bourg. Le port s'étendait alors du hameau au corps de garde.
Les travaux de l'historien normand Lucien Musset[58] reposant sur le Registrum redditum nous apprennent que certaines lois archaïques étaient encore suivies. En 1239, la coupe des roseaux tenait un rôle important au sein de la communauté, mais également le sel qui faisait l'objet d'une rente. Il était extrait à l'est du bourg, au niveau du hameau Les Salines. Pour terminer, l'historien souligne l'existence d'une mainmorte pratiquée en cas de décès. Elle obligeait l'héritier à ne garder qu'un seul animal, le reste du troupeau étant quant à lui remis au prieuré.
Le Registrum redditum précise également que l’abbaye du Mont-Saint-Michel avait en propriété à Saint-Germain-sur-Ay plusieurs tenures féodales. L'état des tenures dressé en 1239 concerne la famille des Arundel. Il liste les redevances perçues par l’abbaye du Mont-Saint-Michel :
- Deux boisseaux d’avoine au mois de mars,
- Une oie à la fin du mois d’août,
- Deux poules à Noël[59].
Les tenants de cette masure étaient Geoffroy Arundel, Robert Arundel, Guillaume Arundel, Thomas Arundel, Onfroy Arundel, Hellvis, Aalis et Julienne Arundel[60].
Autre point important, ce document nous livre les noms de quatre arrière-vassaux ou vavasseurs saint-germinais du XIIIe siècle. Aînés de leurs familles, ils devaient chacun le service d’un chevalier à l’abbaye, mais également tous les droits et les devoirs féodaux, excepté la justice :
- Thomas l’Asne,
- Jean de Heules,
- Guillaume Flori,
- la fille de Madoc[61].
L'indépendance à l'égard du siège épiscopale : l'épisode épique du voyage de l'archevêque Eudes Rigaud à Saint-Germain-sur-Ay
Au milieu du XIIIe siècle, l'archevêque de Rouen Eudes Rigaud entame ses visites pastorales qui sont répertoriées dans un compte-rendu[62]. Il arrive à Saint-Germain-sur-Ay le 7 septembre 1266. Le prieuré n'est alors occupé que par deux moines. Il leur demande l'hospitalité, ces derniers la lui refusent. Le lendemain, l'archevêque les somme de lui ouvrir les portes du prieuré devant témoins. Les moines s'obstinent dans leur refus, et contraignent l'éminent archevêque à dormir dans un cabaret du village. L'affaire ne s'arrêta pas là, puisque l'archevêque vint se plaindre à l'évêque de Coutances, en obligeant celui-ci à faire comparaître le prieur.
Le 20 septembre 1266, le prieur de Saint-Germain-sur-Ay, Raoul Brazart, se rend auprès de l'archevêque pour lui remettre une lettre de l'abbé du Mont-Saint-Michel. Celle-ci stipulait que le prieuré de Saint-Germain-sur-Ay n'était point tenu de le recevoir et que les "biens et revenus dudit manoir ont été destinés anciennement à subvenir aux dépenses communes de notre couvent, par les donateurs, et nos actes et chartes peuvent en faire pleine foi".
Guerre de Cent Ans
Le monastère tombe sous la coupe du bailli du Cotentin
Les tensions franco-anglaises commencèrent avant le début de la Guerre de Cent Ans dans le Cotentin. Le bailli du Cotentin devait confisquer toutes les possessions anglaises. Il décida de s'emparer du prieuré de Saint-Germain-sur-Ay, sous prétexte que le prieur était né à Jersey. Le 5 novembre 1326, l'abbé du Mont-Saint-Michel se plaignit auprès du roi Charles le Bel[63]. Ce dernier se rangea à ses arguments et somma le lieutenant du bailli du Cotentin de rendre le prieuré à ses religieux.
La fortification de l'église
Le royaume de France s’arrêtait aux portes du Cotentin qui était rattaché au royaume de Navarre. Malgré le serment prêté par Charles de Navarre au roi de France, ce dernier prit la décision de l’incarcérer. Ce revirement déclencha la colère des barons du nord-cotentin qui basculèrent du côté anglais. Le Nord cotentin restera anglais de 1380 jusqu’à la libération de Cherbourg le 12 aout 1450[64]
À Saint-Germain-sur-Ay, cette situation conduit à la fortification de son église comme dans le reste du Centre Cotentin. Elle est dotée d’une tour de guet pourvue de fenêtres meurtrières permettant le tir à l’arbalète ou à l’arme à feu. Des troupes fidèles à la couronne française s’installent dans ces églises fortifiées normandes occasionnant de nombreux dégâts[65].
De la chevauché d’Edouard III (1339 et 1346) à l’occupation anglaise (1417-1450), le cotentin fut l’un des principaux théâtres d’opération de la Guerre de Cent Ans.
Les Temps modernes (1492 à 1789)
Le renforcement de la monarchie absolue : la fermeté intransigeante de Richelieu
Malgré une terrible épidémie de peste décimant la population cotentinoise[66], le cardinal applique son programme pour promouvoir un État moderne reposant sur un pouvoir absolu. Il planifie l'affaiblissement du protestantisme en France, et l'abolition des privilèges fiscaux régionaux. Les prises de position de la paroisse face aux actions de Richelieu marquent un tournant décisif pour son développement économique et politique.
L'interdiction au commerce du port de Saint-Germain-sur-Ay
Grâce à l'édit de Nantes du 13 avril 1598, les protestants de France bénéficient de nombreuses libertés qui vont aboutir à la création d'un État dans l'État. Les protestants ont leur organisation propre et La Rochelle devient la métropole des protestants français. Le 10 septembre 1627 Richelieu veut réinstaurer l'autorité royale à La Rochelle et encercle la ville sur terre comme sur mer à l'aide d'une digue constituée de navires coulés.
La paroisse de Saint-Germain-sur-Ay entretenait des liens privilégiés avec La Rochelle. Elle compte parmi sa population un tiers de protestants qui disposent de leur propre cimetière. Le canton compte également une population protestante parmi ses villageois, mais surtout parmi ses nobles et ses commerçants.
Les nobles de la côte des Havres majoritairement protestants n'adhèrent pas à la politique de Richelieu et décident d'affréter plusieurs navires de vivres pour venir en aide aux Rochellois. Les navires partent de Saint-Germain-sur-Ay. Le siège prend fin en 1628. La Rochelle capitule avec plus de 23 000 morts.
En représailles, Richelieu mène une politique punitive à l'encontre des soutiens de la Rochelle. Saint-Germain-sur-Ay se voit privé de ses droits maritimes et doit cesser toutes activités portuaires en 1630. Cette décision appauvrit la paroisse qui voit le commerce se tourner aux profits des ports de Portbail et de Carteret.
Le privilège du Quart de Bouillon
Le Cotentin conserve au XVIIe siècle le privilège du quart-de-bouillon. Les sauniers remettent ainsi un quart de leur production au roi et sont exemptés de la Gabelle. Richelieu tente de supprimer ce privilège régional en 1639 provoquant la révolte des Nu-pieds[67] à laquelle participèrent les sauniers de saint-germain.
Le quart de bouillon provoque un déséquilibre avec les autres provinces françaises de la « grande gabelle » sur lequel se développe la contrebande du faux-saunage. Elle consiste à revendre en « pays de grande gabelle » du sel acheté en Cotentin. L’autorité royale tente d’endiguer ce phénomène par une législation draconienne. Cette politique engendre des frictions avec la population, comme le montre la condamnation à mort, en mai 1706, de plusieurs faux-sauniers du havre de saint-germain. Ils furent condamnés pour le meurtre de trois commis de quart-de-bouillon[68].Le XVIIe siècle ou le départ des religieux montois
Le bail de 1680 ou la location des dépendances du prieuré aux habitants
(étude de Michel Pinel[69])
Cet acte notarial[70] nous permet de connaître les possessions du prieuré à la fin du XVIIe siècle.
Le bail était au profit des veuves Jacqueline Dossier de Montgardon et de Jacqueline Auzou de Saint-Germain-sur-Ay.
Les possessions du prieuré sont énumérées comme suit :
- Le manoir seigneurial
- La grange
- L'étable
- L'écurie
- La boulangerie
- Haute et basse cour
- Le colombier
- Le moulin à eau, actuellement le lavoir
Les trafics clandestins vers l'Angleterre
Après sa fermeture en 1630, le commerce maritime put reprendre à Saint-Germain-Sur-Ay durant la seconde moitié du XVIIe siècle. Le havre a su tiré parti de sa proximité avec les îles de Guernesey et surtout de Jersey. Cette position modeste mais néanmoins appréciable attire l’intérêt de ses seigneurs, des abbés et de l’évêque de Coutances.
Comme les autres petits ports de la côte des havres, Saint-Germain-Sur-Ay se livre à un intense trafic clandestin de vin et d’eau de vie avec l’Angleterre via les îles anglo-normandes[71]. Le port de Saint-Germain pouvait alors accueillir des navires de 80 à 100 tonneaux sans toutefois pouvoir leur fournir un abri, puisqu’il s’agissait d’un port d’échouage[72]
Les fermiers des traites ne pouvant surveiller l’ensemble de la côte des havres, obtiennent la fermeture au commerce de deux ports. Saint-Germain se voit privé une seconde fois de ses droits maritimes en 1720, en même temps que le havre de Surville[73]La compagnie saint germinaise des gardes côtes
François Ier réorganise le guet de mer. En 1582, la garde des côtes françaises est placée la direction de l’Amiral de France. Des hommes de guet rémunérés assurent la protection du littoral. La réorganisation du système des gardes-côtes en 1626, 1627 et 1628 aboutit à la création des capitaineries en 1705.
À Saint-Germain-sur-Ay, deux officiers, un capitaine et un lieutenant, entourés de dix hommes constituent la compagnie des gardes côtes. Ces hommes sont tirés au sort parmi la population de la paroisse. Les registres des rôles généraux tenus par les capitaines des gardes côtes recensent les hommes de 16 à 60 ans susceptibles d’être engagés[74]. En temps de guerre, ces registres sont considérés à juste titre comme un véritable vivier en fournitures d’hommes. Ils assurent alors le fonctionnement des vigies, du corps de garde et de la batterie de côte situé à la pointe du banc.
La compagnie saint-germinaise des gardes côtes constitue avec onze autres compagnies la capitainerie de Portail. Cette capitainerie pouvait compter sur l’intervention d’un milliers d’homme. Ceux-ci ont le devoir de se rassembler et de s’armer afin de se porter sur la côte où débarquait l’ennemi[75].
Les officiers sont tenus de porter l’uniforme. Pour les hommes non gradés, « l’uniforme n’était pas obligatoire, armés d’un baudrier, d’un mousquet et d’une épée[76] ».
Le règlement du 28 janvier 1716 sur la défense du littoral[77] élargit son champ d’action en faisant participer l’ensemble des chaumières côtières. Les habitants sont tenus d’avoir chez eux « un fusil, une baïonnette, un porte baïonnette, une demie livre de poudre et deux livres de balles » afin de répondre par le feu à tous débarquements étrangers.
L’amélioration du système défensif de la côte des havres
Au XVIIIe siècle, la première puissance maritime mondiale reste de loin la flotte britannique. À partir de 1723, l’Angleterre accroît de façon considérable le potentiel militaire des îles anglo-normandes. La baie de sainte Catherine à Jersey pouvait accueillir d’importantes flottes de guerre[78]. Face à ce danger croissant, De Caux présente en 1731 au ministre de la marine de Maurepas une étude qui va aboutir progressivement à l’organisation de la côte ouest du Cotentin.
Les deux corps de gardes de saint germain sur ay
Les églises du littoral sont encore utilisées pour le guet de mer pendant les guerres du règne de Louis XIV. Mais elles vont rapidement montrer leurs limites notamment durant la Guerre d’Augsbourg (1688-1697) avec la bataille de la Hougue dans le nord Cotentin. Suivant la logique de Vauban, 20 corps de garde, dont celui de Saint-Germain-sur-Ay, vont être édifiés en 1669. Un second corps de garde voit le jour à la pointe du banc à l'embouchure du havre[79].
Les mâts de signaux
Au cours de la guerre de Sept Ans (1756-1763), la communication entre les corps de garde se modernise à l’aide de mâts de signaux[80]. La transmission se faisait à l’aide de pavillon (flammes et drapeaux de formes et de couleurs différentes) et était relayée de Saint-Germain à Saint Rémy puis de Saint Rémy à Portbail siège de la capitainerie. De nuit, les signaux d'alerte étaient lancés en enflammant des brulots.
Ces mâts de bateau sont plantés à proximité des côtes. Pour saint-germain, le pavillon se trouvait au sommet d’une butte au nord de la pointe du banc, sur une dune en forme de dôme qui prit le nom de « pavillon » ou « Butte Napoléon[81] ». Au sommet de cette butte, en 1798 fut construit une cabane de guetteur « en maçonnerie » dont les dimensions étaient réglementées[82]. Aujourd’hui, le « pavillon » a perdu la moitié de sa hauteur est culmine à 18 mètres[83]. Au sommet, on peut encore y voir les fondations de cet ancien sémaphore. Une seule arête du bâtiment est encore visible et mesure un peu plus de 4 mètres, sur une hauteur de 46 centimètres, avec une largeur de mur atteignant les 75 centimètres.La pointe du banc : installation d'une batterie de canons de 24
A proximité d'un second corps de garde, aujourd'hui disparu, l'entrée du havre se voit équiper de 2 bouches à feu. Il s'agit de deux canons de 24[84]. Ce canon reste la pièce d'artillerie la plus lourde du système de Gribauval[85]. Il pouvait projeter des boulets de 12 kg sur une distance de 1800 mètres.
La batterie de canons saint-germinaise devait s'apparenter à celle de Portbail, "en terre et en gazon, complétée par un corps de garde et une poudrière[84]".
La première défense saint-germinaise reste le Canal de la Déroute
Face à la puissance de feux britannique, la batterie de canons de 24, les deux corps de garde et les hommes de guets paraissent une bien maigre défense. Selon Edouard Thin, les canons de 24 du havre de saint germain servent principalement à empêcher un "débarquement de moyennes et petites barques" et de "réduire les possibilités d'infiltration des agents de l'ennemi[86]".
Si saint-germain a évité l'occupation anglaise, c'est surtout grâce aux courants violents et haut fonds du Canal de la Déroute.
XVIIIe siècle : Les temps troubles de la Révolution
1789 : L’abolition des privilèges
À la veille de la Révolution française en 1789, le dernier seigneur de Saint-Germain-sur-Ay fut Jacques-Alexandre de Graintheville et appartenait « à l’assemblée des trois ordres du grand bailliage de Cotentin[87] ».
L’abolition des privilèges et des droits féodaux le 4 août 1789 entraîna la fin de l’Ancien Régime. Dans la commune, la passation des pouvoirs se fit sous l’impulsion du chef des révolutionnaires locaux, Michel Ernouf[88]. L’église, le manoir (ancien prieuré) et le presbytère sont en proie au pillage pendant ces temps troubles. Une nouvelle organisation prend alors place. Le presbytère accueille les troupes révolutionnaires.
1790 : Naissance de la municipalité et confiscation des biens du clergé
Pour la première fois dans son histoire, la commune a à sa tête un maire, Michel Ernouf, et non plus un seigneur. En accord avec la constituante, les biens du clergé sont mis aux enchères pour renflouer les caisses de l’état et soutenir la révolution contre les monarchies européennes. Le maire de Saint-Germain s’installe avec sa famille et ses domestiques, Louis d’Orléans et Sorin, dans l’ancien prieuré et ses dépendances. Son acquisition aurait été faite, dit-on, pour la modique somme de deux bœufs[89].
Michel Ernouf obtient en juin 1790 un siège de député à l’administration de la Manche. La même année, il cumule un autre siège, celui d’administrateur des biens nationaux. Il aura eu entre autres la responsabilité de vendre l’abbaye de Lessay à un certain Louis de Perrochel[90]. La mairie arbore les emblêmes de la révolution, et l'arbre de la liberté est planté sur la place du village.La révolution et les contrebandiers de Saint-Germain-sur-Ay, 1790-1793
Certains individus tentent de tirer partis de la confusion révolutionnaire. Les gardes côtes multiplient leurs plaintes dans les procès verbaux face au trafic de marchandises et d’hommes[91].
1791 : les gardes sont spectateurs d’un débarquement de marchandises prohibées. Les contrebandiers sont armés et tiennent à distance les gardes du havre[92].
1792 : ils surprennent un embarquement de marchandises « en grande quantité d’argenterie, de volailles et de bestiaux». Ces denrées ont pour destination Jersey. Les gardes décident d'intervenir, mais ils sont mis en déroute par les contrebandiers qui au lieu de prendre la fuite les charges comme des "furieux[92]".
1793 : Saint-Germain accueille également des émigrés qui tentent de fuir la Révolution. Parmi eux, on compte des clandestins, des prêtres n'ayant pas prêter serment, mais aussi des aristocrates comme Le Canu de Basmarescq[92].
Le fanatisme de Louis de Perrochel
Louis de Perrochel, ancien noble du Maine installé à Créances, renonce à sa particule pour éviter les représailles au lendemain de la Révolution française. Il achète l’abbaye de Lessay lors de la mise aux enchères[93]. Il ne cache pas son ambition pour percer politiquement.
Il obtient en 1792, le poste de député de Michel Ernouf, qui perd la même année son statut de maire. Une violente dispute éclate entre les deux hommes. Louis de Perrochel accuse l’ancien maire de saint germain d’être un ennemi de la nation et de fomenter des plans antirévolutionnaires[94].
Louis de Perrochel à la tête du mouvement fédéraliste de la manche est perçu par la population comme un fanatique, il sera d’ailleurs jugé pour ses méthodes musclées et ses exactions.
Michel Ernouf de l’emprisonnement à la libération (1793-1796(?))
Les documents historiques
Les historiens ont peu de documents historiques à leur disposition pour retracer les évènements qui se déroulèrent en 1793 dans les communes maritimes faisant face à Jersey, à savoir Pirou, Créances, Lessay et Saint-Germain-sur-Ay. C’est au cours de cette année que des chevauchées ont été dirigées au cœur de ces paroisses afin de rétablir l’ordre républicain. Comme document de travail, ils peuvent s’appuyer sur le fonds des justices de paix, sur une lettre de Le Menuet adressée au juge de paix de Lessay le 22 avril 1793, sur le mémoire de Michel Ernouf de 17 pages imprimées le 17 octobre 1795.
Un conflit entre deux patriotes
Les interventions armées dans ces communes trouvent leurs origines dans plusieurs évènements. Michel Ernouf député de la Manche et premier maire de saint-germain se fait des ennemis parmi les membres de la jeune administration de la Manche dont Louis Perrochel. Roger Jouet, met en avant dans le tome 10 de la Revue de la Manche une querelle de personne et des luttes d’influence qui ont pu conduire à l’incarcération du premier maire de Saint-Germain. Perrochel ancien aristocrate tente de tirer parti du mouvement révolutionnaire pour se reconstruire un pouvoir. Michel Pinel relate le caractère brutale des relations qui existaient entre Michel Ernouf et Louis Perrochel « tous deux hommes de fortes personnalités et avides de pouvoirs[95] ».
Le contexte historique
En 1793, la première coalition étrangère se presse aux frontières de la France sur terre comme sur mer pour tenter de renverser la république. C’est aussi et surtout l’époque de la Terreur. Les suspicions royalistes et antirévolutionnaires sont fortes. La marche du mouvement fédéraliste normand sur Paris fait également trembler la révolution.
D'un point de vue local, les liens commerciaux entre la paroisse saint-germinaise et les îles anglo-normandes ont toujours existés et n’ont pas cessés avec la révolution. Ce trafic maritime prit une tout autre dimension avec la révolution et l’entrée en guerre contre la coalition étrangère. Il est alors considéré comme antirévolutionnaire. L’administration suspecte les bateaux de pêche et renforce sa main mise sur le trafic. Les pêcheurs saint-germinais voient d’un mauvais œil les contrôles que les douanes commencent à exercer à leur encontre. Chaque bateau de pêche est aux yeux de l’administration suspectés de contourner les interdictions[96].
Avec la révolution, la religion chrétienne doit se soumettre à la république les biens sont vendus au laïcs et les prêtres doivent prêter serment à la nation. Beaucoup refusent, et quittent leurs fonctions pour se cacher ou partent en exil et gagnent les îles anglo-normandes.
Face au départ des prêtres et à la confiscation de leur bien de travail, la population saint-germinaise commence à être exacerbée. La pression est telle qu’en 1793, l’administration « décide de frapper un grand coup[97] » et donne au commissaire Perrochel l’ordre d’intervenir. Celui-ci décide selon ses mots « de s’entourer d’une forte escouade de troupe qui devait lui prêter main forte au milieu de cette population hostile à l’administration».
L’arrivée de la garde nationale de Coutances
Nous n’avons pas les détails des affrontements. Selon Roger Jouet, Louis Perrochel entre dans saint-germain à la tête d’une centaine d’homme armés[33]. Michel Pinel avance un effectif de quatre cent hommes autour du commissaire[98]. Il fait débarquer toutes les marchandises des navires amarrés dans le port, y compris les bateaux de pêche qu’il soupçonne d’entretenir les liaisons avec les îles anglo-normandes malgré les interdictions. Il fait également arrêter Michel Ernouf, et ses domestiques[33]. Michel Ernouf est séparé de sa femme et de ses enfants[99] dans la cour du prieuré, tandis que les troupes mettent la main « sur plusieurs lettre anti-sermentaire et une correspondance avec les prêtres en exil à Jersey[79] ». L’intervention armée choc les saint-germinais qui voit leur ancien maire ligotés faisant un malaise.
Michel Ernouf finalement reconnu bon citoyen
« Quinze jours après son arrestation après audition il est libéré et reconnu bon citoyen[100] », il part rejoindre sa femme, ses enfants au prieuré et redevient simple cultivateur. Après d’autres comparussions, et sur ordre de l’accusateur public l’affaire aboutit à un non-lieue[79]. A la lecture des lettres, il estime « qu’il n’y avait guère là de preuves d’un délit caractérisé ». Par la suite, Michel Ernouf n’aura de cesse de prouver son patriotisme notamment par la rédaction de son mémoire où il cite dès le préambule l’art.2 des droits de l’homme « Ne faites pas autrui ce que vous ne voudriez pas qu’on vous fit[101] ». Quant à lui Perrochel est accusé de fédéralisme. Innocenté, il quitte le canton pour aller finir ses jours dans le Maine sans avoir de descendance[102].
La guerre de course : corsaires et armada
En 1793, la France entre en guerre contre l’Angleterre et la Hollande. Pour le Cotentin, cette date marque le début des affrontements pour le contrôle du canal de la déroute et surtout de son passage. Les îles anglo-normandes, bastion anglais de la manche, déverse une grande quantité de bâtiments hostiles. La résistance s’organise autour des infrastructures terrestres énumérées plus haut. Les corsaires de Granville, Saint-Malo et dans une moindre mesure Cherbourg opposent leur résistance en multipliant les prises chez les anglais et en protégeant les convois commerciaux.
Le passage de la Déroute
Saint-Germain-sur-Ay se situe à l’ouverture du passage de la déroute. C’est autour de ce mince passage entre les Ecréhou et les basses de tailles pieds que les principaux affrontements se déroulent. Les corsaires Jersiais s’installent sur les Ecréhou, tandis que les lougres granvillais le Surveillant et le Neptune-Hardi patrouillent sur le canal de la Déroute. Jean Barros dans son article énumère les combats navals qui s’y déroulent de 1794 à 1797[103].
À partir de septembre 1798, les corsaires jersiais communiquent avec des espions sur le continent. A Saint-Germain-sur-Ay, 10 jersiais, « armés de pistolets et de fusils » viennent s’emparer de la chaloupe de surveillance qui stationnait dans le havre. Ils abattent les deux gardes côtes et prennent la mer avec leur prise pour regagner les îles[104].
Le préfet de la Manche avait déjà fait pendre en 1789 le garde pavillon saint-germinais Métifer qu’il considérait comme très suspect[105].
Le 29 novembre 1800, le préfet de la Manche est cette fois-ci averti de l’existence d’« une valise perdue par un agent anglais et contenant 2000 louis flottant en mer du côté de saint germain sur ay ». Cette valise était destinée à soutenir l’espionnage anglais en France[106].
La constitution de l’armada de Boulogne
Plusieurs centaines des 1300 navires qui constitueront l’armada de Boulogne pour l’offensive de 1804 sont contraints d’emprunter le passage de la déroute. Le havre de saint-germain avec les autres havres de la côte deviennent alors des refuges providentiels.
Le naufrage du Mercurius sous le commandement du capitaine corsaire de prise Renaux
En 1806, Louis Joseph Quoniam[108], capitaine corsaire cherbourgeois à la tête du navire granvillais Le Glaneur de Saint Malo va porter la guerre de course jusqu’au sud de la Grande-Bretagne, au Cap Lizard. Il y fait la prise de trois navires : l’United Brother, le Mercurius et la Nancy. Le Mercurius est capturé le 10 décembre 1806. Il s’agit d’un dogre suédois de 150 tonneaux. Louis Joseph Quoniam le donne en commandement à son lieutenant Renaux qui devient capitaine corsaire de prise[109]. Le navire quitte le sud de l’Angleterre pour regagner Granville. Pour échapper aux feux de l’ennemi ou à cause du mauvais temps, Renaux est contraint « de jeter au naufrage le Mercurius dans le havre de Saint-Germain-sur-Ay[110] ». Il demeure quelques jours dans la paroisse avant de réembarquer lors du passage de la Nancy reprise plus tard par les Anglais.
XIXe siècle : L’activité portuaire de Saint-Germain-sur-Ay
Le port de saint-germain de part sa proximité avec Lessay bénéficie d’une recrudescence de fréquentation durant la fête de la Sainte-Croix le 12 septembre[111]. Les anglais et anglo-normands ont l’habitude d’y faire échouer leurs bateaux et d’y embarquer marchandises et bestiaux achetés à la foire de Lessay.
En dehors de cette période, le récent ouvrage de Michel Pinel nous précise que le port en 1837 importe « principalement de la houille, du sel et du suif brut », et exporte « grains, pierres, volaille et légumes[112] ». Le commerce atteint pour cette année 506 tonneaux.
Les statistiques des douanes sur l’activité portuaire de la France en 1841[113] précisent que le mouvement de la navigation à Saint-germain-sur-Ay est principalement anglais ou anglo-normande : « Ce petit port de commerce exporte des produits du sol principalement en Angleterre ». Ce que corroborent les statistiques. En 1841, le commerce de cabotage français atteint 114 tonneaux avec l’enregistrement aux douanes du déchargement d’un navire provenant de Noirmoutier. Les 16 membres d’équipage débarquent 163 quintaux de sel. La même année, le port enregistre l’entrée de 80 bâtiments anglais et anglo-normands représentant un volume total de 543 tonneaux.
Encore au début du siècle dernier, les commerçants recevaient leur livraison par voie maritime, comme l’atteste l’échouage du trois mâts d’un charbonnier[114],[115].
Le trafic maritime à l’intérieur ne se faisait pas sans heurts. Même si le havre est doté d’une large entrée, le mouvement des bancs de sable pouvait être fatal par faible marée. Au naufrage du Mercurius de 1806, on peut ajouter celui d’un bateau à vapeur qui en 1879 s’est jeté sur les côtes saint-germinaises[116]. Finalement le port est fermé au commerce au début du XXe siècle. Aujourd’hui, il est de nouveau possible d’amarrer des bateaux de faible tonnage à la pointe du banc à des anneaux. Il est difficile d’imaginer ce dynamisme portuaire. Le seul témoignage encore visible de cette époque révolue est un graffiti marin sur la façade ouest de l’église. (Voir Église de Saint-Germain-sur-Ay).Les conflits mondiaux du XXe siècle au coeur de nos villages
La Grande guerre : 1914 - 1918
La Seconde Guerre Mondiale : 1939 - 1945
La vie sous l'occupation nazie
La résistance
L'opération "Overlord"
De la Guerre des Haies à la libération
Administration
Liste des maires successifs Période Identité Étiquette Qualité 1790 1792 Michel Ernouf SE - 1792 1793 Jean Bonnemain SE - 1794 1795 Martin Sanson SE - 1795 1795 Jean François Leroux SE - 1795 1797 Pierre Mahaut SE - 1797 1798 Guillaume Ernice SE - 1798 1799 Louis Giffard SE - 1799 1800 Denis Burée SE - 1800 1805 Pierre Mahaut SE - 1805 1817 François Burée SE - 1817 1817 Michel Lucette SE - 1817 1846 Jean Baptiste Fossey SE - 1846 1874 François Burée SE - 1874 1878 Jean-Baptiste Luce SE - 1878 1881 Frédéric Lechevalier SE - 1881 1884 Paul Aubert SE - 1884 1887 François Burée SE - 1887 1888 Luce SE - 1888 1891 Paul Aubert SE - 1891 1900 François Mahaut SE - 1900 1919 Henri Père SE - 1919 1932 Paul Yvouri SE - 1932 1942 Auguste Duchastel SE - 1942 1945 Alphonse Lecathelinais SE - 1945 1945 Jules Gidon SE - 1945 1947 Alphonse Lecathelinais SE - 1947 1959 Paul Yon SE - 1959 1977 Bienaimé Lavarde SE - 1977 1983 Émilien Lamy SE - 1983 1989 Maurice Yvoury SE - 1989 1995 Robert Deshayes SE - 1995 Mars 2008 Jean Renaud SE - mars 2008 en cours Thierry Louis SE Conchyliculteur Toutes les données ne sont pas encore connues. Le conseil municipal est composé de quinze membres dont le maire et quatre adjoints.
Démographie
Saint-Germain-sur-Ay a compté jusqu'à 1 161 habitants en 1821.
Économie et tourisme
Métiers d'autrefois
Le travail du sel blanc dans le havre à travers le mémoire judiciaire des sauniers protestants saint-germinais de 1754
L’histoire du document
C’est grâce au travail d’un historien de la société des antiquaires de Normandie, qu’il est aujourd’hui possible de consulter le factum des sauniers protestants de saint-germain-sur-ay. Il en consigne par écrit une copie. L’originale brule durant les bombardements de juin 1944, tandis que la copie est sauvée in-extremis des décombres par son propriétaire. Cette copie comporte plusieurs lacunes. La partie mentionnant le détail des exigences des plaignants a disparu, tandis que le reste du document a conservé la majeure partie de sa matière, malgré quelques lignes effacées par la boue[123]. Ainsi, le document nous livre en détail les différentes étapes du façonnage du sel blanc dans le havre de saint-germain-sur-ay.
L’économie du sel autour de saint-germain
Le sel blanc reste plus difficile à obtenir que le sel gris. Autour du seul havre de saint-germain, la production nécessite l’intervention de 2375 personnes. 300 personnes restaient durant toute la saison qui s’étendait de mai à septembre. 75 employés, appelés les « boidrots » interviennent à la fin de la production pour tirer du sablon le sel blanc. Ces ouvriers qualifiés étaient employés en fonction des besoins sur la côté des havres. 2000 personnes composées d’individus extérieurs à la paroisse étaient chargés d’apporter des voitures de tangues en début de production. Ils étaient employés en fin de production à la coupe, au fagotage puis au transport du bois pour alimenter les fournaises sous les marmites en plomb.
Les différentes étapes du façonnage du sel blanc et son coût
L’amendement des salines
Les sauniers rapportent des charrettes de tangues sur les salines. Cette opération permet d’enrichir les terres, et de niveler son niveau en rebouchant les cavités creusées par la mer. Avant les grandes marées, les sauniers retournent leur parcelles de terre à l’aide de charrues tractées par des bœufs ou des chevaux. Le coût pour le saunier s’élève à deux ruches de sel[124].
Le hersage
Afin d’uniformiser la pénétration de l’eau de mer après chaque marnage, les salines doivent être hersées. Au milieu de la saison, durant la période de morte eau, les salines s’échauffent et sèchent. Les salines sont de nouveau hersées. Le coût pour chaque journée de hersage s’élève à 45 sols[123].
Le « havelage »
Lorsque le sablon s’est bien chargé de sel. Le saunier fait intervenir sur ses terres le « havet » ou « haveau ». Il s’agit d’une planche longue de six pieds renforcée par une bande de fer. Deux manches permettent d’en diriger la direction, tandis qu’un cheval en tracte la masse. C’est le poids de l’homme qui permet de ratisser la saline. L’opération permet de rassembler le sablon en petit tas qui vont se dessécher au soleil. Le coût s’élève à 40 sols, et peut monter à deux livres en cas d’intempéries[124].
Le filtrage des sablons par les « boidrots »
Une fois sécher le sablon est levé à l’aide de deux tombereaux tirés par quatre bœufs. Le sablon est alors entreposé dans un lieu réservé. Le coût de cette opération s’élève à 45 sols par jour, plus 54 sols pour l’aide de trois chargeurs. Une fois fait, deux « boidrots » par salines interviennent. Ils mettent en place un assemblage temporaire visant recueillir l’eau salée des sablons. Pour cela, ils creusent des fosses rondes en masse d’argiles dont le fonds est composé de planches juxtaposées recouvertes de glud de froment pour affiner le filtrage. Le sablon est renversé dans ses fosses. L’eau se filtre aux gouttes à gouttes au travers du plancher. Elle est alors dirigée par de petits canaux dans des tonneaux. L’eau salée est obtenue ainsi. Le coût de cette opération s'élève à 72 sols[124].
L’évaporation de l’eau salée sur les fournaises
Une fois l’eau salée obtenue. Les « boidrots » entreposent quatre marmites en plomb dans lesquelles ils déversent l’eau salée. Sous ces marmites, les « boidrots » entretiennent quatre fournaises jour et nuit. L’eau bouillonne puis s’évapore pour ne laisser que le sel blanc. Les « boidrots » doivent être trois pour cette opération, et coûtent au saunier 36 sols par jour. De plus, pour entretenir la fournaise, le saunier dépense un cent de fagot par jour, soit neuf livres. Une fois formé le sel est retiré des marmites, puis il est entreposé contre les feux et au soleil où il a va prendre sa couleur et sa consistance[124].
L’entreprise du sel blanc à saint-germain restera active jusqu’en 1789. La révolution met un terme à la gabelle. La concurrence a alors raison de cette production locale. Le sel gris de Noirmoutier détrône le sel blanc du Cotentin bien trop couteux en hommes. En effet, le sel blanc est bien plus difficile à façonner que le sel gris. Le sel gris se façonne juste en levant les écluses on laisse entrer dans le marais la quantité d’eau de mer, elle s’évapore au soleil et le sel se forme.Tourisme
Depuis février 2010, Saint-Germain-sur-Ay forme avec Pirou un groupement de « communes touristiques[125] ».
Lieux et monuments
Monuments
L'église de Saint-Germain du début du XIIe siècle à la fin du XIXe siècle
Article détaillé : Église de Saint-Germain-sur-Ay.L'église de Saint-Germain date du XIIe siècle et est inscrite aux Monuments Historiques[126].
On retrouve dans l’église de Saint-Germain-sur Ay la rigueur normande des lignes architecturales et l’absence de porte monumentale. Elle respectait ainsi la rigueur bénédictine sur les distractions de l’esprit, et l’efficacité des barons cotentinois dans la construction des édifices.
Elle abrite une Vierge à l'Enfant du XVe siècle et des fonts baptismaux médiévaux, deux œuvres également classées à titre d'objets.
Dans le cimetière, trois objets ont été ajoutés à l'inventaire supplémentaire du mobilier classé dont une tombe médiévale, le calvaire et la tombe du curé Adrien Dugué.
La chapelle du corps de garde du XVIIe siècle
Inscrite à l'inventaire des Monuments historiques.
Le port de Saint-Germain-sur-Ay a été doté par Vauban de cet ouvrage défensif en 1669[79]. Sur son promontoire rocheux, les 2 officiers et les 10 hommes[127] alors en charge de la surveillance du havre de Saint-Germain-sur-Ay avaient une parfaite vue d'ensemble sur les allers et venues du commerce maritime. Le 29 juillet 1945, il fut transformé en lieu de recueillement sous le nom de Notre-Dame-du-Rosaire. Bien privé, il fut donné à la commune en 1977 et réhabilité par de nombreux bénévoles sous la direction du Comité de Sauvegarde. Aujourd'hui, le corps de garde s'appelle Notre-Dame du Grapillon. Une procession aux flambeaux s'y déroule chaque année le 15 août. Plusieurs manifestations y ont lieu : concerts, projections de films, expositions à thème. Une des attractions de ce lieu est de voir le corps de garde encerclé par la mer lors des marées à fort coefficient.
Lieux
Le havre de Saint-Germain-sur-Ay (estuaire de l'Ay)
La pointe du Banc
Le lavoir, anciennement moulin à eau
Activité et manifestations
Personnalités liées à la commune
Voir aussi
Notes et références
- Altitudes, coordonnées, superficie : IGN[4].
- Population municipale 2008 (site de l'Insee)
- Ouest-france.fr - Mairie de Saint-Germain-sur-Ay. Consulté le 1er septembre 2009.
- Géoportail (IGN), couche « Limites Administratives » activée
- Saint-Germain-sur-Ay sur le site de l'Institut géographique national (archive Wikiwix)
- Carte IGN, 121E, série Bleue
- Michelet D. (1982)- Le gisement préhistorique de Port-Pignot à Fermanville (Manche), Gallia Préhistoire, t.25, 1982, p.1-77, 65 fig., 11 plans
- Niveau de la mer Voir
- Robert Lerouvillois, Scicy la forêt engloutie, 300 ans d'archéologie en Cotentin, édition 1999, les plus grandes découvertes de l'Antiquité à nos jours, Paoland Connaissance, cf. Croquis p. 41
- Robert Lerouvillois, Scicy la forêt engloutie, 300 ans d'archéologie en Cotentin, édition 1999, les plus grandes découvertes de l'Antiquité à nos jours, Paoland Connaissance, cf. Croquis p. 47
- Robert Lerouvillois, Scicy la forêt engloutie, 300 ans d'archéologie en Cotentin, édition 1999, les plus grandes découvertes de l'Antiquité à nos jours, Paoland Connaissance, cf. Photos p.70, "Bois préhistorique en Cotentin"
- Source : tradition orale relevée par mes soins lors de mes études, à prendre avec circonspection, mais néanmoins pouvant être notifiée pour mettre en évidence une croyance populaire, bien réelle, d'une forêt engloutie sur les côtes
- vue aérienne
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- Carte IGN 1212E Série Bleue 1:25000. 1 cm = 250m
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- Revue Vikland, Combats navals le long des côtes du département de la Manche pendant les guerres de la Révolution et du Ier Empire (1793-1815), 2e partie De Surtainville à Saint-Germain-sur-Ay. Les Ecréhou, Jean Barros, page 32 à 33
- Revue Vikland, Combats navals le long des côtes du département de la Manche pendant les guerres de la Révolution et du Ier Empire (1793-1815), 2e partie De Surtainville à Saint-Germain-sur-Ay. Les Ecréhou, Jean Barros, page 34.
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- Robert Sinsoilliez,Les espions du roi, Histoire de la Correspondance pendant les guerres de Vendée et d'Empire, page 51
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- Saint Germain sur Ay, un village de la côte ouest du cotentin, Michel Pinel, juillet 2010, p.150
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- Mémoires et observations sur la fabrique de sel blanc dans le salines du hare de lessay, élection de coutances en basse normandie, pour faire connaître l’injusticede la nouvelle régie qu’on s’efforce d’établir pour la perception du quart de bouillon ordonné par l’art 11 du titre X de l’ordonnace de 1680, A Coutances, 1754, Fauvel, publié dans Bulletin de la société des antiquaires de Normandie, T. 51, 1948-1951, p.361
- Mémoires et observations sur la fabrique de sel blanc dans le salines du hare de lessay, élection de coutances en basse normandie, pour faire connaître l’injusticede la nouvelle régie qu’on s’efforce d’établir pour la perception du quart de bouillon ordonné par l’art 11 du titre X de l’ordonnace de 1680, A Coutances, 1754, Fauvel, publié dans Bulletin de la société des antiquaires de Normandie, T. 51, 1948-1951, p.362
- Préfecture de la Manche - Recueil des actes administratifs - février 2010. Consulté le 28 mars 2010 : page 5. [PDF]
- Église et cimetière qui l'entoure, sur la base Mérimée, ministère de la Culture
- Texte inscrit en commentaire par Le Comité de Sauvegarde ayant restauré l'édifice
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