- Schorre
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Les schorres sont des milieux naturels à végétation basse situés en bordure haute des vasières littorales, soit la partie haute des marais maritimes. Le mot a été emprunté au néerlandais « schor » qui désigne un « terrain d'alluvions »[1]. Ils correspondent à une partie de l'estran qui n'est recouverte qu'aux grandes marées et s'étendent de la partie supérieure de l'étage médiolittoral à la partie inférieure de l'étage supralittoral[2]. Ils se développent en amont de la zone de vasière qui est nue en région tempérée (la slikke) ou qui est occupée par la mangrove en région tropicale.
Selon les régions, le schorre est désigné par divers noms : herbu ou pré salé au bord de la Manche, sansouïre en région méditerranéenne (notamment en Camargue), engane dans le Languedoc. Le schorre est caractérisé par une prairie de végétation halophile répartie en étages. En zone tropicale certaines parties du schorre sont nues car saturées de sel : ce sont les tannes. Les herbus de la baie du Mont-Saint-Michel sont les plus grands d'Europe d'un seul tenant (4 000 hectares) [3].
Sommaire
Végétation
Le schorre est immergé seulement lors des pleines mers de vives eaux et se développe aux dépens de la slikke par un exhaussement progressif et une progression de la végétation. Selon le degré de submersion, la végétation s'étage selon 3 niveaux : le bas, le moyen et le haut schorre. La végétation développée est adaptée à une immersion intermittente et à un milieu saumâtre. Le schorre recèle des communautés végétales variées, composées essentiellement d'espèces halophiles (tolérantes à la salinité).
En Europe, le bas schorre, qui est recouvert à chaque marée, excepté en morte-eau, est colonisé par des plantes, telles que la soude (Suaeda maritima) et l'aster maritime (Aster tripolium). Le moyen schorre présente une végétation d'aspect buissonneux due à l'obione (Obione portulacoides). Le haut schorre peut comporter des salicornes (Salicornia sp.), des spartines (Spartina) et de l'Atropis, des lavandes de mer (Limonium) ou de l'armoise (Artemisia vulgaris).
Faune
Poissons
Certaines de ces espèces ne sont présentes dans le marais salé qu'au stade d'alevin exclusivement. C'est le cas des Clupeidae, (harengs, sardines, ...), de la sole, du lançon équille, du lieu jaune, de l'anguille, du prêtre et du barbu. Pour ces espèces, seuls les jeunes de l'année sont présents. D'autres espèces colonisent le marais salé et ses chenaux lors de leurs premières années mais aussi à un stade adulte. C'est en particulier le cas des mulets, des bars ou des flets. Enfin, certaines espèces sont dites « résidentes » comme les gobies des sables, l'épinoche ou le chabot buffle, qui colonisent le marais tout au long de leur cycle biologique.
Avifaune
Malgré la venue régulière de la mer, plusieurs espèces sont capables de nicher dans le schorre entre deux grandes marées. En baie de Saint-Brieuc sept espèces ont été ainsi inventoriées dont l'Alouette des champs, la Bergeronnette des ruisseaux, la Bergeronnette flavéole, la bergeronnette printanière, la linotte mélodieuse, et le pipit farlouse...
Importance écologique
Les marais salés, « écotones intertidaux » entre des écosystèmes terrestres et marins, constituent l'un des habitats naturels les plus limités de la planète, couvrant au total une surface inférieure à 0,01% de la surface du globe[4]. Ils présentent une répartition linéaire et fragmentée le long des côtes européennes. Ces caractéristiques, associées au déclin dramatique de leur surface depuis plusieurs années en Europe[5], confèrent de fait à ces écosystèmes un fort intérêt en termes de conservation de la nature[6], intérêt conforté par leurs caractéristiques structurales et fonctionnelles. Cependant la biodiversité végétale y est relativement faible, dû à la nécessité pour les plantes de s'adapter à l'eau saumâtre, et à l'intermittence des marées qui induisent des changements de salinité souvent prononcés.
Distribution
Les schorres se retrouvent le plus souvent et ce de manière massive dans les régions tempérés. Ils couvrent généralement des espaces protégés du vent et de la force des vagues, à très faible altitudes et à forte sédimentation tel que: les estuaires, les deltas, les côtes protégés par des barrières rocheuses ou dunaires ou encore dans les baies. On retrouve ainsi ce type de milieu en Camargue, dans le delta de l'Èbre, du Mississippi, en Nouvelle-Zélande, dans une large partie de la côte Est des États-Unis et dans les îles de la Frise, etc.
Dans les régions tropicales et sub-tropicales, ils sont généralement remplacés par les mangroves sur une grande partie du littoral, mais les schorres sont alors encore souvent présent en arrière de la mangrove.
On trouve parfois aussi de rares prés salés en altitude, comme celui du Plan de Phazy en France.
Action de l'homme
Depuis longtemps, les schorres sont utilisés comme pâturage pour les ovins et les bovins, mais la transformation des schorres en terres cultivées, a été une pratique courante, via la construction de digues. Ces changements ont produit d'importants transformations du milieu, avec des variations de salinité, de sédimentation, d'accès à l'eau et surtout de biodiversité. L'exemple le plus frappant est actuellement certainement en Camargue, où, un débat sur l'importance du maintien des digues est toujours en cours.
Notes et références
- lexicographiques et étymologiques de « schorre » du CNRTL. Définitions
- Ifremer environnement: définition du schorre
- Louis Diard, La Flore d'Ille-et-Vilaine, Atlas floristique de Bretagne, Rennes, Siloë, 2005, p. 39.
- (Desender et Maelfait, 1999)
- (Dijkema, 1984)
- Gibbs, 2000 ; Bakker et al., 2002
Voir aussi
Bibliographie
Articles connexes
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Catégories :- Biogéographie
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- Géomorphologie littorale
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