Rene-Guy Cadou

Rene-Guy Cadou

René-Guy Cadou

René Guy Cadou
Activité(s) Poète
Naissance 15 février 1920
Drapeau de la France Sainte-Reine-de-Bretagne
Décès 20 mars 1951
Drapeau de la France Louisfert
Mouvement(s) École de Rochefort

René Guy Cadou est un poète français, né le 15 février 1920 à Sainte-Reine-de-Bretagne en Loire-Atlantique (alors Loire-Inférieure) et décédé le 20 mars 1951 à Louisfert également en Loire-Atlantique.

Sommaire

Biographie

Origines familiales

René Guy Cadou[1] est le second enfant de Georges Cadou (1884-1940) et d'Anna Benoiston (1889-1932)[2], tous deux instituteurs publics. Ils se sont mariés le 1er août 1910 et installés à Piriac-sur-Mer. Georges Cadou, mobilisé le 1er août 1914, a été soldat sur le front de l'est (en dernier lieu : sergent-major chargé du ravitaillement) jusqu'au 11 octobre 1918, date à laquelle il a failli perdre la vie lors d'un arrosage d'obus, comme dix des douze soldats qui se trouvaient là. Gravement blessé, il a été évacué et hospitalisé à Rochefort-sur-Mer où il a appris l'armistice[3].

A Piriac, ils ont eu un fils qu'ils ont appelé Guy [4] et qui est mort très tôt. Le second fils a donc été prénommé, selon une coutume ancienne, René Guy.

La famille Benoiston est de Saint-Nazaire. La grand-mère de René Guy est veuve en 1924, mais elle a d'autres membres de sa famille sur place : son fils Emile, qui travaille à la compagnie d'électricité et la famille de son fils Isidore, marin[5]. De Sainte-Reine, les Cadou vont régulièrement[6] passer le mercredi soir et le jeudi à Saint-Nazaire, qu'ils rejoignent en train par la ligne de la Brière (par Saint-Joachim).

La famille Cadou est du sud du département. Le père de Georges, instituteur et secrétaire de mairie, est mort très tôt ; sa mère s'est remariée avec un autre instituteur [7], grand-père adoptif de René Guy ; ils sont fixés au Pellerin et séjournent chaque année plusieurs semaines à Sainte-Reine. Georges a un frère à Clisson, une sœur à Pornic et un autre frère qui après avoir fait l'Ecole normale d'instituteurs, s'est lancé dans d'autres activités, notamment la représentation commerciale.

L'enfance

Sainte-Reine-de-Bretagne (1920-1927)

En 1920, ses parents sont instituteurs à l'école publique de garçons[8] de Sainte-Reine, commune des marais de Brière. Il naît dans l'école, et le lendemain son père le présente aux élèves de sa classe. A Sainte-Reine, il vit une enfance heureuse. Dans son livre de mémoires, il ne parle pas des autres enfants du village, mais évoque surtout ses relations avec différentes personnalités locales : le maréchal-ferrand, notamment, chez qui il passe pas mal de temps, ou le comte de la Villesboisnet[9]. Il grandit dans une ambiance de préaux d’écoles, de rentrées des classes, de beauté des automnes, de scènes de chasse et de vie paysanne qui seront plus tard une source majeure de son inspiration poétique :
« Mon père s’y plaisait en costume de chasse,
Nous y avions de tendres rendez-vous…
 ».
La nostalgie de Sainte-Reine et de cette enfance terrienne, végétale et heureuse hantera plus tard sa poésie lyrique. En effet, en 1927, la famille part pour la ville, d'abord à Saint-Nazaire[10].

Saint-Nazaire (1927-1930)

Le départ pour Saint-Nazaire est vécu comme un déchirement ; à sept ans, la perception qu’il a de cette ville est en effet plutôt négative. Malgré tout, il va y trouver un certain nombre de nouveaux centres d’intérêt , en particulier le cinéma. Sa première séance de cinéma a eu lieu à Sainte-Reine à l’occasion de la fête du 14 juillet 1927 ; à Saint-Nazaire, René Guy devient amateur de cinéma, sinon cinéphile : il fréquente régulièrement, le jeudi, la salle de l’Athénée[11]. Il est particulièrement fasciné par le personnage de "Charlot, mon copain". Au cours sa dernière année à Saint-Nazaire, il assiste à l'apparition du cinéma parlant[12], avec notamment Sous les toits de Paris ; un peu plus tard, il reçoit en cadeau un projecteur et des films [13]qu'il projette à ses camarades. L'un d'eux lui fait découvrir la bande dessinée ; il aime particulièrement la série Le petit Buffalo qu'il suivra pendant cinq ans et la revue Cri-Cri). A la même époque, son père lui fait donner des leçons particulières de violon, dont le résultat paraît avoir été très décevant.

L'adolescence : Nantes (1930-1940)

Etudes secondaires et événements familiaux

En 1930, ses parents obtiennent une mutation à Nantes, son père devenant directeur de l'école du Quai Hoche[14].

René Guy fait ses études secondaires au lycée Clemenceau, où un de ses condisciples est Sylvain Chiffoleau[15]. Il est externe et fait quatre fois par jour, à pied, le trajet du quai Hoche au lycée[16]. Il évoque son année de Sixième comme une période assez morne. A Nantes, il cesse de fréquenter le cinéma, dont l'accès lui est plus difficile qu'à Saint-Nazaire.

En mai 1932, il subit la mort de sa mère, qui le plonge dans une mélancolie profonde. A partir de là, il perd manifestement le goût des études et trouve un peu plus tard un refuge dans la création poétique, dont il a la révélation par son père[17].

En 1938, son père (remarié en 1935) tombe malade et est mis en congé ; la famille quitte le Quai Hoche pour le quartier Saint-Jacques au sud de la Loire[18]. René Guy échoue au baccalauréat 1° partie en 1937, la réussit en 1938, mais échoue à la 2e partie en 1939. En 1939-40, il travaille de nuit au tri postal ; son père meurt le 31 janvier 1940[19].

Les débuts littéraires

Dans son livre sur René Guy Cadou, Michel Manoll indique que celui-ci a commencé à écrire des poèmes après que son père lui ait montré, vers 1933, ceux qu'il avait lui-même écrits dans sa jeunesse. Mais c'est leur rencontre qui oriente René Guy Cadou vers une poésie plus originale. Cadou fait connaissance avec Michel Manoll, qui est alors libraire près de la place Bretagne, au début de 1936 et est mis par lui en contact avec des Nantais intéressés par la littérature, comme Jean Bouhier, alors étudiant en médecine, et surtout Julien Lanoë[20]. Par son intermédiaire, René Guy Cadou établit des relations épistolaires avec Pierre Reverdy et Max Jacob qu'il rencontrera une seule fois, en février 1940, juste après la mort de son père, à Saint-Benoît-sur-Loire. En 1937, il publie son premier recueil, Brancardiers de l'Aube, suivi de deux autres jusqu'à la guerre ; durant cette première période de création, en plus de sa scolarité assez difficile, il est confronté à de nouvelles épreuves : la mort de son père, la guerre, la débâcle.

La période de la 2° Guerre mondiale

Soldat puis instituteur

Il est mobilisé en juin 1940, et se retrouve dans les Basses-Pyrénées, à Navarrenx puis à Oloron-Sainte-Marie où il est hospitalisé. Il est démobilisé le 23 octobre 1940 et regagne la Loire-Inférieure où il va travailler comme instituteur suppléant. Le hasard de ses nominations le conduit aux quatre coins du département : Mauves-sur-Loire, puis, en 1941, Bourgneuf-en-Retz, où il retrouve son camarade et futur éditeur Sylvain Chiffoleau, mais aussi Saint-Aubin-des-Châteaux près de Châteaubriant, Pompas (commune d'Herbignac), Saint-Herblon, près d'Ancenis, Clisson, Basse-Goulaine et Le Cellier. Le 16 septembre 1943, il se trouve à Nantes au moment du premier grand bombardement, et échappe de peu à la mort.

L'école de Rochefort

En 1941, Jean Bouhier, installé comme pharmacien à Rochefort-sur-Loire, décide de regrouper quelques uns de ses amis autour de la publication d'une revue Les Cahiers de Rochefort. C'est chez lui que se retrouvent assez régulièrement un groupe de jeunes poètes, en rupture avec le conformisme littéraire du régime de Vichy, et qui revendiquent le droit de chanter l’amour de la vie. Outre Jean Bouhier, on y comptera René Guy Cadou, Michel Manoll, Jean Rousselot, Marcel Béalu et Luc Bérimont qui fera beaucoup plus tard comme écrivain et journaliste littéraire, pour faire connaître les poètes et la chanson poétique à texte. A la question : "Rochefort, une école littéraire ?", Cadou avait l’habitude de répondre : « tout juste une cour de récréation ».

La poésie du temps de guerre, Pleine poitrine

Alors que la poésie de ses premiers recueils est dominée par l’influence de Pierre Reverdy, l’expérience de la guerre l’oriente vers une expression beaucoup plus poignante et personnelle face à l’horreur : Pleine Poitrine marque la rupture avec le ton abstrait des premiers recueils. Le 22 octobre 1941, alors que René Guy Cadou se rend à bicyclette à l’école de Saint-Aubin-des-Châteaux, où il enseigne, il croise les trois camions bâchés qui roulent vers la carrière de la Sablière à Châteaubriant, transportant les 27 otages qui seront fusillés quelques instants plus tard[21]. Les poèmes de Pleine Poitrine s’ancreront sur cet épisode de ce qu'il appelle "la barbarie nazie", pour revendiquer dans le ton si personnel de la poésie de Cadou, la liberté, l’amour, la fraternité des hommes…

Louisfert (1945-1951)

A la rentrée 1945, il est nommé instituteur titulaire à Louisfert, près de Châteaubriant. Cadou s'y installe et va mener avec les gens du village la vie simple du maître d'école en sabots et pélerine. En 1946, il épouse une jeune fille originaire de Mesquer, qu'il a rencontrée en juin 1943 à Clisson : Hélène Laurent, elle-même poète, fille d'un couple d'instituteurs nantais. Il l'a célébrée dans Hélène ou le règne végétal. Louisfert, c'est aussi la kyrielle des Amis de haut bord qui, la classe terminée, viennent saluer le poète. Mais c’est aussi la poésie : après la classe, l’instituteur-poète pose la blouse grise et monte dans la chambre de veille. Il sait que le temps lui est compté. C’est dans cette petite chambre, qui s’avance telle la proue d’une navire sur « la grande ruée des terres » qu’il écrira en cinq ans une œuvre lyrique de première importance.

Mais bientôt la maladie va faire son œuvre : les interventions chirurgicales en janvier et mai 1950 sont suivies d'une période de rémission qui ne dure que le temps de l'été. Quelques jours après avoir achevé Les Biens de ce Monde, René-Guy Cadou meurt dans la nuit du 20 mars 1951, entouré d'Hélène et de Jean Rousselot qui était venu le voir par hasard. Il dit à ceux qu'il aime : "Le temps qui m'est donné, que l'amour le prolonge."

René Guy Cadou est inhumé dans la même tombe que ses parents, au cimetière de la Bouteillerie à Nantes[22].

Œuvres

Poésie

  • Brancardiers de l'aube, Les feuillets de l'Ilôt, 1937
  • Forges du vent (Sagesse - 1938)
  • Retour de flamme (Les Cahiers de la Pipe en écume - 1940)
  • Années-lumière (Cahiers de Rochefort - 1941)
  • Morte-saison, René Debresse Editeur, Paris, 1941
  • Porte d'écume (Proses - Cahiers de Rochefort - 1941)
  • Bruits du cœur (Les Amis de Rochefort - 1942)
  • Lilas du soir (Les Amis de Rochefort - 1942)
  • Amis les Anges (Cahiers de Rochefort - 1943)
  • Grand élan (Les Amis de Rochefort - 1943)
  • La Vie rêvée (Robert Laffont 1944)
  • Pleine poitrine (P. Fanlac - 1946)
  • Les Visages de solitude (Les Amis de Rochefort - 1947)
  • Lettre à Jules Supervielle, Éditions Sylvain Chiffoleau, Nantes, 1947)
  • Quatre poèmes d'amour à Hélène (Les Bibliophiles alésiens - 1948)
  • Saint-Antoine et Cie, Éditions Sylvain Chiffoleau, Nantes, 1948)
  • Le Miroir d'Orphée (Gallimard - 1948)
  • Les sept péchés capitaux (1949)
  • Roger Toulouse (P.A.B Alès - 1949)
  • Automne 1957
  • Guy Bigot, Éditions Sylvain Chiffoleau, Nantes, 1949)
  • Art poétique, Éditions Sylvain Chiffoleau, Nantes, 1949)
  • Le Diable et son train (Chez l'auteur - 1949)
  • Cornet d'adieu, Éditions Sylvain Chiffoleau, Nantes, 1949)
  • Poèmes choisis 1949-1950 , Éditions Sylvain Chiffoleau, Nantes, 1950)
  • Moineaux de l'an 1920, Éditions Sylvain Chiffoleau, Nantes, 1950)
  • Avant-printemps (P.A.B. Alès - janvier 1951)
  • Les Biens de ce monde (Pierre Seghers - février 1951)
  • Usage interne (Les Amis de Rochefort - 1951)
  • Hélène ou le Règne Végétal (Pierre Seghers - février 1951)
  • La Maison d'été (Nouvelles éditions Debresse - février 1955)
  • Les Amis d'enfance 1973
  • Ravensbrück (Editions Seghers - 1973)

Les poèmes de René Guy Cadou ont, après sa mort, fait l'objet de nombreuses réimpressions chez différents éditeurs, notamment aux éditions Seghers qui ont repris son œuvre poétique complète en 1976.

"Poésie, la vie entière" (Editions Seghers)

Poésie, la vie entière est le titre d'un des poèmes du recueil Le Coeur définitif et c'est sous ce titre qu'en 1976, les éditions Seghers ont publié l'intégralité de son œuvre poétique, avec une préface de Michel Manoll.

L'ouvrage contient aussi la liste des contributions de René Guy Cadou à des revues ou des anthologies, une liste d'articles parus sur René Guy Cadou et une liste des publications consacrées à René Guy Cadou.

Prose

  • Mon enfance est à tout le monde, Éditions Jean Munier[23], 1969. Rééditions : Editions du Rocher, 1985 et Le Castor astral, 1995, préface d'Hélène Cadou ;
    Ce livre a été écrit en 1947, du 19 juillet (les Cadou se trouvent alors à Murols, en Auvergne) au 25 décembre. Il s'agit d'une autobiographie portant sur les années 1920 à 1935, divisée en trois parties de longueur très inégale : 1) "Sainte-Reine-de-Bretagne" (pages 19-117) 2) "44, rue de Cardurand" (pages 121-173) 3) "5, quai Hoche" (177-204). Après la mort de sa mère, René Guy évoque rapidement ses débuts dans la poésie (p. 202) et très rapidement sa rencontre avec Michel Manoll.
    Une quatrième partie : "Prose et fragments" (aux Éditions du Rocher[24]) effectue une mise en parallèle de fragments autobiographiques et de fragments poétiques.
  • La Maison d'été, son unique roman,a été publié pour la première fois en 1955 par les Nouvelles éditions Debresse et réédité par la suite au Castor Astral.
  • Testament d'Apollinaire, René Debresse Éditeur, Paris, 1945)
  • Guillaume Apollinaire ou l'artilleur de Metz, Éditions Sylvain Chiffoleau, Nantes, 1948)
    Il s'agit de deux essais sur la vie et l'oeuvre de Guillaume Apollinaire.
  • Monts et Merveilles, Nouvelles fraîches, avant-propos de Philippe Delerm. Editions du Rocher, 1997.
    Ce recueil contient cinq nouvelles inédites : Le Blé de mai, Liarn, A la poursuite de la mer, La Prairie, Les Pas dans le ciel.


En 1949 et 1950, René Guy Cadou a également fait des émissions radiophoniques sur différents écrivains : Max Jacob, Saint-Pol-Roux, Guillaume Apollinaire (1949), Tristan Corbière, Robert Desnos (1950) ; sa dernière émission, le 19 septembre 1950, est consacrée à Nantes, cité d'Orphée.

Références

Bibliographie

  • Michel Manoll, René Guy Cadou, Seghers, collection Poètes d'aujourd'hui, 1954, (réédité en 1958, 1963, 1969)
  • Le premier cahier de l'Herne en 1961, dirigé par Dominique de Roux et Henri Kellerbach a été consacré à René Guy Cadou : témoignages de Pierre Seghers, Hélène Cadou, Pierre Reverdy, Marcel Béalu, Paul Fort, Luc Bérimont, Pierre Jean Jouve, Michel Bernanos, Max Jacob, Michel Manoll, Jean Follain, Jules Supervielle, Edmond Humeau, Sylvain Chiffoleau.
  • Michel Dansel, René Guy Cadou, Éditions Larousse, 1981
  • Christian Moncelet, Vie et passion de René Guy Cadou, Bof éditeur, 1975
  • Christian Moncelet, René Guy Cadou. Les Liens de ce monde, Éditions Champ Vallon, 1983 : ouvrage publié avec le concours du Centre National des Lettres.
  • Revue "Signes", n°12-13, décembre 1990 : "Hélène et René-guy Cadou" (Les Éditions du Petit véhicule, Nantes)
  • Isabelle Pic, René Guy Cadou. La Quête du divin, Éditions du Septentrion, Villeneuve d'Asq, 1997.
  • Les Cahiers René-Guy et Hélène Cadou et des poètes de l'École de Rochefort-sur-Loire, Études et Créations, n° 1, Éditions du Petit Véhicule[25], Nantes, juin 2009. .
  • Les Poètes de l'École de Rochefort, René-Guy Cadou et Luc Bérimont, Revue "303", numéro 108, parution prévue en novembre 2009.

Livres d'Hélène Cadou sur son époux

L'épouse de René Guy Cadou a publié deux livres à son sujet : une évocation biographique, à la fois intime et pudique, très émouvante, et une étude plus littéraire et thématique :

  • C'était hier et c'est demain, Éditions du Rocher, 2000, préface de Philippe Delerm.
  • Une vie entière - René Guy Cadou, la mort, la poésie, Éditions du Rocher, 2003.

Filmographie

  • De Louisfert à Rochefort-sur-Loire, film de Jacques Bertin, réalisé par Annie Breit, (DVD EPM 9851182, 2004)
  • René Guy Cadou, émission de télévision de la série de Bernard Rapp Un siècle d'écrivains, commentaire écrit par Jean Rouaud et publié sous le titre Cadou Loire Intérieure, Éditions Joca Seria, Nantes, 1999.

Lieux consacrés à la vie et l'œuvre de René Guy Cadou

  • Musée La demeure de René Guy Cadou, l'ancienne maison-école, à Louisfert
  • Centre René Guy Cadou à la Médiathèque de Nantes

Hommages

  • Michel Manoll, Louisfert-en-Poésie, 1952 (poèmes)

Expositions

  • Itinérance : cette exposition a été présentée à l'Hôtel du Département de Loire-Atlantique en octobre-novembre 2001, à l'occasion du 50° anniversaire de la mort de René Guy Cadou, puis dans d'autres villes du département (Châteaubriant...)

Discographie

Un disque de poêmes de René Guy Cadou dits par Alain Moreau est paru en 1981, avec la volonté de respecter ce que disait le poète : "Les poêmes ne devraient jamais être dits que par leurs auteurs ou par d'autres poètes, un peu comme une liturgie. Les acteurs ont le tort de trop déclamer. Leurs effets de voix, visent plus à leur apporter le succès qu'à servir la gloire ou la mémoire du poète.".

Daniel Gélin avait également dit quelques poêmes de Cadou (disque Adès)

Gilles SERVAT a également chanté Cadou.

Mise en musique de poèmes de Cadou

La poésie de Cadou a une rythmique, une musique des mots, un rappel de rimes ou d’assonances qui permet naturellement un travail de mise en musique. Dans la poésie contemporaine, on peut dire qu’il n’y a qu’un seul auteur dont la parole se chante spontanément, qui ait poussé des auteurs compositeurs interprètes célèbres à écrire de la musique sur ses vers, c’est Louis Aragon. Cadou a suscité un engouement identique de la part de chanteurs poètes, les uns connus comme Gilles Servat ou Jacques Douai, d’autres qui n’ont pas fait ou n’ont pas pu faire de la chanson un métier et qui sont moins ou pas du tout connus. Parmi les interprètes de René Guy Cadou, on peut citer : Gilles Servat, Julos Beaucarne, Môrice Bénin, Martine Caplanne, Marc Robine, Jacques Douai, Eric Hollande, Robert Duguet, Michèle Bernard, Manu Lann Huel, Véronique Vella, Colombe Frézin, Gaël Macho … Sans doute d’autres voix ne nous sont pas parvenues. La plus récente réalisation signalée sur le web : un double CD paru à l'automne 2008 et intitulé "Entre parenthèses", qui regroupe 31 poèmes mis en musique, arrangés et chantés par le poète et compositeur Paul Dirmeikis.

Le travail de mise en musique des textes de Cadou requiert une grande exigence. Nous sommes d’accord avec Paul Dirmeikis lorsqu’il écrit sur le site de présentation de son projet musical : « La tâche est ardue : mettre en musique la poésie de quelqu'un d'autre demande d'être en symbiose avec l'auteur, exige de l'humilité, ainsi qu'une certaine volonté d'abandonner ses propres "tics", son propre style afin de servir au mieux le texte, sa métrique, ses couleurs, ses élans. » Quelques sites sur la mise en musique de Cadou :

  • celui de Paul Dirmeikis [2]
  • [3]

Monuments

  • Sculpture d'un buste du poète par Jean Fréour, installé à Bourgneuf-en-Retz
  • 1981 : Institut des Monnaies, médaille de Jean Auffret (avers : portrait de René Guy Cadou, revers : Louisfert en Poésie)

Lieux portant le nom du poète

Rues

De nombreuses rues portent son nom

Ecoles
Collèges

Quelques poèmes de René Guy Cadou

Un homme

Un homme
Un seul un homme
Et rien que lui
Sans pipe sans rien
Un homme
Dans la nuit un homme sans rien
Quelque chose comme une âme sans son chien
La pluie
La pluie et l’homme
La nuit un homme qui va
Et pas un chien
Pas une carriole
Une flaque
Une flaque de nuit
Un homme.


In Hélène ou le règne végétal (Seghers 1952)


Art poétique

Quand ce sera la nuit
Et toi seul dans une limousine
Quelque part sur une route de forêt
Quand ce sera nuit noire
O mon poète aie garde d'allumer tes phares
Appuie de toutes tes forces sur le champignon de la beauté
Sans rien savoir
Et sans souci du flot battant ton pare-brise
Enfonce-toi comme un noyé dans la nuit rageuse qui grise
Tu as perdu la direction
Le Nord l'étoile les feux de position
Et tu sens soudain un grand choc
Tu es couché tout près de toi dans la verdure
Tu es comme mille petits trous de serrure
Qui regardent dans ta tête éclatée
Les éléments épars de ta beauté
Et qui viendrait te chercher là
Quand tu disposes de toi-même
Secrètement pour un destin
Qui ne peut plus te laisser seul
N'appelle pas
Mais entends ce cortège innombrable de pas


In Hélène ou le règne végétal (Seghers 1952)


Louisfert

Pieds nus dans la campagne bleue, comme un bon père
Qui tient sa mule par le cou et qui dit des prières
Je vais je ne sais rien de ma vie je vais
Au bout de tout sans me soucier du temps qu'il fait
Les gens d'aujourd'hui sont comme des orchidées
Drôle de tête et les deux mains cadenassées
Je marche dans le jour épais d'avant midi
Pauvre fils de garce qui n'en a pas fini
De mener ses chevaux sur la route sans ombre
Qu'a grand'hâte et soif et ne salue personne
Car j'aime ce village emmuré de forêts
Et ses très vieilles gens comme des pots de grès
Qui tendent leur oreille aux carrefours des routes
Avec des mouvements qui font croire qu'ils doutent
J'ai choisi mon pays à des lieues de la ville
Pour ses nids sous le toit et ses volubilis
Je vais loin dans le ciel et dans la nuit des temps
Je marche les pieds nus comme un petit enfant


Automne

Odeur des pluies de mon enfance
Derniers soleils de la saison !
A sept ans comme il faisait bon,
Après d'ennuyeuses vacances,
Se retrouver dans sa maison !
La vieille classe de mon père,
Pleine de guêpes écrasées,
Sentait l'encre, le bois, la craie
Et ces merveilleuses poussières
Amassées par tout un été.
O temps charmant des brumes douces,
Des gibiers, des longs vols d'oiseaux,
Le vent souffle sous le préau,
Mais je tiens entre paume et pouce
Une rouge pomme à couteau.


Pourquoi n'allez-vous pas à Paris ?

- Pourquoi n'allez-vous pas à Paris?
- Mais l'odeur des lys! Mais l'odeur des lys!
- Les rives de la Seine ont aussi leurs fleuristes
- Mais pas assez tristes oh! pas assez tristes!
Je suis malade du vert des feuilles et des chevaux
Des servantes bousculées dans les remises du château
- Mais les rues de Paris ont aussi leurs servantes
- Que le diable tente ! que le diable tente !
Mais moi seul dans la grande nuit mouillée
L'odeur des lys et la campagne agenouillée
Cette amère montée du sol qui m'environne
Le désespoir et le bonheur de ne plaire à personne
- Tu Périras d'oubli et dévoré d'orgueil
- Oui mais l'odeur des lys la liberté des feuilles !


Je t’attendais…

Je t'attendais ainsi qu'on attend les navires
Dans les années de sécheresse quand le blé
Ne monte pas plus haut qu'une oreille dans l'herbe
Qui écoute apeurée la grande voix du temps
Je t'attendais et tous les quais toutes les routes
Ont retenti du pas brûlant qui s'en allait
Vers toi que je portais déjà sur mes épaules
Comme une douce pluie qui ne sèche jamais
Tu ne remuais encore que par quelques paupières
Quelques pattes d'oiseaux dans les vitres gelées
Je ne voyais en toi que cette solitude
Qui posait ses deux mains de feuille sur mon cou
Et pourtant c'était toi dans le clair de ma vie
Ce grand tapage matinal qui m'éveillait
Tous mes oiseaux tous mes vaisseaux tous mes pays
Ces astres ces millions d'astres qui se levaient
Ah que tu parlais bien quand toutes les fenêtres
Pétillaient dans le soir ainsi qu'un vin nouveau
Quand les portes s'ouvraient sur des villes légères
Où nous allions tous deux enlacés par les rues
Tu venais de si loin derrière ton visage
Que je ne savais plus à chaque battement
Si mon cœur durerait jusqu'au temps de toi-même
Où tu serais en moi plus forte que mon sang.


In Hélène ou le règne végétal (Seghers 1952)


Des oeufs dans la haie

Des œufs dans la haie
Fleurissent l'aubépine
Voici le retour
Des marchands forains
Et qu'un gai soleil
Pailleté d'or fin
Eveille les bois
Du pays voisin
Est-ce le printemps
Qui cherche son nid
Sur la haute branche
Où niche la pie ?
C'est mon cœur marqué
Par d'anciennes pluies
Et ce lent cortège
D'aubes qui le suit


In Hélène ou le règne végétal (Seghers 1952)


Les fusillés de Châteaubriant

Ils sont appuyés contre le ciel
Ils sont trente appuyés contre le ciel
Avec toute la vie derrière eux
Ils sont plein d'étonnement pour leur épaule
Qui est un monument d'amour
Ils n'ont pas de recommandations à se faire
Parce qu’ils ne se quitteront jamais plus
L'un d'eux pense à un petit village
Où il allait à l'école
Un autre est assis à sa table
Et ses amis tiennent ses mains
Ils ne sont déjà plus du pays dont ils rêvent
Ils sont bien au-delà de ces hommes
Qui les regardent mourir
Il y a entre eux la différence du martyre
Parce que le vent est passé là où ils chantent
Et leur seul regret est que ceux
Qui vont les tuer n'entendent pas
Le bruit énorme des paroles
Ils sont exacts au rendez-vous
Ils sont même en avance sur les autres
Pourtant ils disent qu'ils ne sont plus des apôtres
Et que tout est simple
Et que la mort surtout est une chose simple
Puisque toute liberté se survit

In Pleine Poitrine, 1946

Liens externes

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Notes

  1. Source de cette rubrique : Mon enfance est à tout le monde
  2. Dates de naissance de ses parents : pierre tombale au cimetière de la Bouteillerie, Nantes.
  3. Georges Cadou raconte ses souvenirs de guerre à son fils et à sa femme un jour de l'été 1927, après avoir été surpris par l'approche d'un aéroplane.
  4. Ibidem, page 89
  5. Isidore doit être né vers 1885, Anna en 1889, Emile vers 1895. Dans les années 1920, Isidore, que René Guy n'a pas beaucoup vu, travaille sur la ligne Dakar-Natal.
  6. Tous les deux mois
  7. Nommé Viaud ; son prénom n'est pas indiqué
  8. L'école de filles est désaffectée, n'ayant aucune élève. Georges Cadou donne des cours particuliers aux deux filles d'un notable. Il fait aussi des cours du soir pour adultes.
  9. Arthur Espivent de la Villesboisnet (1872-1939), maire de Sainte-Reine de 1895 à 1931, mort au monastère de la Trappe d'Aiguebelle, fait évoqué par René Guy Cadou (l'orthographe Villeboisnet qu'il utilise est erronée). Voir la page Henri Espivent de la Villesboisnet .
  10. Saint-Nazaire : à l'école de la rue de Cardurand, près de la gare.
  11. L'Athénée : place Marceau ; à l'origine salle de théâtre ; depuis 1978, complexe cinématographique de 4 salles (SOREDIC).
  12. Salle du Caméo, à Plaisance. Cette salle est détruite par bombardement, reconstruite après guerre ; elle ferme durant les années 1990. Voir page Ma ville.com[1]
  13. Un rapprochement avec l’enfance de Jacques Demy ; René Guy indique aussi qu'il recueillait des bouts de films mis au rebut.
  14. Quai Hoche : sur l'île Beaulieu, à gauche du pont Audibert en faisant face au CHU.
    L'école a été désaffectée ; les bâtiments, conservés, sont occupés par le Centre socio-culturel du Quai Hoche et par la Maison de quartier de l'Ile. Une plaque commémorative se trouve près de l'entrée quai Hoche ; les dates indiquées : "de 1931 à 1939" ne sont d'ailleurs pas tout à fait exactes.
  15. Sylvain Chiffoleau, d'une famille d'imprimeurs, est devenu imprimeur et éditeur et a publié plusieurs recueils de René Guy Cadou et d'autres écrivains. Il est un des initiateurs du Musée de l'Imprimerie de Nantes.
  16. Un trajet de près de 2 km : pont de la Madeleine (actuellement pont Audibert) ; rue Fouré ; pont de la Rotonde, encore fluvial à cette époque, les travaux de comblements étant en cours dans les années 30 ; place de la Duchesse Anne ; cours Saint-Pierre ; rue Clemenceau.
  17. Mon enfance, p. 202.
  18. Quartier Saint-Jacques : ils habitent rue du Frère Louis (à côté de l'Hôpital Saint-Jacques).
  19. Michel Manoll, René Guy Cadou. Ce livre, de forme assez littéraire , n'est pas toujours parfaitement clair sur les dates. Il semble que René Guy ait obtenu la 2e partie du baccalauréat en 1940.
  20. Julien Lanoë (1904-1970) est élève de HEC à Paris dans les années 1920, mais fréquente les milieux littéraires, notamment Jean Paulhan et Jean Cocteau. De 1925 à 1928, il édite une revue assez importante La ligne de coeur (32 numéros). En 1928, il arrête sa revue et publie un recueil de nouvelles Vacances. De retour à Nantes, il s'intéresse aux activités littéraires et artistiques locales. De 1930 à 1970, il est président de la Société des Amis du Musée. Cf. La Loire-Atlantique, Editions Bonneton, 1998, pp. 195-196 (Chapitre sur la littérature, écrit par Yves Cosson et Pierre Gauthier).
  21. Parmi ces 27 otages, se trouve le jeune Guy Môquet ; 21 autres otages sont fusillés à Nantes et à Paris en représailles de l'attentat contre le colonel Karl Hotz, à Nantes. La mémoire a retenu le chiffre des 50 otages exigés au départ par les Allemands.
    En ce qui concerne René Guy Cadou, il s'est probablement trouvé sur le chemin d'un camion qui amenait les corps de certains des fusillés au cimetière de Saint-Aubin.
  22. 9, rue Gambetta, Carré RR, 14.25
  23. En 1969, il s'agit d'une édition à tirage limité, impression du texte au recto, les titres de chapitre seulement au verso, avec une police originale, l'ensemble très sobre.
    L'entreprise éditrice, Jean Munier SA, éditeur-imprimeur, se trouvait dans le XVII° arrondissement, rue Villebois Mareuil et rue Descombes Paris 17° (d'où une erreur sur la fiche BnF qui indique : Mareuil et Paris). Actuellement, une entreprise Jean Munier, imprimerie de labeur se trouve toujours dans le XVII° arrondissement de Paris.
  24. La pagination est celle des Éditions du Rocher.
  25. 20 rue du Coudray, Nantes, directeur de la publication : Luc Vidal.
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