Pluviôse (sous-marin)

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Pluviôse (sous-marin)

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Pluviôse est un sous-marin français, premier de la classe Pluviôse. Il fut construit par les chantiers de Cherbourg le 27 mai 1905, et coula le 26 mai 1910 au large du port de Calais, percuté par le paquebot le Pas-de-Calais, faisant vingt-sept victimes.

Dérivé du Narval, le Pluviôse mesurait 58 mètres de long, possédait sept tubes lance-torpilles et pouvait atteindre dix nœuds en plongée et quinze nœuds en surface.

Sommaire

Histoire

L’accident

Le 26 mai 1910 à 13 heures 36, les deux sous-marins de la même série Pluviôse et Ventôse se livrent à des exercices de plongée au large de Calais où ils sont basés tous les deux. Parmi les vingt-sept hommes dont trois officiers, le capitaine de frégate Prat, commandant la base sous-marine de Calais se trouve à bord du Pluviôse, sur invitation du commandant Callot, pour assister à des manœuvres de torpillage.

Le sous-marin commence à faire surface lorsque le paquebot Pas-de-Calais l’atteint à l’arrière et éventre les caisses à eau et les réservoirs de naphte ; la coque déchirée, l’eau s’engouffre très rapidement, faisant basculer le submersible.

Le port de Calais immédiatement alerté, le commandant du paquebot, Salomon, fait descendre une baleinière pour passer une aussière sous le sous-marin afin de le maintenir à la surface de l’eau. Les appels restent vains, aucun signe de vie à l’intérieur, et soudain le submersible s’enfonce dans l’eau pour disparaître dans les profondeurs de la mer.

Les secours

Les secours s’organisent, un scaphandrier descend, et aux coups portés sur la coque, aucune réponse. Il faut se rendre à l'évidence, aucun survivant. Le renflouement du submersible, opéré grâce à du matériel venu de Cherbourg, et grâce à la gabare La Girafe qui tentera d’élinguer le sous-marin à l’aide de huit chaînes, mais huit jours après une chaîne seulement est installée.

Le travail pénible est confié au garde-côtes cuirassé Bouvines de 6 798 tonneaux et 260 hommes d’équipage, qui doté d’un matériel adapté à cette tâche, arrivera à bout de ces travaux.

Le 5 juin alors qu’on commence à espérer le renflouement du sous-marin, une voie d’eau sur une ferrure renvoie le Pluviôse au fond de l’océan. Le 10 juin, l’épave du submersible entre finalement au port de Calais après de multiples péripéties, tiré par trois remorqueurs, le Mouton, le Nord et le Calaisien.

Le 19 juin, le médecin-major Henry Savidan, muni d’une combinaison et d’un masque, aidé des sous-mariniers du Ventôse, va extraire un à un avec beaucoup de courage les cadavres du sous-marin.

Il sera d'ailleurs fait chevalier de la Légion d'honneur pour cet acte de courage et d'abnégation, le jour des funérailles nationales des victimes, par le président de la République en personne.

Après expertise, il s’est avéré que l’équipage n’a pas survécu plus de dix minutes (les montres des victimes étaient arrêtées à 14 h 10).

Les victimes

  • Capitaine de frégate Ernest Prat, commandant de la base sous-marine de Calais. Célibataire. Inhumé à Castres (Tarn).
  • Lieutenant de vaisseau Maurice Callot, commandant du Pluviôse. Marié, 2 enfants. Inhumé à Paris, cimetière du Père-Lachaise.
  • Enseigne de vaisseau Pierre Engel, commandant en second. Célibataire. Inhumé à Mulhouse (Haut-Rhin).
  • Premier-maître torpilleur Jules Fontaine. Marié, 2 enfants. Inhumé à Granville (Manche).
  • Second-maître Alexandre Le Prunennec, patron-pilote. Marié. Inhumé à Cherbourg (Manche).
  • Quartier-maître torpilleur Pierre Lemoine. Marié, 1 enfant. Inhumé à Pleurtuit (Ille-et-Villaine).
  • Quartier-maître torpilleur Hilaire Huet. Marié, 2 enfants. Inhumé à Barbeville (Calvados).
  • Quartier-maître de timonerie Pierre Le Breton. Marié. Inhumé à Plouha (Côtes d'Armor).
  • Quartier-maître de manœuvre Roland Le Moal. Célibataire. Inhumé à Hôpital-Camfrout (Finistère).
  • Quartier-maître de timonerie Claude-Joseph Le Floch. Célibataire. Inhumé à Plonéis (Finistère).
  • Quartier-maître torpilleur Pierre-Louis Le Floch. Célibataire. Inhumé à Plouharnel (Morbihan).
  • Quartier-maître torpilleur Prosper Liot. Célibataire. Inhumé à Bricqueville-sur-Mer (Manche).
  • Matelot torpilleur Joseph Batard. Célibataire. Inhumé à Lantic (Côtes d'Armor).
  • Matelot torpilleur Adrien Gautier. Célibataire. Inhumé à Saint-Brieuc (Côtes d'Armor).
  • Second-maître mécanicien Jean-Louis Moren. Marié, 2 enfants. Inhumé au Faouët (Morbihan).
  • Second-maître mécanicien torpilleur Albert Gras. Marié. Inhumé à Cherbourg (Manche).
  • Quartier-maître mécanicien Abel Henry. Marié, 1 enfant. Inhumé à Calais (Pas-de-Calais).
  • Quartier-maître mécanicien Yves Appéré. Marié, 2 enfants. Inhumé à Brest (Finistère).
  • Quartier-maître mécanicien torpilleur Joseph-Marie Scollan. Marié, 2 enfants. Inhumé à Brest (Finistère).
  • Quartier-maître mécanicien torpilleur Marcel Brésillon. Célibataire. Inhumé à Conflans-sur-Seine (Marne).
  • Quartier-maître mécanicien Louis Gauchet. Marié, 1 enfant. Inhumé à Montgivray (Indre).
  • Second-maître mécanicien Jean-Joseph Moulin. Célibataire. Inhumé à Saint-Maurice (Val-de-Marne).
  • Quartier-maître mécanicien torpilleur Georges Warin. Célibataire. Inhumé à Paris.
  • Quartier-maître mécanicien Henri Chandat. Célibataire. Inhumé à Saligny-sur-Roudon (Allier).
  • Quartier-maître mécanicien torpilleur Auguste Delpierre. Célibataire. Inhumé à Calais (Pas-de-Calais).
  • Quartier-maître mécanicien torpilleur François Manach. Célibataire. Inhumé à Le Tréhou (Finistère).
  • Matelot cuisinier Alfred Carbon. Célibataire. Inhumé à Le Havre (Seine-Maritime).

La Marine nationale donnera le nom du commandant du Pluviôse au sous-marin mouilleur de mines qu'elle lancera le 23 juin 1921 à Bordeaux. Le Maurice Callot achèvera sa carrière à Toulon en janvier 1938.

Les villes natales des officiers sous-mariniers morts dans la catastrophe continuent d'honorer la mémoire de leurs disparus au travers des noms qu'elles ont donnés à l'une de leurs rues : la rue du Commandant-Prat à Castres, la rue du Commandant-Callot à La Rochelle et la rue Pierre-Engel à Bavilliers (Territoire-de-Belfort).

Les funérailles

Des funérailles nationales sont organisées pour les victimes le 22 juin, un train spécial amène à Calais quatre-vingt députés et sénateurs, un second train salué par cent coups de canon amène le président de la République Armand Fallières, le président du Conseil Aristide Briand, le ministre de la Guerre le général Jean Brun, le ministre de la Marine l’amiral Boué de Lapeyrère, des consuls, des officiers anglais, allemands, japonais, américains, etc.

Les corps réunis dans la salle des pas-perdus de l’hôtel de ville sont chargés sur des affûts de canon pour être conduits à l’église Notre-Dame. Quatre mille soldats montent la garde tout au long du parcours, et parmi eux Charles de Gaulle qui effectue son service militaire à Saint-Omer.

Après une messe de requiem, les cercueils sont dirigés jusqu’à la chapelle ardente, près de l’épave du Pluviôse. Les discours prononcés par les ministres successifs, les victimes sont dirigées vers les cimetières respectifs de leur terre natale.

Aux vingt-sept victimes s’en rajoutera une vingt-huitième : un spectateur se penchant à une fenêtre pour voir passer le cortège funèbre tombera du troisième étage .

Le Pluviôse, un monument de bronze à la mémoire des vingt-sept victimes, fut inauguré le 22 juin 1913 à Calais.

La seconde carrière

Après avoir été trainé de cale en cale, le Pluviôse est réparé à Cherbourg le 4 août 1910. Rendu à la navigation en janvier 1911, il est réaffecté à la première escadrille de sous-marins de la Manche. Pendant la guerre de 1914-1918, il patrouille le long du littoral français et au sud des côtes anglaises, chargé de la protection du pas de Calais.

Désarmé le 12 novembre 1919, sa coque est utilisée à Cherbourg pour des essais de décompression puis est vendue 83 103 francs par les Domaines pour la casse le 4 septembre 1925.

Un second sous-marin portant ce nom devait être mis en chantier à Toulon à partir d'avril 1940. L'occupation allemande mit un terme au projet qui ne fut pas repris après la guerre.

Chants de marins

La tragédie du Pluviôse sera la source d'inspiration de plusieurs chansons réalistes :

  • Le sous-marin ou Lettre d’un officier de marine à sa femme, paroles de Georges Villard, musique de Georges Krier (1910), interprètée à l'époque par Marcelly et par Paul Dalbret.
  • Ceux du Pluviôse, texte de Théodore Botrel paru dans le journal Le Phare de Calais du 25 juin 1910.
  • La catastrophe du Pluviôse, paroles de Eugène Gervais sur l'air ell' n'était pas jolie, parues dans le journal Dunkerquois Le Nord Maritime le 9 juin 1910[1]
  • Le Pluviôse, paroles de Louis Pouilly sur l'air de J'ai tant pleuré, musique de Joseph Rico (1911).

Bibliographie

  • Historama : no 157 du mois d'octobre 1964 - Article signé Robert Chaussois
  • Magali Domain, Le Pluviôse, une tragédie calaisienne, Éditions du Camp du Drap d'Or, 2007
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