- Personne rousse
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Rousseur
Pour les articles homonymes, voir Roux (homonymie).Les personnes rousses (ou Roux) sont des individus qui se caractérisent par des cheveux de couleur orangée (« roux »). Leur peau est souvent claire et couverte de taches de rousseur (ou éphélides). Ceci est dû à l'absence ou la rareté du pigment brun eumélanine et à la présence majoritaire ou exclusive de phaeonomélanine, associées à une distribution particulière des mélanocytes et des mélanosomes dans la peau.
Sommaire
Biochimie et génétique des roux
Les pigments de la peau et des cheveux sont composés de différents types de mélanine. Il en existe deux grands groupes : les eumélanines (brune ou noire) et la phéomélanine (jaune-orangé à rouge en forte concentration). La phéomélanine est un précurseur de l'eumélanine ; elle est produite par tous les êtres humains durant le processus de fabrication des eumélanines. Certaines mutations génétiques ou déficits alimentaires graves bloquent le processus au stade de la phéomélanine, que le corps ne peut pas transformer en eumélanine, entraînant la rousseur. Quelqu'un avec les cheveux bruns aura beaucoup d'eumélanine, tandis qu'une personne aux cheveux cuivrés (auburn, blond vénitien, roux) aura plus de phéomélanine voire uniquement de la phéomélanine. Suivant la luminosité des cheveux roux, on constatera une proportion plus ou moins importante de phéomélanine et d'eumélanine. La rousseur tend à devenir moins nette avec l'âge ; ce phénomène, semblable au brunissement des blonds, est sans doute lié à une augmentation de la production d'eumélanine dont le mécanisme est encore mal compris.
Au niveau européen, les blonds ont les cheveux les plus fins (et en ont le plus au cm²), tandis que les vrais roux ont les cheveux les plus épais (et en ont le moins).Il ne faut toutefois pas généraliser: il existe des roux avec des cheveux fins et un très grand nombre de cheveux. Les bruns sont entre ces deux catégories. Les gènes codant respectivement les pigments des yeux et des cheveux ne se trouvent pas sur le même chromosome.
Cheveux
L'origine des cheveux roux (à ne pas confondre avec le blond vénitien, qui est un blond à reflets roux) fut seulement révélée en 1997. Elle est liée au gène MC1R (melanocortin-1 receptor) qui se trouve sur le chromosome 16. Ce gène, dont certaines variantes donnent des cheveux flamboyants, une peau pâle et des tâches de rousseur, est certainement vieux de 50 000 à 100 000 ans. Plus précisément, les recherches ont mis en évidence l'existence de cinq mutations différentes du gène dont les dates d'apparition diffèrent : de 30 000 à 80 000 ans selon l'allèle (J. Rees).
Selon J. Rees[1], directeur de la recherche mentionnée ci-dessus, des incertitudes demeurent quant à la façon dont les mutations du MC1R influencent le phénotype. Les roux sont dans leur immense majorité homozygotes (ils possèdent la même mutation du MC1R sur chaque chromosome de la paire) ou hétérozygotes composés (une mutation différente du MC1R sur chaque chromosome de la paire). On trouve néanmoins de rares cas d'hétérozygotes simples (un seul chromosome de la paire porte une mutation du MC1R), et même des roux chez qui les deux MC1R ne portent aucune des cinq mutations identifiées ; un autre locus pourrait être en cause. Inversement, il existe des homozygotes ou hétérozygotes composés qui n'ont pas les cheveux roux. Ces cas sont pour l'instant inexplicables, tout comme celui des hommes dont seule la barbe est rousse, ou des personnes qui ne présentent des poils roux qu'au pubis ou bien aux aisselles.
Il semble qu'en Afrique et dans les pays tropicaux, un état de malnutrition grave dans les premières années de vie ou pendant la grossesse de la mère pourrait entraîner l'apparition, entre autres signes, d'une dépigmentation des cheveux provoquant un roussissement, le processus de fabrication d'eumélanine étant interrompu en chemin. [2]
Peau
Les caractéristiques principales des peaux de roux se situent au niveau de la distribution des pigments et de la nature de ceux-ci :
- Distribution des pigments : dans l’espèce humaine, les mélanines sont produites sous forme de granules (mélanosomes) par des cellules spécialisées (mélanocytes) qui les distribuent grâce à leurs dendrites aux cellules (kératinocytes) avoisinantes. Cette répartition permet un bronzage uniforme même chez les blonds, bien qu’il soit typiquement plus lent chez eux que chez les bruns. Chez les roux, par contre, la distribution se fait différemment : les mélanosomes se concentrent dans des espaces qui constituent les taches de rousseur (ou éphélides), alors que la peau avoisinante reste blanche. Néanmoins, beaucoup de roux étant de type mixte, ils sont capables d’un bronzage modéré à l’extérieur des taches de rousseur.
- Nature des pigments : l'absence ou la rareté du pigment brun (eumélanine) au profit du pigment orange (phéomélanine) rend la peau des personnes rousses, même dans les parties colorées, plus claire et moins protectrice contre le soleil qu’une peau bronzée à l’eumélanine. D’autre part, il a été montré que sous l’effet des UV, la phéomélanine se décompose en libérant des radicaux libres qui augmentent le risque de cancérisation.[3]
Le roux chez l'humain
Occurrence
Chez l'être humain, le roux est une couleur de cheveux rare, plus répandue dans certaines régions et populations, particulièrement en Europe occidentale et septentrionale : on trouve ainsi une proportion élevée de roux au Royaume-Uni, Irlande, Scandinavie, ainsi que dans les zones de migration privilégiée de ces populations (Amérique de Nord, Australie). L'occurrence de la rousseur est particulièrement forte chez les populations de langue celte, d'où le nom de « gène celtique » utilisé couramment en dermatologie : l'Écosse est ainsi le pays qui détient le plus fort taux de rousseur au monde avec 13 % de la population rousse, chiffre auquel il faut ajouter celui de 40 % porteuse de ce même gène. L'Irlande vient en seconde place avec une proportion de 10 % de la population rousse et un taux de porteurs du gène équivalent (40 %). En France, le taux de personnes aux cheveux roux est d'environ 5 %.
Certains pensent que les mutations causant la rousseur étaient effectivement présentes en plus grande quantité chez les populations celtiques, mais d'autres théories proposent qu'elles aient été déjà fréquentes dans les Îles britanniques avant leur arrivée. En faveur de la première hypothèse, on peut rappeler que les Romains décrivaient les Gaulois (Celtes) du continent comme étant un peuple aux cheveux roux et blonds et à la peau couleur de lait.
Malgré ce lien privilégié de la rousseur avec le Royaume-Uni (Écosse) , il existe une proportion non négligeable de roux en Afrique du Nord, parmi les Berbères (surtout au Maroc). On peut en trouver une occurrence très importante en Kabylie et dans les massifs de l'Aurès (Algérie orientale), et du Rif (Maroc septentrional). On range d'ailleurs parfois certaines populations d'Afrique du Nord dans le groupe des atlanto-méditerranéens, qui comprend les Irlandais de l'ouest, les Gallois, les Bretons du sud, les Basques et les Espagnols de la côte sud-est. Une recherche récente sur le chromosome Y a mis en évidence la parenté génétique de ces populations. Les atlanto-méditerranéens seraient issus d'un mélange de peuplades paléolithiques qui auraient quitté le Proche-Orient et l'Europe orientale il y a 8000 ans et auraient couvert une grande partie de l'Afrique du nord et de l'Europe, se mêlant aux peuples cro-magnoïdes déjà présents.
D'autre part, les roux sont présents sur tout le pourtour de la Méditerranée, lieu d'importants brassages de populations diverses, dont Slaves, Germaniques et Anatoliennes. J. Rees fait remarquer que le gène MC1R présente de nombreuses variantes (dues à diverses mutations) dans l'ensemble de l'espèce humaine, sauf chez les populations d'Afrique noire, issues d'une population sélectionnée pour sa résistance au rayonnement solaire, chez qui on trouve moins de variantes. En dehors de l'Afrique noire, des foyers de roux peuvent donc théoriquement naître indépendamment les uns des autres par la rencontre de deux individus possédant les mutations idoines.
Caractéristiques
L'expression des mutations liées à la rousseur n'induit pas uniquement — voire pas nécessairement — la couleur rouge des cheveux. Dans leurs études des familles comportant de nombreux roux en Écosse et en Irlande, les chercheurs ont remarqué la présence d'un phénotype particulier associant une peau de roux à des cheveux « aile de corbeau ». Elle implique surtout une peau lunaire, souvent couverte de taches de rousseur, dont la caractéristique principale est une hypersensibilité au soleil (une peau rousse ne bronze pas, néanmoins elle peut dorer un peu et ne pas rester totalement blanche). Sans atteindre le degré de dangerosité de l'albinisme, la rousseur se place en deuxième position sur l'échelle des risques liés aux cancers de la peau. Cela n'est surtout vrai que pour les roux vivant dans des pays ensoleillés (notamment l'Australie, qui détient des taux de cancer de la peau record depuis quelques années). Les dermatologues déconseillent vivement aux roux de s'exposer au soleil de façon prolongée.
D’autre part, des études récentes ont mis en évidence une spécificité des roux quant à la sensation de douleur. Selon Liem, ils seraient plus sensibles à la sensation de brûlure.[4] Il a été prouvé qu’ils avaient besoin en moyenne de plus d’anesthésique durant les opérations. Cela serait dû au fait que le récepteur de la mélanocortine fonctionne moins bien, entrainant l'augmentation d'une hormone qui stimule entre autres les centres de la douleur.[5]. Néanmoins, une autre recherche a montré que les femmes rousses étaient soulagées par des quantités moindres de l’analgésique pentazocine que les autres femmes et que les hommes en général.[6]
Les roux dans la culture et la société
Un aspect important dans l'histoire des roux, la symbolique : couleur des fauves, le roux symbolise la force, la vigueur. Couleur du feu, on l'associe souvent — de façon assez prosaïque et sans fondement psychologique, encore moins scientifique — à un tempérament passionné ou a un caractère bien trempé chez les humains.
Le personnage roux dans les films ou les livres a souvent campé le traître (avec le classique ténébreux et perfide brun). La femme tentatrice est souvent représentée en rousse (par exemple, dans le roman Le Parfum de Patrick Süskind, les deux jeunes filles dont le parfum est si convoité par Grenouille, c'est-à-dire Laure Richis et la fille sur la rue des Marais, sont rousses), alors que la femme maternelle ou mariée sera en blonde, et la maîtresse ou l'aventurière est souvent brune (comme par exemple Lara Croft). Ce genre d'association est très ancienne; dans l'Antiquité et au Moyen Âge, la couleur rousse est souvent considérée comme une anomalie ou un mauvais présage, même si c'était aussi la couleur de personnages bibliques comme le roi David[7].
Dans la littérature médiévale, le roux est également associé au renard : c'est souvent une référence au Roman de Renart, qui propose une vision ambigüe du célèbre animal. Certes rusé — ce qui est une qualité — mais également méchant envers son stupide et cruel oncle Ysengrin. De même, Judas Iscariote fut parfois représenté comme roux à cette époque.
Dans de nombreuses cultures, les roux ont longtemps été considérés avec méfiance voire détestés. Chez les Égyptiens, ils étaient le signe de l'appartenance au dieu Seth. Seul Ramsès II, pharaon roux ouvertement rattaché à Seth par sa famille (son père Sethi 1er n'hésita pas à inclure le nom du redouté démiurge dans son nom), fit exception. Au Moyen-Âge, ils étaient le signe de lien ou de commerce avec le diable, ainsi que de sorcellerie. Croiser un roux effrayait, car nombreux pensaient également qu'il s'agissait d'un loup-garou. En Roumanie, berceau du mythe des vampires, on se représentait volontiers ces créatures comme ayant les cheveux roux.
De tout temps les Hommes furent stupéfaits et fascinés lorsqu'ils ont découvert des hommes aux yeux clairs et aux cheveux blonds et roux. Les Romains avaient noté ce trait caractéristique des Celtes et appréciaient à sa juste valeur la beauté des femmes celtes : les Romaines brunes faisaient venir des perruques faites avec les cheveux roux et blonds des femmes des tribus germaniques.
Botticelli et nombre d'autre peintres « italiens » de la Renaissance prenaient quant à eux pour modèle des femmes rousses ou d'un blond vénitien. La rousseur est l'une des caractéristiques de beauté pour la peinture de cette époque.
De nos jours, beaucoup de personnes (essentiellement les femmes) colorent leurs cheveux en cette couleur volcanique.
On rencontre en outre un certain nombre de personnes affirmant vouer une passion envers les roux ou les rousses : la couleur des cheveux, la peau lunaire (voire diaphane), les taches de rousseur, les aréoles rose clair et le pubis couleur de feu.
Les personnages fictifs roux
Parmi les différentes représentations existantes ou imaginaires des roux, les bandes dessinées franco-belges présentent un assez grand nombre de héros aux cheveux roux. Obélix et Spirou sont parmi les plus connus. Tintin semble quant à lui être d'un roux clair, tendant vers le blond vénitien. On peut également citer Boule et Bill (le petit garçon, comme son chien, est roux), Lanfeust, Mélusine, Soda, Broussaille, Laureline, Mariotte de la saga Les Compagnons du crépuscule et Jeannette Pointu. Cela est en partie dû au fait que cette couleur de cheveux particulière permet de repérer immédiatement le héros au milieu d'une foule.
La couleur rousse se retrouve dans le nom même de l'héroïne de bande-dessinée américaine Red Sonja.
Un grand nombre de personnages de dessins animés, films d'animation et de publicités aux cheveux roux ou rouges. On peut citer notamment Ariel, la petite sirène de Disney. Les roux sont particulièrement présents dans la série South Park. Kyle Broflovski, l'un des protagonistes principaux de la série, étant roux.
En littérature, les exemples les plus connus sont Poil de carotte (Jules Renard), Fifi Brindacier (Astrid Lindgren), Vladimir Harkonnen du Cycle de Dune (Frank Herbert) et la famille Weasley des livres Harry Potter (J. K. Rowling). Citons encore Zora la Rousse (Kurt Held), Toutes les rousses ne sont pas des sorcières (Valérie Bonnier), La Femme rousse (Max Fischer).
Notes et références
- ↑ http://www.derm.med.ed.ac.uk/PDF/morethajustredhair.pdf
- ↑ [1] Voir : Methods-Signs of malnutrition at age 3
- ↑ SpringerLink - Journal Article
- ↑ Increased sensitivity to thermal pain and reduced ...[Anesthesiology. 2005] - PubMed Result
- ↑ Liem, Edwin B., et al. "Anesthetic Requirement Is Increased in Redheads" Anesthesiology: Volume 101(2), août 2004, pp 279-283. et "Red heads suffer more pain", NewScientist.com news service, 15 octobre 2002
- ↑ [2] article du 25 mars 2003
- ↑ Samuel 16.13 Traduction TOB
Annexes
Bibliographie
- Valérie André, Réflexions sur la question rousse, Taillandier, 2007.
- Xavier Fauche, Roux et Rousses Un éclat très particulier, Gallimard, coll. « Découvertes », 2006.
Articles connexes
Liens externes
- Rousseur, un site d'actualité dédié aux roux et rousses
- Roussitude, un site de communauté de femmes rousses
- RousseLand, un site pour les amoureux(ses) de roux et rousses
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