- Mycènes
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Pour les articles homonymes, voir Mycène (homonymie).
Sites archéologiques de Mycènes et de Tirynthe * Patrimoine mondial de l'UNESCO Coordonnées Pays Grèce Subdivision Péloponnèse, Argolide Type Culturel Critères (i) (ii) (iii) (iv) (vi) Numéro
d’identification941 Zone géographique Europe et Amérique du Nord ** Année d’inscription 1999 (23e session) modifier Mycènes (en grec ancien Μυκῆναι / Mykễnai) est une cité antique préhellénique située sur une colline au nord-est de la plaine d'Argos, dans le Péloponnèse, et entourée de murs cyclopéens (assemblage de blocs énormes).
Sommaire
Mythe
Selon la mythologie grecque, Mycènes est fondée par Persée suite au meurtre accidentel d'Acrisios, roi d'Argos[1]. Alors que la ville lui revient légitimement, Persée préfère céder cette royauté à Mégapenthès, neveu du défunt, et part fonder une nouvelle ville, qu'il baptise « Mycènes » soit en allusion au pommeau de son épée, soit en allusion au champignon qu'il trouve sur place[1],[2]. Des traditions concurrentes évoquent une Mycène[3], fille d'Inachos[4] ou encore un Mycénée, petit-fils de Phoronée[5].
Mycènes est le royaume du héros homérique Agamemnon, chef des Achéens lors de la guerre de Troie[6]. Homère la décrit comme chère à Héra[7] et « riche en or[8] ». La richesse de la ville est en effet proverbiale dès l'Antiquité[9].
Histoire
Mycènes donne son nom à la civilisation mycénienne[10], qui se développe à partir de 1700 av. J.-C. en Grèce continentale. Ainsi, on a retrouvé des vases en céramique et en métal précieux, des perles d'ambre et un masque funéraire en électrum dans le cercle B des tombes à fosse situées près de l'acropole, daté de 1650-1600 av. J.-C[11]. Il témoigne de la transition entre les premières tombes, au matériel relativement modeste, et le cercle A (1600-1500 av. J.-C.), qui a livré une impressionnante quantité d'or et d'objets précieux[12].
L'habitat de l'époque n'ayant pas été préservé, l'origine d'une telle affluence de richesses ne peut faire l'objet que de conjectures. Sir Arthur John Evans, découvreur de Cnossos, évoque l'installation d'une dynastie crétoise à Mycènes ; on a suggéré, à l'inverse, un pillage mycénien en Crète ou le retour de mercenaires partis combattre les pharaons Hyksôs en Égypte[11]. Il semble que la richesse des Mycéniens de l'époque soit endogène, et non due à l'extérieur, et qu'elle se soit constituée progressivement, et non suite à un événement particulier.
Le matériel et l'iconographie des tombes montrent que Mycènes est alors dominée par une aristocratie guerrière, dont les représentants affichent une taille et une force physique supérieures à la moyenne, sans doute grâce à une meilleure alimentation[13]. Elle se distingue par son goût pour les objets de luxe et par l'importance accordée aux monuments funéraires : la tombe à tholos dite « d'Égisthe » a nécessité l'équivalent du travail de 20 hommes pendant 240 jours, puis une phase de maçonnerie d'une année entière[14].
La cité est gouvernée par un monarque appelé « wa-na-ka » dans la langue mycénienne des tablettes en linéaire B, correspondant au mot (ϝ)άναξ / (w)ánax (« roi ») de la langue homérique.
La disparition de cette civilisation n'est pas expliquée précisément. Les causes sont à la fois externes (tremblements de terre à l'origine du déplacement de sources d'eau, raids de nouvelles populations) et internes (administration trop centralisée et trop rigide, incapable de surmonter de nouvelles crises). L'hypothèse de la cause interne est renforcée par le fait que, dans les tablettes mycéniennes, le nom du magistrat chargé de l'administration des villages est une forme ancienne dont aurait pu dériver le titre d'archonte (roi-prêtre de la Grèce archaïque). Ce qui signifierait que l'administration mycénienne se désintégra au point que les citoyens ne reconnurent plus que les magistrats locaux comme autorité suprême. Selon la théorie de Jared Diamond, l'exploitation sans vergogne des ressources naturelles aurait pu être à l’origine de la chute de la Grèce mycénienne[15].
Ses ruines considérables furent visitées par Pausanias, au IIe siècle apr. J.-C., qui commente les tombeaux, les remparts massifs et la porte des Lionnes, encore visibles aujourd'hui. Toute connaissance sur ceux qui avaient construit cette remarquable cité avait disparu bien avant l'époque classique, et les Mycéniens ne furent connus des Grecs que de la manière la plus vague, à travers mythes et légendes.
Fouilles archéologiques
La cité de Mycènes est connue depuis l'expédition française de 1822, mais c'est à l'archéologue allemand Heinrich Schliemann que l'on doit les premières connaissances précises de la citadelle et des tombes, fouillées à partir de 1876. De nombreuses campagnes archéologiques ont été menées depuis lors.
Après Schliemann, d'autres découvertes ont révélé que Mycènes était habitée dès le troisième millénaire par une population préhellénique proche de celle de la Crète minoenne contemporaine. Une vaste ville s'étendait au pied de la citadelle, mais elle n'a été que très peu explorée.
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Wilhelm Dörpfeld (en haut, à gauche) et Heinrich Schliemann (en haut, à droite), à la porte des Lionnes, vers 1885.
La citadelle
Les vestiges de la citadelle de Mycènes ont été entièrement fouillés, et on peut voir aujourd'hui le palais mycénien entouré de son enceinte cyclopéenne et d'un grand nombre de tombes à fosse ou à coupole.
La porte des Lionnes et l'enceinte cyclopéenne
L'enceinte cyclopéenne est percée de deux accès, tout comme à Tirynthe. La porte des Lionnes constitue l'entrée principale : elle est formée d'un trilithe au linteau énorme surmonté d'un triangle de décharge à encorbellement obturé par une plaque sculptée représentant deux lionnes dressées de part et d'autre d'une colonne à chapiteau. L'ensemble est datable de -1250. Une seconde porte ou « poterne » s'ouvre au nord de l'enceinte, elle aussi constituée d'un trilithe, mais plus petite et sans décor sculpté.
Le mur a été construit en trois phases: la première date d'environ -1350. Puis au milieu du -XIIIe siècle, la défense est étendue vers le sud et l'ouest. Vers -1200 se situe le renforcement et l'extension de la citerne et des entrepôts.
Le palais
Le palais mycénien, accessible par un chemin très raide, est situé au point le plus élevé de la citadelle. Il en reste peu de vestiges, car il a été détruit dans un incendie et presque entièrement modifié. On peut distinguer, dans la salle du trône, plus vaste que celle de Pylos, les éléments constitutifs d'un mégaron : le foyer central et les bases des quatre colonnes qui soutenaient la toiture.
Les cercles de tombes
Les deux grands cercles A et B renferment de nombreuses tombes à fosse qui contenaient un très riche mobilier funéraire : figurines de terre cuite, céramique, masques d'or, bijoux en feuille d'or. Cinq de ces tombes ont livré 17 os de membres inférieurs, essentiellement masculins.
Le cercle A, découvert par Schliemann, s'étend à l'intérieur de l'enceinte. Le cercle B n'a été dégagé qu'après 1950 : on y a trouvé des tombes encore plus anciennes que celles du cercle A, remontant, pour certaines d'entre elles, au -XVIIe ou -XVIe siècle, c'est-à-dire au tout début de la civilisation mycénienne.
Les tombes à coupole
On a découvert à l'extérieur de l'enceinte neuf grandes tombes monumentales à coupole, dites "tombes à tholos" en forme de ruche, construites selon la technique de l'encorbellement. Il leur a été donné des noms de fantaisie évoquant les héros homériques : trésors d'Atrée, d'Agamemnon, de Clytemnestre, d'Égisthe, etc.
Ces tombes, précédées d'un long corridor à ciel ouvert (dromos), étaient accessibles par une porte monumentale.
Celle de la tombe dite « Trésor d'Atrée », accessible par un corridor (dromos) de 36 m de long et de 6 m de large, est surmontée d'un énorme linteau, mesurant 9,50 x 1,20 m et pesant 120 t[16], constitué de deux blocs. Il était déchargé par un triangle en encorbellement, obturé par une plaque décorée[17], analogue au dispositif encore en place sur la porte des Lionnes. La coupole de la chambre funéraire s'élève à 14 m.
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« Trésor d'Atrée » : tombe à coupole
Musée
Un musée a ouvert ses portes à proximité en 2007.
Notes et références
- Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne], II, 16.
- μὐκης / múkês, le champignon, puis toute excroissance en forme de champignon. Cette étymologie populaire ne repose sur rien, cf. Pierre Chantraine, Dictionnaire étymologique de la langue grecque, Paris, Klincksieck, 1999 (édition mise à jour) (ISBN 2-252-03277-4) à l'article Μυκῆναι. De
- Homère, Odyssée [détail des éditions] [lire en ligne], II, 120.
- Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne], II, 16, 4, citant le Catalogue des femmes.
- Eustathe de Thessalonique, commentaire du vers II, 569 de l'Iliade, la scholie au vers 1239 de l’Oreste d'Euripide et Étienne de Byzance à l'article Μυκῆναι. Pausanias, II, 16, 4, qui met en doute la tradition. Voir aussi
- Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne], 569-576.
- Iliade, IV, 51-52.
- πολυχρὐσοιο », Odyssée, III, 305 ; voir aussi Iliade, VII, 180 et XI, 46. «
- (en) Bryan Hainsworth (éd.), The Iliad: a Commentary, vol. III : Chants IX-XII, Cambridge, Cambridge University Press, 1993 (ISBN 0-521-28173-3), commentaire du vers XI, 46.
- Heinrich Schliemann, découvreur de Mycènes. Claude Mossé et Annie Schnapp-Gourbeillon, Précis d'histoire grecque, Armand Colin, 1990, p. 40. Le terme est forgé par
- Jean-Claude Poursat, La Grèce préclassique, des origines à la fin du VIe siècle, Paris, Seuil, coll. « Points Histoire / Nouvelle histoire de l’Antiquité », 1995 (ISBN 2-02-013127-7), p. 45.
- Mossé et Schnapp-Gourbeillon, p. 41.
- Poursat, p. 47.
- Mossé et Schnapp-Gourbeillon, p. 61.
- Jared Diamond, Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie., Gallimard, 2006.
- S. E. Iakovidis, Guide des musées et des sites archéologiques d'Argolide, p. 21-53
- British Museum : Treasury of Atreus actuellement au
- Certains passages de cet article ont été traduits ou adaptés de l'article en allemand « Mykene ».
Voir aussi
Bibliographie
- (fr) S. E. Iakovidis, Guide des musées et des sites archéologiques d'Argolide, Ekdotike Athenon, 1978, p. 21-53
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