- António de Oliveira Salazar
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António de Oliveira Salazar Mandats 47e président du Ministère portugais puis
1er président du Conseil portugais
(101e chef du gouvernement)5 juillet 1932 – 25 septembre 1968
36 ans, 2 mois et 20 joursPrésident Óscar Carmona
Francisco Craveiro Lopes
Américo TomásPrédécesseur Domingos Costa e Oliveira Successeur Marcello Caetano Président de la République portugaise
(par interim)18 avril 1951 – 9 août 1951
3 mois et 21 joursPrédécesseur Óscar Carmona Successeur Francisco Craveiro Lopes Ministre des Finances 3 juin 1926 – 19 juin 1926 Président du Conseil Mendes Cabeçadas Prédécesseur Armando Manuel Marques Guedes Successeur Filomeno da Câmara de Melo Cabral 28 avril 1928 – 28 août 1940 Président du Conseil José Vicente de Freitas
Artur Ivens Ferraz
Domingos Oliveira
Lui-mêmePrédécesseur João José Sinel de Cordes Successeur João Pinto da Costa Leite Ministre de la guerre 11 mai 1936 – 6 septembre 1944 Président du Conseil lui même Prédécesseur Abílio Passos e Sousa Successeur Santos Costa Ministre de la Défense 5 juillet 1932 – 2 août 1950 Président du Conseil lui même Prédécesseur Nouvelle fonction Successeur Santos Costa 13 avril 1961 – 4 décembre 1962 Président du Conseil Lui-même Prédécesseur Júlio Botelho Moniz Successeur Gomes de Araújo Ministre des Colonies 21 janvier 1930 – 20 juillet 1930 Président du Conseil Lui-même Prédécesseur José Bacelar Bebiano Successeur Eduardo Augusto Marques Biographie Nom de naissance António de Oliveira Salazar Date de naissance 28 avril 1889 Lieu de naissance Vimieiro Date de décès 27 juillet 1970 (à 81 ans) Lieu de décès Lisbonne Nationalité portugaise Parti politique Union nationale Conjoint Célibataire Profession Professeur d'économie Religion Catholicisme
Présidents du Conseil portugais
Présidents de la République portugaisemodifier António de Oliveira Salazar (né le 28 avril 1889 à Santa Comba Dão, Portugal - décédé le 27 juillet 1970 à Lisbonne) était un économiste, un homme politique et un chef de gouvernement portugais. Président du Ministère (1932-1933) puis du Conseil des ministres (1933-1968), il dirigea pendant 36 ans un régime autoritaire, conservateur, catholique et nationaliste connu sous le nom d'Estado Novo.
Sommaire
Formation
Issu d'un milieu agricole, ayant passé son enfance dans un petit village isolé du centre du pays, dans un milieu conservateur et catholique[1], António Salazar fait ses études au séminaire de Viseu. Malgré l'importance de ces années sur la formation de son esprit, il renonce à entrer dans les ordres pour s’orienter vers le droit. À l'université, il fait la connaissance de Manuel Gonçalves Cerejeira, futur cardinal de Lisbonne[2]. Il commence sa carrière comme professeur d'économie politique à l'Université de Coimbra en 1916.
En 1919, on l'accuse de participer à un complot royaliste. Cela le décide à s'engager en politique contre la république ouvertement anticléricale de l'époque[3].
Déjà, à cette époque, il mène une vie austère de célibataire se consacrant à son travail[3].
Ses opinions et ses liens avec la Jeunesse catholique le font élire en 1921 pour un bref mandat de député catholique du Centre académique démocrate-chrétienne (CADC) au Parlement. Après avoir assisté à sa première session, il décide de ne plus y siéger. Modèle:Référence souhaité Il devient petit à petit le leader de son groupe, obtenant bientôt le soutien de l'Église portugaise, mais aussi de l'Union du commerce et de l'industrie[4].
En 1923, en pleine crise financière, ses propositions pour un plan de sauvetage séduisent le patronat portugais. Il apparaît déjà comme l'homme providentiel[5].
Arrivée au pouvoir
En 1926, un régime militaire dirigé par Mendes Cabeçadas, puis par le général Gomes da Costa met fin au régime parlementaire. C'est le début de la Deuxième République portugaise ou « dictature nationale ». Le Portugal vit alors une crise économique et militaire. Si les militaires mettent fin à la république, ils ne viennent pas à bout de la grave crise que connaît le pays. En 1928, sur les conseils de Cunha Leal, Mendes Cabeçadas nomme Salazar au poste de ministre des Finances. Il démissionne au bout de quatre jours n'estimant pas avoir les moyens d'agir comme il le souhaite. Il réclame les pleins pouvoirs afin d'assainir la situation financière du pays au bord de la banqueroute. Le gouvernement va être obligé de demander l'aide de la Société des Nations pour s'en sortir. L'orgueil national est touché. Le nom de Salazar s'impose encore une fois. Le 18 avril 1928, Óscar Carmona le nomme aux Finances[6]. Il est alors en capacité d'imposer ses conditions : aucun escudo ne doit être dépensé sans son accord[7].
En un an, il procède à un redressement financier spectaculaire : rétablissement de l'équilibre budgétaire et stabilisation de la monnaie[8]. Même si Salazar n'est pas encore chef du gouvernement il sait utiliser les crises politiques afin de consolider son pouvoir[9]. En 1930, il cumule le portefeuille des Finances et des Colonies.
Ce n'est que le 25 juin 1932 qu'il est nommé président du Ministère (chef du gouvernement) par le président de la République, le général Óscar Carmona. Salazar consolide le régime autoritaire en prenant ses distances avec les milieux qui l'ont soutenu, en créant un mouvement qui deviendra le parti unique (l'Union nationale) et en instaurant une nouvelle Constitution en 1933 ; celle-ci lui confère les pleins pouvoirs et le contrôle total de l'État en qualité de président du Conseil. C'est l' Estado Novo (État nouveau)[10].
L'État nouveau, un régime autoritaire
Salazar met en place l'Estado novo (l'Etat nouveau), un régime autoritaire, conservateur, catholique et nationaliste. L'État nouveau est anti-communiste mais ne prétend pas développer la puissance de l'État tel un régime fasciste. Dans la doctrine de Salazar, l'Etat a vocation a protéger et servir d'arbitre à une économie organisée sur le principe du corporatisme[11]. En outre, reconnu pour son mode de vie simple et ascétique, Salazar n'introduit pas de culte de la personnalité, contrairement à d'autres dictatures de la même époque. Le régime a pour devise officielle : « Dieu, Patrie, et Famille » qui dans les faits sera plus connue sous la dénomination du « triple F » pour fado, Fátima et football[12].
Dès lors, Salazar maintient son hégémonie personnelle avec le soutien de riches propriétaires, d'industriels, et de banquiers[réf. nécessaire]. Les syndicats et la presse indépendante sont interdits ainsi que toute opposition politique, dissidence ou autre institution hostile[réf. souhaitée]. Le parti communiste portugais (PCP) poursuivra son action clandestine de l'étranger avec son leader Alvaro Cunhal. Salazar appuie son pouvoir sur le parti unique, l'Union Nationale, et favorise l'Église catholique romaine et les corporations pour prendre le contrôle de la société portugaise.
En économie, Salazar impose, surtout à partir de 1933, un régime corporatiste, inspiré des encycliques pontificales. Le corporatisme portugais se distingue du système italien en laissant une véritable autonomie aux corps de métier et à l'Église catholique, ce qui lui vaut d'être plébiscité en France par l'extrême-droite et la partie de la droite tentée par la solution corporatiste. C'est tout particulièrement net pour les questions agricoles. Bien des aspects de la Révolution nationale du Maréchal Pétain trouveront leur origine dans le salazarisme.
En 1933, il met en place une police politique, la PVDE (Police de Vigilance et de Défense de l'État), qui devient en 1945 la PIDE (Police Internationale et de Défense de l'État), puis après sa mort la DGS (Direction Générale de Sécurité). Elle est formée avec l'appui de la police italienne[réf. souhaitée]. Son rôle est de surveiller la population, de chasser les opposants au régime en métropole et dans les colonies et d'appliquer la censure.
Des prisonniers politiques sont incarcérés dans des centres de rétention où la torture est pratiquée, comme la prison de Caxias, près de Lisbonne, ou celle de Tarrafal, dans les Iles du Cap-Vert. L'armée et la police politique quadrillent le pays[précision nécessaire], en ayant notamment recours à des indicateurs, les "bufos", fondus dans la population.
Durant la Guerre d'Espagne, fidèle à ses préceptes anti-communistes, il apporte son soutien à Francisco Franco dans sa lutte contre les Républicains[réf. souhaitée]. Il ouvre ses ports au transit de matériels d'armement (armes, avions) fournis par l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste au profit des nationalistes espagnols, et met à disposition des franquistes des moyens de communication et de propagande. Il permet également qu'une Légion portugaise de 12000 hommes participe aux combats contre les républicains. L’aide de Salazar, dans les six premiers mois du conflit, se révèle absolument décisive[réf. nécessaire] pour la victoire de Franco en 1939. Les relations personnelles entre les deux hommes ne seront cependant jamais amicales.
Seconde Guerre mondiale
Durant la Seconde Guerre mondiale, il parvient à stabiliser les finances grâce à une politique monétaire restrictive au prix d'un déficit en biens alimentaires et d'une grande inflation. Il réussit à maintenir une neutralité apparente (pour préserver l'alliance avec le Royaume-Uni). En effet, Salazar considère que la politique étrangère de la nation portugaise lorsqu’elle intervient en Europe le fait rarement pour défendre ses intérêts vitaux[13]. Il reste méfiant envers l'Allemagne hitlérienne (tout comme envers la Grande-Bretagne et les puissances de l’Axe), qui dans une carte du Lebensraum, prévoit l'annexion du Portugal (en raison notamment de l'intérêt du pays et de ses colonies). Il signe avec Franco un pacte de neutralité dans le conflit : c'est le Pacte Ibérique, signé en 1939.
Salazar donne des instructions explicites à ses ambassadeurs pour qu'ils limitent l'octroi de visas aux personnes prétendant fuir la France, quand celle-ci est envahie par l'Allemagne. Pendant l'été 1940, Aristides de Sousa Mendes, consul portugais à Bordeaux, passe outre les consignes de Salazar (la fameuse « circulaire 14 ») et concède une trentaine de milliers de visas, sauvant ainsi de nombreux juifs de l'Holocauste. Furieux, Salazar le démet de ses fonctions et le prive de son traitement de diplomate, même si à la fin de la guerre, il se félicite officiellement du fait que le Portugal ait sauvé autant de juifs. Aristides de Sousa Mendes, mort dans la misère en 1954, ne sera réhabilité que dans les années 1980 après la chute du régime et la Révolution des œillets[réf. nécessaire].
Bien qu'après l'éviction de Mendes, une période de flottement entraîna l'annulation de quelques centaines de visas et la fermeture de la frontière, dès 1942 les réfugiés entrés illégalement ne furent plus refoulés, et en 1943 on décida de rapatrier les Juifs portugais vivant en France[14]. Finalement, entre 40 000 et 100 000 juifs se réfugièrent au Portugal pendant la guerre[15][16].
Durant la guerre, Salazar maintient également des relations commerciales avec les deux forces, ce qui bénéficie à l'industrie portugaise. Il fournit quelques métaux rares (tungstène et étain) au régime nazi et laisse quelques centaines de militants fascistes portugais s'engager dans la División Azul.
Sentant venir la défaite du Troisième Reich, il permet en août 1943 aux Alliés d'installer une base militaire dans les Açores pour surveiller l'Atlantique et lutter contre les U-Boots. Le 4 mai 1945, lors de l'annonce de la mort d'Hitler, il est l'un des seuls chefs d'État occidentaux - avec l'Irlandais Eamon de Valera - à envoyer un télégramme de condoléances à Berlin, et fait mettre les drapeaux en berne : une demi-journée de deuil national est décrétée, comme pour tout chef d'État entretenant des relations diplomatiques avec le Portugal.
En 1949, le Portugal intègre l'OTAN en raison du fort sentiment anti-communiste de Salazar, et du rôle géostratégique des colonies portugaises.
Guerre coloniale
Défenseur d'une politique colonialiste, Salazar souhaite maintenir l'unité territoriale du « Portugal continental, insulaire et ultra-marin », du Minho à Timor, alors que le reste des nations européennes décolonisent progressivement l'Afrique. La guerre coloniale, qui dure de 1961 à la Révolution des œillets, en 1974, coûte la vie à 8 000 soldats portugais.
Il pratique une politique isolationniste sous le slogan « orgueilleusement seuls ». Isolé, le Portugal vit une époque de récession économique et culturelle.[réf. nécessaire]
Fin
Les élections présidentielles de 1958, auxquelles l’opposition présente comme candidat le général Humberto Delgado, marquent le début d’une crise politique interne. Salazar introduit quelques réformes plus symboliques que réellement efficaces. Mais les méthodes de gouvernement ne changent pas. En 1961, un paquebot de croisière, le Santa Maria, est dérouté par un opposant, Henrique Galvão, qui trouvera refuge au Brésil. La répression s’accentue et atteint son point culminant en 1965, avec l’assassinat en Espagne de Delgado, devenu le symbole de l’opposition anti-salazariste et de son secrétaire, commis par la police politique portugaise.
Son pouvoir est à son apogée lorsqu'il est destitué en 1968, en raison d'une hémorragie cérébrale. Mais ayant été nommé « Président du Conseil à vie », Salazar continue quand même ses habitudes sans en avoir été informé de peur de sa réaction. Il est remplacé par un ancien responsable de la jeunesse salazariste, Marcelo Caetano.
Salazar meurt en 1970.
Son successeur est Marcelo Caetano, qui restera au pouvoir jusqu'en 1974 dans un pays affaibli. Il sera renversé lors de la Révolution des œillets.
Notes et références
- O salazarismo de Jacques Georgel, p.37.
- O salazarismo de Jacques Georgel, p.38.
- O salazarismo de Jacques Georgel, p.39.
- O salazarismo de Jacques Georgel, p. 52.
- O salazarismo de Jacques Georgel, p. 52.
- O salazarismo de Jacques Georgel, p. 54-55
- Cette confiance en lui est illustrée par ses propos: Je sais très bien ce que je veux et où je vais (...) que le pays observe, fasse des remarques, réclame, discute, mais qu'il obéisse quand viendra mon tour de commander dans O salazarismo de Jacques Georgel, p.56.
- O salazarismo de Jacques Georgel, p. 56.
- O salazarismo de Jacques Georgel, p. 57.
- O salazarismo de Jacques Georgel, p. 58.
- Jacques Ploncard d'Assac, 1976, la table ronde Cité dans : Salazar,
- Demeuldre, p. 316
- Jean-François Labourdette, Histoire du Portugal, Paris, Fayard, 2000, 704 p
- Comment l’Espagne et le Portugal réagirent-ils face à la Choah ? de Bernd Rother
- Portugal, Salazar, and the Jews ... fuzzy numbers ranging between Yehuda Bauer’s estimate of 40,000 Jews passing through Portugal in 1940–41 (p. 61) and the American Jewish Yearbook’s (1944) estimate of 100,000 mostly Jewish refugees.
- Les dictateurs du XXe siècle Sophie Chautard
Annexes
Bibliographie
- Michel Cahen, « Salazarisme, fascisme et colonialisme », Documentos de Trabalho, no 47
- Michel Demeuldre, Sentiments doux-amers dans les musiques du monde : délectations moroses ands le blues, fado, tango, flamenco, rebetiko, p'ansori, ghazal, Paris : Harmattan, 2004. (OCLC 55509430)
- Yves Léonard, Salazarisme et fascisme, éd. Chandeigne, 1996 (préface de Mario Soares)
- Jacques Ploncard d'Assac, Salazar 1963; 2e augmentée, 1983 [ouvrage favorable à Salazar]
- Gérard Filoche, Printemps portugais, éditions Actéon, 1984
- Jacques Georgel, O salazarismo, publicações Dom Quixote, 1985 (préface de Mario Soares)
- Henri Massis, Salazar face à face, 1961
- Salazar, Principes d'action, préface de Pierre Gaxotte, portrait de Gustave Thibon, Fayard, 1956
Liens externes
- [vidéo] Le Portugal de Salazar, 1961 (archive de la Télévision suisse romande)
- [vidéo] Le Portugal après Salazar, 1968 (archive de la Télévision suisse romande)
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