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Microbrasserie
Une microbrasserie est une expression désignant une petite brasserie fabriquant et vendant de la bière. Elle désigne aussi un établissement où l'on peut consommer les bières brassées sur place.
Sommaire
Histoire
L'expression et le phénomène apparurent au Royaume-Uni à la fin des années 1970 (microbrewery) pour décrire une nouvelle génération de petites brasseries spécialisées dans la production d'ale en fûts, non filtrée et non pasteurisée. Bien qu'à l'origine utilisé pour désigner la taille modeste des brasseries en question, le terme désigne désormais aussi une nouvelle attitude et une approche du brassage de la bière plus flexible, adaptative, expérimentale et plus à l'écoute des consommateurs. Le concept s'est ensuite étendu aux États-Unis où il désigne désormais une brasserie qui produit moins de 15 000 fûts de bière par an, ainsi qu'à d'autres pays d'Europe.
Le terme est également couramment usité au Québec, d'où provient sa forme française. En France et en Belgique, où certains établissements artisanaux produisent de la bière depuis parfois plusieurs siècles (dans certains cas par ou sous le contrôle de moines trappistes), on parle plus souvent de brasserie artisanale, mais la plupart des établissements fondés depuis les années 1980 sont souvent aussi désignés sous l'appellation de microbrasserie.
Les brasseurs insistant sur les particularités locales ou régionales de leurs recettes parlent aussi parfois de « bière identitaire » ou de « bière de terroir ». On peut rapprocher cette démarche de celle de nombreux producteurs régionaux de colas alternatifs.
La créativité de certaines microbrasseries a permis la réapparition ou la création de bières originales, comme les bières bretonnes aux algues ou au sarrasin, les bières au chanvre, ou la recréation de la bière vapeur. Nombre d'entre elles produisent également des bières de saison.
Un mouvement similaire est apparu aux États-Unis dans les années 1990, celui des microdistilleries.
Belgique
Dans un pays qui comptait autrefois plus de brasseries que d'églises, le phénomène des microbrasseries, apparu dans les années 1980, est vu comme un retour aux sources, même si le pays ne compte plus qu'une centaine de brasseries. Depuis 2001 se tient chaque année à Marbehan Brassigaume, un festival des « petites brasseries ».
Canada
Article détaillé : Liste de microbrasseries québécoises.C'est du Québec que proviennent les mots « microbrasserie » et « microbière », francisations respectives de microbrewery et ;microbrew. Parallèlement aux États-Unis, le Canada a vu le même phénomène s'intensifier à partir de la fin des années 1980, et nombre de microbrasseries canadiennes produisent des bières inspirées de la tradition brassicole européenne, celle de la Belgique notamment. Au départ disponibles uniquement sur place et dans les magasins spécialisés des environs, de nombreuses bières de microbrasseries sont progressivement apparues sur les rayons de la grande distribution provinciale ou nationale.
Jérôme Denys, propriétaire du Cheval Blanc à Montréal qu'il a fondé en 1986, est généralement considéré comme l'un des pères de la microbrasserie québécoise. La microbrasserie la plus importante de la province est certainement Unibroue, fondée en 1990 et exportant aujourd'hui aux États-Unis, en Australie et en Europe.
Depuis le début des années 2000, les microbrasseries canadiennes militent pour demander une réduction de leur droit d'accise, semblable à celle dont bénéficient leurs homologues américains ou belges dans leurs pays respectifs, afin de rester compétitives face aux géants de la bière et, en 2003, dénonçaient les « pratiques anticoncurrentielles » des groupes Labatt et Molson (le Bureau de la concurrence canadien a reconnu des problèmes, mais n'a pas pris de mesures).
En 2003, l'Association des microbrasseries du Québec considérait que les microbrasseries québécoises représentaient 5% de parts de marché et 680 emplois. En 2004, le ministère des Finances canadien estimait à environ 90 le nombre de microbrasseries et environ 100 le nombre de brasseries libre-service dans le pays.
États-Unis
C'est aux États-Unis que le mouvement des microbrasseries a pris l'ampleur la plus spectaculaire.
Au début du XXe siècle, la Prohibition force de nombreuses brasseries à fermer leurs portes, n'ayant pas la possibilité de produire du vin de messe comme certains vignobles. Après la fin de l'interdiction et plusieurs décennies de consolidation, la quasi-majorité de la bière produite commercialement aux États-Unis l'est par quelques très grands groupes, produisant pour la plupart des lagers au goût relativement uniforme, au premier rang desquels Anheuser-Busch (brasseur de la marque Budweiser), Coors (depuis fusionné avec le Canadien Molson) et Miller (devenu SABMiller en 2002 après sa fusion avec le groupe sud-africain SAB). De nombreux amateurs de bière commencent alors à se tourner vers le brassage maison, et certains se lancent dans une production à plus grande échelle, inspirés par les traditions artisanales britannique, allemande et belge.
La popularité de leurs produits est telle que le phénomène grandit rapidement à partir de la fin des années 1980, et des centaines de microbrasseries apparaissent, parfois attachées à un bar (appelé dans ce cas broue-pub) où les clients peuvent consommer le breuvage. Fritz Maytag, qui reprit la brasserie san-franciscaine Anchor Brewing Company en 1965, est souvent considéré comme l'un des pionniers de ce mouvement.
Certaines microbrasseries grandissent à tel point que l'appellation n'est plus toujours appropriée, et leur production relèvent davantage d'une désignation plus large, celle de bière artisanale (craft beer), généralement des bières de qualité 100% malt. C'est le cas notamment de la Boston Beer Company, qui produit la bière Samuel Adams, ou de la Sierra Nevada Brewing Company, fondée en 1979 et basée à Chico, en Californie.
L'Association des brasseries américaines estimait en septembre 2006 le nombre de brasseries artisanales régionales américaines à 52, le nombre de microbrasseries à 397 et le nombre de broue-pubs à 922.[1]
Il existe plus de brasseries (des microbrasseries pour la plupart) dans la région de Portland, dans l'Oregon, que dans n'importe quelle autre ville du monde. Par contraste, il y a plus de microbrasseries par habitant au Colorado que dans n'importe quel autre État américain.
La dernière décennie du XXe siècle a vu l'émergence d'un mouvement parallèle similaire, celui des microdistilleries, notamment en Californie et dans l'Oregon.
France
Comme la plupart des pays du nord et de l’ouest européens, la France a une longue tradition brassicole. La Lorraine s'est placée jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale comme la première région de France pour sa production. La France est dominée désormais par quelques grandes sociétés, mais où survivent quelques petites brasseries artisanales familiales. Le phénomène de la microbrasserie française surgit dans le milieu des années 1980.
En mai 1985 à Morlaix, la Brasserie des Deux rivières sort ses premiers fûts de Coreff brassées par Christian Blanchard et François Malgorn. Son succès a encouragé de nombreuses créations comme celle de la Brasserie Lancelot, dans le Morbihan, qui produit 12 500 hectolitres par an[2]. En septembre 1986, Les 3 Brasseurs ouvre sa première enseigne place de la Gare à Lille (l'entreprise compte désormais plus de vingt brasseries dans l'Hexagone). Ces franchises de broue-pub à la française produisent six variétés de bières qui sont brassées et vendues uniquement sur place.
Mais c'est traditionnellement dans le Nord que les microbrasseries françaises sont les plus nombreuses, héritières logiques d'une longue tradition régionale. En 2000, la région du Nord-Pas-de-Calais comptait 11 microbrasseries (parmi 25 brasseries) selon le Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie.[3]
Il existe cependant des microbrasseries dans d'autres régions de France, notamment dans l'est : L'Alsace, qui représente plus de 60% de la production de bière en France, compte en 2006 une demi-douzaine de microbrasseries, comme Uberach, Holl ou Kohler Rehm.[4] La région Rhône-Alpes en compte une quinzaine, comme le Ninkasi à Lyon.
La Lorraine n'est pas en reste, puisqu'il en existe plusieurs (à Pont-à-Mousson : les Brasseurs Lorrains, Ville-sur-Illon : écomusée, Dommartin-les-Remiremont :La Madelon', à Gérardmer : La Géromoise) et plusieurs projets de créations sont en cours : à Vézelise, Val d'Ajol : La Val Heureuse ... La dernière née a fêté sa sortie le 16 avril 2008 à Senones en Principauté de Salm : La Bière du Sorcier, la bière verte des Vosges [5]
En Languedoc, au bord de l'étang de Thau, la Brasserie d'Oc propose ses bières adaptées au climat et notamment sa blonde au Muscat de Frontignan A.O.C..
Au total, on estime à environ 250 le nombre de microbrasseries en France.
Certaines microbrasseries contrôlent la chaîne de production de la culture des céréales jusqu'à l'embouteillage, et sont désignées comme « fermes brassicoles ».
Irlande
Les bières artisanales ont gagné du terrain en Irlande depuis les années 1990, et le gouvernement a instauré en 2005 des réductions d'impôts pour les petits brasseurs.[6] The Porterhouse est considéré comme l'un des pionniers des brasseurs artisanaux en Irlande, et opère aujourd'hui plusieurs broue-pubs à Bray, dans la région dublinoise et à Londres.
Royaume-Uni
C'est véritablement au Royaume-Uni qu'est né le mouvement des microbrasseries, lors de l'instauration de la Campaign for Real Ale (CAMRA). Cette campagne, toujours d'actualité, a pour objectif de promouvoir une version traditionnelle et de qualité de la brasserie. CAMRA certifie les établissements qui brassent une ale non filtrée et non fermentée, mise en fûts et tirée sur place à la main (et non à la pression). En 1980 est fondée la Small Independent Brewers Association (SIBA), renommée Society of Independent Brewers en 1995. Aujourd'hui, nombre de microbrasseries britanniques produisent non seulement des ales, mais aussi des lagers ou des stouts. La SIBA notait en 2005 une augmentation de 12% du nombre de ses membres par rapport à l'année précédente.
Notes
- ↑ (en) Brewers Association: Beertown.org
- ↑ « L'Ouest se fait mousser », L'Express, octobre 2006
- ↑ Bulletin officiel de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes, n°13, 23 septembre 2001
- ↑ « Les brasseurs en Alsace », Le Point Éco, n°230, mars 2004
- ↑ « Bière du Sorcier Le Clos Malpré »
- ↑ (en) « Microbreweries in the Land of Guinness », The New York Times, 10 juin 2006
Voir aussi
Liens externes
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