Messieurs, honni soit qui mal y pense

Messieurs, honni soit qui mal y pense

Ordre de la Jarretière

Mgarter.jpg
Charles-Guillaume-Ferdinand de Brunswick portant les habits et les insignes de l’ordre de la Jarretière.
Emblème de l'ordre au Château de Windsor

Le nobilissime ordre de la Jarretière (de l'anglais : Most Noble Order of the Garter) est un ordre de chevalerie britannique, fondé en 1348, en pleine guerre de Cent Ans, par le roi Édouard III.

Selon la légende, la création de cet ordre aurait été décidée par le roi Édouard III lors d'un bal à Calais, où il dansait avec sa maîtresse, la comtesse de Salisbury[1]. Celle-ci ayant, en dansant, fait tomber sa jarretière, le roi, galamment, la ramassa sous les quolibets des danseurs, la mit à son genou et coupa court aux railleries par ces mots : « Messieurs, honni soit qui mal y pense. Ceux qui rient maintenant seront très honorés d'en porter une semblable, car ce ruban sera mis en tel honneur que les railleurs eux-mêmes le chercheront avec empressement. »

Cet ordre, le plus ancien ordre de chevalerie qui subsiste encore au XXIe siècle, rassemblait autour du souverain vingt-cinq chevaliers, membres à part entière. Les hommes sont appelés « chevaliers compagnons ».

Des femmes ont été associées à l'ordre, mais n'ont jamais été membres avant le règne d'Édouard VII. Elles sont nommées « dame de la Jarretière ». Depuis 1987, les femmes peuvent être reçues à un grade équivalent à celui de chevalier, et peuvent faire partie des 25 membres. Elles sont nommées « dames compagnons ».

L'ordre inclut aussi des membres supplémentaires (de la famille royale ou des souverains étrangers) depuis 1813, appelés « chevaliers et dames surnuméraires ».

La devise de l'ordre est : « Honi soit qui mal y pense », avec un seul « n », certainement à cause de l'orthographe moins contraignante de l'époque.

Les chevaliers et dames de l'ordre sont nommés par la reine sans consultation du premier ministre. Il s'agit du plus grand honneur du Royaume-Uni, à l'exception de l’ordre du Chardon en Écosse.


Sommaire

Histoire

La reine Victoria portant la jarretière au bras gauche.

Le roi Édouard III fonda l'Ordre comme « une société, une communauté et un collège de chevaliers »[2]. On présume généralement que l'Ordre a été fondé en 1348, même si les dates de 1344 et 1352 ont aussi été évoquées. La garde-robe du roi fait état des premiers changements dus à la Jarretière, à l'automne 1348. En tout état de cause, l'Ordre n'a probablement pas été établi avant 1346. Ses statuts d'origine exigeaient que chaque membre soit préalablement chevalier (ce qu'on assimilerait aujourd'hui à un « knight bachelor ») or quelques uns de ses membres initiaux ne furent fait chevalier que cette année-là[3].

Plusieurs légendes entourent les origines de l'Ordre. La plus populaire implique la comtesse de Salisbury (probablement Jeanne de Kent). Alors qu’elle dansait avec ou à proximité du roi Édouard III, à Eltham Palace, on raconte que sa jarretière aurait glissé de sa jambe. Quand la foule de courtisans se mit à ricaner, le roi la ramassa et la noua à sa propre jambe en s’exclamant « Honi soit qui mal y pense », phrase qui est devenue la devise de l'Ordre[4]. Selon une autre légende, le roi Richard Ier a été inspiré au XIIe siècle par saint George qui avait pris l’habitude d'attacher une jarretière autour de la jambe de ses chevaliers pour porter chance dans la bataille, lors des croisades. Le roi Édouard III aurait alors décidé de faire référence à cet événement quand il fonda l’Ordre au XIVe siècle[3].

Peu après la fondation de l'Ordre, des femmes furent désignées Dames de la Jarretière, mais ne furent pas faites compagnons. Le roi Henri VII interrompit cette pratique en 1488. Sa mère, Margaret Beaufort, fut la dernière Dame de la Jarretière jusqu'à reine Alexandra (en 1901). À l'exception des souveraines, Alexandra de Danemark fut la première nommée par la suite, par son mari Édouard VII. Le roi George V fit de même pour sa reine consort, la reine Mary, puis George VI pour sa femme, la reine Elizabeth. À travers le XXe siècle, les femmes sont ainsi intimement liées à l'Ordre, mais à l'exception des reines, aucune ne fut faite compagnon[5]. Cependant, en 1987, il devint possible de nommer une "dame Compagnon de la Jarretière" depuis la modification des statuts par la reine Élisabeth II[6].

Composition

Les membres

L'adhésion à l’Ordre est extrêmement limitée et comprend le monarque du Royaume-Uni, le prince de Galles, pas plus de 24 membres compagnons et quelques membres surnuméraires. L'appartenance à l’Ordre est du seul fait du monarque[7]. Celui-ci est connu comme le « souverain de la Jarretière ». Quant au prince de Galles, il est connu comme le « chevalier compagnon de la Jarretière »[8]. Les membres masculins de l’Ordre sont des « chevaliers compagnons », alors que les membres féminins sont des « dames compagnons ».

Chevaliers compagnons lors de la procession annuelle de l’Ordre

Précédemment, lorsqu'une vacance se présentait, le souverain y remédiait en choisissant un nouveau membre parmi ceux proposés par les membres. Un système de proposition avait ainsi été mis en place à cette fin. Chacun des membres pouvait proposer neuf candidats, parmi lesquels trois devaient avoir un rang équivalent ou supérieur à celui de comte, trois à celui de baron et trois à celui de chevalier. Le souverain choisissait alors dans cette liste autant de personnes qu’il y avait de places disponibles. Il n’était cependant pas obligé de choisir ceux qui avaient obtenu le plus de propositions. Les derniers candidats à avoir été proposés, datent de 1860. Depuis lors, les membres sont désignés par le seul souverain. Cependant, les statuts formulant cette procédure n’ont pas été modifiés avant 1853[9].

Depuis le XVIIIe siècle, le souverain faisait ses propres choix sur les conseils du gouvernement. Cependant, le roi George VI pensait que l’ordre de la Jarretière et l’ordre du Chardon étaient devenus trop liés aux parrainages politiques. En 1946, avec l’accord du Premier Ministre et du chef de l’opposition, l’appartenance à ces deux ordres est devenue un don personnel du souverain. Ainsi, le souverain sélectionnait personnellement les chevaliers et les dames compagnons de la Jarretière, sans avoir à tenir compte des conseils du gouvernement[10].

L'Ordre se compose également de membres surnuméraires qui ne sont pas décomptés de la limitation à 25 compagnons. Plusieurs de ces membres appartiennent à la famille royale britannique et sont connus sous le nom de « chevaliers et dames royaux de la Jarretière ». Ces titres ont été introduits par le roi George III, en 1786, afin que ses nombreux fils ne perturbent pas la limite en nombre de compagnons. Il créa le statut de membre surnuméraire, en 1805, pour qu'aucun descendant du roi George II ne soient décomptés comme membre (i.e. extension aux frères et sœurs de George III). En 1831, ce statut fut étendu à nouveau pour inclure les descendants de George I (i.e. extension aux frères et sœurs de George II)[3]. Avec l'entrée de l'empereur Alexandre Ier de Russie dans l'Ordre, en 1813, la catégorie des membres surnuméraires fut étendue au monarques étrangers, qui sont connus sous le nom de « Chevaliers et Dames étrangers de la Jarretière ».[4] Chacune de ces initiations exigeaient la promulgation d'une loi. Cependant, à partir de 1954, l'admission régulière de chevaliers et de dames étrangers fut possible sans avoir recours à des dispositions particulières.[4]

Le souverain peut dégrader les membres qui ont commis des crimes graves, tels que la trahison. Pendant la Première Guerre mondiale, plusieurs Chevaliers étrangers qui étaient les monarques de nations ennemies virent leur adhésion révoquée. Celles de l'empereur Guillaume II d'Allemagne et de François-Joseph Ier d'Autriche ont ainsi été annulées en 1915.[4] L'adhésion de l'empereur Hirohito fut également annulée après l'entrée en guerre du Japon lors de la Seconde Guerre mondiale, mais il fut renommé après la fin de la guerre par Élisabeth II. Il est ainsi le seul Chevalier à avoir été nommé par deux souverains différents.[11]

Les descendants de Chevaliers de la Jarretière ont la possibilité de rejoindre la Société des amis de Saint George et des descendants des Chevaliers de la Jarretière.

Les officiers

L'Ordre comporte six officiers : le prélat, le chancelier, le greffier, le roi d'armes principal, l'huissier et le secrétaire.[12] Les offices du prélat, du greffier et de l'huissier ont été créé lors de la création de l'Ordre, ceux de roi d'armes et de chancelier au XVe siècle, et enfin celui de secrétaire au XXe siècle.[13]

Officiers de l'Ordre, lors de la procession annuelle. De gauche à droite : l'huissier, le roi d'armes principal, le greffier, le prélat et la chancelier.

L’office du prélat est tenu par l'évêque de Winchester, qui est traditionnellement un des dignitaires de l’Église d'Angleterre.[14] L’office de chancelier est désormais occupé par un des compagnons de l’Ordre. Depuis les débuts de l’Ordre, cet office a été généralement exercé par l’évêque de Salisbury, il a cependant été tenu par des laïcs de 1553 à 1671. En 1837, après une modification du découpage des diocèses, le château de Windsor fut transféré dans le diocèse d’Oxford. La charge de chancelier fut dès lors transférée à l’évêque d’Oxford. Un siècle plus tard, l’évêque de Salisbury remit en question ce transfert, se basant sur le fait que cette charge n’était en aucune façon liée au diocèse auquel était rattaché la chapelle de l’Ordre et que, en tout état de cause, la chapelle Saint-Georges, en tant que possession royale, n’était pas sous juridiction diocésaine. L’office de chancelier fut alors retiré à l’évêque d’Oxford et a depuis été tenu par l’un des chevaliers compagnons.[15] Depuis 1937, les membres qui ont occupé la fonction de chancelier sont :

  • William Cavendish-Bentinck, duc de Portland (1937–1943)
  • Edward Wood, comte d'Halifax (1943–1959)
  • Robert Gascoyne-Cecil, marquis de Salisbury(1960–1972)
  • Charles Lyttelton, vicomte Cobham (1972–1977)
  • John Nevill, marquis d'Abergavenny (1977–1994)
  • Peter Carington, baron Carrington (depuis 1994)

L’office de greffier est tenu par le doyen de Windsor depuis 1558.[16] Le roi d'armes principal de la Jarretière est d'office le membre le plus gradé du Collège des armes (l'autorité héraldique d'Angleterre) et est généralement nommé parmi les officiers d'armes du Collège.[17] Comme le titre l'indique, le roi d'armes principal a le devoir d'accomplir certaines tâches spécifiques, notamment celle de s'occuper des cimiers et des bannières des compagnons, qui sont exposées dans la chapelle. Depuis 1992, le secrétaire, qui agit en tant qu'assistant lors des cérémonies de l'Ordre, est également choisi parmi les autres membres du Collège des armes.[18] Enfin, le poste d'huissier est tenu par le gentilhomme huissier de la verge noire, qui est également le sergent d'armes de la chambre des Lords[19] (même si, en pratique, ses fonctions sont le plus souvent déléguées par son adjoint, le Yeoman Usher).

Les chevaliers militaires de Windsor

Procession des chevaliers militaires de Windsor.

Lors de la fondation de l'Ordre de la Jarretière, vingt-six « pauvres » chevaliers ont été nommés et assignés au service de l'Ordre et de sa chapelle. L'effectif de ce groupe a fluctué au cours du temps. Ainsi au XVIIe siècle, il n'y avait que treize de ces chevaliers. Le roi Charles II porta l'effectif à dix-huit après son couronnement, en 1660. Les chevaliers ayant manifesté leur opposition à ce qu'on les qualifia de « pauvres », le roi Guillaume IV les rebaptisa « chevaliers militaires de Windsor », au XIXe siècle. [20]

Les pauvres chevaliers étaient des vétérans ruinés à qui il était demandé de prier tous les jours pour les Chevaliers Compagnons de l'Ordre. En échange, ils recevaient un salaire et bénéficiaient d'un logement au sein du château de Windsor. De nos jours, les chevaliers ne sont plus nécessairement pauvres, mais il s'agit toujours de militaires à la retraite. Ils escortent les processions de l'Ordre et participent aux services religieux de la chapelle. Ils ne sont, toutefois, pas considérés comme des chevaliers ou des membres de l'Ordre.[20]

Vêtements et accessoires

Les membres

Le badge représentant Saint Georges terrassant le dragon.

Lors des cérémonies officielles de l'Ordre, telles que la journée annuelle de la Jarretière, les membres portent les vêtements et des accessoires spécifiques:

  • Le manteau est un vêtement de cérémonie, une cape munie de manches (en anglais : robe), porté par les membres depuis le XVe siècle. À l'époque, fait de laine, le manteau, dès le XVIe siècle est en velours. La couleur, violette à l'origine, connut des variations au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, passant par le bleu azur, le bleu pâle, le bleu roi, le bleu foncé, le parme et le bleu outremer. De nos jours, il est bleu foncé, bordé de taffetas blanc. Les manteaux du Souverain, du Prince de Galles et des chevaliers royaux se terminent par une traîne. L’écusson de la croix de saint George encerclée de la Jarretière est cousu sur l’épaule gauche du manteau, à l’exception notable du Souverain qui lui porte l’étoile de l’Ordre à cet emplacement. Un capuchon et un surmanteau en velours rouge foncé sont également attachés au niveau de l’épaule droite, mais ont perdu toute fonction au cours du temps et donne désormais une touche de couleur supplémentaire à l’ensemble[21].
  • Le chapeau en velours noir avec une plume d'autruche blanche et une plume de héron noire[21].
  • Le collier est porté par dessus le manteau. Tout comme ce dernier, il a été introduit au cours du XVe et XVIe siècles et est réalisé à partir de 30 onces d'or pur (soit 0,933 kg). Le collier se compose de nœuds d'or alternant avec des médaillons émaillés montrant une rose cerclée de la Jarretière. Lors du règne du roi Henri VII, chaque jarretière entourait deux roses (une blanche et une rouge), mais il en a modifié le dessin de telle sorte que la jarretière ne cercle plus qu'une seule rose rouge[21]. Le collier est attaché aux épaules par un ruban en soie.
  • Le « George » est une figurine en émail qui est suspendue au collier. Il représente saint Georges à cheval, terrassant le dragon[21].
  • La jarretière est portée, lors des grandes occasions, autour du mollet gauche pour les chevaliers et autour du bras gauche pour les dames. Il est également représenté sur plusieurs insignes. La Jarretière est une boucle, faite de velours bleu foncé (bleu clair, à l'origine) et portant la devise de l’Ordre en lettres d’or. Il arrivait que les dames et les chevaliers étrangers de la jarretière aient des jarretières brodées de pierres précieuses[21].
  • L’étoile, qui se porte épinglée à gauche de la poitrine, a été introduite au XVIIe siècle par le roi Charles Ier. Il s’agit d'une reproduction en émail coloré de l’écusson de la croix de saint Georges, cerclée par la jarretière, elle-même ceinte de huit pointes argentées. Chaque pointe est composée d’un faisceau de rayons. Les quatre pointes suivant les directions cardinales sont plus longues que les quatre pointes intermédiaires. Les étoiles des dames et des chevaliers étrangers étaient autrefois ornées de pierres précieuses. En raison de sa prééminence, l’étoile de l’Ordre doit être portée au-dessus des autres étoiles dont le membre pourrait être décoré[21].
  • Le badge est porté sur la hanche droite, suspendu à un ruban par une chaîne en or. Il est parfois appelé le « Petit George » en référence à celui porté au collier. Comme le « George », le badge représente saint Georges à cheval, terrassant le dragon, à ce détail près qu’il est plus plat et en or. Au XVe siècle, le badge était porté attaché autour du cou à un ruban, ce qui posait problème lorsque le chevalier montait à cheval, de sorte que la coutume de le porter sous le bras droit au bout d’un ruban s’est alors développée[21].

À la mort de l'un des membres, le badge et l'étoile sont retournés personnellement au Souverain par le plus proche parent de sexe masculin de l'ancien membres et les autres insignes sont retournés à la Chancellerie Centrale des Ordres de Chevalerie.[21]

Les officiers

L’empereur Meiji recevant l’ordre de la Jarretière des mains du prince Arthur de Connaught, en 1906, suite à l’alliance Anglo-Japonaise.

À l'occasion des cérémonies de l’Ordre, les officiers portent les habits et les accessoires suivant :

  • Les manteaux du prélat et du chancelier sont bleus foncés, comme ceux des membres, alors que les manteaux des autres officiers sont rouges foncés. Tous les manteaux sont brodés d’un écusson à la croix de saint Georges. Lors des cérémonies de la Jarretière, le roi d'armes principal de la Jarretière porte un manteau rouge plutôt que le tabar des armes royales porté habituellement lors des cérémonies d’État[21].
  • Les officiers portent également le badge de l’office suspendu à une chaîne portée autour du cou. Le badge du prélat montre un Lesser George cerclé par la Jarretière, et surmonté d'une mitre d’évêque. Celui du chancelier se compose d'une rose cerclée de la Jarretière. Le badge des autres officiers représente une couronne surmontant la Jarretière avec, en son centre, deux plumes croisées, sur un livre pour le greffier, les armes royales empalées par la croix de saint Georges pour le roi d’armes principal, un nœud (identique à celui des colliers des compagnons de l’Ordre) pour l’huissier et deux plumes croisées sur une rose pour le secrétaire[21].

Le chancelier porte également une bourse brodée aux couleurs des armes royales empalées par la croix de saint Georges. Celle-ci contient le sceau de l'Ordre. Le roi d'armes principal porte le bâton d'office alors que le Gentilhomme huissier de la verge noire porte le fameux bâton[21].

Les chevaliers militaires de Windsor

À l'origine, les pauvres chevaliers portaient des manteaux rouges arborant la croix de saint Georges, mais sans aucune représentation de la Jarretière. La reine Élisabeth Ire remplaça les manteaux par des capes bleues et violettes, au XVIe siècle. Le roi Charles Ier décida néanmoins de rétablir l'usage des manteaux rouge au XVIIe siècle. Finalement, les manteaux furent abandonnés lorsque les chevaliers furent rebaptisés. De nos jours, ils portent l'ancien uniforme des « officiers de l'armée en disponibilité » : un pantalon noir à bande rouge, une veste croisée à queue-de-pie, des épaulettes dorées à franges, un bicorne avec une plume et une épée sur un baudrier blanc[21].

Préséance et privilèges

Une position dans l'ordre de préséance est assignée à chacun des membres. Les chevaliers de l'Ordre apparaissent ainsi à un rang plus élevé que celui des autres chevaliers et des baronnets. Les épouses, les enfants et les belles-filles des chevaliers Compagnons reçoivent également une position dans cette ordre. En règle générale, les individus peuvent obtenir cette préséance de leur père ou mari, mais pas de leurs mères ou épouses. Malgré son statut, on attribue également au chancelier une position dans l'ordre de préséance. Cependant, à l'exception de la période comprise entre 1553 et 1671, lorsque le poste était occupé par un laïc qui n'était pas nécessairement membre de l'Ordre, cette préséance fut purement théorique. Il faut noter, en effet, que le rang de préséance d'un membre de l'Ordre est supérieur à celui attaché à la fonction de chancelier. De même, lorsque la fonction était occupée par un évêque diocésain de l'Église d'Angleterre, le titulaire avait à nouveau une préséance plus élevée que celle que son office pourrait lui conférer[22].

Les armoiries de John Churchill sont encerclées par la Jarretière et le collier de l'Ordre.

Les chevaliers Compagnons ont la possibilité de faire précéder leur prénom du préfixe « Sir » et les dames Compagnons du préfixe « Lady ». Les épouses des chevaliers Compagnons peuvent également utiliser le préfixe « Lady », mais il n'existe pas de tel privilège pour les maris des dames Compagnons. Ces formes ne sont pas utilisées par les princes et les pairs, sauf quand le nom des pairs est écrit sous leur forme complète[23].

Les chevaliers et les dames utilisent les lettres post-nominales « KG » et « LG » respectivement (pour Knight et Lady of the Garter)[10]. Quand une personne est amenée à utiliser plusieurs groupes de lettres post-nominales, ceux de l'Ordre de la Jarretière apparaissent avant tous les autres, à l'exception de « Bt » (pour les baronnets), « VC » (pour la croix de Victoria) et « GC » (pour la croix de Georges)[24].

Les membres peuvent cercler leurs armoiries de la Jarretière et, s'ils le désirent, d'une représentation du collier de l'Ordre[25]. Cependant, la jarretière est habituellement utilisée seule. Les chevaliers et les dames étrangers n'agrémentent évidemment pas leur blason de décorations britanniques.

On autorise également les chevaliers et les dames compagnons à utiliser des supports héraldiques, ce qui constitue un privilège accordé à un très petit nombre. Alors que certaines familles revendiquent les supports sur leurs armes comme étant un usage ancien et que d'autres les ont obtenus en récompense spéciale, seuls les pairs, les chevaliers et dames Compagnons de la Jarretière, les chevaliers et dames du Chardon ainsi que quelques autres chevaliers bénéficient automatiquement de ce privilège[25].

Le service de la Jarretière à Windsor

Article détaillé : Chapelle Saint-Georges.

Autrefois, l’ordre de la Jarretière tenait des services religieux à la chapelle Saint-Georges du château de Windsor, mais ils devinrent rares au XVIIIe siècle. Après avoir disparu à partir de 1805, le roi George VI décida de les réinstaurer en 1948. Depuis lors, chaque année, à l’occasion du lundi de la semaine d’Ascot, en juin, les membres de l’Ordre se rencontrent dans les appartements d’État du château, vêtus de leurs habits cérémoniaux et de leurs insignes. Ils entament alors une procession, menée par les chevaliers militaires de Windsor, à travers le château pour rejoindre la chapelle Saint-Georges pour le service religieux. C’est à cette occasion que d’éventuels nouveaux membres sont intronisés. Après le service, les membres retournent dans la salle supérieure des appartements d’État, en calèche[26].

Annexes

Notes et références

  1. Peut-être Jeanne de Kent
  2. Chapelle de Saint George : Histoire : Ordre de la Jarretière, 2005, St. George's Chapel, Windsor Castle. Consulté le 6 November
  3. a , b  et c Encyclopædia Britannica, « Knighthood », Cambridge University Press, London, 11th Ed., 1911
  4. a , b , c  et d Royal Insight: June 2004: Focus: The Order of the Garter, 2004–06, The Royal Household. Consulté le 8 November
  5. The Monarchy Today: Queen and Public: Honours: The Order of the Garter, The Royal Household. Consulté le 7 November
  6. Raymond B. Waddington, « Elizabeth I and the Order of the Garter », dans Sixteenth Century Journal, vol. 24, no 1, 1993, p. 97–113 
  7. Oonagh Gay, « Honours Standard Note: SN/PC/2832 », 20 mars 2006, United Kingdom Parliament. Consulté le 7 novembre 2006
  8. Orders of Chivalry, St.George's Chapel, Windsor. Consulté le 7 novembre 2006
  9. P.J. Begent et H. Chesshyre, The Most Noble Order of the Garter: 650 Years, Spink and Son, London, 1999, 198 p. (ISBN 1-902040-20-1) 
  10. a  et b Select Committee on Public Administration Fifth Report, 13 juillet 2004, UK Parliament. Consulté le 8 novembre 2006
  11. Britain wanted limited restoration of royal family's honors, 2002-01-07, Japan Policy and Politics. Consulté le 8 novembre 2006
  12. Charles Knight, Guide to Windsor 
  13. The origin and history of the various heraldic offices, The College of Arms. Consulté le 16 novembre 2006
  14. P.J. Begent et H. Chesshyre, The Most Noble Order of the Garter: 650 Years, Spink and Son, Londres, 1999 (ISBN 1-902040-20-1), p. 105 
  15. P.J. Begent et H. Chesshyre, The Most Noble Order of the Garter: 650 Years, Spink and Son, Londres, 1999 (ISBN 1-902040-20-1), p. 109-112 
  16. P.J. Begent et H. Chesshyre, The Most Noble Order of the Garter: 650 Years, Spink and Son, Londres, 1999 (ISBN 1-902040-20-1), p. 116 
  17. P.J. Begent et H. Chesshyre, The Most Noble Order of the Garter: 650 Years, Spink and Son, Londres, 1999 (ISBN 1-902040-20-1), p. 122 
  18. P.J. Begent et H. Chesshyre, The Most Noble Order of the Garter: 650 Years, Spink and Son, Londres, 1999 (ISBN 1-902040-20-1), p. 143 
  19. P.J. Begent et H. Chesshyre, The Most Noble Order of the Garter: 650 Years, Spink and Son, Londres, 1999 (ISBN 1-902040-20-1), p. 132 
  20. a  et b Les chevaliers militaires, Chapelle St George, Windsor. Consulté le 8 novembre 2006
  21. a , b , c , d , e , f , g , h , i , j , k  et l Noel Cox, The ceremonial dress and accoutrements of the Most Noble Order of the Garter, vol. 22, Journal of Heraldry Australia Inc., 1999, p. 6–12 
  22. Charles Mosley, « Precedence », 2005, Burke's Peerage and Gentry. Consulté le 7 novembre 2006
  23. Charles Mosley, The Crown Office, « Forms of Address for use orally and in correpondence », Juillet 2003, Department for Constitutional Affairs. Consulté le 11 novembre 2006
  24. The UK Honours System: Order of Wear, 17 mars 2003, The Cabinet Office. Consulté le 8 novembre 2006
  25. a  et b Paul Courtenay, « The Armorial Bearings of Sir Winston Churchill », The Churchill Centre. Consulté le 8 novembre 2006
  26. The Monarchy Today: Ceremony and Symbol: Ceremonies: Garter Day, The Royal Household. Consulté le 7 novembre 2006

Bibliographie

  • (en) Elias Ashmole, Institution, Laws and Ceremonies of the Most Noble Order of the Garter, 1672 
  • (en) P.J. Begent et H. Chesshyre, The Most Noble Order of the Garter: 650 Years, Spink and Son Ltd., London, 1999, 198 p. (ISBN 1-902040-20-1) 
  • (en) Encyclopedia Britannica, 11e Ed., Knighthood and Chivalry, Cambridge University Press, 1911 

Source

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Order of the Garter ».

Voir aussi

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Liens externes

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