Marin-Pierre Gaullier

Marin-Pierre Gaullier
Marin-Pierre Gaullier
Surnom Grand-Pierre
Naissance 6 mars 1766
Morannes
Décès 9 avril 1817 (à 51 ans)
Origine Français
Allégeance Flag of Royalist France.svg Chouan
Grade Colonel
Conflits Chouannerie
Commandement Division de Château-Gontier
Distinctions Chevalier de Saint-Louis

Marin-Pierre Gaullier dit "Grand-Pierre"6 mars 1766 - † 9 avril 1817), colonel dans les armées royales, était l'un des chefs de la tête des chouans en Mayenne.

Sommaire

Biographie

Marin-Pierre Gaullier, fils de Jacques Gaullier, notaire royal, et de Madeleine Letessier, est né à Morannes le 6 mars 1766. Il dut son surnom à sa taille de près de 6 pieds[1], et son grade, à son instruction, sa bravoure et sa prudence. Grenadier au 1er bataillon des volontaires, il quitta son régiment pour accourir à Angers où son père, jeté en prison, mouruit peu après empoisonné, dit-on.

Gaullier alla offrir ses services à Monsieur Jacques (décembre 1794), qui le mit en relation avec Joseph-Juste Coquereau, et celui-ci le nomma commandant en second. Il remplaça son chef au mois de juin 1795 et se tint ordinairement dans le pays de Bouère, étendant son action de Château-Gontier à Sablé, Miré et Daon.

Commandant de la 5e division de l'armée de Scépeaux avec comme lieutenants Louis Coquereau (frère de Joseph-Juste Coquereau), Chevreul, Pichon et Mercier. Il réunissait la compagnie de Fromentières avec Lezay dit Sabretout, Mercier, Mathurin Garreau, celle de Ruillé avec Michel Menant dit Francœur, celle de Bouessay avec Rozay dit La Gaîté, de Bouère avec Poirier dit La Justice, de Bierné avec Renard dit Giroflée, de Souvigné avec Leroy dit Risque-Tout, d'Auvers-le-Hamon avec Chevreul dit Armand. Sa division, solide et aguerrie, tint la campagne de février 1795 jusqu'à la pacification d'avril 1796. Fin mai 1796, Gaullier conduisit une partie de ses hommes jusqu'au château de Beaumont à Saint-Laurent-des-Mortiers pour le désarmement, et les fit manœuvrer devant le général Delaage, qui fut surpris de leur bonne tenue et de leur instruction militaire[2].

Retiré à Bouère, Grand-Pierre, exposé à des vexations continuelles et même décrèté d'arrestation le 21 novembre 1797, se cacha, et, dès le premier appel des chefs royalistes, se mit de nouveau à la tête de sa division qui compta 2400 hommes. Dans l'armée catholique et royale du Maine dite de Bourmont, en 1799-1800, il commande la 1e légion (Château-Gontier)[3].On signale sa présence à Souvigné au mois de ventôse an VII, et ses hommes sont accusés par la police républicaine d'avoir tué plusieurs patriotes de Ballée. Sa femme, mère depuis quelques mois[4] , emprisonnée à la Rossignolerie à Angers, contribua beaucoup au soulagement des prisonniers. Elle put même en faire évader deux, et ne recouvra sa liberté que le 4 février 1800.

L'explosion de la machine infernale[5] (24 décembre 1800) et les poursuites dont il fut l'objet à cette occasion forcèrent Gaullier à se cacher de nouveau.

Il refusa l'année suivante de rentrer dans l'armée avec un grade correspondant au sien. Lors des Cent-Jours, il reprit les armes. Louis XVIII le nomma Chevalier de Saint-Louis, lui donna une pension de 900 fr., et en 1817, des lettres de noblesse, pour lui et son fils. Il mourut cette même année, le 9 avril.

Renée Letessier, sa veuve, qui mourut le 10 janvier 1857 âgée de 89 ans, repose à côté de lui dans la chapelle du cimetière de Bouère élevée en 1880 par sa belle-fille Marie-Clotile Le Doux, veuve de Pierre Gaullier[6].

Quatrevingt-Treize

Ses exploits ont servi à Victor Hugo pour son roman Quatrevingt-Treize:

« [...] Sachez d’abord que monseigneur le marquis, avant de s’enfermer dans cette tour où vous le tenez bloqué, a distribué la guerre entre six chefs, ses lieutenants ; il a donné à Delière le pays entre la route de Brest et la route d’Ernée ; à Treton le pays entre la Roë et Laval ; à Jacquet, dit Taillefer, la lisière du Haut-Maine ; à Gaullier, dit Grand-Pierre, Château-Gontier ; à Lecomte, Craon ; Fougères, à monsieur Dubois-Guy, et toute la Mayenne à monsieur de Rochambeau ; de sorte que rien n’est fini pour vous par la prise de cette forteresse, et que, lors même que monseigneur le marquis mourrait, la Vendée de Dieu et du Roi ne mourra pas. [...][7] »

Voir aussi

Notes et références

  1. Soit environ 1,95 m.
  2. D'après Bernard de la Frégeolière. L'historien Émile Queruau-Lamerie (1841-1929) indique que cette revue aurait eu lieu au château de la Fautraise.
  3. Le major de cette 1e légion est alors Pierre-Ambroise Gougeon de Lucé ; Chef d'escadron de cavalerie : Pierre-Honoré-Victor de Conrad de Mahé de la Richerie, capitaine; commissaire : Le Tessier dit Aza.
  4. Pierre Gaullier, fils de Marin-Pierre Gaullier et de Renée Letessier, né à Bouère en 1797, quitta le collège de Château-Gontier pour rejoindre son père qui commandait une division royaliste dans la Sarthe, pendant les Cent-Jours. Admis sous la Restauration dans les gardes du corps, il passa dans un régiment de ligne, fit la campagne d'Espagne en 1823, reçut le brevet de capitaine au 12e Léger, et démissionna en 1830. Retiré à Bouère, il y entretenait le "feu sacré", favorisait les déserteurs, se procurait des munitions. En mai 1832, il se trouva à la tête d'une troupe si bien tenue que les anciens disaient n'avoir jamais connu "aussi belle Chouannerie". Son mémoire sur la part que sa division prit au soulèvement est le meilleur récit qui en ait été publié pour la Mayenne (Vendée militaire, tome IV, p. 666-679). Pierre Gaullier, longtemps caché à Bouère, à Chammes, à Sainte-Colombe, passa enfin en Suisse, puis revint en 1837 purger sa contumace et se retira au château du Grand-Ruigné, à La Flèche. Il s'occupa surtout de venir en aide à ses anciens frères d'armes. Il est mort le 25 novembre 1860, et repose dans la chapelle du cimetière de Bouère. Sa veuve, Marie-Clotilde Le Doux, de Chammes, décédée elle-même le 28 décembre 1882, y a aussi sa sépulture. Armoiries de Pierre Gaullier : De gueules à 2 épées en sautoir cantonnées de 4 chouettes.
  5. Le 24 décembre 1800, une machine infernale explose au passage du carrosse du Premier Consul, rue Saint-Nicaise à Paris, alors que Bonaparte se rend à l’opéra. L’attentat fait 22 morts et une centaine de blessés. Miraculeusement rescapé, Napoléon en profite pour frapper le camp jacobin. Joseph Fouché accuse alors le camp royaliste et lance un mandat est lancé contre Charles d'Hozier. Le 9 janvier 1801, 4 jacobins accusés d'avoir participé à l'attentat de la rue Saint-Nicaise sont exécutés, après que 130 autres avaient été déportés sans jugement.
  6. On y lit : "Ci-gît le corps de Marin-Pierre Gaullier, chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis, colonel de la première légion de l'armée royale et catholique du Maine, décédé à Bouère le 9 avril 1817. Et dixerunt unusquisque ad proximum suum : Erigamus dejectionem populi nostri et pugnemus pro sanctis nostris".
  7. Texte intégral de Quatrevingt-treize, de Victor Hugo.

Sources et bibliographie

  • « Marin-Pierre Gaullier », dans Alphonse-Victor Angot, Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Goupil, 1900-1910 [détail de l’édition]
  • Histoire de la Vendée militaire
  • Souvenirs de la chouannerie, par Jacques Duchemin des Cépeaux; H. Godbert, imprimeur-libraire-éditeur à Laval, 25, rue de la Trinité, et librairie E. Dentu, Palais-Royal, Paris, 1855.
  • Coquereau et Gaullier dit Grand-Pierre dans la région de Daon et de Bouère, chapitre V de Chouans et patauds en Mayenne 1792-1800, de Gabriel du Pontavice, Association du souvenir de la chouannerie mayennaise, imp. de la manutention, Éditions régionales de l'Ouest, Mayenne, 1987, p. 68 à 74.
  • Dictionnaire des chouans de la Mayenne, de Hubert La Marle, Association du souvenir de la chouannerie mayennaise, imp. de la manutention, Éditions régionales de l'Ouest, Mayenne, 2005

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