Léo Lagrange

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Léo Lagrange, député du Nord (Congrès socialiste, 1932)

Léo Lagrange, né à Bourg-sur-Gironde le 28 novembre 1900 et mort à Évergnicourt le 9 juin 1940, est un socialiste français, sous-secrétaire d'État aux sports et à l'organisation des loisirs sous le Front populaire.

Membre des Éclaireurs de France dans sa jeunesse, il rejoint la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) après la scission de Tours en 1920 et devient rédacteur au Populaire, l'organe de presse de la SFIO. Élu député en 1932 lors du second Cartel des gauches, il est ensuite nommé sous-secrétaire d'État sous le gouvernement Blum. Il soutient aussi la tenue des Olympiades populaires à Barcelone, organisées en contrepoint aux Jeux olympiques de Berlin instrumentalisés par le nazisme.

Sommaire

Biographie

Adolescent, il est inscrit aux Éclaireurs de France, mouvement de scoutisme alors neutre au point de vue confessionnel. À la fin de ses études au lycée Henri-IV, en août 1917, il s'engage dans l'armée, alors qu'il n'a pas encore 18 ans. À son retour, il s’inscrit en faculté de droit et à l’Institut d'études politiques. Au lendemain du congrès de Tours (décembre 1920), il adhère à la SFIO, dirigée par Paul Faure, Jean Longuet et Léon Blum et rejoint le groupe des étudiants socialistes.

Devenu avocat, il s'inscrit en 1922 au barreau de Paris. Touché par les horreurs de la guerre, il réserve, en particulier, ses services aux tuberculeux, aux malades des poumons et aux gazés. Il épouse Madeleine Veiller en 1925. L'année suivante, il rencontre André Malraux et Jean Prévost. Léo Lagrange se mêle ensuite au bouillonnement intellectuel des années 1930, s'unissant à nombre d'écrivains, historiens, artistes et savants. Devenu rédacteur au journal Le Populaire, organe de la SFIO, il y relate, dans sa chronique, l'actualité judiciaire.

Léo Lagrange, ministre des Loisirs (1936)

Il se présente aux élections législatives en 1928, dans le XIe arrondissement de Paris mais il y est battu. Lors des élections de mai 1932, il est désigné comme candidat socialiste pour reconquérir la première circonscription d'Avesnes-sur-Helpe, dans le Nord. Lors des réunions publiques, il met l'accent sur la nécessité, pour la classe ouvrière, d'être instruite et organisée si elle veut diriger un jour. Une fois élu, il est ensuite nommé sous-secrétaire d'État aux Sports et à l'organisation des Loisirs auprès du ministre de la Santé publique Henri Sellier sous le gouvernement du Front populaire, en 1936. C'est la première fois qu'un maroquin de cet ordre est créé en accompagnement des congés payés et de l'apparition pour les masses laborieuses d'un temps libre, dans lequel Léo Lagrange à la suite d'Albert Thomas voit la condition de la dignité de l'homme. Il s'entoure principalement de gens ayant eu l'expérience de la grande guerre, et qui sont partisans d'une unité d'action entre la SFIO et le parti communiste (Lagrange fait partie du courant dit de la bataille socialiste).

Sa mission s'adresse donc à toute la société et non pas exclusivement à la jeunesse. Il se fonde néanmoins sur celle-ci parce qu'elle constitue le futur d'une société plus juste sans chercher à l'embrigader :

« ... Il ne peut s'agir dans un pays démocratique de caporaliser les distractions et les plaisirs des masses populaires et de transformer la joie habilement distribuée en moyen de ne pas penser. »

Il s'emploie à développer les loisirs sportifs, touristiques et culturels. Il est à l’origine de la création du billet populaire de congés annuels qui accorde 40% de réduction sur les transports ferroviaires, tandis qu'il encourage et impulse le mouvement des auberges de jeunesse. Ce sont les premiers départs vers la neige avec les trains spéciaux et les tarifs réduits sur les téléphériques, des croisières populaires voient également le jour.

Léo Lagrange s'occupe aussi des Olympiades populaires, Jeux olympiques alternatifs qui devaient se substituer aux Jeux olympiques de Berlin. Prévues à Barcelone, les épreuves officielles qualificatives pour ces Olympiades populaires se déroulent le 4 juillet 1936 au stade Pershing à Paris. Léo Lagrange préside en personne ces journées. À travers leur club, la FSGT, ou individuellement, 1 200 athlètes français s'inscrivent à ces olympiades anti-fascistes. Pourtant, le 9 juillet, toute la droite vote « pour » la participation de la France aux Jeux olympiques de Berlin, tandis que l'ensemble de la gauche (PCF compris) s'abstient — à l'exception notable de Pierre Mendès France. Néanmoins, des sportifs français se rendent tout de même à Barcelone, où les Olympiades sont interrompues le 18 juillet 1936 par le pronunciamento militaire du général Franco.

Après avoir quitté le sous-secrétariat, il devient alors président du Comité laïc des auberges de jeunesse. À la déclaration de guerre, en 1939, alors parlementaire, il rejoint volontairement le commandement militaire, avant d'être tué le 9 juin 1940 à Évergnicourt d'un éclat d'obus.

« Il est mort dans le courage, dans la recherche de la vérité et dans la dignité. C'était un homme que nous aimions.  »

André Malraux.

Sport de masse, sports professionnels

Citations d'autres discours de Léo Lagrange :

  • « Dans le sport, nous devons choisir entre deux conceptions :
    - la première se résume dans le sport spectacle et la pratique restreinte à un nombre relativement petit de privilégiés,
    - selon la seconde conception, tout en ne négligeant pas le côté spectacle et la création du champion, c’est du côté des grandes masses qu’il faut porter le plus grand effort.
    Nous voulons que l’ouvrier, le paysan et le chômeur trouvent dans le loisir la joie de vivre et le sens de leur dignité ».
    Léo Lagrange, discours du 10 juin 1936.
  • « Notre but simple et humain, est de permettre aux masses de la jeunesse française de trouver dans la pratique des sports, la joie et la santé et de construire une organisation des loisirs telle que les travailleurs puissent trouver une détente et une récompense à leur dur labeur ».
    Léo Lagrange, Sous Secrétaire d'État aux sports et à l'organisation des Loisirs, 1936.
  • « Notre souci est moins de créer des champions et de conduire sur le stade 22 acteurs devant 40.000 ou 100.000 spectateurs, que d’incliner la jeunesse de notre pays à aller régulièrement sur le stade, sur le terrain de jeux, à la piscine ».
    Léo Lagrange, discussion du budget à la chambre des députés, 1937, cité par J.P. Callède, ibid.
  • « Si nous avons à faire un effort commun dans le domaine sportif, comme dans bien d’autres, c’est un effort de moralité. J’ai écouté avec grand intérêt M. Temple qui a fait apparaître les dangers redoutables du développement du sport professionnel. Hélas ! lorsqu’on accepte qu’un geste humain qui, par nature doit être désintéressé, devienne la source de profits importants, la juste mesure est très difficile à déterminer.
    Je crois que le jour où l’on a admis que le jeu sur le stade pouvait être l’occasion de profits importants, on a fortement atteint la moralité du sport.
    Aussi, de toutes mes forces et quelles que soient les critiques, parfois sévères, dont mon action pourra être l’objet, je m’opposerai au développement du sport professionnel dans notre pays. Je détiens au Parlement la charge de servir les intérêts de toute la jeunesse française, et non de créer un nouveau spectacle de cirque ».
    Léo Lagrange, Sous Secrétaire d'État aux Sports, aux Loisirs et à l’Éducation Physique - ministre des sports -, définit et précise sa politique et celle du Front Populaire, le 3 décembre 1937, à la tribune de la Chambre des Députés.

Hommage posthume

Les premiers clubs Léo Lagrange (qui deviendront plus tard la Fédération Léo-Lagrange) ont été fondés en 1950 par Pierre Mauroy alors secrétaire des Jeunesses socialistes.

Une station du réseau métropolitain parisien porte son nom sur la ligne 7, dans la commune de Villejuif. Elle se trouve sur la branche sud de la ligne.

Plusieurs stades en France portent son nom, notamment le stade du Ray - Léo Lagrange à Nice, à Besançon ou encore à Cachan, à Gueret ou à Toulon.

A Nantes et à Toulouse, une piscine olympique porte son nom.

Il est enterré à Bourg sur Gironde où le stade porte son nom.

Article connexe : Stade Léo-Lagrange.

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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