- László Moholy-Nagy
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Dans ce nom hongrois, le nom de famille, Moholy-Nagy, précède le prénom mais cet article utilise l'ordre occidental où le prénom précède le nom..
László Moholy-Nagy Nom de naissance László Weisz, László Nagy Activité peintre, photographe Naissance 20 juillet 1895
Bácsborsód, Autriche-HongrieDécès 24 novembre 1946
Chicago, États-UnisMouvement constructivisme László Moholy-Nagy (prononcé /ˈlaːsloː ˈmohoj-nɑɟ/), né László Weisz le 20 juillet 1895 à Bácsborsód, décédé le 24 novembre 1946 à Chicago, est un peintre, un photographe et théoricien de la photographie hongrois, naturalisé américain.
Sommaire
Biographie
Origines, études et famille
László Weisz est issu d'une famille juive hongroise de Bácsborsód. László et ses frères déménagent très jeunes à Mohol puis à Szeged en 1905. Son père Lipót Weisz ayant abandonné sa famille, c'est le grand-père maternel Gusztáv Nagy qui adopte ses petits-enfants en 1910 et leur donne alors son propre patronyme.
A Szeged, le jeune László Nagy fait ses premières armes dans le journal local Szegedi Napló. Après son baccalauréat, il entame des études de droit à l'Université de Budapest (Budapesti Tudományegyetem). Au début de la Première guerre mondiale, il s'engage dans l'armée austro-hongroise. Blessé au cours de l'année 1917, il commence à dessiner durant sa convalescence à l’hôpital d’Odessa. De retour à Budapest, il décide de se consacrer à la peinture[1].
1919-1928 : Au service du Bauhaus
En 1919, après l'échec de la République hongroise des Conseils, László Nagy part pour Vienne où il rencontre le groupe d'avant-garde révolutionnaire MA (« Aujourd'hui » en hongrois) que dirige Lajos Kassák. Il profite de son départ de Hongrie pour compléter son patronyme par le nom du village de son grand-père : Mohol. En 1920, il se rend à Berlin et rencontre les Dadas Raoul Hausmann, Hannah Höch et Kurt Schwitters. Il est le correspondant pour la revue MA. Il découvre le constructivisme et le suprématisme incarné par les œuvres de Kasimir Malevitch. László Moholy-Nagy réalise l'un de ses premiers tableaux Composition 19. Il rencontre la photographe Lucia Schültz qui devient son épouse[1].
En octobre 1921, la revue néerlandaise De Stijl publie un « Appel à l'art élémentaire. Aux artistes du monde entier » qu'il co-signe avec Jean Arp, Hausmann et Ivan Puni (Jean Pougny)[2].
En 1922, la galerie berlinoise Der Sturm présente sa première exposition personnelle. László Moholy-Nagy rencontre Walter Gropius. Au premier "Congrès des artistes progressistes" organisé à Düsseldorf, du 29 au 31 mai, il représente le groupe MA et, à cette occasion, il rencontre El Lissitzky et Theo van Doesburg qui vient de publier dans De Stilj un article théorique sur les photogrammes intitulé « Production reproduction ». De son côté, Moholy-Nagy publie avec Kassák le « Livre des nouveaux artistes »[3].
Influencé par les films de Walter Ruttmann, Viking Eggeling et Hans Richter, mais sans connaître les expériences de Man Ray (les Champs délicieux, notamment), Moholy-Nagy réalise ses premiers photogrammes. Il reproche cependant au cinéma abstrait de « privilégier les développements formels au détriment de la représentation du mouvement »[1]. Dans un article publié en 1923 par la revue américaine Broom, Moholy-Nagy explique qu'il « vise à utiliser la lumière comme facteur formel primaire, qui crée l'espace et le mouvement, et élimine la perspective centrale de la photographie »[4]. En regard de cet article, Broom reproduit quatre photogrammes de Moholy-Nagy ainsi que quatre autres réalisés par Man Ray. Les photomontages des dadaïstes lui inspirent une nouvelle variante qu'il appelle « Fotoplastik ».
En 1923, invité par Walter Gropius, fondateur et directeur du Bauhaus de Weimar, Moholy-Nagy dirige dans cette école le cours préliminaire et l’atelier du métal, tout en jouant un rôle important dans la publication des "Bauhausbücher", dont il assure aussi la mise en page. Les toiles de cette période se présentent comme des organisations d’éléments géométriques, dans un espace tridimensionnel.
La galerie Der Sturm organise sa deuxième exposition personnelle où Moholy-Nagy présente ses Telephonbilder (« Tableaux téléphonés ») : œuvres sur porcelaine émaillée « dont les couleurs observent de subtiles variations en fonction de l'agrandissement ou de la réduction de la composition »[1].
En 1925, Moholy-Nagy publie le livre Malerei. Fotografie. Film (« Peinture. Photographie. Film »), dans lequel il appelle photogramme ses « photos sans appareil ».
Passionné par les nouvelles techniques et toujours à la recherche de l’innovation, il devient l’un des plus grands photographes de son époque, réalisant de nombreux photogrammes et photomontages. C’est aussi au Bauhaus que l’artiste conçoit et réalise un équipement destiné à la scène intitulé Licht-Raum Modulator (« modulateur d’espace lumière », 1922-1930)[5], sculpture en métal d’aspect technologique et qui utilise le mouvement électrique et la lumière artificielle.
1928-1946 : Exils européens et départ aux Etats-Unis
Ayant quitté le Bauhaus en 1928, il réalise plusieurs décors pour l’Opéra national de Berlin puis le théâtre de Picastor. L'arrivée au pouvoir des nazis en 1933 le contraint à l'exil, aux Pays-Bas d'abord, puis à Londres, de 1935 à 1937. Gropius lui propose la direction du New Bauhaus de Chicago. Mais après sa fermeture en 1938, Moholy-Nagy fonde la School of Design qui devient Institute of Design en 1944. Cette même année, il obtient la nationalité américaine.
László Moholy-Nagy meurt d'une leucémie en 1946 à Chicago.
Postérité
L'Université hongroise d'art appliqué de Budapest (Magyar Iparművészeti Egyetem) est baptisée en 2005 du nom du peintre et photographe hongrois Université d'art appliqué Moholy-Nagy (Moholy-Nagy Művészeti Egyetem).
Œuvres
Peintures
- 1920 :
- Grau-Schwarz-Blau / Gris-Noir-Bleu, au Musée Ludwig, à Cologne.
- Composition 19.
- 1923 :
- Auf weissen Grund / Sur fond blanc, au Musée Ludwig, à Cologne.
- Composition K XVII, à la Kunsthalle de Bielefeld.
- Space CH2, huile sur toile[6]
Photographies
- Le Pont transbordeur, 1937, planche de contact[7]
Ouvrages
Moholy-Nagy a consigné l’ensemble de ses réflexions sur les nouveaux moyens d’expressions dont il a été l’un des pionniers, de la typographie au film, en passant par la sculpture cinétique et la photographie :
- Buch Neuer Künstler, 1922, avec Lajos Kassák.
- Malerei. Fotografie. Film, 1925.
- Von Material zu Architektur, Munich, 1929.
- The New vision, New York, 1946.
- Vision in motion, Chicago, 1947.
Citation
« L'analphabète de demain ne sera pas celui qui ignore l'écriture, mais celui qui ignore la photographie. »[8]
Notes et références
Bibliographie
- Laurent Le Bon (sous la direction de), Dada, Éditions du Centre Pompidou, Paris, 2005, article biographique de Nathalie Ernoult, page 754.
- Corinne Pencennat, Le Monde selon Moholy-Nagy, Beaux Arts magazine, n° 92, juillet 1991, pages 110 et 111.
Références
- Le Bon, op. cité.
- "Aufruf zur elementaren Kunst. An die Kunstler der Welt", Le Bon, op. cité.
- « Buch Neuer Künstler », Le Bon, op. cité.
- « Light a medium of plastic expression », cité dans Le Bon, op. cité.
- art cinétique. Voir
- 96,5 x 86,2 cm. Reproduction dans "L"Œil" n° 605, septembre 2008, page 4
- Direction des Musées de Marseille. Reproduction dans "Beaux Arts magazine", n° 92, juillet 1991, p. 111
- Walter Benjamin, Petite histoire de la photographie, 1931 [PDF] « Fotografie ist Lichtgestaltung », Bauhaus, vol. II, n° 1, janvier 1928, p. 5 ; voir
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- 1920 :
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