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Les Secrets de la princesse de Cadignan
Les Secrets de la princesse de Cadignan Auteur Honoré de Balzac Genre Étude de mœurs Pays d'origine France Lieu de parution Paris Éditeur Furne Collection La Comédie humaine Date de parution 1839 Dessinateur Alcide Théophile Robaudi Série Scènes de la vie parisienne Chronologie Splendeurs et misères des courtisanes Facino Cane Les Secrets de la princesse de Cadignan est une nouvelle d’Honoré de Balzac, parue dans le journal la Presse en 1839 sous le titre Une Princesse parisienne, puis publiée en volume dans le tome XI de l’édition Furne de la Comédie Humaine. Elle fait partie de Scènes de la vie parisienne.
C’est une des plus intéressantes Études de femmes. On y retrouve des figures importantes du monde balzacien, notamment les éternels dandys : Eugène de Rastignac, Maxime de Trailles, la marquise d’Espard. Mais ce monde là joue un jeu beaucoup plus subtil que celui des salons aux intrigue mesquines. Il s’agit d’un jeu de séduction particulièrement raffiné. À travers les amours de la princesse, on découvre aussi sous un jour nouveau le très sérieux Daniel d'Arthez, sage conseiller du Cénacle qui entourait Lucien de Rubempré dans Illusions perdues et qui le poussait à travailler pour devenir un véritable écrivain. Ici, le misérable d’Arthez qui vivait dans une chambre de bonne est devenu un écrivain estimable. S’il n’a pas encore atteint la gloire, il est déjà reconnu, fréquente le meilleur monde, et il a une position politique.
Synopsis
Retirée du monde à trente-six ans, en 1833 la princesse de Cadignan (autrement appelée Diane de Maufrigneuse) est littéralement une croqueuse de fortunes et d’hommes. La liste de ses amants est interminable. Elle les a d’ailleurs réunis en album qu’elle présente à son amie la marquise d’Espard, seule personne avec laquelle elle a des relations. Dans un accès de confidence, les deux femmes s’avouent mutuellement n’avoir jamais rencontré un amour véritable, celui qui conviendrait à leur « innocence » fondamentale.
La marquise d’Espard propose alors à la princesse de lui faire rencontrer un phénomène : Daniel d'Arthez justement. D’Arthez est maintenant baron, il a hérité d’une fortune familiale qui pourrait le pousser à la prodigalité. Mais l’écrivain est resté aussi sérieux et frugal qu’il l’était à l’époque de sa grande misère, il continue de travailler à ses écrits, et il est l’objet d’amicales railleries de la part de Rastignac et Maxime de Trailles car il vit avec une femme vulgaire qu’il ne respecte pas. D’Arthez ne sait rien de l’amour raffiné des grandes dames, et pourtant il lui serait facile de séduire. Mais il y a en lui une timidité qui l’arrête. La princesse de Cadignan va donc entreprendre de séduire ce cœur pur en le noyant dans une avalanche de mensonges (ses secrets), d’où il ressort qu’elle a été victime de sa mère et de mille malheurs. Bientôt séduit, intimidé, et pris dans les filets de la princesse pour laquelle Michel Chrestien, ami de d’Arthez, mourait littéralement d’amour, l’écrivain éprouve une passion sans bornes pour cette femme si habile au point qu’il la défend à la face du monde. La princesse l’a justement envoyé à un souper où elle sait qu’on va la calomnier (ou dire la vérité sur elle, on ne sait exactement). Et c’est alors que la princesse se prend à son propre piège et tombe amoureuse de Daniel d’Arthez.
La dernière phrase du texte est une pirouette : Est-ce un dénouement ? Oui pour les gens d’esprit ; non pour ceux qui veulent tout savoir. On a vu là une allusion aux amours de Cordélia de Castellane avec Chateaubriand (D’Arthez est aussi homme d’État[1])
Dans une lettre à Évelyne Hanska en date du 15 juillet 1839, Balzac résume ainsi sa nouvelle : « C’est la plus grande comédie morale qui existe. C’est l’amas de mensonges par lesquels une femme de 37 ans, la duchesse de Maufrigneuse, devenue princesse de Cadignan par succession, parvient à se faire prendre pour une sainte, une vertueuse, une pudique jeune fille par son quatorzième adorateur (...) Le chef d’œuvre est d’avoir fait voir les mensonges comme justes, nécessaires et de les justifier par l’amour. » Balzac disait de ce roman qu'il était un diamant. Il réalise le fantasme balzacien de l'amour d'une grande dame pour un grand écrivain. Il met en scène un personnage qui se veut le romancier de sa propre histoire, et c'est la capacité de d'Arthez à reconnaître ces "mensonges vrais" qui lui donnera l'amour de Diane. Il est à remarquer qu'il s'agit du seul roman de La Comédie humaine qui se termine sur une note résolument optimiste.
Notes et références
- ↑ Anne Marie Meininger, l'Année balzacienne, 1962.
Bibliographie
- (it) Loredana Bolzan, « Segreti e bugie: Balzac sul cuore femminile », Rivista di Letterature Moderne e Comparate, Jan-Mar 2005, n° 58 (1), p. 33-57.
- Jean-Loup Bourget, « Balzac et le néo-classicisme : à propos des Secrets de la Princesse de Cadignan », Romanic Review, 1975, n° 66, p. 269-82.
- Tim Farrant, « Le Privé: Espace menacé? Des premières Scènes de la vie privée aux Secrets de la princesse de Cadignan », L'Année balzacienne, 1994, n° 15, p. 121-38.
- (en) Diana Festa-McCormick, « Linguistic Deception in Balzac's Princesse de Cadignan », Nineteenth-Century French Studies, Spring-Summer 1986, n° 14 (3-4), p. 214-224.
- (en) Alexander Fischler, « Duplication and Comédie morale in Balzac's Les Secrets de la Princesse de Cadignan », Studies in Romanticism, Summer 1985, n° 24 (2), p. 257-266.
- (en) Dominique Jullien, « Of Stories and Women », SubStance, 1991, n° 20 (2 [65]), p. 77-88.
- Maryse Laffitte, « Les Secrets de la princesse de Cadignan : féminité, vérité et roman », Revue Romane, 1993, n° 28 (2), p. 254-86.
- (en) Thos. O. Mabbott, « A Newly Found American Translation of Balzac », Modern Language Notes, Apr 1946, n° 61 (4), p. 278-79.
- (en) Angela S. Moger, « Dressing and Undressing the Princess of Cadignan: Female Drapery/Narrative Striptease », Romanic Review, May 2004, n° 95 (3), p. 315-25.
- (en) Allan H. Pasco, « Anti-Nous and Balzac's Princess de Cadignan », Romance Quarterly, Nov. 1987, n° 34 (4), p. 425-433.
- Madeleine A. Simons, « Le Génie au féminin ou les paradoxes de la princesse de Cadignan », L'Année balzacienne, 1988, n° 9, p. 347-366.
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