Andre Bettencourt

Andre Bettencourt

André Bettencourt

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André Bettencourt
Parlementaire français
Naissance 21 avril 1919
Décès 19 novembre 2007
Mandat Député 1951-1977
Sénateur 1977-1995
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Circonscription Seine-Maritime
Groupe parlementaire IPAS (1956-1962)
RI (1962-1995)
IVe République-Ve République

André Bettencourt était un journaliste, homme d'affaires et homme politique français né le 21 avril 1919 à Saint-Maurice-d'Ételan (Seine-Maritime) et mort le 19 novembre 2007 à Neuilly-sur-Seine. Il a été membre du gouvernement sous les présidences de René Coty, Charles de Gaulle et Georges Pompidou.

Sommaire

Biographie

André Bettencourt naît dans une vieille famille bourgeoise catholique normande, descendante du navigateur Jean de Béthencourt[1]. Son père, Victor, est avocat à la Cour d'appel de Paris et conseiller général de la Seine-Inférieure[2]. Son frère ainé, Pierre (1917-2006), deviendra artiste.

Étudiant en droit dans les années 1935-1937, résidant à l’internat des pères maristes, situé au 104, rue de Vaugirard à Paris, il fréquente alors des membres de La Cagoule en compagnie de ses amis Pierre Bénouville, Claude Roy et François Mitterrand[3]. Il rencontre aussi Eugène Schueller, fondateur de L'Oréal et financier principal de l'organisation d'extrême-droite[4].

Selon le très controversé[5]Thierry Meyssan, qui s'appuie notamment sur les révélations en 1995 de Jean et David Frydman, André Bettencourt est, sous le Régime de Vichy, le dirigeant français de la Propaganda Staffel, « sous la triple tutelle du ministre de la propagande, Joseph Goebbels, de la Wehrmacht et de la Gestapo »[6]. Il dirige en particulier entre 1940 et 1942 l'hebdomadaire collaborationniste La Terre Française, dans laquelle il rédige les chroniques « Ohé! les Jeunes! »[1]. Le 12 avril 1941, il écrit « Les juifs, les pharisiens hypocrites n’espèrent plus. Pour eux l’affaire est terminée. Ils n’ont pas la foi. Ils ne portent pas en eux la possibilité d’un redressement. Pour l’éternité leur race est souillée par le sang du juste. »[7]. Le 20 décembre suivant, chargé de l’éditorial de Noël, il affirme : « Un jour, trente ans plus tard, les juifs s’imagineront pourtant gagner la partie. Ils avaient réussi à mettre la main sur Jésus et l’avaient crucifié. En se frottant les mains, ils s’étaient écriés : « que son sang retombe sur nous et nos enfants ». Vous savez d’ailleurs de quelle manière il est retombé et retombe encore. Il faut que s’accomplissent les prescriptions du livre éternel »[6]. Au début des années 1990, Jean Frydman, actionnaire évincé du conseil d'administration de Paravision, filiale audiovisuelle de L'Oréal, ressort ces propos et le passé de plusieurs autres dirigeants du groupe de cosmétique, contraignant André Bettencourt à se retirer des affaires en 1995, officiellement pour raison d'âge[4], tout en regrettant profondément à plusieurs reprises ce qu'il qualifie d'« erreur de jeunesse »[8].

Au début de 1943, il entre dans la Résistance, au sein du Rassemblement national des prisonniers de guerre. Dans la nuit du 15 au 16 novembre 1943, il aide François Mitterrand à rejoindre Londres en avion. Arrêté la même année par la Gestapo à Nancy et incarcéré, il s'évade et devient l'agent de liaison du CNR en Suisse, puis membre de la délégation à Berne du gouvernement d'Alger[2]. Cependant, son rôle à Genève a été contesté par le député suisse Charles Poncet, tandis que Serge Klarsfeld déclare n'avoir trouvé aucune preuve de l'engagement de Bettencourt avant juillet 1944[8].

À la Libération, il rejoint le Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés (MNPG, issu de la fusion entre le RNPG et les autres réseaux de résistance de prisonniers et déportés)[9], et reçoit la Croix de guerre 1939-1945, la rosette de la Résistance et la Croix de chevalier de la Légion d'honneur[2]. Le général de Gaulle l'envoie alors en Allemagne enquêter sur le sort de déportés[réf. nécessaire].

Il reprend sa carrière journalistique en fondant et dirigeant Le Journal agricole devenu plus tard Journal de la France agricole. Il fusionne le Petit-Cauchois et le Réveil d’Yvetot pour créer Courrier cauchois le 28 février 1948, dans lequel il publie jusqu'à sa mort, des éditoriaux lors des événements importants et des échéances électorales[10]. Grâce à son témoignage et celui de son ami François Mitterrand, Eugène Schueller, fondateur de L'Oréal évite l'épuration[8]. André Bettencourt intègre la direction de l'entreprise et épouse la fille du fondateur, Liliane le 8 juin 1950.

Il s'engage aussi en politique. Il échoue aux législatives de 1946 mais succède à son père comme conseiller général de Lillebonne à la mort de celui-ci en 1947 et entre au conseil municipal de Saint-Maurice-d'Ételan. Élu à l'Assemblée nationale en 1951 sous l'étiquette de l'Union des Indépendants paysans et des républicains nationaux, il siège à la commission de la presse et à celle des territoires d'outre-mer, intervenant particulièrement sur le conflit indochinois en demandant la mise en place de négociations. Cette position le rapproche de Pierre Mendès France qui l'appelle dans son cabinet comme secrétaire d'État à la Présidence du Conseil chargé de la coordination des services de l'information en juin 1954[2].

Réélu en 1956 sur la liste des indépendants paysans avec Pierre Courant, il participe à la Commission de la marine marchande. Il soutient les derniers gouvernements de la IVe république, approuve les traités créant la Communauté économique européenne et Euratom et vote, les pouvoirs spéciaux en Algérie le 12 mars 1956, puis les pleins pouvoirs à De Gaulle et la révision constitutionnelle[2].

Réélu à l'Assemblée nationale jusqu'en 1977, dont il est Vice-Président de la Commission des Affaires étrangères entre 1962 et 1965, puis sénateur de 1977 à 1995, il intègre la Fédération nationale des Républicains indépendants dont il est vice-Président de 1966 à 1971.

Il est nommé ministre sans interruption de 1966 à 1973, étant en particulier simultanément ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé du Plan et de l'Aménagement du territoire (cabinet de Jacques Chaban-Delmas) et chargé de l’intérim du ministre des Affaires culturelles, à la mort d'Edmond Michelet. Avec cette double casquette, il a pu autoriser l'exploitation d'une mine de bauxite à ciel ouvert par Pechiney, dans le site naturel classé des Baux-de-Provence[réf. nécessaire]. Ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères, il organisa en septembre 1973 pour Georges Pompidou, la première visite présidentielle français en Chine depuis la prise de pouvoir par les communistes[11], et fut à ce titre l'un des rares hommes politiques français à avoir dialogué en direct avec Mao-Tsé Toung[10].

Localement, il devient maire de Saint-Maurice-d'Ételan en 1965, conserve son mandat de conseiller général de Seine-Maritime jusqu'en 1979, et préside le Conseil régional de Haute-Normandie de 1974 à 1981. Il participe à la création du district Lillebonne-Notre-Dame-de-Gravenchon[12], et le syndicat départemental de l'eau. Il est également l'initiateur du Parc naturel régional de Brotonne, du prolongement de l'autoroute de Normandie, le développement du port du Havre[13].

En 1986, il est très brièvement cité comme premier ministre possible de François Mitterrand dans le cadre du premier gouvernement de cohabitation du fait de leur ancienne amitié[13].

Il a été élu membre de l'Académie des Beaux-Arts de l'Institut de France (Section VI, membres libres) le 23 mars 1988, au fauteuil de Michel Faré.

Mandats et fonctions

Mandats électifs

Conseiller général de la Seine-Maritime
Maire de Saint-Maurice-d'Ételan
Président du Conseil régional de Haute-Normandie
  • 1974-1981
Conseiller régional de Haute-Normandie
Député de la Seine-Inférieure puis de la Seine-Maritime 
  • 5 juillet 1951 - 1er décembre 1956 (Indépendants et paysans d'action sociale)
  • 19 décembre 1956 - 8 décembre 1958 (Indépendants et paysans d'action sociale)
  • 30 novembre 1958 - 9 octobre 1962 (Indépendants et paysans d'action sociale)
  • 25 novembre 1962 - 8 février 1966 (Républicains indépendants)
  • 5 mars 1967 - 7 mai 1967 (Républicains indépendants)
  • 23 juin 1968 - 12 août 1968 (Républicains indépendants)
  • 11 mars 1973 - 2 mai 1978 (Républicains indépendants)
Sénateur de la Seine-Maritime
  • 25 septembre 1977 - 27 septembre 1986
  • 28 septembre 1986 - 1er octobre 1995

Fonctions gouvernementales

Précédé par André Bettencourt Suivi par
Edmond Michelet
Ministre des Affaires Culturelles
1970-1971 (intérim)
Jacques Duhamel
-
Ministre délégué auprès du Ministre des Affaires étrangères
1972-1973
-
Maurice Schumann
Ministre français des Affaires étrangères
1973 (interim)
Michel Jobert

Honneurs

Notes et références

  1. a  et b Bruno Abescat, Liliane Bettencourt. Les secrets de la première fortune de France, L'Express n° 2578, 30 novembre 2000
  2. a , b , c , d  et e Biographie d'André Bettencourt sur le site de l'Assemblée nationale
  3. Pierre Péan, Une jeunesse française, François Mitterrand 1934-1947, Fayard 1998, p 229
  4. a  et b Michel Bar-Zohar, Bitter Scent: The Case of L'Oréal, Nazis, and the Arab Boycott, London, Dutton Books, 1996
  5. Site du gouvernement US
  6. a  et b Thierry Meyssan, Histoire secrète de L’Oréal, Réseau Voltaire, 3 mars 2004
  7. Propos insupportables, L'Humanité, 14 février 1995
  8. a , b  et c (en) « André Bettencourt », Telegraph, 23 novembre 2007
  9. Jean Lacouture, Mitterrand, une histoire de français, éd. du Seuil, « Points », pp. 85 et 100
  10. a  et b Étienne Banzet, André Bettencourt est décédé à l’âge de 88 ans, Fil-fax, 20 novembre 2007
  11. Décès d'André Bettencourt, ancien ministre du général de Gaulle, brève AFP, LeMonde.fr, 19 novembre 2007, 18h45
  12. La courtoisie du « grand parrain », Paris Normandie, 20 novembre 2007
  13. a  et b Christophe dupuis, « Un homme de projet », Le Courrier cauchois, 23 novembre 2007, p. 5

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

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