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Laurent Cunin-Gridaine
Laurent Cunin, dit Cunin-Gridaine, né à Sedan (Ardennes) le 10 juillet 1778 et mort dans la même ville le 19 avril 1859, fut un homme politique français. Il fut député de 1827 à 1848 et plusieurs fois ministre.
Biographie
Laurent Cunin entra, jeune encore, en qualité de simple ouvrier dans la manufacture de draps d'Étienne Gridaine et de Bernard, une des plus importantes fabriques de la ville de Sedan. En raison de son intelligence, il devint, au bout de peu de temps, l'associé et, plus tard, en 1803, le gendre de Gridaine, auquel il succéda en 1824. Il resta encore quelque temps avec Bernard à la tête de cette grande fabrique, d'où il ne se retira que pour se lancer en politique sous le nom de Cunin-Gridaine, son premier patronyme étant une cible trop facile pour les humoristes. Ceux du Charivari ne manquèrent pourtant pas d'en jouer.
Devenu conseiller municipal de Sedan, il brigua le mandat de député dans le 1er arrondissement électoral des Ardennes (Mézières) et fut élu le 17 novembre 1827 grâce aux voix des libéraux (155 voix sur 244 votants et 283 inscrits contre 34 à M. Harmand d'Ablancourt, député sortant). Après cette première élection, il siégea aux côtés de La Fayette, et il se montra, jusqu'en 1830, fidèle à la cause du libéralisme. Sous le ministère Martignac (janvier 1828-août 1829), il reçut la Légion d'honneur, mais il reprit bientôt sa place dans l'opposition constitutionnelle. Il se prononça pour la liberté de la presse, contre le cautionnement et signa l'adresse des 221 contre le ministère Polignac (août 1829-juillet 1830).
Après la dissolution de la Chambrepar Charles X le 16 mai 1830, Cunin-Gridaine fut réélu le 12 juillet 1830 (184 voix sur 271 votants et 311 inscrits contre 71 à M. de Mecquement). La Révolution de 1830 puis la monarchie de juillet eurent toutes ses sympathies. Il fut réélu comme député le 5 juillet 1831 dans le 5e collège des Ardennes (Sedan) (196 voix sur 217 votants et 271 inscrits), le 21 juin 1834 (158 voix sur 212 votants et 264 inscrits contre 42 à M. Philippoteaux), le 4 novembre 1837 (153 voix sur 219 votants et 264 inscrits) et le 2 mars 1839.
Son dévouement à soutenir le gouvernement, lui acquit une haute importance politique : il devint, le 22 novembre 1832, secrétaire de la Chambre, puis l'un de ses vice-présidents. Les différents gouvernements qui se succédèrent n'eurent pas de champion plus ardent que lui. Il soutint de ses votes toutes les lois proposés par ceux-ci, et il se préoccupa de donner, au dedans comme au dehors, de la sécurité au nouveau règne. Il repoussa la réunion de la Belgique à la France, se prononça contre l'hérédité de la pairie, appuya particulièrement les lois sur les crieurs publics, contre les associations, contre les réfugiés, contre le droit d'interpellation à la Chambre. Il approuva par ses votes les mesures répressives qui suivirent les troubles de Lyon, les demandes de fonds secrets, les projets de dotation, etc. En tant que l'un des chefs des conservateurs, il dirigea les réunions du soir des notabilités du parti, appelées « réunions Jacqueminot ».
Bien qu'il eût cédé, en 1834, la direction de sa maison à ses deux fils, il n'oublia pas non plus ses intérêts personnels, faisant protéger le commerce du drap des fabricants étrangers. Enfin comme membre du conseil général des Ardennes et président du Tribunal de commerce de Sedan, il soutint la même politique au milieu de ses concitoyens.
Il fut appelé la première fois au ministère de l'agriculture et du commerce le 15 avril 1837 sous le gouvernement Molé, et, depuis cette période jusqu'en 1848, il fit, à peu d'exceptions près, partie de tous les cabinets. Nommé notamment dans celui du 12 mai 1839, il se retira le 1er mars 1840 avec le cabinet, tombé sur la question de la dotation du duc de Nemours. Il redevint ministre du commerce le 29 octobre 1840 dans le nouveau cabinet Soult, et aussi en septembre 1847 dans le cabinet Guizot, pour n'en sortir qu'au renversement de la Monarchie de Juillet, le 23 février 1848. Pendant cette période, il conserva son mandat de député aux élections du 9 juillet 1842 et du 1er août 1846.
Membre également du conseil supérieur du commerce depuis 1839, il eut en mains, pendant près de dix ans, les mêmes grands intérêts. On lui doit, parmi les faits marquants, l'organisation de l'exposition industrielle de 1844 et les mesures prises pendant la disette de blé de 1846 et rapportées en 1847. Il donna lieu à des incidents de tribune au sujet d'un paquet de 500 actions libérées d'une compagnie de chemin de fer qui lui avaient été attribuées.
La Révolution de Février le renversa, et le poursuivit comme les autres ministres du dernier cabinet de la résistance. Mais la Cour d'appel de Paris rendit un arrêt de non-lieu, et Cunin-Gridaine se retira à Sedan, ne sortant plus de la vie privée que pour quelques occasions exceptionnelles, telle sa participation au jury international de l'Exposition Universelle de 1855.
Il avait été fait chevalier de la Légion d'honneur en 1828, officier en 1833, et grand officier le 29 octobre 1843. Il a aussi collaboré au Dictionnaire du commerce et des marchandises.
Il fut en outre, le premier homme politique à proposer une loi portant sur le travail des enfants et visant à une diminution des heures de travail, qu'il présenta en janvier 1840 à la Chambre des députés.
Il est le père de Charles Cunin-Gridaine, qui fut député et sénateur.
Sources
- « Laurent Cunin-Gridaine », dans Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, 15 vol., 1863-1890 [détail de l’édition].
- Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des contemporains, 1858, 2 vol.
- « Laurent Cunin-Gridaine », dans Adolphe Robert, Edgar Bourloton et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français (1789-1891), XIXe siècle [détail de l’édition] (Wikisource)
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