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L'Eau vive
L’eau vive de la Durance près d’Avignon
Données clés Titre original L'Eau vive Réalisation François Villiers Scénario Jean Giono
(Adaptation : Alain Allioux)Acteurs principaux Pascale Audret (Hortense)
Charles Blavette (Simon)Sociétés de production Les Films Caravelle Pays d’origine France Genre Comédie dramatique Sortie 1958 Durée 96 min Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
L’Eau vive, film français réalisé par François Villiers et sorti en 1958.
Sommaire
Synopsis
Dans la vallée de la Durance, en réaménagement à cause de la construction du barrage de Serre-Ponçon, le décès d’un propriétaire terrien fait que sa jeune fille Hortense devient la seule héritière des 30 millions de francs perçus comme indemnité d'expropriation. La richesse de la mineure éveille la convoitise de certains membres de la famille. Ils vont user de tous les stratagèmes, de la séduction à la violence, pour essayer de s’approprier son magot. Mais Hortense, éprise de liberté comme l’eau vive de la Durance, glissera toujours entre leurs doigts pour trouver finalement l’accalmie auprès de son oncle chéri, le berger Simon…
Thèmes et contexte
Film aux moyens égaux à ses ambitions, adoptant le format des grandes productions hollywoodiennes de l’époque : Eastmancolor et Franscope (l’équivalent français du CinemaScope) avec un tournage s’étalant sur un an et demi pour pouvoir restituer, à la demande d’EDF, l’ampleur du gigantesque chantier qui bouleversa la Provence durant des années : la construction du barrage de Serre-Ponçon et du canal de Provence. Œuvre à la gloire de la fée électricité, c’est la chanson spécialement composée par Guy Béart qui seule reste dans la mémoire collective, alors que le réalisateur François Villiers remplit son contrat en imbriquant intelligemment fiction et réalité. La dimension colossale des travaux est savamment restituée grâce aux plans larges de la caméra de Paul Soulignac. La couleur locale est donnée par les Provençaux Charles Blavette, Henri Arius et Milly Mathis tandis que les autres acteurs, dont l’héroïne Hortense-Pascale Audret, jouent sans lorgner du côté de Pagnol car nous sommes bien dans l’univers de Giono : âpres luttes pour la liberté sur fond de paysages grandioses et sauvages. On se souviendra surtout des impressionnantes scènes d’inondation où l’on aura tremblé pour la vie de l’héroïne, anticipation conceptuelle des films catastrophe des années 1980 avec eau vive emportant tout sur son passage…
Fiche technique
- Titre d'origine : L'Eau vive
- Réalisation : François Villiers
- Scénario : Jean Giono, Alain Allioux
- Dialogues : Jean Giono
- Direction de la photo : Paul Soulignac
- Montage : Édouard Berne
- Musique : Guy Béart
- Décors : Pierre-Louis Thévenet
- Affichiste : Clément Hurel
- Pays d'origine : France
- Langue de tournage : français
- Période de tournage : 1956-1957
- Tournage extérieur :
- Alpes-de-Haute-Provence : Barrage de Chaudanne, Le Lauzet-Ubaye
- Hautes-Alpes : Gap, Serre-Ponçon
- Bouches-du-Rhône : Plaine de la Crau
- Vaucluse : Cavaillon, Mérindol[1]
- Producteur : Claude Clert
- Société de production : Les Films Caravelle (France)
- Société de distribution : Gaumont
- Format : couleur par Eastmancolor — 35 mm — 2.35:1 (Franscope) — son monophonique
- Genre : comédie dramatique
- Durée : 96 minutes
- Date de sortie : 13 juin 1958 en France
Distribution
- Pascale Audret : Hortense
- Charles Blavette : Simon
- Andrée Debar : la cousine de Rochebrune
- Henri Arius : l’oncle de Cavaillon
- Milly Mathis : la tante de Cavaillon
- Hubert de Lapparent : le cultivateur
- Germaine Kerjean : la tante de Rochebrune
- Jean-Marie Serreau : le Jéhovah de Pertuis
- Odette Barencey : Joséphine
- Jean Clarens : le notaire
- Hélène Gerber : la femme du cultivateur
- Robert Lombard : le cousin de Rochebrune
- Harry Max : le juge de paix
- Pierre Moncorbier : le viticulteur
- Jean Panisse : le boucher
- Maurice Sarfati : le cousin de Cavaillon
- Madeleine Silvain : la bouchère
- Arlette Thomas : la femme de Dobisse
- Dany Saval
- Jean Toscan
Autour du film
- L’eau vive de l’EDF : en évaluant les besoins énergétiques de la France pour les années 1950, la Commission de Modernisation et d’Équipement de l’Électricité prévit d’augmenter la production hydroélectrique. L’Eau vive, commandité par EDF, fait partie des 39 films liés à cette période d’intense activité de constructions hydroélectriques. Tournée entre 1956 et 1957 avec, en toile de fond, la construction du barrage de Serre-Ponçon (Hautes-Alpes) commencée en 1955 et la prochaine canalisation de la Durance, cette propagande romancée connut un grand succès[2].
- Pour les séquences de l’inondation, c’est le barrage de Chaudanne (achevé en 1951 et mis en service en 1952) dans les Alpes-de-Haute-Provence qui fut la doublure du futur barrage de Serre-Ponçon (mis seulement en service en 1960).
- La scène d'inondation de la cave a été tournée à la piscine municipale de Gap, dont le bassin fut transformé en décor pour l'occasion. Pascale Audret bénéficiait, pour certaines scènes, de l'aide d'une jeune fille de Gap, Édith Isnard, fille des gérants de la piscine, engagée comme doublure. Pour cause d'engagement de Pascale sur d'autres tournages, Édith la remplaça dans les séquences de la cave inondée, de la descente en scooter de Serre-Ponçon ainsi que dans une partie de la fin du film (plaine de la Crau). La participation d'une jeune fille du pays à ce film, relatant la construction d'un barrage qui bouleversa les structures socio-économiques du département des Hautes-Alpes, au-delà de l'aspect symbolique, laisse encore aujourd'hui une trace très vivante dans la mémoire des habitants de la Haute-Durance.
- Plus que le film, c’est la chanson éponyme qui s’inscrira dans la mémoire collective. Écrite et chantée par Guy Béart sur la musique originale du film, cette chanson est devenue un classique national.
- En 1995, à l’occasion de la commémoration du centenaire de la naissance de Jean Giono, dans le supplément du quotidien Le Provençal[3], Jean Contrucci se penche sur les tentatives cinématographiques de Giono et note, à propos de L’Eau vive : « Un film documentaire sur la construction du barrage de Serre-Ponçon devient — enfin ! — un film de fiction signé Giono, mis en scène par François Villiers : L’Eau vive. À son propos, François Truffaut, alors grand pourfendeur de médiocrités cinématographiques, écrivit dans Arts [magazine] : Giono est l’écrivain qui pourrait apporter le plus au cinéma. Un conditionnel qui induit que cet apport n’est pas encore réalisé… »
L’Eau Vive au fil des saisons
Notes de tournage de Charles Blavette[4] : « Je vais faire un tour à Manosque et y reste. Je vois souvent Jean Giono. Il me parle d’un film qui va se faire… C’est le contrat de L’Eau Vive que je signe avec les films Caravelle, pour le rôle de l’oncle Simon, le berger. Ce rôle me prend entièrement et me redonne du goût. Je découvre la Haute-Provence. Pascale Audret (ma nièce Hortense dans le film) me semble assez sauvage.
Je reçois un télégramme à Manosque, pour me rendre chez M. Ventre, berger à Coudoux (près Aix-en-Provence). […] M. Ventre me désigne « quelques bêtes » du côté de Berre et me dit « d’aller me promener avec ! » Il y a là trois cent moutons, mais aucun ne veut promener ! M. Ventre, son fils et son berger Titin me montrent comment faire pour emmener un troupeau. Je réussis avec Pascale qui commence à être un peu « grenouille », nous faisons enfin « promener » les moutons. Pendant quelques jours nous ne faisons que ça.
Puis nous allons du côté des Martigues faire des essais de costumes et de caméra. Plus de vingt ans après Toni[5], je me retrouve à l’hôtel Sainte-Anne aux Martigues. […] Nous quittons de bon matin l’hôtel Sainte-Anne.
François Villiers repère les décors. […] Embrun, Briançon, Savines, Névache (Hautes-Alpes) où, en montant vers le col et la frontière italienne, une tempête de neige nous oblige à faire demi-tour. Nous sommes le 5 juin ! […] François nous emmène à pied vers la source de la Durance (deux heures de marche). Dans l’après-midi, après divers repérages de décors, nous redescendons, toujours pédibus, au Bivouac Napoléon où nous arrivons « lessivés ».
François Villiers, Alain Allioux et Paul Soulignac discutent technique… […] Nous repartons en tenue de tournage, c’est le premier tour de manivelle, à 23 heures, au bord de la Durance du côté de l’île Rousset, nous réintégrons Gap à 5 heures et demies du matin, assez défraîchis, l’œil vague et escagassés ! Nous remettons ça le soir même à Savines et ainsi pendant quatre nuits avec rentrée à six heures du matin. […] François Villiers est infatigable.
Nous tournons du côté de l’Argentière et divers points de la région tout le jour, et nous émigrons sur La Vachette où, après la journée de tournage, nous retrouvons à Névache l’hôtel Mouthon. […]
Après huit jours passés à cet endroit, et un mois de tournage consécutif, c’est fini pour cette année[6]. […]
Je passe l’hiver à Manosque et au printemps, juste au moment des asperges sauvages, il faut que j’aille à Paris pour répéter les scènes que nous devons filmer cette année pour L’Eau Vive. Nous répétons une vingtaine de jours. […]
Puis je pars pour Manosque, mais en gare de Veynes, un télégramme m’attend. Je dois rejoindre Briançon et non Manosque. […] La cavalcade recommence pendant des mois, avec une sarabande de kilomètres et d’hôtels à travers les Hautes-Alpes, les Basses-Alpes, les Bouches-du-Rhône. […]
Pour la fin du film, nous allons coucher à Arles. […] Nous abordons la Crau. Le mistral d’octobre est assez maigre. Les raccords que j’ai à faire, raccordent avec les prises de vue « d’été ».
— Vous êtes en bras de chemise, me dit gentiment la script, les boutons déboutonnés, manches retroussées ; il fait très chaud, souvenez-vous.
J’ai en effet grand besoin de me souvenir « qu’il faisait très chaud », car, pour le moment, avec le zéphyr de la Crau, je dois ressembler à un morceau de tôle ondulée. On répète et on essaie de tourner mais les moutons donnent du fil à retordre aux caméras, ils ne passent pas où il faut. Nous recommençons et enfin, avec de la patience, François Villiers finit par obtenir ce qu’il veut. »[7]Distinctions
- Festival de Cannes 1958 : Nomination pour la Palme d’or.
- Golden Globe Award 1959 : Meilleur film étranger.
Bibliographie
- Le scénario a été novellisé par Jean Giono et Alain Allioux (l’adaptateur) : Hortense ou l’eau vive, Éditions France-Empire, 1958.
Liens externes
Notes et références
- (fr) Cinéluberon Apt
- DEA de 2001 d’Anne Baudon consacré aux films techniques du génie civil. D’après un mémoire
- La Provence depuis 1997. Rebaptisé
- Marseille, 2002 (ISBN 2862763861) — Réimpression de l'édition originale de France-Empire de 1961. Extraites de ses mémoires Ma Provence en cuisine, Éditons Jeanne Laffitte,
- Jean Renoir et sorti en 1935. Film réalisé par
- 1956. Fin
- 1957. octobre
Catégories :- Film français
- Comédie dramatique
- Film sorti en 1958
- Film tourné en 35 mm
- Film tourné dans les Bouches-du-Rhône
- Film tourné en Vaucluse
- Provence au cinéma
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